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ge, pour fe défendre contre ceux qui prétendoient que fon fentiment étoit condamné par le decret du concile, & il le dédia aux nouveaux préfidens du concile & au concile entier, par une préface dans laquelle il foûtient que le concile n'a pas eu intention de rien décider fur les questions controverfées entre les theologiens catholiques, mais feulement de condamner les erreurs des anciens & des nouveaux heretiques; & il femble que toute cette difpute n'eft qu'une queftion de nom.

:

Après avoir établi dans un traité particulier la verité du facrifice de l'autel, il foûtient dans un autre, que J. C. n'a point confacré par ces paroles Ceci eft mon corps, ceci est mon fang, qui ne font qu'énonciatives dans les Evangelistes, & non pas operatives. Il a fait auffi un traité de controverfes, touchant la communion fous les deux efpeces, où il répond aux objections des Proteftans, & rapporte les conditions fous lesquelles il croit qu'on pourroit l'accorder aux laïques. Son écrit de l'intention du miniftre dans l'adminiftration des facremens est très-fenfé. Il y foûtient qu'il n'eft pas néceffaire d'avoir une intention interieure de faire une chofe facrée, mais qu'il fuffit que le miniftre veuille adminiftrer le facrement de l'églife, & qu'il a cette intention, quand il fait exterieurement & ferieusement les ceremonies requifes, quoiqu'il puiffe avoir interieurement la penfée de faire tout cela par jeu & par moquerie. Il a fait plufieurs traitez fur les facremens, & particulierement fur celui du mariage; il en a compofé un autre des écritures canoniques, dans lequel il foûtient contre les Proteftans les livres que l'églife Romaine reçoit comme canoniques; & qui ne font pas de l'ancien canon. On a encore de lui differens traitez, fi la peine de mort contre les heretiques eft de droit divin; fi la réfidence des évêques eft de même droit ; fur

AN.1552.

AN.1552.

le baptême des enfans des Juifs; fur la diffolution du mariage pour cause d'adultere, & quelques autres. Ce qu'on peut dire de lui, eft qu'il étoit très-libre & fort hardi dans fes fentiCLIII. mens.

culi. XVI.

Alv. Go

verses fin.

Mort de Ferdinand Nunnez Pinciano, de la famille des Ferdinand Nunnez de Guzmans, connu en latin fous le nom de FerGuzman. dinandus Nonnius Pincianus, étoit fils d'un auNicol. An- tre Ferdinand de Guzman intendant des finances tonio biblioth. fcrip. Hifp. 'du roi d'Efpagne. Il apprit les premiers princiLe Mire pes des langues fous Antonio de Lebrixa; ende feript.fa-fuite il alla à Boulogne en Italie pour fe perfectionner, il y étudia fous Philippe Beroaldi, & mez in vit. étant revenu dans fon païs, il enfeigna ces mêcard, Ximen mes langues avec une grande réputation dans l'uDe Thou, niverfité d'Alcala, où le cardinal Ximenès l'avoit bift. 1. 11. attiré. Il y eut des difciples celebres, entre autres Leon de Caftro, Jerôme Lurita, Christophe de Horofio, & François de Mendoza, qui dans la fuite fut honoré de la pourpre Romaine, tous recommandables par leur erudition. Le cardinal Ximenès connoiffant fa capacité, l'emploïa à l'édition des bibles qu'il fit faire à Alcala, & lui fit mettre en latin la traduction grecque des Septante. On a de lui des notes fur les oeuvres de Seneque le philofophe, des obfervations fur Pomponius Mela, & fur l'histoire naturelle de Pline. Il mourut dans cette année, âgé de plus de quatrevingt ans, & legua fa bibliotheque à l'univerfité CLIV. de Salamanque.

Mort de

Billich, &

Evrard Billich de Cologne, religieux de l'ordre de Herman des Carmes mourut auffi dans cette année à TrenWeiden te, où il étoit allé au concile, en qualité de theoarchevêque logien. Il étoit en grande réputation pour bien

de Colo

gne.

expliquer les difficultez de l'Ecriture-fainte. Il publia contre Melanchton, Bucer & d'autres heretiques; un ouvrage intitulé, Jugement de l'univerfité du clergé de Cologne, contre les ca

lomnies

Lomnies, c. lorfque Herman de Weyden qui AN.1552. en étoit archevêque & électeur, voulut obliger fon clergé à recevoir le Lutheranifme, s'étant entierement abandonné à Martin Bucer & aux autres nouveaux dogmatiftes, fous le fpecieux prétexte de reforme. Ce même Herman mourut auffi cette année le treiziéme d'Août à Biverin, dans le comté de Weiden où il s'étoit retiré, après avoir été excommunié par le pape, qui nomma en fa place Adolfe de Schawenbourg que l'empereur fit inftaler fur le fiege archiepif copal. On a parlé de lui ailleurs. Henri duc de Meckelbourg mourut de même fort âgé le fixiéme de Fevrier, après avoir gouverné fon état avec beaucoup de paix pendant quarante-huit ans. Il étoit furnommé le pacifique.

,

CLV.

