CE " Pour les pechez veniels par lefquels nous ne ,, fommes pas exclus de la grace de Dieu, & dans ,, lefquels nous tombons plus frequemment; quoiqu'il foit bon & utile de les déclarer dans la ,, confeffion, ainfi que le pratiquent plufieurs perfonnes de pieté, toutefois on les peut taire fans offenfe, & les expier par plufieurs autres ,, remedes. Mais tous les pechez mortels, même ,, ceux de penfée, rendant les hommes enfans de ,, colere, & ennemis de Dieu, il eft neceffaire „, d'en demander à Dieu le pardon de tous par ,, une confeffion fincere & fans referve, accom», pagnée de confufion. C'est pourquoi lorsque ,, les fidéles fe mettent en devoir de confeffer », tous les pechez qui fe préfentent à leur mé,, moire, ils les expofent tous fans doute à la mi,, fericorde de Dieu, pour en obtenir le pardon; », & ceux qui font autrement, & qui retien,,nent volontairement quelques pechez, n'of»,frent rien à la bonté de Dieu, qui puiffe être ,, remis par le prêtre : car fi le malade a honte de ,, découvrir fa playe à son medecin, avec toute », fa fcience, il ne pourra pas guerir ce qu'il ne » connoît pas. Il s'enfuit encore qu'il faut auffi », expliquer dans la confeffion les circonstances », qui changent l'efpece du peché; parce que fans », cela les pechez ne font pas entierement expofez », par les pénitens, ni fuffifamment connus aux ju»ges, pour faire une jufte estimation de la grie,,veté des crimes, & pour en impofer aux pé» nitens une peine convenable. C'est donc une », chose tout-à-fait déraifonnable, d'enseigner », que l'énumeration des circonftances a été in,,ventée par des gens oififs, qui manquoient d'oc cupation, ou qu'il fuffit d'en déclarer une feule, », comme de dire qu'on a peché contre fon frere. ,, Mais c'eft une impieté de dire, que la confeffion ordonnée en cette maniere, eft impof دو AN.1551. AN.1551. رو fible, ou de la nommer la gêne & la torture des confciences. Car il eft conftant qu'on n'exi,,ge dans l'églife rien d'autre des pénitens, ,, finon que chacun, après s'être foigneufement examiné, & avoir fait une exacte recherche de ,, tous les replis les plus cachez de fa conscience, confeffe les pechez dont il pourra fe ressouvenir, ,, par lefquels il croira avoir offenfé mortellement fon Seigneur & fon Dieu. Pour les autres pe,, chez qui ne fe préfentent point à l'efprit d'une perfonne qui y penfe avec application, ils font ,, compris en general dans la même confeffion. Et c'eft d'eux que nous difons à Dieu avec con,, fiance, Seigneur, purifiez-moi de mes pechez cachez. Il faut avouer cependant que la confeffion, par les difficultez qui s'y rencontrent, & fur-tout par cette honte qu'on a de découvrir ,, fes crimes, pourroit paroître un joug affez pe,, fant, s'il n'étoit rendu leger par tous ces grands ,, avantages & ces confolations que reçoivent trèscertainement par l'abfolution tous ceux qui ,, s'approchent de ce facrement avec pieté & d'une maniere digne de Dieu. رو دو دو chez foit pour fa propre Quant à la maniere de fe confeffer fecrettement au prêtre feul, encore que J. C. n'ait ,, pas défendu de confeffer publiquement fes pehumiliation, foit ,, pour fe venger foi-même de fes crimes, foit dans le deffein de donner bon exemple aux au,, tres, ou d'édifier l'églife qui a été offensée; néan,, moins ce n'est pas une chofe commandée par ,, un précepte divin; & il ne feroit guéres à pro,,pos d'ordonner par quelques loix humaines ,, que les pechez, & particulierement ceux qui font fecrets, fuffent découverts par une confeffion publique. Par-là donc, & de plus encore, », par le confentement general & unanime de tous », les faints peres les plus anciens, qui ont toû دو دو دو AN.1551. tran tenu en 1215.0 jours autorifé la confeffion facramentale fecret,,te, dont la fainte église s'eft fervie dès le com,, mencement, & dont elle ufe encore aujour,,d'hui on voit manifeftement refutée la vaine calomnie de ceux qui ont la témerité de publier ,, que ce n'est qu'une invention humaine, contraire au commandement de Dieu, & qui n'a pris fon commencement qu'au tems du concile de Latran * par les peres qui y étoient af- *C'est le TV. ,, femblez. Car l'églife dans ce concile n'a point concile geneétabli le précepte de la confeffion pour les fidé- ral de La,,les, fçachant bien qu'elle étoit déja toute éta,, blie, & néceffaire de droit divin: mais elle a le pape Infeulement ordonné que tous & chacun des fi- nocent II., ,, déles, quand ils feroient arrivez à l'âge de dif-prefida, & où l'on fit le ,,cretion, fatisferoient à ce précepte de la con- fameux ca,,feffion, au moins une fois l'an. D'où vient non qui com,, que dans toute l'églife cette coûtume s'obfer- menie, omve avec un grand fruit pour les ames fidéles, qui fe confeffent particulierement dans le faint Auffi le