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ques couvertes avec des paillaffes & autres commoditez, & y aïant fait embarquer les maladés & les bleffez, il les envoïa à Thionville. Cette action fi charitable du duc, lui attira l'amour & la veneration des Allemands, des Italiens, & des Efpagnols, augmenta l'estime qu'on avoit déja de la nation Françoife, & rendit de plus en plus immortelle la réputation de ce prince. Selon le rapport des prifonniers, la perte des ennemis pût montrer à trente-cinq mille hommes.

AN.1552V

CII.

dans le Lu

Sleidan. 1.

Henry II. à fon retour d'Allemagne, paffa Dommapar le Luxembourg, où il prit quelques places, ges caufez il ravagea enfuite tout le plat païs, & réduifit en par les cendres le Mont-faint-Jean & Soleure, deux châ- François teaux bien fortifiez ; il prit auffi dans le Luxem-xembourg. bourg, Damvilliers, Yvoy & Montmédi. Le De Thom, même jour qu'il entra dans la ville de Damvil-bift. 1. 10. liers, Ferdinand de Sanfeverino, prince de Sa- 24.7.909. lerne, vint de Naples en pofte pour représenter à ce prince que jamais la France n'avoit eu une CHI. Le prince plus belle occafion de fe faifir fans peine du roïau- de Salerne me de Naples, parce que les Napolitains ne pou- vient de vant plus fupporter les oppreffions des Efpagnols, Naples avoient refolu d'en fécoüer le joug; de forte qu'il trouver le fuffifoit qu'une petite armée parut fur ces côtes, De Thon, pour les faire tous foulever & prendre les armes.hift. I. 10. Henry reçut le prince de Salerne avec de grands témoignages d'amitié, & écouta tranquillement ce qu'il lui propofoit; mais il ne jugea pas à propos de lui rien promettre de certain. Cependant Charles V. informé de cette demarche du prince, ordonna au viceroi de proceder contre fa personne, de confifquer fes biens, & de le traiter comme un rebelle. Pendant ce tems-là Hénry revint à Paris fans avoir voulu licentier fes troupes.

roi.

CIV.

L'appro che de l'ar

L'empereur ne fut gueres plus heureux cette année en Italie, qu'il l'avoit été en Allemagne & en Lorraine. La defcente de l'armée navale des mée navale

Turcs

AN. 1552.

des Turcs

l'Italie. On

Turcs dans la mer de Tofcane jetta l'allarme dans ce païs-là. Elle confiftoit en cent vingt-trois fait crain- galeres, quelques galions, & quelques autres vaifdre pour feaux plus petits, & étoit partie de Conftantidelibere fi nople le quatriéme de Mai. Comme elle étoit on feroit la déja arrivée dans le Fare de Meffine, on comguerre. mença à ne plus douter que cette tempête ne De Then, menaçat l'Italie; mais on ne fçavoit de quel côté Continua l'orage tomberoit. C'eft pourquoi Cofme grandtion de Chal- duc de Florence, ne ceffoit d'écrire à l'empereur, cond.. 14. qu'il pourvût à la fûreté de Sienne, dont les ha45.p.610. bitans choquez des hauteurs de Jacques de Men

hift. III.

doza leur gouverneur, ne penfoient qu'à la liber-
té, fürs d'être fecourus par les François, qui
n'attendoient que le moment favorable. Mais Pon
craignoit particulierement pour le roïaume de
Naples ainfi l'empereur y envoïa des troupes
fous la conduite de Jean-Baptifte Lodron & de
Nicolas Madrucce; & le pape leur aïant refusé le
paffage, de peur qu'on ne crût qu'il eut par-là
violé fa paix avec la France; Doria fut chargé
de les faire paffer à Naples fur fes vaiffeaux. Néan-
moins, parce que
Mendoza remontroit que fes
troupes Espagnoles ne fuffifoient pas pour défen-
dre contre les Turcs Sienne & Orbitelle, il reçut
de Gonzague mille Allemands, & trois cens che-
vaux, pendant que Cofme faifoit fortifier fes
frontieres avec toute la diligence neceffaire.

Sur ces entrefaites, le prince de Salerne arriva en Italie, chargé de plufieurs lettres du roi de France, pour ceux qui y avoient foin de ses affaires, afin de confulter ensemble fur les mefures qu'on devoit prendre. C'eft pourquoi le cardinal Hypolite, frere d'Hercule duc de Ferrare, le cardinal de Tournon, Paul de Termes, le prince de Salerne, Odet de Selve, ambaffadeur de la France auprès des Venitiens, Louis Pic comte de la Mirande, & Corneille Bentivoglio, s'affem

blerent

,

blerent à Chioggia, de la domination des Venitiens: Jerôme Vecchiano de Pife, & Maria Bandini de Sienne y affifterent au nom des Farnefes. L'on y propofa de faire la guerre en Italie, & l'on y contefta long-tems fi l'on attaqueroit, ou le duché de Milan ou le roiaume de Naples; & à la fin l'on convint de ne tenter ni l'un ni l'autre, & de penser seulement à mettre la ville de Sienne en liberté, pouvant beaucoup fervir pour l'execution des deffeins qu'on avoit ; qu'il fembloit que l'arrivée de l'armée navale des Turcs y pouvoit contribuer, parce que la plus grande partie des terres de Sienne s'étendent vers la mer de Toscane , que fi l'on ne réüffiffoit pas, du moins l'on diviferoit les forces des ennemis, & cette division rendroit les autres conquêtes plus faciles. Cette refolution fut approuvée, & Corneille Bentivoglio fut deputé pour en aller informer le roi de France.

