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loit le rétablir à Trente; que par-là il contenteAN.1550. roit l'empereur, & mettroit l'Allemagne en état de n'avoir plus rien à repliquer. Ce confeil fut approuvé du pape, qui travailla enfuite à avoir le confentement du roi de France, afin que ce prince y envoïât les évêques de fon roïaume pour donner au concile toute l'autorité qui lui étoit néceffaire, & qu'il pût être regardé comme un concile œcumenique.

Mais comme on n'ignoroit pas les difficultez que ce prince pouvoit faire, & l'extrême répugnance qu'il avoit pour la tenue de ce concile à Trente, parce que cette ville étoit fujette à l'empereur; le pape pria le cardinal de Guife d'affurer le roi fon maître que le concile ne feroit rien qui pût porter quelque préjudice aux privileges de fa couronne, ni aux immunitez de l'églife Gallicane, & qu'on ne prendroit aucune réfolution fans l'avoir auparavant confulté. Jules en informa lui-même ce prince, par un courier qu'il lui dépêcha, & qui eut ordre de l'affurer qu'on lui envoïeroit au plûtôt un nonce, pour l'informer X. plus particulierement des raifons du pape. Jules Nonces ne differa pas à executer fa promeffe; & ce qui l'empereur l'y détermina plus promptement, furent les or&auroi de dres que Mendoza reçut de l'empereur, qui avoit France déja commencé la diéte à Ausbourg, de preffer concile. ce pape de lui répondre & de ne pas differer > Pallavian. afin que fuivant fa réponse, on prît dans la diécap.8. n.6. te les mesures qui conviendroient au repos de 69...PAllemagne. Des ordres fi précis lui firent prenRayna'd dre la réfolution de finir cette affaire, & pour Jam, 2. part. ne point perdre de tems, il envoïa dans le moment même Sebaftien Pighin, archevêque de ann. 2.16. Siponte en Allemagne, d'où il fit revenir Lippoman & Bertanus, dont il jugeoit la présence plus néceffaire en Italie. Il nomma auffi Antoine Trivulce évêque de Toulon, pour nonce au

envoiez à

touchant le

2.3.

2.

Annal, hot

près

près du roi de France, le chargeant de prendre la pofte, afin qu'il pût promptement lui rendre compte des intentions de ce prince, qu'il vouloit fçavoir avant que de paffer outre.

AN.1559.

XI.

Inftru

Pallavicin.

Ces deux nonces étoient porteurs de differentes inftructions. Trivulce devoit exposer au roi &ions de fa Très-Chrétien les raifons que le pape avoit de fainteté à rétablir le concile à Trente, qui étoient que l'Al- fes deux lemagne l'acceptoit & s'y foumettoit, que l'em- nonces. pereur le demandoit avec beaucoup d'inftance; hift. conci'. qu'il n'étoit pas convenable de le continuer à cap. 9.4.11. Boulogne, fans juger auparavant de la validité n.1.& feq. de la tranflation, ce qui rendroit le jugement du pape fufpect, comme en étant l'auteur, & ce qui donneroit aux Proteftans occafion de se plaindre. Le nonce devoit ajoûter, que le pape faifoit principalement fond fur l'affiftance de la France, & fur le fecours des prélats de ce roïaume : ce qu'il efperoit d'obtenir du roi, comme d'un prince protecteur de la foi, & imitateur de fes ancêtres, qui ne s'étoient jamais départis de la confiance qu'ils avoient dans le faint fiege. Que l'on travailleroit dans le concile à l'explication de la doctrine, & à la réformation des mœurs, fans toucher aux privileges de la couronne, temporel du roïaume. Que fur la demande que Raynald, l'empereur avoit faite du rétabliffement du con- mbi fupra cile à Trente, le pape y avoit confenti, fous les ". 17. conditions que fa majefté Très-Chrétienne approuveroit. Que Jules défiroit fçavoir fes intentions là-deffus. Ce nonce avoit ordre encore de communiquer fon instruction au cardinal de Gui- In Diarie fe, & de parler ensemble au roi, s'il le jugeoit à 12. Augufti propos. Il y avoit encore quelques autres articles, qui tendoient au même but, & que Pallavicin vi. rapporte. La réponse du roi fut favorable. Comme ce prince fçavoit les raifons que le pape avoit de ne fe pas trop fier à l'empereur, & que d'ail

A 6

ni au

leurs

n.

ann. 1550.

AN.1550.

ghini ad

leurs il lui croïoit le coeur François, il témoigna au nonce beaucoup de joïe de fon arrivée, & lui promit d'envoïer les évêques de France au concile, & de ne rien épargner pour maintenir l'autorité du faint fiege.

