Imágenes de páginas
PDF
EPUB

les autres croïant qu'il falloit s'accommoder, ces décrets pafferent prefque unanimement.

AN. 1546.

CXIII.

Arrivée du provéque de Tréves.

cureur de l'arche

Pallav. ut fup. lib. 7. c. §. n. 2.

On traita enfuite les autres matieres : & premierement, fi dans les ordres religieux on établiroit un lecteur pour expliquer l'écriture fainte, & s'il falloit préferer cette inftruction à toute autre. Ce fentiment fut approuvé, quoique quelquesuns ajoutaffent que cela fe pouvoit faire, pourvû qu'il n'y eût point de reglement contraire. Comme il étoit tard, les trois abbez de la congrégation du Mont-Caffin prierent qu'on ne déterminât rien là-deffus jufqu'à la prochaine affemblée, dans laquelle ils donneroient leur avis. Sur ces entrefaites l'on vit arriver Ambroise Pelargue Dominiquain, célébre théologien, & procureur de l'archevêque de Tréves. On lui accorda la permiffion de donner la voix en qualité de confeiller feulement, & non pas comme juge, & il fut placé au- deffous de Claude le Jay procureur du cardinal d'Ausbourg, immédiatement après les évêques,au-deffus des abbez & des généraux d'ordre. Il opina donc comme théologien dans la congrégation fuivante,où un abbé du Mont-Caffin recommanda fort l'explication de l'écriture sainte dans les monafteres, à laquelle les anciens religieux s'appliquoient avec tant de zele ; & dit que pour engager les religieux à s'en acquitter fidelement, il falloit ajouter dans le décret, qu'on Omiffis fcolaftin'auroit aucun égard aux difputes & aux chicanes nibus. des scolastiques : ce qui ne caufoit bien fouvent que des divifions parmi les moines, & que par conféquent il falloit s'en abftenir,

[blocks in formation]

corum

cavillation

Mais pendant que cet abbé, qui étoit d'une pro AN. 1546. fonde érudition, déprimoit ainfi l'étude de la fcoCXIV. lastique, Dominique Soto député par le général minique Soto en de fon ordre des Dominiquains, & fort habile faveur de la théo- dans cette science, fit un long difcours dans lePallav. ut fup, quel il prétendit démontrer qu'il falloit auffi laif

Difcours de Do

logie scolastique.

22.3°

fer aux religieux l'étude de la fcolaftique. Il exhor-
ta les peres à ne point impofer la charge d'expli-
quer l'écriture fainte aux moines, vû qu'étant oc-
cupez à de longues prieres & à de frequentes mé-
ditations, ils pourroient s'éloigner par-là des re-
gles de leur premier inftitut. Il vaut mieux, dit-il,
laiffer cette fonction aux religieux mandians dont
le
propre eft d'avoir des écoles & de prêcher. En-
fuite il s'étendit fort fur l'étude de la scolastique;
il en fit voir la néceffité pour bien entendre l'é-
criture fainte, & dit que ce qu'on appelle chicane
retombe fur l'efprit de celui qui n'en peut péné-
trer les avantages, qui donne le nom de tenebres
à cette lumiere qui ne fert de rien à des yeux trop
foibles, qui ne sçait distinguer la fausse scolasti-
que de la véritable, & qui donne à cette fcience
un nom qui ne convient qu'à ce qui lui est étran-
ger. Que cette théologie n'eft autre chose qu'une
fcience qui unit ensemble ces deux lumieres que
Dieu a données aux hommes, la raison & la foi,
qui étant jointes, l'élevent jufqu'à la connoiffan-
ce des plus relevez myfteres, & diffipent les mau-
vaifes interprétations de la parole de Dieu. Que
c'est la raison pour laquelle les hérétiques ont fi
fort décrié cette fcience, parce qu'elle découvre
leurs sophismes; en forte que la mépriser, c'est

s'allier avec les Proteftans, & ôter à l'église ses plus fortes armes. Le difcours de Soto touchant A N. 1546. Î'utilité de la scolastique fut assez applaudi : & la plûpart tomberent d'accord que l'étude de l'écriture fainte fuffifoit pous les moines.

