Imágenes de páginas
PDF
EPUB

transcrire, elles méritent d'être connues.

>> L'ordre surpris par le Curé de Saint Eusta

être condamné. Le Lion est le Président, le Singe le Greffier, l'Ours le Bourreau; on pend le malheureux fur la scene, & ses membres tombent l'un après l'autre dans un puits qui est au-dessous de la potence. Enfin, à la priere d'Ulyffe, Circé ressuscite le pendu, & le fait fortir sain & entier du puits.

En 1620, Pierre Corneille Hoof donna une forme plus réguliere au Théâtre Hollandois. Aujourd'hui nos meilleures Pieces y font représentées.

Les Acteurs sont presque tous tirés de la classe des Bourgeois & des Bourgeoises ; & ce qui paroîtra peut - être fingulier, c'est qu'une Actrice est obligée d'avoir les mœurs les plus pures, autrement personne ne joueroit avec elle.

Le Théâtre d'Amsterdam passe pour un des plus beaux de l'Europe.

THEATRE DANOIS. M. le Baron Holberg est le pre mier qui ait fait représenter des Comédies Danoises. Il y en a plusieurs qui font estimées. On a commencé à tra duire en notre langue les Pieces de ce Théâtre; il en a paru un Tome en 1746. Les Danois ne font point de Tragédies; leurs Comédies sont pour la plupart en Profe Ils ont d'assez bons Acteurs. La profession de Comédien n'est point, parmi ce peuple, flétrie par la Religion ni par les Loix. Il y a à Copenhague une Troupe de Co

C

>>> che, disoient ils, rend nos privileges illusoi> res; parce qu'il est impossible, les jours étant

médiens François, pensionnés du Roi de Danemarck.

La Salle de Spectacle est construite avec intelligence. Les Loges font bien distribuées, & les machines faites avec beaucoup de dépense & de simplicité.

THEATRE CHINOIS. Les Chinois n'ont rien emprunté des Grecs & des Romains; mais ils ont inventé une efpece de Tragédies & de Comédies.

?

« Les Chinois, dit Acosta, ont des Théâtres vastes, > fort agréables, des habits magnifiques pour les Acteurs, » & des Comédies dont la représentation dure dix ou >> douze jours de suite en y comprenant les nuits, jusqu'à » ce que les Acteurs & les Spectateurs, las de se succéder ➤ éternellement, en allant boire & manger, dormir & >> continuer la Piece, ou assister au Spectacle sans que >> rien 'y soit interrompu, se retirent enfin comme de >> concert. Au reste, les sujets de leurs Pieces sont tout>> à-fait moraux, & relevés par les exemples des Philo>> sophes & des Héros de l'antiquité Chinoise ».

THÉATRE PÉRUVIEN. Chez les célebres Incas du Pé rou, on représentoit aux jours de fête des Tragédies & des Comédies dans les formes; on les entremêloit d'intermedes, qui n'avoient rien de bas ni de rampant. Les sujets des Tragédies étoient les exploits de leurs Rois & de leurs Héros; ceux des Comédies se tiroient de l'agriculture & des actions les plus communes de la vie.

THÉATRE RUSSE. Le dernier jour de l'année, on

courts, de vaquer à nos susdits jeux, pour les >> préparatifs desquels nous avons fait beaucoup >> de frais.

donne en Sibérie un Spectacle dont le but est de rappeller l'idée de la mort; mais celui des Acteurs est de gagnet quelqu'argent. « Nous vîmes tout-à-coup, dit >> un voyageur, entrer dans notre chambre une Troupe de >> Masques. L'un d'eux habillé de blanc tenoit une faux >> qu'il aiguisoit avec un morceau de bois ; il vint droit » à moi, me menaça avec sa faux, & medit: Chrift veut » que tu meures. Parmi les autres Masques étoit le Diable » & la Mort; quelques-uns des Musiciens, & d'au» tres des hommes, des femmes qui dansoient au son des >> inftrumens. La Mort & le Diable les regardoient, en > disant: ces gens-là seront bientôt en notre pouvoir. >> Comme ce Spectacle ne nous amusoit pas, nous don>> nâmes bien vîte à la Mort de quoi boire à notre santé, » & toute la Compagnie prit congé de nous.