que

L'inftruction de Pighin, nonce auprès de l'empereur, portoit que le pape pour tenir la parole qu'il lui avoit donnée, d'agir fincerement avec lui, étoit réfolu de continuer le concile à la décharge de fa confcience pour la gloire de Dieu, & pour le bien des affaires de l'empereur & de E Diare Pempire. Qu'à l'égard des conditions aufquelodem die les il promettoit d'affembler le concile à Tren& epift. Pite, il falloit en premier lieu que le roi TrèsDandinam Chrétien lui fût favorable, & qu'il promît d'y 15. Augufti envoïer les évêques de fon roïaume, fans lefapud eumd. Pallavicin quels le concile pourroit paffer pour national: 1.11. c. 10. que pour engager ce prince à y donner les mains, 1.2. il n'y avoit pas de meilleur moïen de lui perfuader qu'on n'y détermineroit rien qui pût lui Porter quelque préjudice, & qu'on y maintien dipit les privileges de fa couronne. En fecond lie, que l'empereur devoit s'affurer de la foumiffion des Proteftans de fes états, auffi-bien que des Catholiques, en faifant obliger la diéte à Pexecution de fes decrets, & faifant expedier des mandemens autentiques pour toutes les villes & les princes, afin qu'aucun ne s'avifât de le troubler. En troifiéme lieu, qu'il falloit néceffairement que Charles fit une déclaration par laquelle il feroit ftatué que les Proteftans ne pourroient demander d'être entendus fur les decrets de foi déja faits à Trente, ni fur ceux des conciles précedens qu'on ne pouvoit plus révoquer en doute. Enfin le nonce devoit lui reprefenter que le pape faifoit fond fur fon amitié, & que comme il n'avoit pas d'autre défir que de le fatisfaire, en remettant le concile dans une ville fi avanta

geufe

geufe aux Allemands, il fe promettoit auffi que l'empereur ne lui donneroit aucun fujet de fe ré. AN.1550. pentir de fa complaifance & de fa fincerité. Que fi quelqu'un traversoit fes bons deffeins, on ne lui fçauroit point mauvais gré de reprimer ces efprits brouillons pour maintenir l'autorité & l'honneur du fiege apoftolique, foit dans le concile, foit hors du même concile.

L'empereur aïant déliberé fur ces propofitions, XII. loüa beaucoup le pape de ce qu'il avoit enfin con- Réponse fenti au rétabliffement du concile à Trente, fans, de l'empeperdre le tems à terminer la cause de la tranfla-nonce du tion, qui étoit un point délicat & d'aucune uti-pape.

reur au

Pallavicin

10.

lité. Il ajoûta que les réflexions de Jules III. hift. concil. étoient importantes & judicieuses. Qu'il vouloit Trid. lib.11. le feconder dans ce qui concernoit la France, encap.9. & donnant de fa part toutes fortes d'affurances au roi Très-Chrétien: qu'il étoit jufte d'éviter les dépenfes fuperfluës, & de ne pas laiffer les peres du concile oififs: que dès l'année précedente la diéte d'Ausbourg avoit fait un decret pour obliger toute l'Allemagne, & même les Proteftans à reconnoître ce concile : qu'il donneroit au nonce une copie de ce decret, & qu'il le feroit confirmer dans la diéte qu'on tenoit actuellement, Qu'il ne croïoit pas qu'il fut à propos de déclarer que les decrets faits à Trente ne fe pourroient pas examiner de nouveau, & qu'il feroit tems de le dire lorfque le concile feroit affemblé, Quant à l'autorité du pape & du faint fiege, il dit qu'en aïant toûjours été le protecteur, il perfifteroit dans les mêmes fentimens, jusqu'à répandre même fon fang pour fes interêts, s'il étoit néceffaire. Qu'il ne pouvoit pas empêcher que des efprits inquiets n'agiffent contre les regles; mais que fi cela arrivoit, il promettoit au pape de s'y oppofer, & de reprimer ces broüillons avec tant de zéle, que le faint fiége en feroit

content.

Cet

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Auf

de

Cette réponse fut rendue au nonce à AusAN1550 bourg, où l'empereur tenoit alors la diéte : l'ouL'empe- verture de cette affemblée s'étoit faite le vingtreur tient fixiéme de Juillet. Quoiqu'on jouît alors de la une diete paix, on ne laiffa pas d'y faire venir beaucoup bourg. de gens guerre, comme on avoit fait dans Sleidan in les précedentes. L'on traita dans celle-ci de la comment. I continuation du concile, & de l'obfervation du 22. p. 786. dernier decret appellé interim, touchant la reliSpond. hoc ann. n. 5. gion; l'on y propofa les moïens de punir les reDe Thou Belles, de rétablir la jurifdiction ecclefiaftique, & hf. lib.6. de la restitution des biens de l'églife qui avoient n93 été ufurpez; & l'on n'oublia pas d'y renouveller la ax. 1626. queftion qui concernoit la chambre imperiale. En

(dit. Genev.

de l'éle

parlant du concile, l'empereur dit que l'intention de Jules III. étoit de le rétablir à Trente, & que l'ouverture s'en devoit faire inceffamment. Que tous Chrétiens, même ceux qui avoient changé de communion, pourroient s'y trouver avec une entiere liberté, & y propofer leurs fentimens fous fa protection, & avec un bon faufconduit de tous les électeurs : il ne s'y trouva que ceux de Maïence & de Tréves, celui de Cologne n'aïant pû s'y rendre à caufe des differentes affaires qui l'occupoient dans fon païs. Pour les autres princes, le duc de Baviere y vint dès le commencement, mais celui de Brunswik n'y arriva que fur la fin. L'on y vit auffi le grand-maître de Pruffe, & les évêques de Virtzbourg, d'Ausbourg, de Trente, de Conftance, d'Eichftat, de Cambray, de Mersbourg. Tous les autres princes y envoïerent leurs ambaffadeurs.

XIV. L'affaire étant mife en déliberation, la plus Conditions grande partie opina pour le rétablissement du &teur Mau- concile mais l'électeur Maurice qui ne le vourice pour le loit point approuver, à moins que tout ce qui rétabliffe- avoit été fait jufqu'alors, ne fût examiné de concile. nouveau, fit remontrer par fes ambaffadeurs,

ment du

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