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niroit enfuite foixante-mille écus chaque mois : AN.1551 que les confederez leveroient huit mille chevaux hors de leurs états, pour empêcher les levées de l'empereur, & auroient fur pied des gens de guerre dans les terres de leur obéïffance, en cas qu'on les y vînt attaquer que fi l'électeur Jean-Frederic ou fes enfans vouloient être compris dans ce traité, ils donneroient de bonnes affurances à l'électeur Maurice, qui emploïeroit fes foins pour procurer la liberté de leur pere: que le même Maurice feroit fçavoir par écrit à l'empereur, qu'il fe retiroit de fon obéiffance: qu'il auroit le commandement general & fouverain, avec pouvoir de fe choifir trois perfonnes pour lui fervir de confeillers; & qu'il auroit deux voix en qualité de general, & les autres une feule : qu'enfin on donneroit des ôtages de part & d'autre; du côté des confederez, un des princes de Mekelbourg, avec un prince de Heffe, Louis ou Philippe; du côté du roi, Jean de la Mark, feigneur de Jametz, & Henri de Lenoncourt, comte de Nanteüil. On ajoûta à tous ces articles qu'il étoit à propos que le roi fe rendît au plûtôt maître de Cambray, & qu'il fe faisît enfuite de Metz, Toul & Verdun, qu'il poffederoit en qualité de lieutenant de l'empire; & qu'en même tems il commençât la guerre dans les Païs-bas, pour divifer les forces de l'empereur. Ge traité fut fait fecretement le huitiéme d'Octobre; mais il ne fut ratifié par le roi à Chambord que le feiziéme de Janvier, en prefence du marquis Albert de Brandebourg.

XCVIII.

Toute cette affaire fe ménageoit avec un grand On folli- fecret, pendant que l'empereur étoit à Infpruck, cite auprès où il fut fuivi des ambaffadeurs de Dannemarck, de l'empereur la li- des électeurs de Saxe, de Brandebourg, & du Landgrave de Heffe, & d'autres, qui avoient inLandgrave. terêt de folliciter la liberté du même Landgrave.

berté lu

Au

Au commencement de Decembre, ils firent une AN.1551 humble requête à l'empereur, qui eft rapportée Thus, fort au long dans Sleidan. Ils lui parlerent de ce ibid. ut foop. qui s'étoit paffé depuis le commencement de la Sedan, l. captivité de fon prifonnier, en lui remontrant 23.p.836. de la part de l'électeur Maurice, & du marquis de Brandebourg, combien il y avoit d'injustice à le retenir plus long-tems, ce qu'on ne pouvoit attribuer qu'à fes miniftres. Ils lui représenterent le tort qu'il faifoit à fa réputation, & à celles des princes d'Allemagne, & le prierent de ne point trouver mauvais, fi n'aïant pû rien obtenir jufqu'à préfent par leurs follicitations, ils avoient emploïé la faveur & la médiation des princes, dont les ambaffadeurs étoient témoins, pour obtenir de lui ce qu'ils demandoient avec tant d'inftances. En même tems on lût les lettres du roi Ferdinand, du duc de Baviere, & des ducs de Lunebourg, écrites en faveur du Landgrave; & P'on donna audience aux ambaffadeurs de l'éle&teur Palatin, du duc des Deux-Ponts, du marquis Jean de Brandebourg, des ducs Henry & Jean de Mekelbourg, du marquis de Bade, & du duc de Wirtemberg. Le roi de Dannemarck avoit auffi envoïé fon ambaffadeur, qui présenta une pareille requête.

XCIX. Réponf

de l'empe

reur à ces

tions.

L'empereur ne leur fit réponse à tous que quelques jours après; alors il leur dit que l'affaire dont ils lui avoient parlé, étant d'une extrême conféquence, méritoit d'être examinée mûrement, & follicitaqu'elle ne pouvoit être aifément réfoluë qu'en Sleidan, préfence de l'électeur Maurice, à qui il avoit ibid. p. 841. écrit, & qui devoit arriver dans peu de jours; qu'il étoit donc d'avis de l'attendre, & que pendant ce tems-là, il jugeoit à propos qu'ils retournaffent auprès de leurs maîtres, pour les affurer qu'il fe fouviendroit de la priere qu'ils lui faifoient, & qu'il leur marqueroit quel cas il fai

L 6

foit

foit de leur recommandation. Mais l'électeur Mau

AN.1551 rice ne vint point trouver l'empereur, & le Landgrave demeura encore captif.

C.

mande au

pape la

L'empereur preffoit le pape de faire une créaL'empe- tion de cardinaux, dans la vûë de pourvoir au reur de bien public contre les entreprises de fes ennemis. Il en fit faire la demande par Jean Maurice, fon création de ambaffadeur auprès de Jules III. afin d'opposer huit cardi d'égales forces à ce grand nombre de cardinaux Pallavicin, attachez à la France, & le prioit d'accorder le hift. concil. chapeau à huit fujets, dont il lui en nommoit Trid.l. 13 quatre, laiffant les autres à la volonté du pape,

naux.

1.3.2.3.

