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ne confeffoient que le pain de l'eucharistie étoit le vrai corps naturel de Notre-Seigneur, que les impies & même le traître Judas ne recevoient pas moins par la bouche, que S. Pierre & les autres vrais fideles. Par-là il crut mettre fin aux fcandaleuses interprétations des Sacramentaires, qui tournoient tout à leur fens ; & il déclara qu'il tenoit pour fanatiques ceux qui refuseroient de foufcrire à cette derniere confeffion de foi.

AN. 1545.

X X. Calvin écrit à la

Inter epiftolas

Calvin écrivit à peu près du même stile contredeux faux dévots, libertins réels, qui fous pré- reine de Navarre. texte de spiritualité s'étoient infinuez dans l'esprit Beze in vitâ Cal de la reine de Navarre, & l'avoient infatuée de vini ad an. 1544. leurs vifions. Un ftile plus moderé & des raison- Calvini epiji. 62. nemens plus folides euffent peut-être confondu les deux vifionaires & ramené la reine : mais les emportemens de Calvin n'inftruifirent perfonne, & ne firent qu'irriter cette princeffe. Elle lui en fit faire des plaintes, & lui écrivit elle-même une lettre où elle n'oppofe prefque que de la douceur & de la moderation aux vivacitez & aux emportemens de fon adverfaire. Elle y tache de juftifier fa conduite, & de montrer qu'elle n'avoit pas eu tort de donner fa confiance aux deux perfonnes qui avoient fi fort échauffé la bile de Calvin. Mais cette princeffe avoit été abusée, & elle ne s'étoit point apperçuë que ces deux prétendus docteurs n'étoient que des hypocrites. Sa lettre eft du vingtiéme d'Avril 1545.

XXI.

des églifes réfor

En France, les disciples de Calvin quoique ca- Commencement chez, ne laiffoient pas de répandre leurs erreurs mées en France. & de faire quelque progrès. Ils commencerent Beze in hift. eccl.

Tome XXIX.

D

lib. 2. p. 99.

cette année une espece d'église à Paris qui s'accrut A N. 1545. avec le temps. Un certain gentilhomme du Maine, nommé de la Ferriere, homme très-ignorant, & à qui un zele outré pour les nouvelles opinions tenoit lieu de science, croïant pouvoir éviter à Paris les recherches que l'on faifoit dans fon païs contre les nouveaux fectaires, fe retira dans cette ville. Sa femme qu'il avoit amenée avec lui y étant accouchée, il ne voulut jamais que fon enfant reçût le baptême par les mains des Catholiques, ni avec les ceremonies ufitées de tout temps. par l'églife. Il s'emportoit avec fureur contre ces ceremonies, & les traitoit d'impies, fans pouvoir dire en quoi confiftoit leur impieté. Cependant ne voulant pas laiffer mourir fon enfant fans baptême, il envoïa prier quelque nouveau sectaire de venir le lui adminiftrer. On fit de grandes difficultez d'abord ; il fit des inftances encore plus vives : enfin il obtint ce qu'il demandoit. L'enfant reçut le baptême par les mains des hérétiques ; & ceux-ci confiderant que ce qui venoit d'arriver, pourroit encore fe rencontrer & même bien plus frequemment, ils réfolurent de nommer quelques-uns d'entr'eux à qui l'on pourroit s'adreffer, foit pour l'adminiftration du baptême, foit pour les autres befoins aufquels ils feroient en état de fatisfaire. Celui qui fut choifi le premier fut un laïc de vingt-deux ans nommé la Riviere. On dreffa quelques reglemens, on établit une espece de confiftoire, & l'on pourvut à fa fureté & au bon ordre autant qu'on pouvoit le faire dans de fi foibles commencemens.

AN. 1545.

XXII.
Le cardinal de

fie en Italie.

413.

naldum hoc anno.n.

L'héréfie commençoit auffi à fe répandre dans l'Italie ; à Mantoüe on découvrit que quelquesuns du clergé en étoient déja infectez,& que dans des difputes ils donnoient quelques atteintes aux Mantoue arréte les veritez de la religion. Mais le cardinal de Man- Progrez de l'hérétoüe par fon zele arrêta fes progrez; & le pape Paul III. libro lui envoïa un bref dans lequel il loüoit fes foins; brev. anno. 11. p. & lui accordoit une pleine autorité fur tout le Vide apud Rayclergé & fur tous les religieux de fon diocése,pour 52. & 53. faire punir les coupables. Ce bref est datté de Rome le feptiéme de Février 1545. Comme les mêmes erreurs fe répandoient auffi à Modene par les artifices & les féductions d'un certain Philippe Valentin, le pape n'en fut pas plûtôt informé, qu'il adreffa un autre bref du vingt-feptiéme dè Mai au duc de Ferrare, pour l'exhorter à faire arrêter ce perturbateur, le mettre en prifon, & rendre en cette occafion à Dieu & à l'églife ce qu'il leur devoit comme un prince catholique rempli du pieté, qui doit marcher fur les traces de fes ancêtres. Paul III. fut obéï; mais il eut de plus grands embarras avec Cofme de Medicis duc de Florence. Voici quelle en fut l'occasion.

