Imágenes de páginas
PDF
EPUB

AN.1552.

XXI..

l'audience

Quant à l'audience publique des envoïez Proteftans, les ministres du pape répondirent qu'elle ne fe pouvoit pas refufer après les promeffes Autres difqu'on en avoit faites, mais ils demanderent que acultez fur les Proteftans reconnuffent auparavant ceux qui publique préfidoient au concile de la part du pape. C'efte qu'ils deun ordre exprés que nous avons reçû, difoient- inandoient. ils, dès le tems que les envoiez de Wirtemberg font venus; fans quoi le concile proteftoit de fe retirer & de congedier tous les peres. L'empereur informé de ce refus, & craignant qu'il ne procurât la diffolution du concile envoïa un nouvel ordre à fes ambassadeurs, & au cardinal Madrucce, de faire tout leur poffible pour ramener le legat & les nonces, & d'emploier les prieres & les remontrances de fa part, même les ménaces, s'il étoit neceffaire. Les miniftres de ce prince furent fidéles à ces ordres; ils n'épargnerent ni les instances, ni les follicitations des plus vives, & ils firent enfin confentir le legat qu'on recevroit les Proteftans, non dans la feffion, mais dans une congregation generale qu'il tiendroit dans fon palais: le jour fut fixé au vingt-quatriéme de Janvier. Mais après cet article, il y en avoit un autre à difcuter touchant la furféance des matieres, qu'on devoit décider dans la prochaine feffion. Dom François de Tolede s'emploïa beaucoup à y faire confentir le legat; & fur le refus constant de celui-ci,,, Eft-ce ainfi, lui repliqua l'ambaffa,, deur, que vous prétendez imiter J. C. J'ai en,, tendu dire plufieurs fois en chaire, qu'il def,, cendroit encore du ciel, & qu'il fe laifferoit crucifier une feconde fois, fi cela étoit neceffai,, re pour le falut d'une feule ame : Et vous au,,tres, vous faites difficulté d'accorder un petit ,, délai pour le falut de toute l'Allemagne. Le legat s'excufa fur le commandement du pape, રે qui il ne pouvoit pas, dit-il, defobéir: mais de

[ocr errors]

N 4

[ocr errors]

To

[ocr errors]

AN.1552.

confent à

Tolede aïant fait de nouvelles inftances, & Lippoman évêque de Verone, fecond nonce du pape, s'étant joint à cet envoïé dans la même demande, le legat Crescentio confentit enfin à furfeoir les décifions, pourvû que les peres du conxxx. cile y confentiffent. Dom François, dit Vargas, Le legat dans une de fes lettres, a obtenu du legat, & ce furfeoir la n'a pas été fans de grandes difficultez, qu'il fe definition defiftera du deffein qu'il avoit de faire décider des articles dans la feffion prochaine les matieres qui ont été agitées dans les congregations. Peut-être s'imaMemoires gine-t-il qu'en prorogeant la feffion, il fraïera le de Vargas, chemin à une fufpenfion entiere du concile; il lettre à lé- fouhaite que l'affemblée fe fépare, & que les Proteftans qui font ici ou en chemin, s'en retournent chez eux. C'eft à cela qu'il tend uniquement. Cependant afin que cette fufpenfion fe fît dans les formes, Crefcentio demanda qu'on tînt une congregation generale pour y propofer cette affaire, & l'examiner avec toute l'attention qu'elle méritoit.

controver

fez.

vêque d'Ar

Tas p. 404.

405.

XXXI.

Proteftans.

Cette congregation se tint le vingt-uniéme de Congrega- Janvier, & l'on y convint unanimement de fuftion pour pendre la décifion des articles déja reglez, fur k regler la furféance facrifice de la meffe, & du facrement de l'ordre, & le fauf- pour répondre aux instances de l'empereur, & conduit des en faveur des Proteftans. Et afin que ce retardement ne caufât aucun ennui aux peres, on les Nic. Pfalm. epifc. Vired. chargea d'examiner les matieres du facrement de in act. conc. mariage, afin qu'on pût terminer le concile, & Trid. pag. les évêques fuffent en liberté de retourner que Pallavicin. dans leurs diocefes. Enfuite on agita l'affaire du hift. concil. fauf-conduit que les Proteftans demandoient, & 1. 12.6. 15. fur laquelle il y eût de grandes difficultez, tant à caufe des raifons qu'on a déja rapportées, que parce que le nom du concile de Bafle étoit odieux aux legats néanmoins le cardinal de Trente, : les trois électeurs, & les miniftres de l'empereur agi

285.

1.17.

rent

rent fi efficacement, qu'ils obtinrent ce qu'ils prétendoient. Mais Tagliavia archevêque de Palerme en Sicile, propofa une difficulté qui caufa un nouvel embarras. Il demanda comment les envoïez Proteftans feroient reçûs à leur audience, & quel ordre on garderoit pour la féance, fi on leur donneroit des fieges, fi on les traiteroit eux & leurs maîtres d'une maniere honnête & civile. Si vous ne le faites pas, difoit ce prelat, vous offenfez leurs maîtres, & la negociation est rompue: fi vous leur donnez auffi des marques de diftinction & d'honneur, vous honorez des heretiques déclarez, & vous ne les regardez plus comme des rebelles qui viennent demander pardon de leur égarement.

pou

AN.1552.

