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tions. Ausbourg n'avoit pour garnifon que quaAN.1552. tre compagnies d'infanterie ; & les confederez aïant appris qu'une partie de la muraille étoit tombée, & avoit comblé le foffé, ils partirent à la hâte le dernier jour de Mars, fans s'arrêter en aucun endroit, & arriverent le lendemain premier jour d'Avril fur le midi devant Ausbourg, où ils trouverent les bourgeois préparez à une vigoureufe défense, dans l'efperance que l'empereur ne manqueroit pas de les fecourir promptement : car ils n'avoient des vivres & des munitions que LXXIII. pour quinze jours. Avant que de former le fieAusbourg ge, on les fomma de fe rendre, & on leur offrit affiegée & des conditions fort avantageufes mais n'aïant prife par les voulu les accepter, on forma le fiege, & le confede- pas cinquième jour la place ne pouvant plus refifter, Chytr. Sa- on demanda à capituler. Les affiegeans cefferent kon.. 17. auffi-tôt l'attaque, écouterent ceux qui furent envoiez pour la capitulation, & comme les habitans d'Ausbourg étoient de la même nation que ceux qui les affiegeoient, on leur fit une compofition fort honorable.

rez.

Sleidan.

bid, ut fup

L'empereur qui étoit alors à Infpruck fort incommodé de fes goûtes, n'aïant avec foi que fa maifon, & ceux que leurs charges obligeoient de fuivre la cour, fut furpris de ces nouvelles. Une confpiration fi prompte, l'étonnoit d'autant plus, qu'il n'en avoit jamais voulu rien croire avant qu'elle éclatât, quelques avis qu'on lui en eut donnez pendant qu'elle fe formoit. Cependant au lieu d'arrêter l'ennemi avant qu'il eut fait de plus grands progrés, il demeura prefque dans l'inaction, fe flattant que cette confpiration fe diffiperoit en peu de tems, ou qu'au moins elle fe borneroit à des entreprises fort éloignées de fa perfonne; il fe trompa. Maurice continua fes conquêtes avec beaucoup de rapidité, & les confederez après la prife d'Ausbourg, délibererent

nent la re

qu'il falloit fans perdre de tems courir vers Inspruck, où l'empereur dépourvû tomberoit in-AN.1552. failliblement entre leurs mains. Mais foit que l'é- LXXIV. lecteur ne voulût pas pouffer fon bienfaicteur Les confeaux dernieres extrêmitez, ou qu'il voulût feule-derez prenment dire une parole de plaifanterie, voïant lefolution zele des confederez, il leur dit, qu'ils n'avoient d'aller à pas de cage affez grande pour mettre un tel oi-Infpruck feau à quoi Albert repliqua, qu'il falloit feulement aller à la chaffe de cet oiseau, & que quand on l'auroit pris, on ne manqueroit pas de cage pour l'enfermer. L'électeur voïant que leur ardeur redoubloit, & craignant, s'il l'arrêtoit qu'on ne le foupçonnât lui-même de quelque mauvaise intention, il leur laiffa fuivre le zele qui les animoit. On marcha donc incontinent vers les Alpes, on força les paffages, & l'on attaqua avec tant de furie les foldats qui les gardoient qu'on s'en rendit maître, après avoir tué la plûpart des gens de l'empereur.

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LXXV. L'appro

Trident. l.

Comme les confederez n'étoient pas éloignez alors de la ville de Trente, au premier avis qu'on che des eneût que l'armée des Lutheriens s'étoit rendue nemis met maîtreffe des paffages, les prelats Italiens allar-l'allarme mez s'embarquerent fur l'Addige pour fe rendre dans le à Verone; & tous les envoiez des Proteftans fe Pallavicin retirerent. Et comme la maladie du légat aug-hift. concil mentoit de jour en jour, les nonces qui appre- 13.c.3.3. hendoient de fe trouver feuls à Trente, écrivirent.2. au pape, afin qu'il les déterminât dans une fi fâcheufe conjoncture. Jules, qui depuis qu'il avoit fait fa paix avec le roi de France, ne menageoit plus tant l'empereur, tint une congregation de cardinaux dans laquelle il propofa la demande de fes nonces : & la plûpart aiant opiné pour la fufpenfion du concile, la bulle en fut expediéd pour être envoïéc aux nonces, à qui le pape vit, que s'ils voïoient que ce fût une neceffité

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écri

pref

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Hiftoire Ecclefiaftique.

AN.1552. Preffante de fufpendre le concile, ils le fiffent plûtôt que de commettre fa dignité, d'autant plus qu'il fe pourroit aisément rétablir dans des tems plus tranquilles; il leur recommanda cependant de ne le pas rompre tout-à-fait, mais feulement de le fufpendre pour un tems, afin d'avoir toûjours le remede prêt pour s'en fervir felon les occafions qui fe presenteroient.