mi& favorable tems du carême: & le faint concile nifire Dail „, approuvant & embraffant cet ufage, l'ordon-é appelle la confeffion ,,ne comme rempli de pieté, & qui merite d'ê- de l'église ,, tre retenu & mis en pratique. دو nis utriuf que fexûs catholique, Innocen tiana. VI. LX. Du mini A l'égard du ministre de ce facrement, le Confeffio faint concile déclare toutes doctrines fauffes, & ,, entierement éloignées de la verité de l'évangi,, le, qui par une erreur pernicieuse, étendent Chapitre generalement à tous les hommes le miniftere des clefs, qui n'appartient qu'aux évêques & ftre de la ,, aux prêtres: fuppofant, contre le deffein & penitence », l'institution de ce facrement, que ces paroles de & de l'abnôtre-Seigneur Tout ce que vous aurez lié fur Marc.c.16. la terre, fera lié dans le ciel ; & tout ce que & 18. „, vous aurez délié fur la terre, fera délié dans le Joan. c. 12. ciel. Et ces autres. Les pechez feront remis à », ceux à qui vous les aurez remis, & feront re,,tenus à ceux à qui vous les aurez retenus; ont été folution. AN.1551."été fi indifferemment & fi indistinctement adreffées à tous les fidéles, que chacun a la ,, puiffance de remettre les pechez; c'est-à-dire, ,, que les pechez publics fe remettent par la cor rection, fi celui qui a été corrigé vient à y ac,, quiefcer & fe foumet ; & les pechez fecrets ,, par la confeffion volontaire faite à qui que ce ,, foit. دو ,, Le faint concile déclare auffi, que les prêtres mêmes qui font en peché mortel, ne laissent », pas par la vertu du Saint-Efprit, qu'ils ont re,, çûë en l'ordination, de remettre les pechez, ,, en qualité de miniftres de J. C; & que ceuxlà font dans des fentimens erronnez, qui fou,, tiennent que les méchans prêtres perdent cet,, te puiffance. Or quoique l'abfolution du prêtre foit une difpenfation du bienfait d'autrui, toutefois ce n'est pas feulement un fimple minifte,, re, ou d'annoncer l'évangile, ou de declarer », que les pechez font remis, mais un acte ju,, diciaire, par lequel le prêtre, comme juge, », prononce la fentence. C'eft pourquoi le pénitent ne doit tellement fe flatter, ni fe conpas ,, fier fi fort en fa foi, qu'il penfe que même fans contrition de fa part, & fans intention de la », part du prêtre, d'agir ferieufement & de l'ab,, foudre veritablement, il foit néanmoins par fa feule foi veritablement abfous devant Dieu : ,, car la foi fans la pénitence ne produiroit point la ,, remiffion des pechez; & on pourroit dire que celui-là feroit extrêmement négligent de fon falut, qui s'appercevant qu'un prêtre ne l'abfoudroit que par jeu, n'en rechercheroit pas avec foin un autre qui agit férieusement. Fallavtin. Par ces dernieres paroles, on peut conjecturer, Bif. concil. felon la remarque de Pallavicin, que le concile Trid. L. 12. ne veut point condamner le fentiment d'Ambroif. 10.n.34. fe Catharin, & d'autres théologiens, qui croïent " " qu'il fuffit pour qu'un facrement foit validement adminiftré, que le miniftre ait l'intention ou la AN.1551. volonté d'agir férieusement, & que ce qui nuit au facrement, eft de fe comporter par jeu & en badinant lorsqu'on l'adminiftre; ce qui peut être connu de celui qui le reçoit. " " " VII. LXI. Des cas re ,, Mais comme il eft de l'ordre & de l'effence ,,de tout jugement, que nul ne prononce de Chapitre ,, fentence que fur ceux qui lui font foûmis; l'é"glife de Dieu a toûjours été perfuadée, & le fervez. ,, faint concile confirme encore la même verité; » Qu'une abfolution doit être nulle, lorfqu'elle eft » prononcée fur une perfonne fur laquelle le prê„, tre n'a aucune jurisdiction, ni ordinaire ni fub», deleguée. De plus auffi, les faints peres ont toû,, jours eftimé d'une très-grande importance pour », la bonne difcipline du peuple Chrétien, que », certains crimes atroces & très-griefs ne fuffent » pas abfous indifferemment par tout prêtre » mais feulement par ceux du premier ordre. C'eft », pour cela qu'avec grande raifon les fouverains »pontifes, fuivant la fuprême puiffance qui leur » a été donnée fur l'églife univerfelle, ont pûré,, ferver à leur jugement particulier la connoissan», ce de certains crimes importans. Et comme tout ce qui vient de Dieu eft bien reglé, dn ,, ne doit point non plus révoquer en doute que tous les évêques, chacun dans fon diocéfe, ,, n'aïent la même liberté, dont pourtant ils doi», vent ufer pour édifier & non pour détruire; & ,, cela en confequence de l'autorité qui leur a ,, été donnée sur ceux qui leur font foumis, par ,, deffus tous les autres prêtres inferieurs, prin,, cipalement à l'égard des cas qui emportent avec ,, eux la cenfure & l'excommunication. Or il eft ,, convenable à l'autorité divine, que cette réfer,,ve des pechez, non-feulement ait lieu pour la » police exterieure, mais qu'elle ait même son effet |