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AN.1552.

Jean du Frêne ou du Fraiffe, évêque de Baïonne, ne fut pas plus content de ce traité que l'éXCIV. toit l'électeur de Brandebourg, parce qu'on n'y Ce traité avoit eu prefque aucun égard aux interêts du roi eft conclu fon maître, & irrité de ce peu d'attention, qu'il fans y comprendre les regardoit comme un mépris fort injurieux, il interêts du s'en retourna en France. Ce qui le fâchoit prinroi. cipalement, c'eft que l'article dixiéme portoit

XCV.
Le Land-
grave de
Heffe eft

mis en li-
berté.

feulement que l'électeur de Saxe feroit fçavoir à l'empereur par Ferdinand le memoire des demandes de Henry II. Cependant on l'appaisa un peu, quand Maurice lui eut dit, que s'il n'eut promptement traité avec l'empereur, ileût mis le Landgrave de Heffe fon beau-pere dans un péril évident. L'électeur & fes alliez écrivirent auffi des lettres très-honnêtes au roi, pour le remercier de tout ce qu'il avoit fait en leur faveur, & de l'accommodement honorable qu'il leur avoit procuré avec fa majefté imperiale, de l'obéïffance de laquelle ils ne pouvoient plus fe séparer. Henry leur répondit dans les mêmes termes, leur déclarant qu'il n'avoit pris les armes que pour leurs interêts, & que puifqu'ils n'avoient plus befoin de fon fecours, il alloit prendre d'autres mefures. Ainfi foit qu'il eut été fatisfait en particulier par Maurice, foit qu'il crût qu'il étoit à propos de diffimuler, il ne fe plaignit pas, & renvoïa les ôtages en Allemagne, fans témoigner le moin

dre mécontentement.

En execution du traité de Paffaw, le Landgrave de Heffe, qui étoit prifonnier à Malines, fut mis en liberté le treiziéme d'Août. Mais com me il s'en retournoit chez lui paffant par Mastricht, il y fut arrêté par ordre de la reine Marie, goucomment. 1. vernante des Païs-bas, jufqu'à ce qu'elle eût 24. p. 995. fçû, difoit-elle, plus particulierement les volonDe Thou, tez de l'empereur; & il fut mis fous la garde 7.8. des mêmes Espagnols qui l'avoient gardé pen.

Sleidan in

hift. 1. 10.

dant

dant cinq ans. Le prétexte dont ufa cette prin- AN 552. ceffe, étoit que Reiffemberg avoit paffé le Mein avec fon regiment après la levée du fiége de Francfort, à la perfuafion d'Albert de Brandebourg, & qu'il s'étoit venu joindre à lui; & comme Albert étoit engagé avec la France, la reine prétendoit que la démarche de Reiffenberg retomboit en partie fur lui & fur le Landgrave, & que c'étoit un violement fait à la paix. Mais l'empereur aïant sçû la détention du Landgrave, donna promptement les ordres néceffaires pour le remet- Il ne fut tre en liberté. Il fut donc relâché le quatriéme mis en liber de Septembre, & partit auffi-tôt de Flandres que le 4. de Septem-. pour fe rendre à Caffel.

bre.

va trouver

bert.

De Thou

A l'égard de Maurice électeur de Saxe, com- XCVI. me, il craignoit toûjours que l'empereur, malgré Maurice la paix, n'eût confervé quelque reffentiment des l'empereur offenfes que ce prince avoit reçûes de lui, il& tous deux s'empreffa de lui offrir fes fervices contre Albert, s'uniffent qui continuoit la guerre fans les autres confede contre Alrez. L'empereur accepta fes offres, fit un traité Sleidan, avec lui, & le déclara chef de l'armée imperiale, à ibid. 1.24. laquelle il avoit joint les troupes du duc de Brunf-P. 885. wick. Cette alliance ne fit point perdre courage hit.. 10. à Albert; après s'être emparé de la ville & du château de Lichtenaw, qui n'eft qu'à deux lieues de Nuremberg; il brûla cent villages, foixante & dix châteaux, & les maifons de campagne des habitans de Nuremberg. Il n'épargna pas même les temples; mais n'y mit le feu qu'après les avoir pillez. Il alla enfuite dans une grande forêt qui fourniffoit du bois à bâtir & à brûler, & y aïant mis le feu, il en brûla plus de trois mille arpens, & déclara la guerre à toute la nobleffe de la contrée, fi elle n'entroit dans fon parti. Les évêques de Bamberg & de Wirtzbourg en Franconie, pour fe délivrer du danger & du pillage, furent contraints de s'accommoder avec lui à de dures conditions

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AN 1552.

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de Brande

magne.

De Thon

410.11.

ditions. Les villes de Suabe lui envoïerent des dé'putez qui n'en purent rien obtenir; & après avoir alfiegé Nuremberg, & lui avoir impofé des loix fort rigoureuses, pour s'obliger à en lever le fiége, il alla menacer ceux d'Ulm, & mena fes troupes du côté de Tréves, pour demander à l'archevêque le château de Coblentz.

