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fon plein gré, & non par force, & qu'il croïoit AN.1552 par-là intimider Maurice, en mettant ce concur rent en état de lui difputer fon électorat. L'empereur fut accompagné dans fa fuite du roi Ferdinand fon frere, du cardinal de Trente, de toute fa maison, & des feigneurs qui étoient avec lui, & qui fe trouverent tellement furpris, que plufieurs, pour ne pas abandonner leur prince, furent obligez de le fuivre à pied.

LXXXV.

voie offrir

reur.

D. Anton.

de Vera, hift.

Mais la peur de Charles V. fut encore plus La reu- grande, lorfqu'il apprit l'armement de la republiblique de que de Venife, qui voïant la guerre s'allumer, Ven fe cn- & voulant en prévenir les évenemens, fit faire fes fervices des levées de troupes. L'empereur qui étoit à VilTempe laco, en prit de grands ombrages, craignant que les Venitiens n'euffent quelque intelligence fecrette avec fes ennemis; & il fe confirmoit d'autant de harles plus dans ces foupçons, qu'il avoit depuis peu P. 272. reçû avis de plufieurs endroits, que l'ambaffadeur de France avoit beaucoup follicité la republique, & lui avoit offert de grands avantages, fi elle vouloit fe liguer avec le roi fon maître & les Proteftans, pour faire la guerre à l'empereur; mais fon apprehenfion ne dura pas long-tems. Cette republique n'eût pas plûtôt appris que Charles V. étoit arrivé à Villaco, qu'elle envoïa ordre à Dominique Morofini, fon ambaffadeur auprès de ce prince, de lui offrir telle ville des états de la republique, qu'il lui plairoit de choisir pour s'y retirer, & de l'affurer qu'elle étoit prête à emploïer avec zele, toutes les forces pour fa défenfe, & de faire de fes interêts les fiens propres. L'empereur reçut ce compliment avec beaucoup de joie, & envoïa dans le moment même un gentilhomme pour en remercier la republique.

LXXXVI. L'électeur Maurice entra dans Infpruck le len L'électeur demain de la fuite de Charles V. & à la referve Maurice des équipages du roi Ferdinand qui étoit fon

entre Cans

ami, il abandonna au pillage tous ceux de l'empereur, du cardinal d'Ausbourg, que les confe- AN.1552. derez haifoient beaucoup, & des feigneurs de ruck. la cour. Pour ce qui eft des habitans, il défen- Thuanus, dit très-expreffement qu'on leur fit aucune inful- bif.b. 10. te, & qu'on touchât à leurs biens, voulant faire?.300. voir qu'il n'avoit pas pris les armes pour s'enrichir; mais feulement pour fecourir les opprimez. L'empereur de fon côté retiré en lieu fûr, ne fongea qu'à raffembler le p'us de troupes qu'il pût au pied des Alpes, afin non-feulement d'être en état de s'oppofer aux progrés de fes ennemis, mais encore de foutenir le parti catholique, tant que dureroit l'affemblée de Paffaw, qui avoit été indiquée au vingt-fixiéme de Mai.

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Le roi de

France

commence

reur.

301.

Pendant que les confederez agiffoient si vive- LXXXVII. ment dans l'Allemagne, le roi de France, pour fatisfaire au traité de la ligue qu'il avoit faite avec eux s'avança jufqu'à Châlons fur Marne, avec 11 guerre la reine & le refte de fa cour pendant que le contre connétable de Montmorency fe mit en marche l'empepour Vitry, où étoit le rendez-vous de toutes Thuanus, les troupes. Son armée étoit compofée de quin- ft. I 10. ze mille Allemands, quatre cens hommes d'ar- . 5. pag. mes, deux mille chevaux, & autant d'arquebufiers à cheval, commandez par Charles de Lorraine duc d'Aumale, frere du duc de Guife. Le connétable avec cette armée alla droit à Toul, dont on lui ouvrit auffi-tôt les portes. Le roi s'étoit arrêté à Joinville, la reine étant tombée malade, ce fut-là où Christine, veuve de François duc de Lorraine, & niece de l'empereur vint trouver Henry, pour mettre à couvert les états de fon fils. Le roi la reçut très-gracieuicmais il s'expliqua avec elle fur deux articles, qui firent beaucoup de peine à cette ducheffe; le premier, qu'il falloit qu'elle trouvât bon que le jeune duc fon fils paffât en France pour

ment;

y être élevé auprès du dauphin, voulant prendre AN.155,2 foin de lui, & l'établir avantageusement. Le second, qu'étant niece de l'empereur, on ne pouvoit lui laifler l'administration de la Lorraine dont le comte de Vaudemont feroit chargé en fa place.