Dans la congrégation du vingt-uniéme de Mai, on paffa à d'autres décrets, & entr'autres à celui par lequel on obligeoit les évêques à prêcher euxmêmes. Sur quoi Pacheco dit qu'il falloit y comprendre les archevêques & les primats, de peur qu'ils ne cruffent être exempts des loix qu'on impofoit aux évêques en commun; de plus qu'on devoit effacer la clause par laquelle il leur étoit permis de lire leurs discours au peuple, ce qui feroit douter de leur érudition & de leur capacité. Ce qui fut approuvé; mais contre le fentiment de ce cardinal, on voulut laiffer la peine impofée à ceux qui ne fatisferoient pas à ce devoir. Le même Pacheco étoit d'avis qu'on accordât aux curez la faculté d'approuver les reguliers pour prêcher dans leurs paroiffes. Mais ce fentiment fut vivement combattu, & l'on foutint qu'il falloit renouveller la constitution du pape Adrien VI. qui défendoit aux religieux de prêcher fans la permiffion de l'ordinaire. Pacheco s'y oppofa fortement, & Seripand défendit avec la même ardeur les privileges des reguliers. L'évêque de Brentinove remontra combien étoit petit le nombre des évêques & des curez propres au miniftere de la parole, qu'ils devoient commencer par acquerir ce talent,& qu'enfuite ils pourroient propofer s'il falloit priver les reguliers de leurs privileges. Qu'il étoit juste de

CXV.
Autre congréga-

tion fur le pouvoir aux reguliers.

de prêcher, accor

Pallav.ubi fup. art. 5.6. & 9.

rétablir les évêques dans leurs premiers honneurs, AN. 1546. mais que ces premiers honneurs étoient d'aller annoncer l'évangile,n'aïant qu'un fac pour habit, & marchant à pied le bâton à la main, au lieu de fe faire porter dans des litieres, de faire paroître leurs richesses, & de s'engraiffer dans une molle oifiveté. Qu'en un mot, de quelque maniere que la chofe fe terminât, ce n'étoit pas au concile à abolir les privileges des papes.

CXVI.

décret fur le pou

des religieux.

2. 15.

Ce difcours fut attaqué vivement, &la dispu On convient du te s'échauffa de telle forte, que Cafelius traita ce voir de prêcher fentiment d'hérétique, & attira beaucoup d'évêPallav. ut fup. ques dans fon parti. Fabius Mignanele évêque de Lucera, qui avoit été nonce en Allemagne, qui fut enfuite promû au cardinalat, fit remarquer que la constitution d'Adrien VI. n'étoit pas générale, & ne regardoit que l'Allemagne, où même elle n'étoit pas obfervée. Et comme les contef tations continuoient toujours, fans qu'on pût s'accorder, chacun s'échauffant pour faire valoir fon avis, le cardinal de Monté fit agréer ce temperament, que les reguliers pourroient prêcher dans leurs églifes, fans la permiffion de l'évêque diocéfain, mais qu'ils n'auroient la liberté de le faire dans les autres églifes, que de fon confentement. Les généraux & leurs religieux ne paroiffoient pas contens de cette déliberation. Ils cederent néanmoins après qu'on leur cut remontré que ce que l'on accordoit aux évêques étoit juste & néceffaire, que les reguliers avoient trop étendu leurs privileges, & même outrepaffé les bornes de la bienséance; mais qu'on recommande

roit aux évêques de fe conduire à leur égard avec tant de douceur, qu'on n'auroit aucun fujet de fe AN. 1546. plaindre. Les évêques de Fiezole, d'Aquino & de. Cagliari trouvant que ce décret étoit encore trop favorable aux reguliers, ne purent s'empêcher de témoigner qu'ils n'en étoient pas contens ; mais on n'y réforma rien.

CXVII. Difputes fur la

ques.

Pallas. ubi fup.

A l'occafion du décret dont on venoit de convenir pour obliger les évêques à la prédication, réfidence des évêPacheco avoit dit qu'on ne pouvoit rien regler làdeffus qu'on ne leur imposât en même-temps l'o- cap. 6. n. 1.&feq. bligation de réfider dans leurs diocéfes, & qu'on n'éloignât tous les obftacles qui les en empêchoient. On crut qu'il ne faifoit ces oppofitions que pour jetter les peres dans un labirinthe dont ils ne fortiroient qu'avec peine, & les éloigner par-là de l'examen des dogmes, vû qu'il ne fe déclara là-deffus qu'après que dans la congrégation du vingt-huitiéme de Mai, on eut réfolu de traiter des dogmes de la foi. Les légats y étoient affez portez, comme on le voit dans leurs lettres écrites à Rome fur cette affaire,cela fut donc proposé une feconde fois dans la congrégation générale du neuviéme de Juin, où l'évêque de Jaën fit un long difcours pour montrer les maux que causoit à l'églife l'abfence des pafteurs, & les châtimens dont il falloit punir ceux qui ne réfidoient pas; que le meilleur moïen pour y remedier, étoit de rétablir les conciles provinciaux dont on pouvoit tirer des grands avantages, au lieu qu'aujourd'hui la difcipline étoit tellement affoiblie, qu'il y avoit plus d'un fiècle qu'on n'en avoit affemblé en Ef

« AnteriorContinuar »