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afin que le maftic, qui tombe à terre, foit plus propre. On fait aux Lentifques des incifions au mois de Juillet la réfine coule ordinairement jufqu'à terre mais il s'en congele en larmes fur les branches: celle-ci eft plus eftimée que l'autre. On commence à ramaffer la réfine vers le feizieme d'Août ; cette récolte dure huit jours. On fait enfuite d'autres incifions au même arbre : la feconde récolte commence vers le quatorze de Septembre; & quoiqu'on ne faffe plus enfuite de nouvelles incifions, le maftic continue de couler jufqu'au huit de Novembre : on le ramaffe tous les huit jours, & après ce tems la récolte n'eft plus permife. Pour que la récolte foit belle, il faut que le tems foit fec & ferein. Il ne paroît pas bien certain que les Lentifques, qui croiffent en Italie & en Provence, donnent du mastic, ou s'ils en donnent, c'est en très petite quantité; car celui du Commerce vient du Levant.

On nous apporte, des pays chauds, le bois de Lentifque; il eft gris en dehors, blanc en dedans, & d'un goût aftringent. Comme on lui attribue la propriété de fortifier les gencives, on en fait des curedents, & on ufe de fa décoction pour les gargarifmes aftringens. En Italie on tire du fruit de cet arbre une huile, par la même méthode l'on tire celle du laurier en Langueque doc. Au Levant, l'huile qu'on en exprime eft préférée, par les Turcs, à l'huile d'olive, pour brûler & pour employer dans les médicamens. L'huile de Lentifque pofféle une vertu aftringente, qui la rend propre lorfqu'on veut refferrer, comme dans la chûte de l'anus & de la matrice.

Le mastic eft une réfine d'un goût légérement aromatique, réfineux & aftringent. Le plus beau doit être en petits grains, clairs, tranfparens, d'un blanc jaunâtre, & d'une odeur agréable; il le cafle net fous la dent, s'ammolit à la chaleur comme de la cire, & s'enflamme fur les charbons. Les Habitans de l'Ifle de Chio mettent prefque tous du maftic dans leur bouche, pour fortifier les dents & les gencives, & pour corriger l'haleine. Ils ont auffi coutume d'en mêler & d'en faire cuire avec le pain, pour le rendre plus délicat au goût.

Comme il y a plufieurs efpeces d'arbres qui donnent

du maftic, certaines efpeces en donnent de plus beau, mais en moins grande abondance: c'est ce mastic de meilleure qualité, que les Marchands nomment Maftic male, foit qu'il découle d'un arbre mâle, ou d'un ar bre femelle ; & ils défignent fous le nom de Mastic femelle, celui qui eft de qualité inférieure. Les meilleurs Lentifques fe trouvent dans la partie de l'Ifle de Chio, qui eft du côté du Sud. C'eft fans doute de ce maftic mâle que les Dames du Sérail & les Concubines bourgeoifes de Turquie mâchent prefque continaellement, pour rendre leur haleine d'une odeur de baume, fortifier leurs gencives & blanchir leurs dents.

On emploie intérieurement le maftic, pour fortifier l'eftomac, arrêter les diarrhées & les vomissemens; il entre dans plufieurs baumes & emplâtres. On l'étend fur un morceau de taffetas, & on l'applique fur la temple, pour calmer les douleurs des dents. Enfin, le maftic fe diffout aifément, & il peut entrer dans la compofition de plufieurs vernis.

Toutes les parties du Lentifque, fes bourgeons, fes feuilles & fes fruits, l'écorce des branches & des racines font aftringentes. Dans les Éphémérides d'Allemagne, on vante la décoction de bois de Lentifque, fous le titre d'Or potable végétal, comme une panacée finguliere contre la goutte & les catharres; en un mot, pour aider toutes les fonctions du corps, en rétablilfant le ton des fibres, & en adouciffant l'acrimonie des humeurs.