LXXXVIII.

tre de

Metz,

Le connétable de Montmorency fe rendit malLe roi fe tre de l'abbaïe de Gorfe, forte place à cinq lieues rend maî- de Pont-à-Mouffon, d'où il vint à Metz, qu'il investit avec ses troupes, en fommant les citoïens Toul, Ver- de lui en ouvrir les portes. Quelques-uns s'y opdun, Nan- poferent; mais les principaux de la ville, gagnez Beliarius, par le cardinal de Lenoncourt qui en étoit évêin comment que, fe déclarerent ouvertement pour les Fran126.n. 1. çois. Il fallut donc capituler, & le connétable en&feq.

cy, &c.

tra dans la ville le dixiéme d'Avril. La reine revenue de son indisposition, étoit retournée en France avec la qualité de regente durant l'absence du roi, qui lui donnoit l'amiral d'Annebaut pour lui fervir de confeil, & pour l'affifter dans le gouvernement. Trois jours après la prife de Metz, le roi fit fon entrée dans Toul: il en fit de Sclavolles gouverneur, & jura de conferver les droits, privileges & immunitez des habitans. Le lendemain il fe rendit à Nancy, où le jeune duc de Lorraine le vint trouver, pour être enfuite conduit en France. Enfin le roi après avoir paffé par Pont-à-Mouffon, prit fon chemin du côté de Metz, où les privileges de la ville furent auffi confirmez. Il n'y demeura que trois jours; & après en avoir donné le gouvernement à Artus de Coffé feigneur de Gonnor, frere du maréchal de Briffac, il en partit pour se rendre à Luneville, d'où il dépêcha à Ausbourg François de Montmorency fils du connétable, Honorat de Villars, & le comte Rhingrave, pour apprendre des nouvelles de l'électeur Maurice, qu'on publioit s'être déja mis en campagne. La ville de

Metz

Metz avoit toûjours confervé fon ancienne liberté jufqu'en cette année, & elle eft toûjours demeurée à la France depuis ce tems-ci, auffi-bien que Toul & Verdun. Le roi après s'être rendu maître de la premiere, y fit bâtir une citadelle pour la conferver, quoiqu'elle foit d'ailleurs affez forte.

AN.1552.

Thuanus

Le deffein de Henri II. étoit auffi de fe faifir LXXXIX. Il a deflein de l'Alface fon armée y entra & s'y rafraîchit. : de fe faifir Le troifiéme de Mai il vint jufqu'à Saverne, de l'Alface. qui n'eft qu'à quatre lieues de Strasbourg, & Sleidan, l. qui appartient à l'évêque. Les députez de Bafle 14 P. 788. y vinrent trouver ce monarque, pour lui de-b. 10. mander fa protection contre les Franc-Comtois leurs voifins & leurs alliez, & ils en furent trèsbien reçûs. Ce prince étant à Sarbruch, envoïa demander à ceux de Strasbourg des vivres pour fon armée: mais les citoïens fe méfiant des deffeins qu'on avoit fur eux, mirent dans leur ville une garnison de cinq mille hommes, abbattirent tous les bâtimens publics & particuliers qui étoient proches des murailles, couperent les arbres, ruinerent les jardins, commencerent un boulevard du côté le plus foible, & firent une abondante provision de vivres; enfuite ils députerent Pierre Sturme, Frederic Gottescheim, & Jean Sleidan pour conduire au roi une certaine quantité de bled & de vin. Le connétable qui fe plaignit du peu qu'on lui envoïoit, entretint les députez fur la bonne volonté que le roi avoit pour eux, aïant pris fi genereufement les armes pour la défenfe de la liberté de leur nation, & les pria de permettre aux foldats d'entrer dans la ville pour y acheter ce qui leur feroit neceffaire. Cotte propofition fut rapportée par les députez au confeil, qui ne voulant pas fubir le même fort que fes voifins, répondit que cette affaire ne pouvoit être réfoluë qu'en pleine affemblée de ville. Q

Tome XXX.

La

La propofition du connétable de Montmorency AN.1552.fut mife en déliberation, & l'on fut d'avis de

XC.

refufent

Sleidan in

renvoier les députez à Saverne.

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Ils revinrent donc, & s'adrefferent d'abord Ceux de au connétable, qui les traita avec beaucoup de Strasbourg rigueur, & leur fit de fanglans reproches de leur l'entrée de ingratitude. Le roi même qui leur donna enfuileur ville te audience, leur dit à peu près les mêmes choaux Fran- fes, mais en termes plus moderez; ils avoient çois. amené avec eux un convoi beaucoup plus conficomment. L. derable que le premier, & prierent le roi de le 24. p. 881. vouloir agréer, & de les excufer fi la crainte qu'ils avoient des gens de guerre, les empêchoit de les recevoir dans leur ville. Ils envoïerent enfuite ordre dans tous les villages & dans les bourgs voifins de faire moudre leur bled, & de porter du pain au camp, auffi abondamment qu'ils le pourroient faire. Par ce moïen ceux de Strasbourg ôterent au roi le prétexte d'entrer dans leur ville; mais ceux de Haguenau & de Viffembourg lui ouvrirent leurs portes: ce prince en fe retirant reçut des députez des cantons Suiffes, pour lui recommander ceux de Strasbourg. Illes reçût très-bien, & voulant fe faire auprès d'eux un merite de ce qu'il n'avoit pû executer, il leur dit qu'en leur confideration, il alloit faire repaffer fon armée en Lorraine ; ce qu'il executa en effet peu de tems après, aiant reçû pour le même sujet diverfes ambaffades des électeurs Palatin, de Maïence & de Treves, des ducs de Cleves & de Wirtemberg, qui s'étoient affemblez à Wor

mes,

, pour déliberer fur les affaires publiques. La réponse qu'il leur fit fut des plus obligeantes. Ainfi le roi prit la refolution de revenir en France, où il reçut des nouvelles de l'électeur de Saxe. Maurice lui mandoit qu'après avoir rendu la Les prin- liberté prefque à tous les princes & villes de l'Alderez s'aflemagne, craignant pour la tête du Landgrave

XCI.

ces confe

fon

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