Avis de l'évêque de

aux Prote

La chofe parut de fi grande confequence à xxxII. plufieurs, qu'ils déclarerent que le concile ne voit faire cette démarche fans confulter le pape Naum& le facré college. Mais Jules Phlug, évêque de bourg fur Naümbourg, leur fit remarquer que la neceffité l'audience du tems & des affaires feroit toûjours une excu-qu'on acse légitime du peu d'égard qu'on auroit été obli- corderoit gé d'avoir en cette occafion pour les reglemens, ftans. qui défendoient toute communication avec des Fra-Paolo, heretiques: il ajoûta, que la même question aïant bit du conc. 1.4. p. 348. été agitée dans plufieurs diétes de l'empire, on' avoit jugé à propos de paffer par-dessus toutes ces formalitez, que la conjoncture prefente ne permettoit pas d'obferver. Que pour empêcher que les Proteftans n'en priffent avantage, il n'y avoit qu'à protefter que ce que l'on feroit pour n'étoit que pour ramener des perfonnes égarées, la charité l'emportant fur toutes les loix, fans que cela pût porter aucun préjudice au concile general. On admit cette clause, parce que quelques peres, principalement les Italiens, continuoient de témoigner qu'ils avoient là-deffus des fcrupules, & qu'ils craignoient d'encourir les N

eux,

cen

cenfures. Ce fut ainsi qu'on convînt de donner AN.1552. audience aux envoïez Proteftans dans le palais du legat le vingt-quatriéme du mois de Janvier, & de furfeoir les définitions déja préparées. On nomma des commiffaires pour dreffer le decret de prorogation, & l'acte de proteftation, & le nouveau fauf-conduit. Les Italiens ne confentirent à tout cela que foiblement; & le legat parut fi ferieux pendant toute cette congregation, qu'on s'appercût aisément que fon confentement étoit un peu forcé.

de l'empe

ftans.

De Thon,

bifi.1.9.

XXXIII. Après que les miniftres de l'empereur eurent Remon- fini cette négociation avec le concile, ils firent trances des venir dans leur logis le vingt-deuxiéme de Janminiftres vier les envoiez Proteftans, pour leur communireur aux quer la minute du fauf-conduit, qui avoit été mienvoïez fe entre les mains de Guillaume de Poitiers, troides Prote- fiéme ambaffadeur de Charles V. pour fes proSleidan. in vinces hereditaires du Païs-bas. Celui-ci tâcha de comment leur faire valoir la condefcendance du concile, & les 23.9.848. exhorta fortement à relâcher auffi quelque chofe de leur côté. On leur représenta que les affaires difficiles ne fe font pas tout d'un coup; on leur faifoit efperer qu'avec le tems & avec un peu de ménagement ils obtiendroient bien des choses.,, Les évêques, leur disoit-on, defirent ardemment la réformation, & ils ne manqueront pas de faire leurs devoirs, & même ils attendent avec impatience l'arrivée de vos theologiens qu'ils recevront avec joïe & avec bonté. Les peres du concile ont des queftions importantes à leur faire, & ils font bien aife que vos theologiens leur en facilitent ,, les voies & qu'ils commencent.,, Quant à la demande les Proteftans faifoient, que le pape fe foumît aux décifions du concile, on les pria d'aller un peu plus doucement; que les évêques connoiffoient affez qu'il y avoit quelque chofe à réformer dans l'autorité du pape, mais que c'é

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

دو

وو

[ocr errors]

que

toit une affaire qu'il falloit manier avec beaucoup AN.1552. d'adreffe & une grande dexterité. Enfin, ajoû,,ta-t-on, le concile ne peut pas honnêtement ,, demeurer d'accord qu'on examine de nouveau ,, ce qu'il a déja défini; contentez-vous donc de ,, ce qu'on vous accorde à présent, après tant de peine & de travail que nous avons effuiez; faites venir au plûtôt vos theologiens, de nôtre „, côté nous ne manquerons pas à nôtre devoir.,,

"

[ocr errors]

teftans re

f.fent d'ac

duit.

Fra-Paolo,

libri.

Les envoïez Proteftans confulterent entr'eux XXXIV. fur ce que les miniftres de l'empereur venoient Les Prode leur dire; & comme ils étoient chargez de la minute du fauf-conduit, & qu'ils s'étoient aupa- cepter le ravant munis d'une copie de celui du concile de nouveau Bafle, ils les confronterent, & reconnurent que fauf-concelui de Trente étoit different de l'autre en des Sleidan. points effentiels, qu'il y avoit des articles omis, ibid. ut fup. d'autres changez. Voici les changemens qu'ils y 23.p.849. trouverent. 1°. En ce que celui des Bohémiens 1.4. p. 349. leur accordoit voix deliberative, & la faculté de De Thou, décider. 2°. Que la décision des matieres fe feroit l. 9. n. 7. par la fainte écriture, la pratique de la primitive verfus fin. églife, les conciles & les interpretes conformes à l'écriture dans tous les points controverfez. 3°. Qu'il leur étoit permis de faire dans leur logis l'exercice de leur religion, fuivant leur coûtume. 4°. Enfin, qu'on ne feroit rien au mépris de leur doctrine. Le premier, le troifiéme & le dernier de ces articles étoient omis dans le fauf-conduit des peres de Trente; & le fecond, qui étoit le principal, fe trouvoit tout-à-fait changé. Ils demandoient donc que le concile leur promît la même chose dans fon fauf-conduit, n'en pouvant recevoir un fi éloigné de ce qu'on leur avoit prefcrit dans leurs inftructions. C'est pourquoi ils en drefferent eux-mêmes un autre, & allerent le préfenter aux miniftres de l'empereur. Dom François de Tolede fe fâcha beaucoup de ce qu'ils

« AnteriorContinuar »