LEOCROCOTTE, Leocrocotta, eft un animal d'Ethyopie, de la groffeur d'un âne fauvage: il a la croupe du cerf, l'encolure, la queue & le poitrail du lion, & la tête comme un taiffon: fes pieds font fourchus, fa gueule eft fendue jufqu'aux oreilles il a, au lieu de dents, un os entier, qui lui prend toute la machoire.

Cet animal eft fort léger, & furpaffe tous les quadrupédes à la courfe. On dit qu'il nait de l'accouplement d'une Lionne & d'une Crocotte, ou d'une Hyene mâle: les Crocottes font des Métis que font les Lionnes étant mâtinées. Gefner penfe que le Léocrocotte eft un Tigre. Voyez ce mot.

LEOPARD, cfpece d'animal quadrupede de l'Ancien

Continent, que nous décrirons, ainfi que l'Once, à la fuite du mot PANTHERE.

LEPAS, nom donné par les Grecs à un genre de coquillage univalve, & qu'on a rendu en latin par celui de Patella. On le connoît, fur les côtes de la Normandie, fous le nom de Berlin ou Berdin: en Provence, fous celui d'Arapéde: fur les Côtes de Poitou & d'Aunis, fous celui d'il de Bouc & de Jambe. Le Lepas rampe fur les rochers. On a calculé fa marche la montre à la main : un de ces animaux a avancé pendant une minure, huit pouces de long; & fi l'animal ne fe reposoit pas fi fouvent, il pourroit avancer d'un pied. La base qui eft à l'ouverture de la coquille, eft occupée par un gros mufcle, qui a prefque autant de chair que tout le refte du corps de l'animal; ce mufcle n'eft point couvert par la coquille. Le Lepas s'en fert pour marcher, ou pour fe fixer fortement fur la furface d'une pierre; les Pêcheurs ont bien de la peine à l'en détacher, en infinuant la lame d'un couteau entre la pierre & la coquille : l'animal s'en détache à fa volonté pour aller à la pâture; mais il meurt s'il ceffe d'être entouré d'eau. On le mange crud

ou cuit.

La coquille de cet animal eft d'une feule piece, affez dure; fa couleur ordinaire eft grisâtre: on en voit cependant de diverfes autres couleurs: elle eft nâcrée en dedans, convexe, & a la figure d'un cône. Cette coquille eft, ou entiere & fimple, ou percée en deffus, ou chambrée, ou écailleufe. On prétend que le Lepas, dont la coquille eft perforée en deffus, déjecte par cet endroit fes excrémens.

Parmi ces coquilles conoïdes, on diftingue encore celles dont le fommet eft pointu, ou obtus, ou applati, ou recourbé : celles enfin dont la robbe eft cannelée ou ftriée, épaifle ou papyracée. Celles que les Conchyliologiftes appellent le Lepas Bouclier, le Concho-Lepas, le Bonnet de Dragon ou Chinois, l'il de Bouc, la Nacelle, le Cabochon, l'Aftrolepas, &c. fuffisent pour donner une idée des caracteres les plus variés de ce genre d'animaux. Voyez chacun des mots ci-dessus.

On trouve auffi quelques Lepas fluviatiles, & beau coup de Foffiles.

LERE, efpece de Chauve-Souris du Brefil, & qui eft la même que celle de Cayenne. Voyez CHAUVE

SOURIS.

LERNE, Lernea, efpece de zoophyte, qui fe trouve fur une forte de Brême & qui fe nourrit de fon fang. Voyez ZOOPHYTE.

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LÉROT. Voyez à la fuite du mot LOIR.

