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l'une qui eft la principale & comme la forme; l'autre qui regarde fon integrité & qui eft comme la matiere. La premiere étoit une foumiffion du libre arbitre fous un légitime maître qui eft Dieu; l'autre eft la foumiffion des facultez interieures à ce libre arbitre, qui en eft comme le chef & le maître. Or ce libre arbitre s'étant revolté contre Dieu par le peché d'Adam, toutes les facultez qui lui étoient foumises fe font auffi revoltées. Ce dernier trouble & tous les maux qui ont fuivi cette revolte, font comme la matiere du peché originel ; & le premier trouble qui a été la faute,non pas la peine, eft la forme, & établit la nature de ce peché. Un autre évêque du même ordre expliqua autrement la doctrine de faint Thomas.

AN. 1546.

CXXIII.
Comment il eft

en nous.

Pallav. n. 5

Les avis furent plus differens fur le deuxième article qui traitoit de la tranfmiffion de ce peché tranfimis d'Adam d'Adam en nous. Jean Fonseca évêque de Caftellamare, dit que la propagation du peché du premier homme dans fes defcendans, qui ne l'ont pas commis volontairement, peut être conçue par l'exemple d'un roi qui a accordé le gouvernement d'une ville à quelqu'un de fes fujets, pour en joüir lui & fes defcendans, comme d'un bienfait, à condition qu'il lui fera toujours fidele: Si ce fujet vient à se revolter, ce prince prive toute sa pofterité de la poffeffion de cette ville, & il ne lui est pas permis de fe plaindre qu'on le punisse injustement; au contraire il doit rendre graces au prince, qui par la donation d'une ville qu'il avoit faite à ce pere, avoit rendu toute fa pofterité

;

capable du lui fucceder. Les ornemens de la jusAN. 1546. tice originelle font femblables à ce bienfait Dieu les avoit liberalement départis à Adam, & le dépouillement qu'on en a fait à fes defcendans, eft ce qu'on nomme tâche originelle. Mais cet exemple ne fatisfit pas les peres, parce qu'il marque feulement que la peine peut bien être tranfmise du pere aux enfans, mais il n'explique pas la coulpe ou la faute qui eft toutefois tranfmife d'Adam en nous. Fonseca cependant remplissoit son deffein, qui étoit d'expliquer de quelle maniere Dieu pouvoit nous punir fans injuftice pour la faute d'un autre: mais c'étoit une autre question de fçavoir comment cette punition nous rend coupables ; & c'est ce que tenta d'expliquer l'évêque Dominiquain qui avoit parlé plus haut fur la nature du peché originel. De la même maniere, dit-il, que nos membres, quoique privez de liberté & de raison, font fenfez coupables, lorsque dirigez & conduits par la volonté, ils fe portent à quelque action criminelle; de même les enfans, quoiqu'ils n'aïent rien fait par aucun acte de leur volonté, font cenfez avoir peché en Adam, naître dans un état vuide de tout bien, nullement foumis à Dieu, & contraire à la fin de l'homme, en ce que celui dont la nature étoit entiere & parfaite, & qui avoit le choix pour la conferver dans cette perfection, ou pour la rendre mauvaise, a fait par fon peché volontaire, que toute fa pofterité devoit naître avec la même tâche. Pour s'expliquer plus clairement, il ajouta, conformément à la doctrine de faint Thomas, que la nature a été

foüillée dans Adam par la tache de fon peché, &
qu'au contraire nous fommes foüillez la
par ta-
che de la nature. Un autre parla encore plus am-
plement fur cette matiere, & fit remarquer
l'erreur de Zuingle en particulier fur le peché
originel.

par

AN. 1546.

Des maux caufez

ginel.

