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e.i

étoit beaucoup plus long qu'on ne l'avoit efperé, AN.1551.

& que les géneraux de l'empereur faifoient peu
de progrés, on crut qu'il valoit mieux parler de
paix.

Difcours

Les cardinaux Farnefe & de Tournon vinrent C. donc trouver le pape, & lui dirent que fi la guer- des cardi re préfente ne produifoit pas d'autre effet, que naux Farde donner aux Lutheriens d'Ailemagne occafion nefe & de fe railler fcandaleufement de la religion, en, Tournon au pape. voïant le vicaire de J. C. & le pere commun des fidéles, travailler à la ruine entiere de fes enfans & de fes fujets; le mal pourroit fouffrir quelque remede: mais qu'il devoit confiderer que les heretiques fe multiplioient chaque jour en France, où la doctrine de Calvin jettoit de profondes racines; & que les diffentions que caufoit la guerre, ne fervoient qu'à les fortifier, enforte que le mal ne faifant qu'augmenter & s'étendre, on s'expofoit vifiblement au danger de ne pouvoir plus y remedier. Faites-y réflexion, faint pere, ajoûterent ces cardinaux, & confiderez que fi Clement VII. a obfcurci la gloire de la plupart des actions de fon pontificat pour avoir fait perdre à l'églife le roiaume d'Angleterre par la complaifance qu'il eût de prendre le parti de l'empereur contre Henre VIII. ce feroit un grand chagrin pour votre fainteté, s'il arrivoit quelque malheur femblable à la France; & dans le fond, dirent-ils encore, quelle bonne opinion peuvent avoir de vôtre zele tant de peuples défolez & ruinez du Parmesan & du Boulonnois ?, Ce difcours, & plus encore le chagrin que caufoit au pape l'ordonnance du roi, qui défen- Le pape doit de tranfporter aucun argent à Rome, fit paroît fort beaucoup d'impreffion fur fon efprit, & lui in- porté à la fpira des penfées de paix. Il répondit au cardi- De The nal de Tournon, qu'il le prioit de vouloir affurer hift. lib.8. le roi très-Chrétien de fon amitié fincere, & de verfus finem.

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paix.

CI.

13. cap.3.

lui faire fçavoir qu'il n'avoit jamais eu deffein ni ANJ551. même la pensée d'agir contre lui, mais seulePallavic.l. ment contre le duc Octavio. Il chargea de plus ce cardinal de vouloir lui-même négocier la paix, jufqu'à lui dire qu'il ne demandoit rien d'autre chofe que de fauver l'honneur du roi & le fien. De plus, il pria le roi de trouver bon qu'il lui envoïât un légat. Henri II. aïant eu connoissance de ces propofitions, répondit en particulier fur la derniere, que le légat feroit bien venu qu'on lui feroit tous les honneurs dûs à fon caractere, & que la guerre ne lui avoit rien fait perdre de fon refpect pour le faint fiege. Sur ces affurances le pape nomma pour cette légation le cardinal Verallo; & le cardinal Carpi fut envoïé à l'empereur avec la même qualité.

CII.

Suites des

concile

rétabli à

Trente.

art. 16.

1. 11. cap.

Ces commencemens de paix laifferent plus de facilité au pape de s'occuper de l'affaire du conaffaires du cile, dont la continuation ou la reprife étoit fixée au premiér de May. Afin de pourvoir auparavant à tout ce que l'importance de cette Vide fuprà affaire exigeoit, il tint un confiftoire le quatriéme de Mars, dans lequel il nomma pour préfiPallavic. der au concile en fon nom, le cardinal Marcel 13.2. 1.& Crefcentio Romain, qui joignoit à une profonSeq. de érudition, beaucoup de prudence & de faRaynald geffe. Il ne voulut point lui donner de collegues, 1551. n.4. Pour éviter la dépense autant qu'il pourroit; mais il lui donna deux ajoints, Sebastien Pighin archevêque de Siponte, & Louis Lipoman évêque de Verone. Il choifit exprés ces deux prélats du nombre des évêques, croïant par-là honorer l'épiscopat, & arrêter les plaintes & les foupçons de ceux qui dans la premiere convocation du concile de Trente, avoient porté beaucoup d'envie aux légats, qui tous trois étoient cardinaux.

ad hunc an

Le pape après leur avoir fait connoître dans

plu

"

"

دو

Trente, par

liv.

plufieurs entretiens particuliers la grande confiance qu'il avoit en leur fageffe, par le choix qu'il AN 1551. avoit fait d'eux, leur fit expedier une commission CIII. très-ample, afin qu'ils prefidaffent en fon nom Inftruction au concile. Elle étoit dattée de la feconde année du pape à de fon pontificat, & portoit :,,Qu'un bon perefes deux fon legat & ,, de famille doit fubftituer en fa place des per- nonces ,, fonnes capables de faire ce qu'il ne peut pas par pour le „ lui-même. Qu'aïant donc rétabli à Trente le concile. », concile general, convoqué par fon prédeceffeur, Hiftoire du ,, dans l'efperance que le roi & les princes lui fe-concile de roient favorables, & le défendroient; il a exhor- Fra-P400, ,, té les prélats qui y doivent affifter, de fe trou- vers la fin ver à Trente, pour y reprendre le concile dans du 3. ‚, l'état qu'il étoit alors. Que fon âge avancé, & P.292. Augel. ,, quelque autre confideration l'empêchant d'y pré- Masare!, in ,,fider en perfonne, fuivant fes defirs; afin que diar. cone. ,, fon abfence ne porte aucun préjudice, il fub- Trid. mf. 1. ,, ftituë en fa place Marcel Crefcentio, cardinal ,, de la fainte églife Romaine, du titre de S. Mar,, cel, homme zelé, prudent, habile, pour être ,, fon légat à latere, avec l'archevêque de Sipon,, te & l'évêque de Verone, tous deux recom,, mandables par leur fçavoir & par leur expe ,,rience pour fes nonces, par un mandement spé ,,cial, muni de toutes les claufes néceffaires. Qu'il ,, les envoie à Trente comme des anges de paix, ,, leur donne l'autorité de recommencer, conti,, nuer, & gouverner le concile: & de faire tou,, tes les autres chofes qu'ils jugeront à propos, ,, felon la teneur des bulles de convocation, tant ,; de lui que de fon prédéceffeur.

