>>> Pourquoi ils concluoient qu'il leur fût per> mis d'ouvrir leurs jeux à la maniere ordinaire, ■ à la charge toutefois de ne commencer qu'à > trois heures fonnées. Les oppositions du Curé suspendirent pendant trois ans le Jugement de cette affaire; enfin le Parlement rendit, le Vendredi 20 Septembre 1577, un Arrêt favorable aux Confreres, tersbourg est aujourd'hui un des plus brillants de l'Eu rope. THEATRE PERSAN. Les Perfans ont en général un goût décidé pour les Spectacles; il n'est pas de Gouverneur un peu considérable, qui n'ait ses Lutteurs, ses Musiciens, ses Danfeuses. Les premiers sont encore ce qu'ils étoient chez les Grecs, excepté qu'ils ne s'exercent qu'à la lutte. Les Muficiens & les Danfeuses occupent le Théâtre : tout s'y chante comme dans nos Opéra ; & ce qui rend T'analogie plus marquée, la danse y est réunie au chant. La galanterie est l'apanage des Danfeuses mais un François chercheroit vainement une Armide sur la Scene Orientale. Les Drames Asiatiques ne confiftent que dans des peintures lascives de l'Amour, & de fes plaisirs les plus immodérés. Les Actrices pour l'ordinaire se surpassent dans ces descriptions. Leur danse n'est ni moins expressive, ni moins indécente; elles y joignent une légéréré extraordinaire, une volubilité, une variété dans les mouvemens qui étonne. à condition qu'ils répondroient du scandale qui pourroit arriver à leurs jeux. Pendant que les Confreres disputoient avec tant de chaleur leurs privileges contre le Curé de Saint-Eustache, une Troupe de Comédiens, qui depuis long-temps jouoit dans les Provinces les Pieces de Jodelle & des autres Poëtes de ce temps, flattée des applaudissemens qu'elle avoit reçus en différentes villes, vint s'établir à Paris, à l'Hôtel de Cluny , rue des Mathurins. Cette nouveauté eut un succès étonnant, mais il fut momentané; car cette Troupe avoit à peine joué une semaine, que les cris des Confreres déterminerent le Parlement à rendre un Arrêt qui força les Comédiens à se retirer. Voici l'Arrêt qu'ils obtinrent. « Du Samedi 6 Octobre 1584. Ce jour, ouï >>> le Procureur-Général du Roi en ses conclu> sions & remontrances, a été arrêté & ordonné > que présentement tous les Huissiers d'icelle se > transporteront aux loges des Comédiens & du • Concierge de l'Hôtel de Cluny, près les Ma>> thurins, auxquels feront faites défenses, par > Ordonnance de la Chambre des Vacations, >> de jouer leurs Comédies, ou faire assemblées > en quelque lieu de cette Ville ou Fauxbourgs >> que ce soit, & au Concierge de Cluny de les > recevoir, à peine de mille écus d'amende; & >> à l'instant a été enjoint à l'Huissier Bujol >> d'aller leur faire ladite fignification ». Quelques années après, deux autres Troupes, l'une de François, l'autre d'Italiens, voulurent s'établir à Paris; mais de nouveaux Arrêts du Parlement leur défendirent de représenter, sous peine de punition corporelle. Comme ces défenses ne rendoient point les Pieces des Confreres moins ennuyeuses, & que tous les honnêtes gens rebutés de leurs farces groffieres avoient abandonné leur Spectacle, ils fentirent enfin que le titre de Religieux qui caractérisoit leur Société ne leur permettoit pas de jouer des Pieces profanes. Ils se déterminerent donc à céder leur privilege à une Troupe de Comédiens qui s'établit à l'Hôtel de Bourgogne; ils se réserverent feulement les deux Loges qui étoient plus proches du Théâtre. Elles se nommoient les Loges des Maîtres (1). Pour ne point interrom (1) Vers 1600, il s'éleva un nouveau Théâtre dans une maison nommée l'Hôtel d'Argent, au quartier du Marais du Temple. Les Comédiens qui s'y établirent étoient pre l'histoire des Comédiens de l'Hôtel de Bourgogne, qui obtinrent les premiers le titre de un démembrement de la Troupe de l'Hôtel de Bourgo gne, qui jugea à propos de se séparer en deux Troupes pour la commodité publique. Elles resterent séparées jusqu'au 22 Novembre 1619, & peut-être plus long-temps; mais il est certain felon Lamare, que ces deux Troupes s'étoient réunies à l'Hôtel de Bourgogne faute de Spectateurs, & que le succès de Mélite, premiere Piece de Corneille, les engagea à se séparer de nouveau. S'il étoit vrai, comme quelques-uns l'ont prétendu, que les Comédiens de l'Hôtel de Bourgogne & ceux du Marais euffent été de concert, & que ce n'eût été qu'une même Troupe qui eût joué sur deux Théâtres différens, le Roi n'auroit pas employé son autorité pour la joindre à la Troupe de l'Hôtel de Bourgogne. Nous ne suivrons point les différentes révolutions de la Troupe du Marais. La plus grande fut sa réunion avec celle du Palais royal en 1673. Cette derniere Troupe, connue sous le nom de la Troupe de Moliere, s'étoit établie en 1650 dans le jeu de Paume de la Croix-blanche, fauxbourg S. Germain; elle eut peu de succès, & pafla bientôt dans la province où elle resta huit ans. Après çe temps, elle revint dans la Capitale, où le Roi voulut qu'elle s'établît, & lui donna le petit Bourbon. Ce Théâtre ayant été démoli en 1660 pour bâtir le portail du Louvre, la Troupe de Moliere parut avec le titre de 1 Comédiens du Roi avec 12000 liv. de pension, & pour les suivre sans interruption de l'Hôtel de Bourbon à la rue Guénégaud & à celle des Fossés-Saint-Germain, où ils passerent fucceffivement, nous avons cru devoir rejetter dans une note ce qui regarde le Théâtre du Marais & celui de Moliere, depuis leur établissement, jusqu'au moment où toutes ces Troupes furent réunies en une seule sous le nom de Troupe du Roi. Troupe de Monfieur, sur le Théâtre du Palais royal. Le Roi la prit cinq ans après à son service, avec une penfion de 7000 1.; on l'appella alors la Troupe du Roi. Après la mort de Moliere, arrivée le 17 Février 1673, Louis XIV ordonna que, par la suite, les Comédiens du Marais ne joueroient plus sur leur Théâtre; qu'ils s'établiroient avec ceux du Palais royal dans le jeu de Paume de la rue de Seine, ayant issue dans celle des Fossés de Nesle, vis-à-vis la rue Guénégaud; & à cet effet Sa Majesté ordonna, par une Déclaration du 23 Juin 1673, d'y faire transporter les Loges, Théâtre & Décorations de la Salle du Palais royal, afin que cette Troupe avec celle du Marais n'en fit plus qu'une, sous le nom de Troupe du Roi; ce qui fut gravé en lettres d'or fur une pierre de marbre noir, au - deflus de la porte de leur Hôtel. Cette Troupe subsista jusqu'au 21 Octobre 1680, que la Troupe de Bourgogne y fut réunie. |