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coup plus longues que celles du côté. M. Briffon dit que Hippopotame a en tout quarante quatre dents; favoir, hair incifives, quatre canines & trente-deux molaires: ces dents font comme de l'ivoire; les canines font longues & arquées. Cet animal a depuis la tête jufqu'à la queue treize pieds de long; le diametre horisontal de fon corps a quatre pieds & demi: fa tête a deux pieds & demi de large, & trois pieds de long; l'ouverture de fa bouche un pied; fes jambes ont trois pieds & demi de long, depuis le ventre jufqu'à terre, & trois pieds de tour. Ses pieds font très gros, fendus en trois, formant quatre doigts, environnés par-tout d'un ongle & d'une forme de talon, qui fait comme une cinquieme divifion. Son mufeau eft gros & charnu : il a les yeux petits, les oreilles minces & longues de trois pouces. Sa queue, qui a un pied de long, eft groffe à son origine, & fe termi ne tout-à-coup en pointe : fa peau eft très épaiffe, dure & d'une couleur obfcure: il n'a que peu ou point de poil, excepté au bout de la queue & au mufeau, où il a une mouftache femblable à celles des lions & des chats.

On voit, dans le Cabinet de Leyde, un Hippopotame qui nous a paru affez conforme à cette defcription. On voit auffi une tête de cet animal, dont la peau eft tannée, au cabinet des Auguftins de la Place des Victoires à Paris. Cet amphibie fe trouve dans le Nil, dans le Niger, dans la rivière de Gambie, & généralement dans toutes les rivieres des côtes de l'Afrique : il vient refpirer fou vent fur l'eau & y hennir : il dort dans les rofeaux, fur le bord des rivieres: il n'eft pas rare d'en rencontrer qui pefent jufqu'à quinze cens livres. Leurs dents font d'une dureté extrême; leur cri eft une forte de henniffement; leur vue eft perçante & terrible. Les pieds & les dents de cet animal font les feules armes dont la Nature l'a pourvû la courfe n'eft pas affez vite pour attraper un homme auffi léger, que le font les Negres : c'eft ce qui les rend affez hardis pour l'aller attaquer à terre. On a foin de lui barrer le chemin qui tend aux rivieres; car fou vent il cherche moins à fe défendre qu'à regagner le féjour des eaux : mais lorsqu'il eft dans l'eau, il propofe volontiers fa revanche; car il nâge affez vite, & tache de fe placer de maniere à exercer toute fa force. Il entre

peu dans la mer; il préfere l'eau douce, fur-tout cellé qui coule dans des prairies & des terres cultivées : il paroît que le Requin & le Crocodile redoutent l'Hippopocar on ne les a point encore vû mesurer leurs forces avec lui.

tame,

La peau du Cheval marin ou de riviere eft extraordinairement dure fur le dos, ainfi que fur la croupe & le dehors des cuiffes: les balles de moufquet ne font que gliffer deffus, & les flêches y rebrouffent; mais elle eft moins dure & moins épaiffe fous le ventre & entre les cuiffes: c'eft auffi dans ces endroits là, que ceux qui ont des armes à feu, des fléches & des fagayes, tâchent de le frapper. Cet animal a la vie dure, & ne fe rend pas aifément; les Européens, qui vont à cette chasse, tâchent de lui caffer les jambes avec des balles ramées ; & quand il eft une fois à terre, ils en fons, en quelque forte, les maîtres : les Negres, qui attaquent, le couteau à la main, les Crocodiles & les Requins, n'ofent pas fe jouer ainfi aux Chevaux marins. Si cet animal a été bleffé dans l'eau avec une lance, il jette auffi-tôt des regards menaçans; il s'élance avec furie fur le bâtiment où il voit les ennemis, & en enleve quelquefois avec fes dents des morceaux de bois affez confidérable; quelquefois il y fait un fabord d'un coup de pied. Si c'eft une chaloupe, il la fait virer, quelque grande qu'elle foit. Nous avons dit ci-deffus que l'Hippopotame dort dans les rofeaux & halliers fur le bord des rivieres; comme il ronfle très fort, c'est par-là qu'il fe trahit & qu'il avertit ceux qui le cherchent, du lieu où il repofe : dans cette fi tuation, il est aisé à surprendre & à teer; mais il faut y aller fans bruit, car fon ouie eft très fine. Les Pêcheurs redoutent cet animal qui ne ménage pas leurs filets, ni leur poiffon, ainfi que les autres animaux qu'il peut prendre les Negres difent qu'il eft plus ennemi des Blancs que des Noirs.