La fête de Pâques & les autres grandes fêtes, où les Théâtres font fermés en Europe, sont les jours de Spectacles en Sibérie. Pour donner une idée des Pieces qu'on y joue, nous allons rapporter une courte analyse d'une de ces représentations théâtrales. On y reconnoîtra nos anciens mysteres, ou nos anciennes moralités, & l'on conclura qu'en Sibérie l'art dramatique n'est précisément que ce qu'il étoit en France il y a quatre fiecles.

Le premier Acte s'ouvre par des chants. Un petit Garçon se présente ensuite, & vient souhaiter une bonne

Ils ajoutoient ensuite « qu'ils payoient cent ■ écus de rente à la recette du Roi pour le loge

fête aux Spectateurs. Un autre, habillé comme on nous peint le Diable, fait marcher devant lui un vieillard qui lui représente la foiblesse de son âge. L'Esprit infernal fait mille espiégleries, lui met autour du cou un ferpent empaillé qui tient une pomme dans sa gueule, & le vieil Adam tombe à ses pieds sans connoissance & fans vie. La Mort entre une faux à la main, & se prépare à enlever le cadavre. Le petit Diable s'y oppose; mais JesusChrift, une croix d'une main, & de l'autre une couronne, oblige l'Esprit infernal à s'enfuir. La vertu de la Croix donne au vieil Adam une nouvelle vie. Jesus-Chrift le fait lever, & lui met sur la tête une couronne, & le vieillard transporté de joie lui témoigne sa reconnoissance. Le Sauveur lui dit de le suivre dans le ciel, ils difparoissent l'un & l'autre. Dans l'Acte suivant, on joue les dix Commandemens de Dieu, & dans le troisieme le Baptême. Ici un homme armé représentant un Seigneur Tartare, vante sa bravoure avec fanfaronnade; deux Chrétiens, fans armes & à-demi nuds, s'approchant de lui le dépouillent de ses habits, font apporter une cuve le jettent dedans l'arrosent de trois ou quatre seaux d'eau, le font renoncer à ses armes, à ses vêtemens, à tout ce qu'il possede. Voilà l'image & le symbole du Baptême. On fait ensuite quelques bouffonneries & le Spectacle finit comme il a commencé, c'est-à-dire que le Diable, le vieil Adam, la Mort reparoissent sur la

[ocr errors]
[ocr errors]

,

,

» ment, & trois cents livres tournois aux Enfans >>> de la Trinité, pour le service divin & l'entre>> tien des pauvres.

scene, & un petit Garçon vient prononcer un discours suivi de chants. Toutes ces Pieces sont versifiées, & les jeunes gens qui les débitent le font avec une afsurance étonnante; ce sont les Prêtres qui président à ces jeux, & qui exercent les Acteurs.

L'Impératrice Elizabeth fit construire à Moscow la premiere Salle d'Opéra. Elle est très-vaste, & peut contenir cinq mille Spectateurs. Peu de temps après on donna pour la premiere fois un Opéra en langue Russe. L'Auteur des paroles, celui de la Musique, les Acteurs, les Actrices étoient tous de la nation. Ce phénomene fut suivi d'un autre plus remarquable encore par sa fingularité; c'étoit une Musique de chasse, qui, par son goût & son exécution, se distingue de toutes les autres Mufiques de ce genre en Europe.

Catherine II étant montée sur le Trône, appella à fa Cour le fameux Balthasar Galuppi, surnommé Buranelle, Maître de Musique de la Chapelle de S. Marc à Venise, un des plus célebres Compositeurs de l'Italie moderne. Sa Didone abbandonata eut le plus grand succès. Après la premiere représentation, l'Impératrice remit elle-même à l'Auteur une magnifique boîte remplie de pieces d'or. A Galuppi a succédé Tomasso-Traetta, Artiste Napolitain, non moins célebre, de forte que l'Opéra de Pé

« AnteriorContinuar »