LXXVI.

une bulle

du pape

Les nonces aïant reçû cette reponse, la tinrent Les nonces fort fecrette, & pour fçavoir les fentimens de reçoivent chacun fur cette fufpenfion, ils confulterent les ambaffadeurs de Charles V. & les principaux prepour la fuf-lats d'entre ceux qui étoient restez, pour être penfion du informez du parti qu'on devoit prendre. Mais Pallavicin, tous furent d'avis qu'il falloit attendre les ordres ibid. ut fup. de l'empereur, prétendant qu'il n'y avoit rien à Spond. hoe craindre du côté de l'armée des Proteftans, qui

concile.

ann.n.4.

n'étoient pas fi proches qu'on le publioit. Les deux
nonces n'étant qu'évêques, n'oferent pas execu-
ter auffi-tôt les ordres du pape, mais ils l'averti-
rent que la fufpenfion ne feroit point agréable
aux peres, n'étant fondée que fur une bulle du
faint fiége, fans aucune autorité ni confentement
du concile, & qu'ils croïoient qu'il convenoit
mieux de ne point produire la bulle, & de laif-
fer le concile maître de la fufpenfion. Mais le
pape
écrivit qu'on ne devoit point differer, & que
les plaintes qu'on pourroit faire le touchoient fort
peu. Et pour animer Pighin, un des nonces à exe-
cuter fes ordres, il lui fit écrire, qu'en ceffant
de préfider au concile, il commenceroit à avoir
place dans le facré college, parce qu'il avoit été
nommé cardinal à la derniere promotion. Ces fe-
condes lettres n'arriverent qu'après la fufpenfion:
car les peres voïant que le danger augmentoit de
plus en plus, & que chacun ne penfoit plus qu'à
La fureté, on tint une congregation generale le
vingt-quatrième d'Avril, dans laquelle le cardinal

de

le

Lect. concil.

De Thou,

de Trente de retour de Brixen, l'évêque de Zagrabia, l'archevêque de Grenade & d'autres opi-AN.1552. nerent pour la fufpenfion, ce qui determina les nonces à affigner la feffion pour le vingt-huitiéme du même mois, au lieu du premier de Mai, auquel elle avoit été indiquée. Cette feffion qui LXXVII. étoit la feiziéme du concile, & la fixiéme & Seiziéme feffion derniere fous le pontificat du pape Jules III. fut pour la fuf donc celebrée par le petit nombre de peres qui penfion du reftoient. L'on s'affembla à l'ordinaire dans l'égli-concile. fe de S. Vigile, & après la meffe qui fut cele-, Labe, col brée par Michel de la Tour, évêque de Zeneda to. 14. pag. dans les états de Venife, le nonce Pighin accom-835. pagné de fon collegue, y préfidant en la place du Pallavicin. cardinal Crefcentio legat qui étoit malade, ut fuprà l. pre- 13. c. 3. n. lat officiant monta dans la tribune, & lût le de-4. cret fuivant pour la fufpenfion du concile. ,, Le faint concile de Trente, oecumenique & 1.9. in fine. Spond. hoc general, legitimement affemblé fous la con-an.n.4. duite du faint-Efprit; les reverendiffimes Sei- Nic. Pfalm. »gneurs Sebaftien archevêque de Siponte, & Louis epife. Vired. évêque de Verone, nonces apoftoliques y prefi- pag. 324. dans, tant en leur propre nom, qu'en celui de ,, reverendiffime & illuftriffime feigneur Marcel Crescentio, cardinal de la fainte église Romai,, ne, du titre de faint Marcel legat, abfent à cause ,, d'une très-grande & très-grieve maladie, ne ,, doute point qu'il ne foit connu de tous les Chré,, tiens, que ce concile oecumenique de Trente ,, avoit été premierement indiqué & affemblé ,, par Paul III. d'heureuse memoire, & qu'enfuite à l'inftance du très-augufte empereur Charles V. il auroit été repris par nôtre très-faint » pere Jules III. à deffein principalement de rétablir en fon premier état la religion miferable,, ment partagée en diverfes opinions dans plufieurs endroits du monde, & particulierement ,, en Allemagne, & de remedier aux abus & aux

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AN.1552.

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mœurs toutes corrompues des Chrétiens; mais ,, comme un très-grand nombre de peres, fans ,, égard aux fatigues ni aux dangers aufquels ils ,, s'expofoient, fe font tranfportez avec joie de ,, divers païs pour ce grand ouvrage; que les affaires commençoient à s'avancer heureusement avec un merveilleux concours des fidéles; qu'il ,, y avoit lieu d'efperer que les Allemands qui avoient excité ces nouveautez, viendroient au ,, concile dans de fi bonnes difpofitions, qu'ils fe rendroient unanimement aux veritables raisons de l'églife, & qu'il fembloit enfin que les chofes s'éclairciffoient tout-à-fait, & que la republique chrétienne fi fort abbatue & affligée ,, auparavant, commençoit à fe relever, il fe , feroit allumé tout d'un coup dans la chrétienté de fi grandes guerres & de fi grands defordres, ,, par la malignité de l'ennemi du genre humain, le concile fort à contre-tems, auroit été comme contraint de demeurer en fufpens, & d'interrompre fon cours, & auroit perdu toute ., efperance de pouvoir paffer outre en cette con,, joncture, puifque tant s'en faut que l'affem,, blée du faint concile fût en état de remedier ,,aux maux & aux defordres de l'églife, que ,, même plufieurs efprits, contre fon attente, en ont paru irritez.

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Confiderant donc

que les armes & la difcor, de auroient porté le feu par tout, particulierement dans l'Allemagne, que prefque tous les ,, évêques Allemans, & principalement les prin,, ces électeurs fe feroient retirez de l'affemblée ,, pour donner ordre à leurs églises; le faint concile auroit refolu de ne fe pas opiniâtrer contre ,, une neceffité fi preffante; mais plûtôt de re,, mettre les chofes à des tems plus favorables, afin les que peres qui ne peuvent rien faire ici ., prefentement, puiffent retourner à leurs églises,

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