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fur

Les femelles de Cheval marin font leurs petits à terre elles leur y donnent à tetter & les y élevent : elles apprennent à ces nouveaux nés à fe jetter à l'eau au moindre bruit.

Les Negres d'Angola, de Congo, de la Mina, & des côtes Orientales d'Afrique, regardent le Cheval marin

comme un diminutif de quelque efpece de Divinité: ils l'appellent Fétifo. Ils le mangent pourtant, quand ils peuvent en attrapper.

Au rapport du P. Labat, cet animal, qui eft fort fanguin, fe phlebotomise d'une maniere finguliere: pour cette opération, il cherche un coin de rocher aigu & tranchant, & s'y frotte vivement, jufqu'à ce qu'il fe foit fait une ouverture fuffifante pour laiffer couler fon fang: il s'agite même quand il ne fort pas à fon gré; & quand il juge qu'il en a tiré fuffifamment, il va fe coucher dans la vafe, & ferme ainfi la plaie qu'il s'eft faite. Si le fait eft vrai, cette efpece de Chirurgien amphibie feroit préfumer que l'Art de la faignée eft de toute antiquité, & qu'elle eft dans l'ordre de la nature.

On fe fert de la peau du Cheval marin pour faire des boucliers & des rondaches: lorfqu'elle eft féche & bien étendue, elle eft à l'épreuve des fléches, des lagayes & des balles. Les Portugais emploient cette peau aux mêmes usages que celles des boeufs, & elle est infiniment meilleure quand elle eft bien apprêtée : on dit que les Peintres Indiens emploient le fang de cet animal parmi leurs couleurs. Les groffes dents ou défenfes font fort recherchées par les Opérateurs qui fe mêlent d'arracher les dents, & d'en remettre d'artificielles : ils ont éprouvé que la couleur de celles-ci ne jaunit point comme l'ivoire; qu'elles font beaucoup plus dures, & par conféquent d'un meilleur ufé; on en fait auffi de petites plaques minces, que l'on perce en deux endroits, afin d'y paffer un ruban; c'eft une amulette bien des per

que

fonnes portent contre la crampe, la goutte fciatique & les hémorrhagies; mais qui vraisemblablement ne leur eft pas d'un grand fecours.

La chair de l'Hippopotame eft très eftimée au Cap de Bonne Efpérance, on l'y vend douze à quinze fols la livre; foit rôtie, foit bouillie, c'eft un manger délicieux pour les habitans, même pour les Negres & les Portugais de toutes les rivieres, depuis le Niger jufqu'au Nil. Cette chair eft, pour l'ordinaire, très graffe & très tendre: elle a un petit goût & une odeur qui tiennent du fauvageon. La graiffe de cet animal fe vend autant que fa chair. Quoique l'Hippopotame foit un amphibie, les

Portugais n'ont pas laiffé que de le déclarer poiffon, apparemment enfin d'en pouvoir manger en tout tems.

Le Cheval marin, comme nous l'avons dit, fe nourrit de chair & de poiffon; mais dans l'occasion, il va auffi paître l'herbe des campagnes: il aime fur-tout le riz, le millet, les pois, les melons, & autres légumes qu'on cultive en ce pays-là, & dont il eft grand mangeur. Les Negres, qui font contraints de faire leurs Lougans aux environs des rivieres, afin de jouir de la fraîcheur & de la graiffe de la terre, qui fe trouvent, difent ils, communément en ces endroits, font obligés de garder leurs champs jour & nuit, & d'y faire bien du bruit & du feu, afin d'en éloigner les Chevaux marins & les Eléphans. HIPPRO. Voyez au mot PEUPLIER.