AN.1552.

CV.

Mouve

mens dans

berté.

in 12. tom.

4.

Le bruit néanmoins fe répandoit de tous côtez, que le François vouloient attaquer le roïaume de Naples; & le viceroi qui demandoit du fe- Sienne cours avec inftance, contribuoit à l'augmenter. pour recou Auffi-tôt qu'Henry II. eut appris la refolution vrer fa liprife à Chioggia, Louis de Saint-Gelais fut en- viez, Mevoïé à Rome, pour affurer le pape qu'il n'avoit zeray, atrerien à craindre du côté des Turcs; qu'il eût foin gé chronol. de l'affaire de Sienne, & qu'il aidât de fes fages confeils les amis de la France. L'empereur qui Henri II. p. étoit dans de grandes inquiétudes, & qui man- 552 & quoit d'argent, s'adreffa à Cofme, pour le prieriv. de lui prêter deux cens mille écus: mais celuici ne promit cette fomme qu'à condition qu'on lui remettroit Piombino avec fa citadelle, & toutes les fortereffes du territoire: à quoi l'empereur confentit, à condition que Cofme rendroit ces places, dès que lui ou fes fucceffeurs lui offriroient de le rembourfer des frais qu'il auroit faits pour

CVI.

s'intereffe

pour les fortifier & les défendre. Le traité fut AN.1552 executé de bonne foi; & Cofme ne manqua pas d'avertir les Imperiaux des deffeins qu'on avoit fur Sienne, dont les citoïens & le peuple ennuïez de la domination des Espagnols, étoient prêts de prendre les armes pour la liberté publique. De plus, l'on apprit que le pape favorifoit ouvertement cette entreprise, parce qu'il étoit fâché contre Mendoza, qui avoit beaucoup maltraité le prevôt de Rome pour une caufe affez legere. En effet, les Siennois prirent les armes, & Le pape jugeant que Cofme les pouvoit beaucoup fervir, ils lui envoïerent Callifto Carini, & témoignerent qu'ils étoient prêts à l'avenir de demeurer dans l'obéiffance de l'empereur ; mais que les cruautez de Mendoza & l'infolence des foldats Efpagnols les avoient obligez de prendre les armes; qu'ainfi ils le prioient par les droits de l'amitié, de ne point agir contr'eux, & de ne les pas empêcher de recouvrer leur ancienne liberté. Cofme leur promit fes fervices, pourvû qu'ils demeuraffent foûmis à l'empereur, & qu'ils ne priffent pas le parti des François : ce que les Siennois promirent; & comme l'envoïé de Cofme leur demanda des ôtages pour affurance de leur fidelité, Lanfac arriva de Rome à Sienne, pour leur promettre du fecours de la part du roi ; &

pour les Siennois.

le
pape faifoit folliciter Cofme de ne pas empê-
cher les Siennois de recouvrer leur liberté, parce
que les François n'avoient point d'autre fin, &
qu'il étoit affuré de leurs intentions: qu'il fit donc
retirer fes troupes, & qu'il rendit les villes qui
avoient été prifes; qu'autrement il pourroit arri-
ver, qu'en voulant fe mêler des affaires des au-
tres, il attireroit l'ennemi dans fon païs ; & ces
'avis du pape n'étoient pas fans fondement: car
déja le cardinal de Ferrare & le marquis de Ter-
mes preparoient de grandes forces dans la Miran-

dolc

dole & dans Parme pour faire une irruption dans AN.1552.

la Tofcane.

entre Cof

me duc de

C'eft pourquoi Cofme voulant se tirer honnê- CVII. tement d'une affaire qui paroiffoit fort embrouil- Conditions lée, demeura d'accord avec les Siennois de ces conditions. Qu'on évacueroit la citadelle, & queTofcane & quand elle auroit été rafée, les Siennois feroientles Sienobligez de congedier les gens de guerre étrangers; nois. que la republique demeureroit toûjours fous la protection de l'empire, & ne quitteroit point fon fervice; qu'elle ne nuiroit point aux états de l'empereur qu'elle ne fouffriroit pas qu'on fit des levéés dans fes terres contre l'empire, ou contre les amis de l'empire, & qu'elle ne recevroit dans fes ports & dans fes havres aucun de fes ennemis, fans préjudice en toutes chofes de l'ancienne liberté ; qu'elle ne fourniroit aucune chose pour le bâtiment de la nouvelle citadelle, ni pour les frais de la derniere guerre; & qu'en faveur de la bienveillance que Cofme avoit pour les Siennois, il demanderoit cela à l'empereur, à condition qu'on obferveroit le traité fait en 1547. entre lui Cofme, & les mêmes Siennois; qu'enfin on rendroit les places qu'on avoit prifes de part & d'autre. Mendoza aïant eu avis de ce trai

té,

n'y voulut pas confentir d'abord, & même fit faire des levées au nom de l'empereur; mais bien-tôt après il manda au gouverneur de la citadelle de Sienne, qu'il l'abandonnât à la discretion des Siennois, & imputa la perte de cette place à Cofme, qui l'avoit abandonné, & qui n'avoit pas envoïé du fecours lorfqu'il étoit neceffaire. Il ne manqua pas non plus de s'en juftifier auprès de l'empereur, en lui faifant reprefenter que fe voiant hors d'état de conferver cette citadelle, il étoit convenu avec les Siennois de la faire abattre, afin qu'elle ne tombât pas en la puiffance des François, & que par la con

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