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AN.1550.

Sleidan ubi

-Supra.

qu'il ne confentiroit au concile qu'à ces conditions. 1°. Que tous les decrets déja faits à Trente fubiroient un nouvel examen. 2°. Que les théologiens de la confeffion d'Ausbourg y feront oüis, De Thon, & y auroient féance comme juges, & pour Pallavicin. loco fup. cit. roient décider les matieres. 3°. Que le pape n'y bif, concil. préfideroit point, qu'il fe foumettroit aux déci-Trid kb. 11. fions du concile, & qu'il délivreroit les évêques du ferment qu'ils lui avoient fait, afin qu'ils fusfent plus en état de dire librement leur avis. L'ambaffadeur aïant fait cette proteftation publiquement, demanda qu'elle fût enregistrée felon la coûtume : mais l'électeur de Maïence, qui, com me chancelier de l'empire, étoit chargé de recevoir ces fortes d'actes, refufa de le faire. Plufieurs crurent que Maurice, qui avoit beaucoup d'adreffe, & qui jufqu'alors avoit ufé d'une grande dif fimulation, vouloit en cette occafion fe décla rer ouvertement, afin qu'après avoir obtenu de l'empereur tout ce qu'il en pouvoit efperer, il fe déchargeât de la haine que les Proteftans avoient conçue contre lui, croïant qu'il étoit trop favorable au parti des Catholiques.

XV.

Granvelle

à Auf

Vers la fin du mois d'Août, pendant que l'empereur étoit encore à Ausbourg, Granvelle fon Mort de premier ministre, fut attaqué d'une fiévre ma- premier ligne, qui l'emporta le cinquième jour de fa ma- miniftre de ladie: il étoit de Befançon d'une famille affez l'empereur médiocre, & s'appelloit Nicolas Perrenot, feig-bourg. neur de Granvelle. La perte de ce miniftre caufa Sedan 1. une fenfible affliction à l'empereur : auffi quand 22. .786. il eut appris fa mort, il se tourna vers Philippe it.1.6. fon fils, & lui dit : Nous avons perdu vous & moi Pontus Henun bon lit de repos. Granvelle laiffa trois fils, Tho-terus verum. mas Perrenot, feigneur de Chantonnet, qui fut Auftriacarum tib. 13. ambaffadeur en France & en plufieurs autres cap.3. cours; Antoine, qui étoit alors évêque d'Arras, & qui fut enfuite cardinal; enfin Frederic, ba

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ron

De Thon.

ron de Renaix, & feigneur de Champagny en AN.1550 Franche-Comté. Antoine fucceda à fon pere dans les bonnes graces de l'empereur, & dans les dignitez que ce grand homine avoit remplies auprès XVI. de ce prince.

Réponse

reur au

pape.

L'empereur après avoir fait faire les obfeques de l'empe- de fon miniftre, informa le nonce de tout ce qui nonce du s'étoit paffé dans la diete, & lui dit que fi les Catholiques & quelques Proteftans confentoient à tout, il y en avoit d'autres qui y mettoient des reftrictions, & qu'il étoit bien aise de les lui apprendre lui-même, de peur que fi cet avis lui venoit par quelque autre voïe, il ne produisît un mauvais effet. Mais il ajoûta, qu'il n'avoit pas voulu que ces reftrictions fuffent mifes dans les actes, parce que ces princes lui avoient promis de fe foumettre dans la fuite de forte qu'il pouvoit affurer le pape que toute l'Allemagne accepteroit le concile. Pour en être plus certain il en traita avec les électeurs & les principaux prelats de l'Empire, & leur propofa d'aller en perfonne au concile, & de le faire commencer

XVII.

Le duc de

la guerre à ceux de

Pâque de l'année fuivante; & aïant eu leur parole, il ne penfa plus qu'à preffer le pape d'executer fa promeffe, parce qu'il étoit comme affuré du confentement de toute l'Allemagne ; & afin de lever tout obftacle, il le pria de lui envoïer la minute de la bulle avant que de la publier, afin que la faifant voir à toute la diéte, il pût engager tous les princes à la recevoir & à en figner le decret.

Sur cette réponse de l'empereur, on prenoit Meckel à Rome les mefures neceffaires pour contenter bourg fait ce prince, on continuoit dans la Saxe la guerre que le duc de Brunswick avoit commencée. Magde- Le duc étoit un efprit remuant, dont il étoit bourg. neceffaire d'arrêter les entreprises, fur tout dans un tems où il étoit fi important d'entretenir la

Sleidan ibid. ut fup.

P.788.

y

paix,

paix, pour ne point troubler la grande affaire du AN.1550.

concile. Il avoit déja mis le fiege devant Brunf- De Thon, wick, & fe preparoit à le pourfuivre avec vi- hift. 1.6. t. gueur, lorfque l'empereur manda aux deux par- 1.194. tis de mettre les armes bas, & de venir plaider leur cause devant lui. Ces ordres firent quelque peine au duc: il obéït néanmoins, & congedia fes troupes, que Georges duc de Meckelbourg emploïa aufli-tôt, pour faire la guerre à ceux de Magdebourg, à la follicitation du clergé de cette ville, qui vouloit fe venger des citoïens. L'archevêque Albert de Brandebourg étant mort depuis peu, & n'aïant pas encore de fucceffeur, les ecclefiaftiques avoient promis à Georges de le reconnoître pour feigneur de toute la province; & lui engagerent par écrit trois des meilleures places, Vanilebe, Drielebe & Wolmerstad. .Le duc prit d'abord fon chemin par le païs d'Halberftat, & de-là vint dans celui de Magdebourg, où il prit d'abord Vanflebe, & y mit le feu le dix-feptiéme de Septembre; mais voïant que le château faifoit trop de refiftance, il paffa outre, en mettant tout le païs à feu & à fang. Ceux des villes & de la campagne épouvantez de ces pillages, s'adrefferent au fenat de Magdebourg, implorerent son affistance, & offrirent de contribuer de leurs perfonnes & de leurs biens, pourvû qu'on ne les abandonnât pas. Les magiftrats leur affignerent le vingt & uniéme de Septembre pour fe