HIPPURITE, Hippurites corallinus, eft une pierre compofée de cônes turbinés, comme empilés les uns dans les autres : les jointures des articulations croiffent & décroiffent, comme on le voit au Sparganium. L'Hippurite n'eft communément qu'une efpece de coralloïde foffile, tubulée & articulée, quelquefois rayée ou étoilée.

HIRONDELLE, Hirundo. Nous connoiffons en Europe cinq efpeces d'Hirondelles; favoir, 1°. l'Hirondelle de cheminée, qui a le ventre blanc & le dos noir ; 2°. la grande Hirondelle, qu'on nomme vulgairement Grand Martinet; 3°. l'Hirondelle de fenêtre ou à cul blanc, que quelques-uns appellent petit Martinet; 4°. l'Hirondelle de riviere ou de rivage; 5°. le Tette Chèvre, dit en Sologne Chauche-branche, plus connu fous le nom de Crapaud volant, &c. Les marques caractéristiques de ces oifeaux, font d'avoir la tête grande, le bec court, avec une ouverture grande & propre à avaler les mouches & les autres infectes qu'elles prennent en volant. Ils ont les pieds courts & petits, car ils ne marchent pas beaucoup; leur queue est longue & fourchue. Nous allons donner une hiftoire plus détaillée de l'Hirondelle vulgaire, afin que le Lecteur ait une idée fuffifante de la configuration de cette efpece d'oiseau : nous finirons cet article par la citation de quelques efpeces étrangeres, & enfin par un expofé des particularités que les Naturalistes en ont remarquées.

L'HIRONDILLE,

L'HIRONDELLE DOMESTIQUE, OU DE VILLE, ou DE CHEMINÉE, Hirundo vulgaris, pefe à peine une once: elle a fix à fept pouces de long, depuis le bout du bec jufqu'à l'extrémité de la queue, & près d'un pied d'envergeure: elle eft d'une groffeur mitoyenne entre le petit & le grand Martinet. Son bec eft court, noir, fort large près de la tête, pointu par le bout; l'ouverture en eft très ample; fa langue eft fendue en deux ; fes yeux, un peu grands, font fournis de membranes clignotan tes; l'iris eft de couleur de noisette ; fes pieds font courts & noirâtres; fon plumage eft d'une fort belle couleur bleue foncée rougeâtre: elle a une tache fanguine, obfcure, au menton; fa poitrine & fon ventre font blanchâtres, avec quelque rougeur; & fa queue eft fourchue.

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Cet Oifeau a un gafouillement affez agréable, & qui approche du chant: c'eft principalement de grand matin, dans les longs jours, qu'il chante, mais il ennuie bientôt par fa monotonie: on ne le peut tenir en cage ni en voliere. On lui trouve fouvent dans le ventricule plufieurs petites pierres tranfparentes, inégales, rougeâtres, groffes comme une lentille; on prétend qu'elles fervent, ou pour aider la trituration de fes alimens, ou pour nétoyer (on eftomac : on s'en fert pour mettre dans les yeux lorfqu'on veut en faire fortir quelque ordure qui y eft entrée. Cette efpece d'Hyrondelle fait fon nid dans les cheminées, ce nid eft couvert en forme de panier. Sa couvée eft de cinq à fix œufs tout blancs. Willugby dit que fur la fin de Septembre, il a vu une grande quantiré de ces oifeaux, quoique maigres, au marché de Valence en Espagne. Il n'y a point d'oifeau qui vole avec tant d'agilité que l'Hirondelle: fon vol eft auffi tortueux que rapide: elle a de fortes ailes: aussi fe fiant à fon vol, elle entre familierement dans les maifons, & fait hardiment, comme nous venons de le dire, fon nid, ou au plancher ou aux cheminées, & dans les endroits où les chats, les rats & autres oifeaux de rapine ne fauroient aller ; elle le bâtit de chaume, de foin & de paille, en prenant toujours une bequetée de boue avec chaque brin de chaume,afin de mieux maftiquer le tout en H. N. Tome III.

B

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