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ces

tinuation d'une guerre fans aucun fruit, AN.1552. peuples ne reçuffent une domination étrangere.

CVIII.

de l'Italie.

finem.

Dans le même tems la flotte des Turcs aïant La flotte heureusement traversé le Fare de Meffine, arriva des Turcs le dixiéme de Juillet à Schilace & à Cirella, ens'approche droits fameux dans l'Abruzze. De-là, après avoir De Tom, brûlé quelques bourgades, elle vint à Policaftro hift. 1.11. auprès du cap de Palinura dans la Bafilicate, où n2. verf. elle mit auffi le feu: enfuite elle pilla Canorotta, & fit les habitans captifs. Puis aïant paffé le golfe de Salerne & Capri, elle parut à la vûë du port de Naples, Là Dragut qui conduifoit l'avantgarde, mit le feu dans la citadelle de l'ifle de Procide, que Barberouffe avoit auparavant brûlée, & en même tems il prit le chemin de l'ifle d'Ifchia, éloignée de l'autre feulement de deux milles; il l'attaqua, mais il en fut courageufement repouffé par la garnison; ce qui ne laiffa pas de caufer de grandes inquietudes à de Tolede viceroi de Naples, qui avoit fait venir tous les Espagnols des garnifons du roiaume, pour fe défendre contre les ennemis du dehors; pendant qu'il avoit tout à craindre au dedans des intrigues du prince de Salerne, qui y avoit un parti confiderable.

CIX.

Doria fe

retire, & Dragut prend ou

coule à

ques-uns

L'armée navale des Turcs s'étant avancée par le golfe de Caïette vers Ponza, de la domination des Farnefes, Dragut qui avoit appris l'arrivée d'André Doria, s'avança vers lui & le furprit, lorfqu'il y penfoit le moins; enforte que cet fond quel- amiral qui n'avoit que quarante vaiffeaux, & qui de fes vaif- n'étoit pas affez fort pour entrer en action, fe feaux. retira fur le foir avec tant de promptitude, qu'il De Tho, fut impoffible à l'armée ennemie de l'atteindre. Dragut néanmoins le fuivant avec ses vaiffeaux legers, en prit un de ceux de Doria, & après avoir emploïé toute la nuit & une partie du lendemain à le pourfuivre, il lui en coula deux à

hift. L. 11.

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fond

fond, & en prit fix autres, avec fept cens Allemands qui y étoient, & Nicolas Madrucce leur AN.1552. chef, qui mourut bien-tôt après d'une bleffure reçûe dans l'action. Cette défaite arriva le cinquiéme d'Août 1552. Doria, qui jufqu'à préfent, avoit joui d'un bonheur fans interruption, touché de cet échec où fa prudence avoit échoué, s'en alla en Sardaigne avec le refte de fa flotte, & de-là vint à Genes. Après cette victoire de Dragut, le prince de Salerne joignit l'armée des Infidéles avec les galeres du roi de France & deux mille Gafcons, & voulut les engager à retourner à Naples; mais ils le refuferent, & fur la promeffe qu'ils lui firent de revenir l'année fuivante, il les fuivit jusqu'à Chio, où il passa l'hy

ver.

les

CX.

la nouvelle

Cofme duc de Florence pour obferver le traité qu'il venoit de faire avec les Siennois, leur, On rend remit Lucignano & Montefellovico: Chufi qui citadelle étoit occupée par Afcanio Cornia, leur fut auffi aux Sienrenduë, auffi-bien que la nouvelle citadelle, fui- nois, qui la rafent. vant les ordres de Mendoza; & l'on commença De Then, auffi-tôt à la démolir. En même tems l'on en- ibid, ut fup. voia de part & d'autre des députez pour confirmer la paix. Mais parce que les Espagnols tenoient encore Orbitelle, cela fut caufe que François ne fortirent point de la ville: Cofme làdeffus écrivit au pape, à qui les Siennois avoient confenti de s'en rapporter comme à un arbitre équitable, & lui confeilla de fe charger du foin de rétablir la paix dans la ville, & de reformer la republique. Le cardinal Fabio Mignanello, qui étoit Siennois, y fut donc envoïé à ce fujet, & mit une nouvelle forme dans le gouvernement. Mais la republique aïant chargé Tolomei d'aller de fa part faire fes remercimens au roi de France comme à fon liberateur, & lui demander fon fecours contre ceux qui voudroient opprimer fa

liberté ;

AN.1552.

fiberté, Cofme regardant cette demarche comme une rupture de l'accord qu'il avoit fait avec les Siennois, ne fe crut plus obligé d'en accomplir les conditions, & confeilla à Mendoza de retenir Orbitelle, ce que celui-ci fit. Etant allé à Livourne, il fe fit accompagner des Espagnols fortis de la citadelle, attendit Doria, qui avoit fait voile vers Naples après la retraite de la flotte des Turcs, & s'embarqua avec lui fur les galeres aller aborder au port de San-Stephano. Ce fut là qu'aïant mis à terre quinze cens foldats, avec le fecours de Doria, qui avec fon canon fe rendit maître d'une tour qui défendoit l'entrée de la ville, le chemin étant libre, Mendoza entra dans Orbitelle, y mit des foldats & des vivres, fit fortifier la citadelle, & en partit aussi-tôt après. L'empe- Mais l'empereur mécontent de lui, le retira d'Ireur retire talie, où il s'étoit conduit avec tant de hauteur & de fierté, qu'il y eût infailliblement ruiné les affaires de ce prince, s'il y fut demeuré plus long

CXI.

