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Que fi les Proteftans avoient qelques difficultez à propofer, ils le pourroient faire avec modeftie & retenue, & que le concile les inftruiroit, pourvû qu'ils voulu fent être dociles. Qu'à l'égard du fauf-conduit, il étoit inouï qu'on ne voulût pas se fier à celui que le concile avoit déja donné,ˆ & que c'étoit lui faire injure que d'en demander un

autre.

Les envoïez de Wirtemberg aïant reçû cette réponse, allerent trouver quelques jours après Dom François de Tolede, fecond ambassadeur de Charles V. pour fes roïaumes hereditaires d'Ef pagne. Ils le prierent d'interpofer fon credit, afin que le concile reçût leurs pouvoirs & leurs propofitions. Dom François tâcha de negocier cette affaire avec le legat; mais il n'en put obtenir d'au tre réponse que celle qui avoit été faite au cardinal de Trente pour leur être rapportée. Ainfi tout ce que put faire de Tolede, fut de chercher des excufes & des prétextes pour traîner l'affaire en longueur. Le peu de fuccés de cette negocia

ANJ551

tion entre les mains du cardinal Madrucce & de Dom François, détermina les députez de Strasbourg, & des quatre autres villes Proteftantes de de l'Empire, Ellingen, Ravenípurg, Roëlingen, Bibrach, & même Lindaw, à s'adreffer à Guillaume de Poitiers, troiliéme ambassadeur de Charles V. pour les provinces des Païs-bas. Celuici voulut prendre d'autres mefures pour éviter les embarras que les autres avoient rencontrez. Il reçut la procuration des députez pour l'envoier à Les dél'empereur, & il les pria d'attendre iufqu'à ce purez de qu'il eût reçû éponse de la cour. De Poitiers re- & ut s montra dans la lettre à l'empereur, que le refus villes Proque faifoit le legat, d'écouter les Proteftans, étoit teftantes injurieux à fa majefté imperiale, après la parole de oi qu'elle leur avoir donnée, qu'ils feroient reçûs fa- tiers. vorablement au concile, qu'on leur donnoit lieu

par

XIX.

Strasbourg

s'adre ent

AN.1551 Par-là de fe plaindre & d'elle & du concile, &

Fra Paon,

Sleidan in

'de croire qu'on voulûr moins les traiter en amis bift de com.qu'en efclaves, ce qui ne convenoit à la dignité, 14.1.343. ni des uns ni des autres. Mais l'empereur qui &344. avoir interêt de menager le concile & le pape, comment. 1. qui lui paroiffoient utiles à fes vûës particulie23.p.835 res, n'eut aucun égard à ces remontrances, & il 6836. fe contenta de répondre, qu'on ménageât les enPallavin voiez de Wirtemberg & les autres, afin qu'ils 1. 12. 15. attendiffent que ceux de Maurice électeur de Saxe fuffent arrivez, & qu'il affuroit que tous les Proteftans feroient alors entendus.

hift. concil.

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Une des raifons qui engageoit auffi les peres à ne pas accorder aux Proteftans tout ce qu'ils demandoient; c'est que l'on efperoit les faire venir à un parti plus doux, en emploïant la mediation du prince Maximilien roi de Boheme, & fils de Ferdinand roi des Romains. On attendoit ce Arrivée prince à Trente, où il arriva en effet le treiziéme de Maximi- Decembre, accompagné de Marie d'Aûtriche fa roi des Ro-femme, fille de l'empereur Charles V. & de fes

XX.

lien fils du

mains à

Trente.
Sleidan,

ibid. 1.23.

enfans. Son entrée fut accompagnée de beaucoup de magnificence, le legat accompagné des deux nonces, des prelats Italiens & Efpagnols, & de pag. 842 quelques-uns de ceux d'Allemagne alla au-devant Pallavi de lui à cinquante pas hors la ville; mais il n'y wtfup.c. 15. eût point d'électeurs : ils fe contenterent de l'aller

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vifiter dans fon logis. Le prince entra au milieu du legat & du cardinal de Trente, qui le logea dans fon palais; la reine fuivoit en litiere. Le lendemain de fon arrivée, Jean Gropper difputant contre les Lutheriens, parla avec aigreur de Melanchton & de Bucer qui étoit mort. Sleidan député de Strasbourg, s'entretenant avec de l'oitiers, lui en porta fes plaintes, aufquelles l'ambaffadeur répondit, que c'étoit contre l'intention des peres du concile, que ce n'étoit ni leur desfein ni celui de l'empereur, que l'on parlât avec

cha

chaleur & avec emportement, & qu'ils prétendoient qu'on cherchât la verité avec un efprit de douceur & de moderation, & qu'on n'offensât perfonne. Les ambaffadeurs Proteftans fe plaignirent autfi à Maximilien, qu'ils ne pouvoient avoir audience du legat, & le prierent de prendre leurs interêts. Ce prince les exhorta à la patience, & leur promit de folliciter leur affaire auprès de l'empereur fon oncle; mais il ne demeura que trois jours à Trente, & en fortit fans avoir rien fait.

دو

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AN.155.

XXI.