Ce fut alors qu'il fe fépara des confederez, & Cruautez que s'avançant jusqu'au Rhin, il se rendit maître qu'Albert de Wormes & de Spire, en tira une grande fombourg exer- me d'argent, & quelques canons, & jetta une fi ee en Alle- grande épouvante dans le païs, que les prêtres ou fuïoient ou changeoient d'habits, pour cacher leur profeffion; & que les évêques même se cachoient ou fe fauvoient par la fuite. L'empereur étant arrivé à Ulm au milieu de ces défordres, trouva les évêques de Maïence, de Spire, de Wirtzbourg & de Bamberg, très-chagrins des conditions iniques qu'Albert leur avoit impofées, & ce prince aiant égard à leurs plaintes, caffa tous ces traitez, défendit de les obferver, & manda que chacun prêt les armes pour recouvrer ce qui lui appartenoit, Il accorda la même permiffion à ceux de Nuremberg, les exhorta tous de fe liguer pour défendre leurs frontieres contre l'ennemi commun, & confeilla à ceux de la Suabe, & aux peuples qui font fur le Rhin de faire la même chofe. Ainfi ils fe joignirent tous contre XCVIII. Albert; de-là l'empereur aiant paffé par les terreur vient res de Wirtemberg, prit fon chemin vers Strasbourg, où la veuve du duc de Lorraine, à qui bourg. le roi de France avoit ôté l'administration de fes états, vint le trouver, d'où elle fe rendit enfuite dans les Païs-bas. On ne fçauroit exprimer les ravages & les défordres que les Imperiaux firent dans ce païs-là; on ne voïoit de tous côtez qu'embrafement, que pillages, & l'on n'entendoit par tout que les gemiffemens de ceux qui abandonnoient tout pour fe fauver.

L'empe

à Stras

De Tron,

ibid. ut fup.

-Le

AN.1552.

Le roi de France, voïant l'empereur ainfi s'avancer, conçut auffi-tôt, qu'il venoit en Lorraine, dans le deffein de recouvrer les villes de Metz, de Toul, & de Verdun, qui avoient été démembrées de l'empire. C'eft pourquoi dès le commencement d'Octobre, Henry envoïa à Metz. les compagnies des gendarmes du duc de Lorraine, du duc de Guife, & du prince de la Rochefur-Yon, avec trois compagnies de chevaux-legers, & huit enfeignes de gens de pied. Néanmoins afin que ces troupes ne confumaffent pas les vivres, en attendant l'arrivée des ennemis, le duc de Guise les diftribua hors de la ville, & les emploïa à faire venir les convois; il y eut quelques efcarmouches avant le fiége entre le duc d'Albe pour l'empereur, & les troupes du roi de France, & le premier y fit plufieurs pertes affez confiderables: mais il fçût les reparer peu de tems après, & fi l'empereur fut venu à fon fecours auffi promptement qu'on l'attendoit, il y a apparence que les François euffent été mal menez mais ce prince ne put commencer le fiége de Metz que le vingt-deuxième d'Octobre, & par ce retardement, il donna le tems au duc de Guise de munir cette ville & celle de Nancy de toutes les chofes néceffaires, & d'y faire entrer un grand nombre de feigneurs qui s'y enfermerent pour les défendre. Le marquis Albert de XCIX. Brandebourg, qui jusques-là étoit demeuré ferme Charles V. dans la ligue de la France, avoit alors fon quar- ger la ville tier avec cinquante compagnies d'infanterie & de Metz. beaucoup de cavalerie proche de Pont-à-Mouf- Sleidan. in fon. Mais à l'approche de l'empereur, aïant chan-comment. I gé de fentiment, il traita fecretement avec lui; & Dans le le quatriéme de Novembre, il vint fe rendre au relation d camp devant Metz, après avoir mis en dérouteЛiege de les troupes du duc d'Aumale, & fait prifonnier signat ce feigneur, qui fur le bruit de cette défection, Daniel, kiff, Q6

étoit

vient affie

24.p.909.

Metz, par

de France,

étoit venu pour fe faifir de la perfonne d'Albert, AN.1552. ou pour empêcher fa jonction avec l'empereur. to.6 in 4. de Charles V. flatté par ce premier fuccés, & fe Pédit. de voïant d'ailleurs à la tête de près de cent mille 1712.p.44. hommes d'infanterie, & de douze mille de cavale

rie, commença le fiege le vingt-deuxième d'Octobre, avec toute la fermeté d'un general qui fe croit déja victorieux. La place fut battue par cent quatorze pieces de canon: mais elle fut encore plus vaillamment défendue, & malgré toutes les forces & tous les efforts des Imperiaux, l'empereur fut contraint de lever le fiége fur la fin de Decembre. La tranchée fut abandonnée le vingt11 eft con- huitiéme de ce mois, jour des faints Innocens, lever hon- le foixante-cinquième jour depuis l'arrivée de l'arteufement mée ennemie devant la place, & le quarantele ficge. cinquiéme depuis que l'artillerie avoit commencé

C.

traint de

De Then à la battre. bift.l. 11. p.

348.

du duc de

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Auffi-tôt que le duc de Guife eût vû le fiége Sledan. 1. levé & les ennemis retirez, il dépêcha trois fei24 P.909. gneurs pour en porter la nouvelle au roi, qui la CI. reçut avec une joïe égale à l'importance du fucCharité cés. Le duc de Nevers & le maréchal de SaintGuife à l'é- André qui couvroient les environs de Toul & gard des de Verdun avec un corps confiderable de cableffez. valerie, fe rendirent auffi-tôt à Metz; & le Daniel, hift. duc de Guife vifita avec eux le camp des Imin 4. édit. de periaux, les batteries, les quartiers, & par 1722.p.54. tout il y trouva quantité de malades & de bleftem. 6, fez, qui étoient languiffans, & qui demandoient

de France,

du fecours : le duc naturellement genereux, fut touché de compaffion, & ordonna qu'on leur fournit à tous des vivres & des rafraîchiffemens. Il ordonna de même aux chirurgiens de l'armée d'en prendre un grand foin, & de les affifter comme s'ils euffent été de veritables amis, en faifant tout ce qu'ils pourroient pour leur guerifon. Deux jours après il fit préparer vingt bar

ques

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