XXXIII.

Brouilleries en

duc de Florence au

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Joannes Bapt.

Plufieurs Florentins ennuïez de l'état monarchique, & efperant de voir bien-tôt revivre leur tre le pape & le ancienne république,faifoient connoître affez pu- fujet des religieux. bliquement la vanité de leurs pensées, & don- Adriani in hift. ad noient lieu de craindre quelque foulevement. Ils hunc ann. débitoient pour appuier leurs idées, que Jerôme Savonarolle religieux Dominiquain dont on a parlé en fon temps, & qu'ils regardoient comme un prophéte, avoit prédit ce changement qu'ils efpe

roient. Les Dominiquains de Florence les entreAN. 1545. tenoient dans ces penfées, & par cette inconfideration ils rendoient le danger plus grand, & le mal plus à craindre. Le duc l'aïant appris ordonna d'abord à ces religieux de demeurer en repos, & de tenir une conduite plus pacifique:mais ceux-ci n'obéiffant pas, il en fit mettre quelques-uns des plus féditieux en prifon, & par un édit qu'il rendit public, il leur ordonna de fortir dans un mois des trois monafteres qu'ils avoient dans Florence; ce qu'ils furent contraints d'executer, & le duc mit dans leur couvent de S. Marc, qui étoit le principal, des Auguftins dont le monaftere avoit été ruiné depuis peu. Le pape offenfé de cette entreprife, & imaginant que le duc auroit dû le confulter auparavant, ordonna aux Auguftins de quitter le monaftere dans lequel ils étoient entrez, & enjoignit au duc fur peine d'excommunication, de rétablir les Dominiquains. Il le prenoit d'un ton fi haut, il menaçoit avec tant de vivacité, que le duc craignant que cette affaire n'eût de fâcheufes fuites pour lui, s'il s'obstinoit à foutenir ce qu'il avoit fait, jugea à propos de ceder au temps & de rétablir les Dominiquains..

XXIV. Succeffion des pa

lib. 2.

Jeremie patriarche Grec de Constantinople octriarches Grecs de cupoit ce fiége depuis plus de vingt- trois ans, aïant Conftantinople. été élu en 1521.Sous fon pontificat Procore,archeIn Turco-Græcia vêque d'Acride, qu'on nommoit la premiere Juftinianée, vint à C. P. avec les lettres patentes du Grand-Seigneur, qui portoient que l'évêché de Beroé métropolitaine de Theffalonique, étoit dépendant de fon diocéfe ; il offroit aux Turcs cent

écus d'or d'augmentation au tribut que les patriarches païoient, fi on vouloit lui reftituer cette ville. Mais Jeremie aïant fait voir que l'église de Conftantinople en étoit en poffeffion depuis plus de trois cens ans, gagna sa cause, à condition qu'il païeroit l'augmentation du tribut que Procore avoit offert : enforte que ce même tribut monta dans cette année à quatre mille cent ducats qu'il falloit païer tous les ans le jour de faint Georges. Jeremie mourut en 1544. dans la Bulgarie en faisant fa vifite. Denys né à Pera, & métropolitain de Nicomedie, fut mis en fa place : mais parce qu'il avoit été élû feulement en présence de Germain patriarche de Jerufalem, fans avoir affemblé les autres évêques de sa jurisdiction, ceuxci formerent leur oppofition, fans être toutefois écoutez:Solyman aïant confirmé Denys à condition qu'il augmenteroit le tribut ; cette confirmation n'appaifa pas les troubles. Les évêques & le clergé se liguerent contre le patriarche, on tint des conciles contre lui. Il mourut néanmoins dans fa dignité, & Metrophane de Cefarée lui fucceda. Quant aux patriarches latins, le cardinal Farnefe poffedoit ce titre, & après lui il fut donné à un Colonne.

Le pape fut un peu confolé des défordres que causoit l'hérésie en Europe, par la proteftation qu'on lui fit de la part de Claude roi d'Ethiopie, de fe foumettre à l'église Romaine, en abjurant le fchifme de Diofcore. Ce Claude avoit fuccedé fon pere David, & demandoit au pape des ouvriers apoftoliques, pour inftruire ses sujets des

AN. 1545.

X X V. Envoié du roi d'E

thiopie au pape. Raynald. ad hunc

ann. n. 61.

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