Pallav. ut fuprà

Ensuite on examina le troifiéme article, des CXXIV. maux que le peché originel a causez au genre hu- par le peché orimain. Îl est certain, dit un des prélats, qu'Adam outre les qualitez naturelles, avoit reçu de Dieu n.7. la justice & la droiture de l'ame, qui lui auroient procuré l'immortalité à lui & à fes defcendans, s'il fe fût confervé dans cet état, fans parler de la science, de la connoiffance du mouvement des cieux fur laquelle les auteurs ne s'accordent pas, pour décider fi elle eût été héréditaire à sa posterité. De plus on eft affuré qu'Adam n'a peché que défobéïffance en violant les ordres de Dieu, & dès-lors il a caufé la ruine de fa famille, foit pour avoir mangé du fruit défendu, soit pour quelque autre peché, en punition duquel il a perdu la grace lui & toute fa pofterité. Ensuite pouffant fes raifons jusqu'au quatriéme article, il parla du remede, & dit que l'homme ne pouvoit être délivré que par le baptême, de cette peine à qui faint Paul donne le nom de mort. Enfin il avertit des deux écueils qu'il falloit éviter, l'un de penfer mal de la juftice divine lorfqu'elle puniffoit dans les enfans la faute d'un autre, en en les privant non-feulement des biens qui font donnez gratuitement, mais même de ceux qui font dûs à la nature, comme la peine du fens, l'autre de ne

point trop affoiblir cette peine en croïant qu'il AN. 1546. n'étoit pas nécessaire que Jesus-Christ se fût incarné pour nous en délivrer; voulant défigner par-là ceux qui croïoient que la nature, quelque corrompuë qu'elle fût par le peché, avoit encore affez de force pour obferver toute la loi, & taxer Ambroise Catharin préfent au concile,qui croïoit les enfans morts fans baptême, non-feulement exemts des peines, mais encore joüiffans d'une félicité convenable à leur état.

CXXV.

ees maux.

Pallav. n. 8.

qua

Dans une autre congrégation on traita du Du remede à triéme article qui concernoit le remede aux maux caufez par le peché originel : & tous tomberent d'accord que c'étoit le baptême, comme le prouvent beaucoup de paffages de l'écriture fainte: mais comme il y a differentes caufes de ce même effet & de cette même guérifon, outre le baptême, les mérites de Jefus-Chrift & la mort, qui donnent toute leur vertu aux eaux du baptême, on mit encore au nombre de ces causes, la gra ce qui nous rend faints. L'évêque de Syracufe vouloit qu'on y ajoutât la foi, felon ces paroles de JesusChrist, celui qui croira & fera baptifé, sera sauvé ; ce qui fut confirmé par Seripand, qui releva beaucoup l'efficace de cette foi interieure au-def fus de la vertu de l'ablution exterieure: mais plu fieurs s'oppoferent à ce sentiment, & ne voulurent pas qu'on fit mention de la foi dans le dé cret, n'étant pas nécessaire pour effacer le peché d'origine dans les enfans. Cette force du baptê me pour ôter toute la tâche du peché, fut prouvée contre les nouveaux hérétiques par un grand

nombre de témoignages tirez de l'écriture faindes conciles & des faints peres.

te

AN. 1546.

CXXV I. Ce que c'efi que la concupifcence qui

demeure après le

Mais parce que les Luthériens veulent que cette inclination violente que nous avons pour le mal & qu'ils appellent concupifcence, ne soit au- baptéme. tre que le peché originel; enforte que demeurant dans les enfans après le baptême, ils disent que le peché y demeure auffi : les peres travaillerent à combattre cette mauvaise doctrine ; & outre plufieurs paffages de l'écriture fainte qui concluoient qu'après le baptême il ne refte aucune tache, ils apporterent deux témoignages certains pour prouver que la concupifcence n'est pas un peché. L'un de faint Paul, où il eft dit que notre Rom. v1. 6, vieil homme a été crucifié avec Jesus-Chrift, afin que le corps du peché foit détruit, & que déformais nous ne foïons plus affervis au peché : par où il nous exhorte à ne pointlaiffer regner le peché dans notre corps mortel,& à ne plus être les efclaves de nos concupifcences. C'est pourquoi, disoit l'archevêque de Torre, fi après la deftruction du ché, la concupifcence demeure, comment peutelle être appellée peché? L'archevêque de Syracufe cita un autre paffage de faint Jacques, oucet Epift. Jacob. 1. 14. apôtre parlant de la production du peché, dit que chacun eft tenté par fa propre concupifcence, qui l'emporte & qui l'attire dans le mal; & enfuite quand la concupifcence a conçu, elle enfante le peché, & le peché étant accompli engendre la mort. D'où cet évêque concluoit que la concupifcence n'étoit pas un peché quoiqu'elle nous portât au mal, mais qu'elle l'enfantoit par notre

pe

&:5.

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