trouver en un certain endroit avec leurs armes, des chevaux & des chariots. Le jour qu'ils arriverent, ceux de Magdebourg s'étant joints à eux, vinrent tous loger à Wolmerftat, qui n'est qu'à deux lieuës de la ville : & le lendemain étant par tis avant le jour, ils fe prefenterent à l'ennemi, qui s'étoit arrêté à Hilderflebe. Le duc Georges aiant remarqué la difpofition de ceux qui venoient l'attaquer, fe détourna pour éviter le choc du

front

AN.1550.

XVIII.

& détenfe

Magde-
bourg.
De Thu

hift. 1.6.
pag.195.

front de bataille; & fes gens s'étant jettez fur les flancs, attaquerent fi vivement ceux qui étoient le plus mal armez, avant que les premiers rangs fuffent en état de venir à leur fecours, qu'ils en tuerent une partie, & mirent le refte en fuite; de forte que ceux qui refterent, embaraffez d'un côté par leurs gens mêmes, & ne pouvant pas d'ailleurs refifter aux ennemis qui les preffoient de toutes parts, il en fut tué un très-grand nombre, les autres furent faits prifonniers, & quelques-uns feulement fe fauverent à la nage.

Le lendemain le comte de Mansfeld fe rendit

Attaque au camp, où il promit de faire venir fes troude ceux de pes. Peu de tems après les électeurs Maurice de Saxe & de Brandebourg, avec Albert, coufin du dernier, le marquis de Culmbach, & Henri de Brunfwick y vinrent auffi, avec une nombreuse cavalerie, & furent reconnus pour generaux de l'armée, laiffant au duc George le commandement de la cavalerie. Le dixiéme d'Octobre les ennemis s'avancerent vers les murailles de la ville pour mettre le feu aux portes, mais ils furent repouffez à coups de canon, avec une fi grande perte des leurs, que leur courage diminua beaucoup, pendant que celui des affiegez reçut de nouveaux accroiffemens. Le lendemain on fit une fortie, où les affiegeans furent battus, & le duc Georges fe retira, après avoir perdu beaucoup des fiens. Les jours fuivans il n'y eût que quelques legeres efcarmouches, qui fe terminerent à un grand carnage, que ceux de Magdebourg firent de leurs ennemis. L'on fit enfuite une tréve: Wolfang prince d'Anhalt, fut reçû dans la ville pour traiter des conditions de la paix; mais dans l'impoffibilité de convenir, les ennemis rompirent la tréve, & brûlerent le fauxbourg de faint Michel. L'électeur de Brandebourg battit un corps de cavalerie, qui étoit parti

de

de Goflart pour venir renforcer la garnison de AN.1550.

Magdebourg. Le lendemain les affiegez mirent leurs ennemis en fuite; quatre jours après les Imperiaux battirent leur cavalerie, & la guerre continua jufqu'à la fin de l'automne.

reur fe

Cependant l'empereur infiftoit fortement pour XIX. faire obferver fes édits, & se plaignoit entre au- L'empe tres, de ceux de Magdebourg & de Brême, qui plaint à la restoient seuls defobeïffans, quoique les derniers diete de ne fuffent point profcrits. Sur ces plaintes les ceux de princes prierent l'empereur de trouver bon qu'ils out bourg & de fe rendiffent mediateurs; celui-ci y aïant con- Brême. senti, ils écrivirent le vingt-deuxième de Sep- Sedan in tembre aux magiftrats de ces deux villes, pour comment. I. 22.p.788. les ajourner à comparoître le deuxième de No-De Thot vembre à Ausbourg devant eux, en leur offrant ibid, ut fup. un fauf-conduit, ou d'envoïer leurs deputez avec d'amples pouvoirs. Le courier chargé de ces lettres fut à peine parti, que les princes demanderent à l'empereur, à quelles conditions il vouloit traiter avec ces deux villes, dont il se plaignoit. Il leur répondit, qu'il falloit que ceux de Brême fe foumiffent, & vinffent lui demander pardon; qu'ils renonçaffent à toutes les alliances faites jusqu'alors; qu'ils ne fiffent jamais aucun traité fans

XX.

Conditions

reur.

comprendre avec ceux de fa maison; qu'aucun de leurs fujets ne portât les armes contre qui leur lui; qu'ils promiffent d'obéir à la chambre Im-font properiale, & de contribuer felon leur pouvoir aux pofées par frais neceffaires pour fon entretien, qu'ils s'ac- l'empecommodaffent avec l'archevêque & fon clergé, Sleidan & en cas qu'il y eût quelques difficultez, qu'ils ibidem [ref. s'en rapporteroient au jugement d'arbitres qu'on De Thou, loco fup. cit. leur nommeroit; qu'ils dédommageaflent le prince Henri de Brunswik, & lui rendissent tout le canon qu'ils lui avoient pris; qu'ils fourniffent cent cinquante mille écus, & vingt-quatre pieces de canon avec leurs affuts; qu'enfin ils reçuffent les

de

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