CI.

pourvû qu'ils fuffent de la nation,` c'est-à-dire, Efpagnols. Le pape refufa d'abord cette demande, & promit feulement d'honorer de la pourpre deux des nommez, fçavoir Poggio & Bertanus, celui-là en Efpagne, & celui-ci en Allemagne; à l'égard de Pierre Tagliavia, archevêque de Palerme, dont Charles demandoit la nomination, il lui fit fçavoir que ce prelat, étant alors au concile, au rang des archevêques fans nomination, cauferoit beaucoup de jaloufie aux autres, comme il étoit autrefois arrivé dans l'élection du cardinal Pacheco, quoiqu'il fut déja regardé comme élû avant que de fe rendre au concile. La même raifon empêchoit le pape denommer auffi au cardinalat Pighin, un des préfidens du concile, quoiqu'il eût pour lui beaucoup d'eftime, parce que les électeurs archevêques qui s'y trouvoient, ne manqueroient pas d'être choquez du choix d'un fujet qui leur étoit inferieur en dignité. Enfin il y en avoit un quatrième qui ne plaifoit point au pape, & c'étoit l'archevêque d'Otrante, qui avoit été déferé aux cardinaux inquifiteurs de la foi, pour caufe de religion.

En même tems, pour éviter les poursuites & Le pape les follicitations de l'empereur, il fit une promorefolution tion de quatorze cardinaux, mais tous Italiens,

prend la

dont

1

dont un feul fut refervé in petto pour un autre tems. Pour juftifier ce grand nombre, par lequel de faire un AN.1551. le facré college alloit fe trouver compofé de qua- création de rante-huits fujets, il fe fervit du prétexte de la cardinaux. guerre que le roi de France lui faifoit, des édits Pallavic.l. publiez par ce prince, & du deffein qu'on lui 13.cap. 1. prêtoit de vouloir faire un patriarche en France.

C'étoit une nouvelle venuë de Lyon & de Genes, Thuanus, où fans doute elle avoit été fabriquée; mais quoi-bi. 1. 8.n. que le pape pût aisément en reconnoître la fauf-4. hoc ann. feté, il ne fut pas fâché d'en prendre occafion d'executer ce qu'il avoit projetté touchant cette promotion de cardinaux, il difoit à ce sujet que comme il feroit obligé de proceder par cenfures contre le roiaume de France, fi cet avis de la nomination d'un patriarche venoit à fe confirmer, il falloit abfolument qu'il fit un contrepoids aux oppofitions des cardinaux François, par la création de plufieurs fujets capables de fervir le faint fiége dans le befoin. On lui attribue une autre raifon qui paroît plus vrai-femblable; c'est qu'il craignoit, dit-on, que les évêques & les theologiens d'Allemagne & d'Espagne ne tâchaffent de retrancher de fon autorité, quand on parleroit de la réformation des mœurs. Quoiqu'il en foit, la promotion se fit un vendredi vingtiéme de Decembre de cette année 1551.

Promotion

Ciacon. 12

Le premier fut Christophle de Monte, parent CII. du pape, évêque de Cagli, & patriarche d'Ale- de quatorxandrie; cardinal prêtre du titre de fainte Praxe- ze cardi de. Le fecond, Fulvio della Cornia ou de la Cor- naux par née, neveu du pape, évêque de Peroufe, prê- Jules ill. tre du titre de fainte Marie in viâ latâ, puis de vitis pontif. S. Etienne in Calio Monte, & évêque de Porto.to.3. p.768. Le troifiéme, Jean-Michel Sarracena ou Sarrafin & seq. Napolitain, archevêque de Matere, prêtre du titre de fainte Marie in Ara Cali, puis de fainte Anaftafie, de fainte Agathe, de fainte Marie au

delà

delà du Tibre, & évêque de Sabine. Il avoit AN.1551 foufcrit à la tranflation du concile à Boulogne,

quoiqu'il fût fujet de l'empereur, comme Napolitain. Le quatriéme, Jean Ricci Napolitain, ou felon Ciaconius, de Montepulciano, dans la Tofcane, archevêque de Manfredonia, prêtre du titre de S. Vital, puis du titre de S. Ange, de fainte Marie au-delà du Tibre, premier évêque de Montepulciano, archevêque de Pise, & évêque d'Albano. Le cinquiéme, Jacques du Puy de Nice, auditeur de Rote, puis archevêque de Bari, prêtre du titre de S. Simeon, enfuite de fainte Marie in viâ Latâ. Le fixiéme, Alexandre Campegge Boulonois, évêque de Boulogne, prêtre du titre de fainte Lucie, & vice-legat d'Avignon. Le feptiéme, Jean-André Mercurio de Meffine en Sicile, archevêque de Manfredonia, puis de Meffine, prêtre du titre de fainte Barbe, enfuite de S. Cyriaque & des SS. Quirice & Julitte. Le huitiéme, Pierre Bertano Modenois, de l'ordre des Freres Prêcheurs, évêque de Fano, nonce auprès de l'empereur en Allemagne, prêtre du titre de S. Pierre & S. Marcellin. Le neuviéme Sebastien Pighin de Reggio, un des nonces du concile, évêque d'Alifa, puis de Ferentino, archevêque de Manfredonia, prêtre du titre de S. Calixte. C'est celui qui fut refervé in petto. Le dixiéme, Fabio Mignanelli Siennois, évêque de Lucera, prêtre du titre de S. Silveftre, & préfet de la fignature de juftice. Le onzième, Jean Pogge Boulonois, évêque de Tropea, puis d'Ancone, prêtre du titre de fainte Anaftafie. Le douziéme, Jean-Baptiste Cicada Genois, évêque d'Albanga, prêtre du titre de S. Clement, puis de fainte Agathe, & évêque de Sabine. Le treizieme, Jerôme Dandini de Céfenne, évêque de Caffano, puis d'Imola, prêtre du titre de S. Matthieu, puis de S. Marcel. Le quatorziéme, Louis

Cor

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