arichu. Va

tic. p. 402.

dens du

Quand il les eut revêtus de cette commiffion, civ. il leur ordonna de partir inceffamment & de com- Départ mencer les feffions au jour marqué, quand mê des prefime ils ne trouveroient pas de prelats à Tren-concile de te, à l'exemple des nonces de Martin V. qui ou- Trente. vrirent le concile de Pavie, quoiqu'il n'y eut que

E 6

deux

deux abbez de Bourgogne. Ange Maffarel fut AN.1551. nommé fecretaire, & le pape lui ordonna de pafPallavi fer par Boulogne, de conferer avec le cardinal 1.1114 Crefcentio qui y réfidoit, & de lui dire que fi Raynald, Dandini, qui étoit auprès de l'empereur, manad hunc ann, doit que ce prince fouhaitoit qu'on commençât

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le concile fans differer, il n'avoit qu'à partir auffitôt pour Trente, finon qu'il pourroit refter à Boulogne, à condition toutefois que le concile commenceroit au jour marqué. Ce fut dans ce deffein qu'il indiqua des prieres publiques le quatorziéme d'Avril, pour demander à Dieu un heureux fuccés dans une affaire fi importante à la religion, & qu'il ordonna à tous les évêques qui étoient alors à Rome, au nombre de quatrevingt-quatre, de fe rendre à Trente. Crefcentio à l'arrivée de Maffarel, n'aïant eu aucune nouvelle de Dandini touchant les deffeins de l'empereur, ne fortit point de Boulogne; mais le pape aïant changé d'avis, lui manda qu'il étoit plus convenable qu'un legat fût préfent à l'ouverture du concile. Ainfi Crefcentio partit avec les deux nonces & quelques prelats, & arriva à Trente le vingtneuviéme d'Avril: le cardinal Madrucce, avec tous les archevêques & évêques, qui étoient déja dans cette ville au nombre de treize, le reçurent avec beaucoup d'honneur, & allerent audevant de lui. Il fut complimenté par Laurent Platanus, qui étoit Flamand, fecretaire du cardinal de Trente, & Antoine Floribel de Modene, répondit au nom du legat.

Le legat Crefcentio & les préfidens étant ar CV. rivez à l'églife la plus proche de la ville, y en Reception du legat & trerent pour quitter leurs habits de voïageurs, & des prefi- fe vêtir pontificalement. François de Vargas, jurifconfulte Espagnol, envoïé par l'empereur au concile, en qualité de fon procureur fifcal, préfenta les lettres de fa commiffion & de fes pou

dens à

Trente.

Pallavicin. bif. n. 2.

voirs, & affura les préfidens du zele & de l'affe&tion de fon maître pour maintenir & proteger le concile, & de la joie qu'il reffentoit de voir Raynald.

AN.1551.

n.

Pallavic.

les peres affemblez. Il loüa beaucoup le pape, le Cafarei legat, les deux nonces : Crefcentio lui répondit Fifi. procaen peu de mots, marquant fon refpect & fa re- rat. edit. connoiffance. Enfin, tous étant montez à cheval, entrerent dans la ville deux à deux, le legat & le cardinal Madrucce évêque de Trente; enfuite les deux nonces, & les autres évêques, felon la coûtume, & enfin après toutes les ceremonies ufitées dans ces occafions, on le mena à fon palais. Le même jour François de Tolede ambaffadeur de l'empereur arriva à Trente, & deux jours après l'on commença l'ouverture pour la feffion onzième.

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CVI.

Quelques reglemens avant la te

nue de la

Conc. Trid.

ant, Nicol.

menum, im→

L'empereur avoit eu foin de faire écrire d'Ausbourg des lettres circulaires pour inviter au concile ceux qui y étoient appellez par le pape, & manda à tous fes fujets qui y avoient quelque droit, de ne pas manquer de s'y trouver, en leur feffion. promettant un fauf-conduit & toute forte de fûre- Alla & té. Ces lettres font dattées d'Ausbourg le vingt-decreta S troifiéme de Mars. Nicolas Pfalme prémontré, abbé de S. Paul, & évêque de Verdun, reçut Pfalme in auffi les ordres de Jean archevêque de Tréves, fasra antiq. par fes lettres dattées de Erenbreiftein le quatrié- pr. Stivagii me d'Avril pour le même fujet. Ce prélat a laif-in fol. ann. fé les actes de cette reprise du concile fous Jules 1725. III. Comme il y eut d'abord quelques contefta- Patre Hugo. tions touchant la place qu'occuperoit le cardinal ce fup. cis. Madrucce, s'il feroit devant ou après les deux non- n. 3. ces, le fecretaire Maffarel en écrivit au pape, qui répondit que dans toutes les fonctions qui ne regarderoient point le concile, ce cardinal fes précederoit; mais que dans sce qui concerneroit les affaires du concile, comme les feffions, les congregations & autres, les trois préfidens occuperoient les

pre

Pallavicin

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