LETCHI ou LI-CHI, eft un des plus beaux & des plus délicieux fruits qui croiffent à la Chine, & particulierement dans la Province de Canton; il égale le volume d'une groffe noix : fon écorce eft chagrinée, mince, d'abord verdâtre, enfuite de couleur de ponceau éclatante. Quand le fruit eft mur & recemment cueilli, cette écorce fe termine en pointe : elle enveloppe une efpece de pulpe molette, & un petit noyau très dur, de la figure d'un Girofle, & de la couleur du Jais: il n'y a que l'A-te, ou le Ya-ta qui furpaffe ce fruit en bonté: il eft d'une nature fi chaude, que, fi l'on n'en ufe point avec modération, il fait naître des puftules par tout le corps. Les Chinois le font fécher & en mangent toute l'année; ils s'en fervent particulierement dans le thé, auquel il donne un petit goût rude ou aigreler, qui leur paroît plus agréable que celui du fucre. Voyez Ata. LETRE, eft le Bois de fer. Voyez ce mot. LEVESCHE. Voyez LIVÈCHE.

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LÉVIATHAN, animal dont il eft parlé dans le Livre de JOB, C. 40 & 41. Le docte Bochard, qui a lu tout ce que l'Ecriture-Sainte dit à ce fujet, prétend prétend que le Léviathan eft le Crocodile, cet animal, fi difficile à dre, fi indomptable, fi farouche, & dont la peau eft fi dure. Pour le prouver, il tire fes raifons d'un endroit du Talmud, au Traité du Sabath, où il eft dit que le Cabith ou Chien-marin, eft la terreur du Léviathan ; il foutient que ce Cabith eft l'Ichneumon, & que l'animal, dont il eft la terreur eft le Crocodile; parce qu'en effet l'Ichneumon fe jette dans la gueule du Crocodile, s'infinue dans fon corps, lui ronge les entrailles, & lui perce le ventre: d'où il s'enfuit que le Crocodile

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eft le Léviathan des Hebreux. Voyez CROCODILE. Mais M. Jault, Profeffeur en Syriaque, prétend que le Léviathan eft le Dragon marin; & il s'appuie fur un paffage d'ISAIE C. 27, où il eft dit : Le Seigneur vifitera, avec fon épée dure, grande & forte, le Léviathan, ce ferpent prodigieux, ce ferpent tortueux, & il tuera le dragon qui eft dans la mer.

Les nouveaux Hébreux donnent encore le nom de Léviathan à la Baleine.

LEVRAUT, eft le jeune Lievre; fa chair eft fort faine. On donne le nom de Levreteaux aux petits Levrauts qui font encore nourris par le pere & la mere. Voyez

LIEVRE.

LEVRETTE eft la femelle du Lévrier; les petits s'appellent Levrons.

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LÉVRIER, c'eft une des efpeces de chien. Le Lévrier eft haut monté fur fes jambes, il a la tête longue & menue le corps fort délié; on s'en fert pour courir le Liévre. On diftingue quatre fortes de Lévriers: 1°. celui dont les Ecoffois, les Irlandois, les Scythes, les Tartares & autres Peuples du Nord font fort curieux s'emploie à courir le loup, le fanglier, & autres grandes bêtes comme le taureau fauvage & le buffle: on l'appelle Lévrier d'attache. Dans la Scythie il y en a d'allez forts pour attraper les tigres & les lions; les gens du pays s'en fervent pour garder le bétail, qui n'eft jamais enfermé.

2o. Le Lévrier de plaine: c'eft le plus agile de tous les animaux; les meilleurs font en Champagne, en Picardie & en Thrace, à caufe des grandes plaines de ces trois Provinces, ce qui oblige à les choifir de grande race, de grande haleine, & d'une extrême viteffe. Les Portugais choififfent, parmi ceux-ci, les mieux rablés, gigotés & courts, pour bien courir le Liévre fur les coteaux & les montagnes.

3°. Le Lévrier franc & le Lévrier métis: ils fe trouvent en Espagne & en Portugal: on les croit mêlés de quelque race de chiens coureurs, ou de ceux qui rident naturellement. Ces fortes de chiens, qui ne deviennent jamais gras ni gros, conviennent en ce pays là, qui est inculte & rempli de brouflailles; ce qui fait qu'ils ne

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