Mendoza 'Italie.

pour

tems.

Les François demeuroient toûjours dans Sien ne; & comme leur autorité n'y étoit pas encore bien établie, ils n'oferent pas s'opposer aux Efpagnols d'Orbitelle qui faifoient beaucoup d'incurfions dans le païs; mais afin de s'y confir mer de plus en plus, après que le pape eût rappellé le cardinal Fabio Mignanello, le roi de France y envoïa le cardinal de Ferrare, qui avoit beaucoup d'experience & qui étoit d'une prudence finguliere. En allant à Sienne, il paffa par Florence, où le duc Cofme le reçut avec beauLe cardi- coup de magnificence. Le cardinal fit entendre à aal de Fer ce prince qu'il tireroit de grands avantages de rare veut l'amitié de Henry II. s'il vouloit fe déclarer ouCofme fa vertement pour lui; mais Cofme agiffant en vorable à politique, ne lui promit rien, & ne laiffa pas de la France. traiter le cardinal & tous les François avec beaucoup

CXII.

rendre

coup de politeffe, afin d'éviter au moins par ces beaux dehors les maux que fes frontieres pouvoient craindre des François victorieux, jufqu'à ce que l'empereur, dont il avoit auffi befoin, tournât fes armes du côté de l'Italie, & fe joignît à lui pour en chaffer l'ennemi commun.

AN.1552.

dans le Pie

gue.

Mais les affaires de Charles V. étoient en affez mauvais état dans ce païs-là par la negligence de Gonzague. Pour remedier à fa mauvaise conduite, ce prince avoit fait venir de Naples Pierre Gonzales, pour l'aider de fes confeils; mais Gonzague chagrin qu'on diminuât ainfi fon autorité, agit encore avec plus de lâcheté. Cet- CXIII. te méfintelligence fut caufe que les François qui Progrés des occupoient déja San-Martino, San-Balengo & François Ponté, toutes places bien fortifiées, firent quel- mont par la ques progrés dans le pais. Briffac avec fix mille negligence hommes d'infanterie & fept cens chevaux, s'a- de Gonzavança jufqu'à Ceri dant le Piémont, pendant De Thoms qu'on affiégeoit Vulpian, où Savelli comman- hift. l. 11. doit. On prit feulement Cera, & par ce moïenn. 4. l'on ôta tout commerce aux Imperiaux, & l'on ferma le chemin qui conduifoit à Savonne, & aux autres endroits occupez par les Espagnols. Gonzague honteux & plein de dépit s'étoit mis en campagne avec cinq mille Allemands, deux mille Efpagnols, mille Italiens, & mille cavaliers pour faire lever le fiége de Vulpian, & il y réüffit. Il voulut auffi aller attaquer Cafal; mais Blaife de Montluc qui y commandoit, se défendit avec tant de valeur, qu'il contraignit Gonzague de fe retirer. En même tems les François prirent Verruë & Alba; cette derniere place dont le gouvernement fut donné à Bonnivet, incommoda beaucoup les Imperiaux. Gonzague voulut tenter de la reprendre, & la trouvant trop bien munie, il fe réfolut d'aller affiéger Saint-Damien, dont il fut obligé de lever le fiége après dix-fept jours,

à caufe

à caufe de l'hyver & du mauvais tems. Telle fut AN.1552 la fituation des affaires en Allemagne & en Italie, durant le cours de cette année 1552.

CXIV.

des Turcs

en Hon

grie, &

Les affaires des Chrétiens n'eurent pas d'heuVictoire reux fuccés en Hongrie, où ils furent entierement battus à Segedin, ville fur la Teiffe, par Alim gouverneur de Bude. On dit qu'il envoïa à leurs pro- Conftantinople les principaux d'entre les prifongrés. niers, avec les nez de cinq mille morts qu'il avoit De Thou, fait couper, & quarante drapeaux, comme un 5. ad hunc témoignage autentique de fa grande victoire ; après laquelle il fe rendit maître de Vefprim, Spond. hoc dont il fit tuer une partie de la garnifon, & mit am.. 13. l'autre dans les fers. Enfin fes forces étant confi

hift. 19.n.

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derablement augmentées par l'arrivée des bachas Mahomet & Achmet avec de nombreuses troupes, la ville de Temefwar, fituée entre Lippe & Belgrade, fur les confins de la Tranfylvanie, fut prife avec fa fortereffe par compofition après un long fiége. Bien-tôt après ils fe rendirent maîtres de Lippe, par la lâcheté de Bernard de Aldana qui en étoit gouverneur, & d'une fortereffe qui en étoit affez proche, appellée Solmoz, que fon affiette rendoit imprenable, & que les foldats de la garnison épouvantez avoient pourtant abandonnée. Après la perte de Temeswar & de Lippe, Caftaldo qui commandoit les troupes de Ferdinand, réfolut de fe camper entre Segefwar & Mifenbach pour empêcher Mahomet de paffer en Tranfylvanie. Mais Achmet bacha de Bude étant arrivé avec un fecours de quinze mille chevaux le vingtiéme d'Août, les Imperiaux furent battus, Pallavicini fait prifonnier, & mené à Bude, où il ne recouvra fa liberté qu'avec une rançon de quinze mille écus. Mahomet enfuite fe faifit de Zolnoch, que la garnifon abandonna malgré le gouverneur, & prit sa route vers Agria.

Mau

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