Les deux

pensent à

quitter le

memoire de Vargas let

Sur le bruit qui se répandit alors de quelques mouvemens en Allemagne, les deux électeurs électeurs de Maïence & de Treves, prirent auffi la refo- de Mayenlution de quitter le concile, & de s'en retourner ce & de dans leurs états. Le bruit de ce départ, dit Treves Dom François de Tolede, écrivant à l'évêque d'Arras, caufe ici beaucoup de troubles & d'a- concile. ., gitations. Ce que j'apperçois & ce que j'entends Dans le dire, me fait craindre qu'ils ne prennent oc,, cafion de ce qui fe paffe maintenant, & qu'ils tre de D. ,, ne cherchent encore quelque autre prétexte François de » pour s'en retourner. Ils font venus au concile Tolede à l'é„, contre leur inclination, où ils ont encore plus ras de 20. vêque a Ar,, de peine à y demeurer. Cependant foit qu'ils Decembre », prennent le parti de s'en aller, foit qu'ils 310. ,, demeurent, la chofe eft de fi grande confequence, qu'on efpere que fa majefté voudra 23.p. 843 », bien pourvoir à tout ceci, & nous faire ré,,ponse bien-tôt. Le legat a dépêché un courier ,, à fa fainteté, pour lui donner avis de l'agita,, tion que le deffein des électeurs cause ici. Mais ,, je crois que le pape & fes miniftres ne feroient pas fâchez que les électeurs s'en allaffent. L'ambaffadeur fe trompoit fur ce dernier article, le pape envoïa un bref aux deux électeurs, pour les engager à demeurer à Trente. Il eft du vingtquatrieme Decembre. L'empereur fit auffi écri

re

D.

Sledan, in

comment. L

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"

re à Dom François de Tolede, & lui donna or. AN.1551. dre de negocier avec les électeurs, pour les détourner de leur deffein. On ne trouve que la lettre de créance de fa majesté imperiale à son am. baffadeur, pour la communiquer aux deux éle&teurs. Elle étoit datée d'Infpruk, le même jour que la lettre precedente de Dom François de Tolede à l'évêque d'Arras. Voici les termes ;,, Aux électeurs de Maïence & de Treves, Charles, &c. Venerable prince, nôtre très-cher coulin, ,, nous avons oidonné à notre très-cher, &c. François de Tolede nôtre ambassadeur, commiffaire au concile de Trente, de vous entretenir de nôtre part fur certaines choses que vous apprendrez de fa bouche. Nous vous exhortons d'ajoûter foi à ce qu'il vous dira de nôtre part, vous affurant que vous ferez en cela nôtre volonté, & une chofe qui nous fera très,, agréable. Donné à Infp:uck le vingtiéme de Decembre 1551. & de nôtre empire le trente & uniéme.

XXII. Bref du

Pape વે ces deux éle

Trence.

In actis

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39

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Le pape difoit dans fon bref : Venerables freres, les lettres du cardinal Crefcentio nous ,, ont causé beaucoup de chagrin, lorfqu'elles Steurs pour nous ont appris que quelques foulevemens exles obliger,, citez dans les confins de vos diocefes, & qui à refter a fe font déja fait fentir dans les églises voifines, menaçoient celles de Mayence & de Treves S.com Fri.,, d'un danger évident : dans un mouvement fi Nic. Palm, fubit & auquel on s'attendoit fi peu, nôtre conepif. Virofolation eft, que Charles, nôtre cher fils en J. C, dun. in fol. " 281..,, empereur des Romains, regardera cette caufe comme la fienne propre, & nous efperons que ,, ces bruits feront bien-tôt appaifez par les confeils & par fon autorité. Et nous ne doutons ,, pas que vous n'employiez tous vos foins pour empêcher ce mal, pourvoir à la fureré d'un ,, païs fi celebre, & arrêter les factieux qui vou

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droient

droient troubler l'empire.,, Le pape ajoûte enfuite, qu'aïant appris qu'à cette occafion ils vouloient fe retirer de Trente, afin de donner du fecours à leurs églifes, il a cette confiance, que le fuccés de ces feditions fera tel, qu'il les obligera de demeurer à Trente, pour achever l'œuvre de Dieu, qu'ils ont fi glorieufement commencée; d'autant plus, que le concile a besoin de leur prefence & de leur autorité pour être conduit à une fin fi heureuse.,, Penfez donc, continue-il, ,, à ne point abandonner la cause d'un concile fi ,, defiré de toutes les nations, demandé avec ,, tant d'empreffement par l'Allemagne, & par ,, lequel on efpere rétablir la paix & la tranquil,, lité dans la religion & dans la république chré,, tienne; car il ne faut point douter que vôtre. ,, départ ne fît chanceler un fi faint & fi neceffaire ouvrage, vôtre arrivée lui aïant procuré ,, de fi grands avantages.,

AN.115513

examiner

l'Ordre,

Après les fêtes de Noël l'on tint une congre- XXIII. gation generale pour regler la maniere dont on Congregatraiteroit le facrement de l'Ordre. L'évêque de tion pour Verone, un des prefidens, dit qu'il y avoit quella matiere que chofe à corriger dans tout ce que quelques-du facreuns enfeignoient au fujet des facremens, dans la ment de maniere ou de les adminiftrer, ou de les rece- Nic. Pfalm. voir; mais que dans celui-ci il fe trouvoit un act, conc. ocean d'abus, fur quoi plufieurs peres encheri-p.179. rent. Mais enfin il fut arrêté qu'on garderoit l'ordre établi, & qu'on propoferoit premierement les articles tirez de la doctrine de Luther pour en former les canons & les chapitres, & qu'enfuite on parleroit des abus. On reduifit les articles à fix. Le I. que l'Ordre n'eft pas un facrement, mais une certaine ceremonie pour élire & établir les miniftres de la parole de Dieu & des facremens; que dire même P'Ordre eft un facrement, c'eft une invention humaine, imagiTome XXX.

N

que

néc

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