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AN.1552.

& prirent promptement le chemin de Brixen, électeur de où ils virent le cardinal de Trente, pour le confulter fur ce qu'ils avoient à faire : mais on ne dit pas la réponse que leur fit ce cardinal.

Saxe. Skidan. ihid. 1. 25. P.856. &

857.

LXII.

Wirtem

Un d'entr'eux qui avoit long-tems féjourné à Infpruck, avant que de venir à Trente, & qui avoit prefenté requête à l'empereur avec fes collegues au nom de l'électeur, pour demander la liberté du Landgrave de Heffe, retourna dans la même ville d'Infpruck, muni fans doute d'un fauf-conduit, & s'excufa auprès des ministres de l'empereur fur les bruits qui couroient de la guerre que leur maître alloit entreprendre, ce qu'il ignoroit entierement, & je ne fçai fi les autres le crurent. De-là il se retira dans fon païs. Son compagnon paffa par la Servie, ce qui n'empêcha pas l'arrivée de quatre theologiens de Wirtemberg, entre lefquels étoient Jean Brentzen & Jean Marbach. Ils allerent trouver le comte de Montfort, & le prierent de faire enforte avec fes collegues, qu'on répondît à leurs demandes, & que l'on commençât la difpute touchant les points de religion dont on étoit en difpute. Et ce fut le lendemain de cette requête qu'on tint la congregation chez le legat le dix-neuviéme de Mars, lorfqu'on donna audience aux ambaffadeurs de Portugal, comme on a dit, & qu'on prorogea la feffion au premier de Mai, fans qu'on y parlât d'autre chofe.

Le duc de Wirtemberg avoit fait imprimer Le duc de la confeffion de foi que fes envoïez avoient préfentée au concile, dont les nouveaux députez, & berg fait imprimer enfuite les theologiens avoient apporté quelques la confef- copies à Trente, ce qui déplut beaucoup aux fion de foi prélats. Le legat s'en plaignit à un medecin de Trente; qu'il accufa d'avoir repandu ces libelles. Le comte de Montfort en parla auffi aux envoiez De Tha de Wirtemberg, & leur dit qu'ils en avoient agi

Sleidan.

sup.1.2.3.

P.857.

ibid. 1.9.

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contre

contre les loix du fauf-conduit, & qu'ils devoient être plus retenus & s'obferver davantage. Deux jours après la congregation tenue chez le legat, de Poitiers fignifia à l'envoïé de Strasbourg. après s'être long-tems entretenu fur la continuation du concile , que fi lui ou fes compagnons vouloient propofer quelque chofe aux peres, il s'emploïeroit pour eux, & il lui affigna le jour. C'eft pourquoi le lendemain vingt-deuxième de Mars, les envoïez de Wirtemberg avec celui de Strasbourg, fe rendirent chez Dom François de Tolede, où de Poitiers dit, que ces envoïez aïant toûjours perfifté dans leurs demandes depuis leur arrivée, on devoit les fatisfaire, parce qu'il feroit après cela plus aifé de proceder au refte: & aïant continué fur ce même ton, les envoïez firent connoître, que comme il s'agiffoit de la maniere dont on traiteroit avec eux, il n'y avoit que deux moïens qu'on pût emploïer pour fatisfaire les perfonnes pieufes. L'un, que les theologiens fuffent entendus fur tous les points de doctrine déja faits par le concile; l'autre, que leur confeffion de foi préfentée aux peres & maintenant imprimée, fût examinée, & chaque article expliqué par ordre, attendu que leurs theologiens étoient venus pour expofer plus amplement leur doctrine, & répondre à leurs adverfaires.

AN.1552.

Sur cela l'envoié de Strasbourg dit, que le confeil de fa ville avoit lû ce qui étoit contenu dans la confeffion de foi du duc de Wirtemberg, qu'il l'approuvoit, & qu'il avoit envoïé fes theologiens pour la défendre, & se joindre aux autres. Que c'est au nom des magiftrats qu'il fait cette declaration, & qu'il a ordre d'en affurer les peres. On lui répondit, qu'on étoit ravi qu'ils en fuffent venus jufques-là, qu'ils parlaflent fi ouver tement, que la ville de Strasbourg, & celles qui lui étoient affociées embraffaffent cette doctrine:

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qu'on les remercioit, & qu'on en alloit informer AN.1552 Pempereur qui feroit bien aife d'apprendre de femblables nouvelles; mais que quant à la maniere dont leurs theologiens vouloient traiter les queftions, ils en parleroient aux peres du concile, & leur apprendroient quel était là-deffus leur fentiment. Quelques jours après, qu'on ne difoit mot, que l'évêque de Naümbourg étoit fur fon départ, & que les prelats d'Allemagne étoient prêts de faire la même chofe, à l'exception de deux; les envoïez vinrent trouver le comte de Montfort, pour fçavoir ce que les peres avoient répondu; mais il ne put les fatisfaire, n'aïant reçû aucune réponse; & comme ils repliquerent que l'évêque de Naumbourg devoit inceffamment fe retirer, il leur dit qu'il ne s'agiffoit que d'un voïage jufqu'à Infpruck pour voir l'empereur, à l'occafion de quelques deputez de Saxe qui devoient s'y rendre auffi pour traiter de la paix avec Maurice. Le vingt-feptiéme de Mars le même deputé de De deputé Strasbourg s'adreffa au comte de Poitiers, pour de Stras- lui reprefenter que l'état de fes affaires demanbourg fignifie fon dé- doit qu'il s'en retournât; mais qu'il étoit bien aife de fçavoir avant fon départ, la réponse qu'il comte de devoit faire à fes maîtres touchant la conference des theologiens. Les miniftres de l'empereur aïant to cit. 1.23. conferé long-tems enfemble fur le départ des 7.859. envoiez & fur leurs demandes, de Poitiers lui De Trou, dit, qu'il n'étoit pas poffible de proceder comme versus fin. ils le fouhaitoient, qu'il avoit entre les mains les articles touchant le facrifice de la meffe, qu'on pag.293. devoit décider à la prochaine feffion, & qu'après cela on viendroit aux autres: ce qu'il lui disoit toutefois de lui-même, fans en avoir communi. qué avec fes collegues. L'envoïé de Strasbourg repliqua que comme les theologiens du concile avoient examiné les chofes par ordre, en commençant par la création, la chûte de l'homme,