L'herefie perdit pareillement cette année quel- Mort de Gafpard ques-uns de fes principaux appuis, Gafpard He-Hedion, dion, André Ofiander, & Sebastien Munster. Ofiander & Le premier étoit natif d'Eflingen dans le marqui- Munfter, fat de Bade, & avoit enfeigné à Strasbourg & proteftaus. Teyffier ailleurs où il n'oublia rien pour faire valoir éloge des fon parti, en faveur duquel il compofa divers hommes (gaouvrages. Le fecond, André Ofiander étoit né vans, dans la Baviere le dix-neuviéme Decembre 1498. d'une famille qui portoit le nom d'Hofen qu'il changea en celui d'Ofiander. Après avoir appris les langues à Wirtemberg & à Nuremberg, il fut des premiers à prêcher le Lutheranifme l'an 1522. & fe trouva en 1529. au colloque de Marpurg & à la diete d'Ausbourg. Comme il étoit naturellement chagrin & emporté, il fe fit à Nuremberg des affaires qui l'obligerent d'en fortir: il paffa dans la Pruffe, où il fe fit connoître du duc Albert, qui lui donna une chaire de profeffeur dans l'academie de Konisberg, où il fut auffi miniftre. Il commença d'y publier fes erreurs fur la juftification, qui lui attirerent beaucoup d'ennemis;

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mais dans toutes les difputes qui furvinrent làAN.1552. deffus, il ne ceda jamais, au contraire il parloit toûjours avec aigreur & fe répandoit en injures, comme on peut le voir dans fes lettres à Joachim Merlin & à Melanchton. Calvin l'accufa d'avoir aimé à boire, & d'avoir tourné en raillerie les paffages les plus faints de l'Ecriture à la maniere des impies & des athées. Il mourut d'epilepfie le dixfeptiéme d'Octobre 1552. âgé d'environ cinquante-quatre ans, & a laiffé un grand nombre d'ouvrages de theologie. Enfin le troifiéme eft Sebastien Munster, né à Ingelheim en Allemagne en 1489. Après avoir fait fes études à Tubinge, il entra chez les Cordeliers, qu'il quitta en 1529. en faveur du Lutheranifme qu'il alla enfeigner à Heidelberg, puis à Bafle. Il étoit fçavant dans les mathematiques qu'il avoit apprifes fous Jean Stoffler : mais il renonça à cette étude pour s'appliquer entierement à la langue Hebraïque, & à expliquer l'Ecriture, & s'y acquit une fi grande réputation, qu'il merita d'êSavoir tre appellé l'Efdras ou le Strabon* de l'Allemagne. Walafridus Il mourut de pefte à Bafle le vingt-troifiéme de Strabo.

CLVI. Cenfure

May 1552. âgé de foixante & trois ans, & laiffa beaucoup d'ouvrages, parmi lefquels on eftime fes traductions de l'ancien teftament, de Tobie, & l'Evangile de S. Matthieu qu'il mit d'hebreu en latin, un dictionnaire Hebraïque, une grammaire de même, & une autre Chaldaïque. C'étoit un homme fimple & fans ambition, quoique très-fçavant.

Entre les cenfures que la faculté de theologie du livre des de Paris donna cette année, la plus celebre eft petites da- celle qui fut renduë le neuviéme de Mai contre tes de Char-le livre des petites Dates de Charles Du-Moulin les Du- celebre jurifconfulte, & avocat au parlement de

Moulin.

D'ArgenParis. Pour mieux entendre l'occafion de cette ré colled. cenfure, il faut rappeller ce qu'on a dit ailleurs,

qu'en

205.

qu'en 1550. Henry II. avoit fait dans le mois de Juin un édit qui fut verifié en parlement le vingt- judic. de noAN.1552. quatriéme de Juillet, en confirmation d'un autre vis erroribus fait quatre ans auparavant, touchant les notaires tom. 2. in apoftoliques. Le roi fut informé que par une per-fol. pag. nicieuse coûtume, il fe trouvoit que plufieurs procurations pour refigner étoient fauffes, nulles & mal expediées; que ceux qui tenoient à Rome le regiftre des benefices qui fe conferent, faifoient plufieurs dates & fignatures pour un même benefice : que les procurations étoient tenues fecrettes, jufqu'à ce qu'on jugeât à propos de publier les refignations & que ces procurations cachées quelquefois pendant plus de deux ans, n'étoient produites qu'après la mort du refignant; mais comme le même abus alla plus loin, il arriva auffi que plufieurs résignoient leurs benefices, non pas purement & fimplement, mais à condition que le pape les confereroit en faveur de certaines perfonnes defignées; & cependant ils ne laifferent pas d'en jouir leur vie durant, fous pretexte que les refignataires ne les avoient pas acceptez, quoiqu'ils priffent une poffeffion fimulée qui étoit enregistrée par les notaires apoftoliques. De plus quoique par les ordonnances du pape les refignations foient nulles, fi elles ne font rendues publiques dans trois mois, plufieurs de ceux qui avoient donné leur procuration pour refigner, la revoquoient aufli-tôt, ce qui donnoit lieu à une infinité de fraudes & de chicanes. Et c'eft ce que le roi voulut corriger.

Pour cet effet il fit fon édit dans le deffein de reformer les abus, fraudes, antidates, & fauffetez qui fe commettoient dans l'expedition des benefices en cour de Rome, principalement par la nouveauté de l'ufage des petites Dates, & par les fourberies des notaires apoftoliques & des banquiers. Il fut donc ordonné que les banquiers

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