LXIII.

part au

Poitiers.

Sleidan, la

hift. 1. 7.

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le peché originel; & venant enfuite à la juftification, à la foi, aux œuvres, & enfin aux facremens; la même liberté devoit être accordée aux theologiens Proteftans, puifque le jour même qu'on leur avoit expedié le fauf-conduit, on leur avoit promis qu'on les entendroit fur tous les articles; à quoi il falloit s'arrêter, fans vouloir changer l'ordre: vû que fi les premiers articles ne font pas bien définis, inutilement difputera-t-on des derniers qui en dépendent; & les miniftres de l'empereur ne pouvant accorder ce point, dirent à l'envoïé, qu'on ne pouvoit confentir à fon départ; vû que l'empereur les avoit chargez de ne laiffer partir perfonne.

AN.1552

LXIV.

Les mini

es de

de ce de

Enfin, après de longs difcours de part & d'autre, le comte de Montfort aiant vû les pouvoirs du fenat de Strasbourg, lui dit qu'il eut fouhaité l'empereur que fes affaires euffent pû lui permettre de de- s'opposent meurer plus long-tems à Trente; mais que puif- au départ qu'il vouloit abfolument partir, on ne vouloit puté. pas l'en empêcher. Ainfi on le congedia avec Sleidan, beaucoup de bonté: mais le lendemain les am- ibid.p.860 baffadeurs le rappellerent, & lui dirent, que quoiqu'ils euffent confenti la veille à fon départ, de nouvelles reflexions depuis ce tems-là étoient furvenues, qui les obligeoient de retracter la per miffion, qu'ils lui avoient donnée, les chofes étant au point, de retirer le fruit du travail paffé, & d'entrer en matiere; & que fi le légat n'étoit pas indifpofé, ce jour-là même, on pourroit commencer & décider quelque chofe. C'est pourquoi ils le prioient de demeurer encore quelque tems, pour ne point offenfer les peres, qui fçavoient qu'il étoit à Trente depuis quelques mois, & qu'il pourroit bien differer fon départ de quelques jours, puifqu'il n'avoit point d'ordre de partir du fenat de Strasbourg, & que d'ailleurs il répondroit aux bonnes intentions de l'empereur, P 3

qui

qui fouhaitoit fort que perfonne ne s'en allât. AN.1552. L'envoié repartit, qu'il étoit vrai qu'il n'avoit point d'ordre de fon fenat, mais qu'il étoit obligé de partir pour fes propres affaires; que fi ces raifons n'étoient pas très-fortes, il fe feroit un plaifir de refter, tant pour entrer dans les vûës du fenat qui le fouhaitoit, que pour répondre aux intentions des miniftres de l'empereur, qui exigeoient de lui cette complaifance; mais qu'il ne pouvoit abfolument demeurer. Que d'ailleurs les theologiens étant une fois arrivez, fa prefence étoit inutile, vû qu'il ne s'agiffoit que de leur donner audience dans le concile, & de les admettre à la difpute; & les ambaffadeurs de Charles V. continuant de le preffer de demeurer malgré toutes ces raifons, l'envoïé eût recours au dernier remede, en difant, que lui & tous ceux de la confeffion d'Ausbourg par les termes du fauf-conduit, avoient la liberté de s'en retourner quand il leur plairoit, & qu'il en faifoit usage. De Tolede n'aïant rien à repliquer, lui dit que veritablement il lui étoit permis de s'en aller qu'il ne le pouvoit empêcher; mais qu'il s'étoit fenti obligé de lui expofer les ordres de l'empereur, afin qu'on n'attribuât pas à fes miniftres la cause de la rupture du concile, fi on ne pouvoit pas legitimement le continuer. Ainfi l'envoïé prit congé d'eux, en leur recommandant les theologiens.

LXV.

Ils confen

tent à la fin à fon dé

part.

LXVI. Divifion entre les peres au

Les peres du concile étoient fort divifez. Les Efpagnols, ceux du roïaume de Naples & de Sicile, en un mot tous ceux qui étoient fujets fujet de la de l'empereur, à la follicitation de ses miniftres, vouloient qu'on paffât outre, & que l'on continuât le concile : mais ceux qui étoient dans Sleidan. les interêts de la cour de Rome, craignant que 25. p.851. les imperiaux n'euffent deffein d'entamer la ré24. formation de cette cour, cherchoient tous les

continuation du

concile.

873.

moïens

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