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donnent volontiers leur confentement; qu'enfin il ne falloit point avoir égard au jugement des huit docteurs de Touloufe qui avoient approuvé ces livres. Ainfi la faculté ne raya point ces livres de fon catalogue; & dans la même affemblée, elle manda l'inquifiteur, afin qu'il donnât les informations faites contre le frere Guillaume Caftel. Il répondit qu'il ne les avoit point, mais que les aïant vûës entre les mains de fon fubftitut, qui étoit dominicain, il feroit fon poffible pour les avoir.

LIVRE CENT QUARANTE-NEUVIEME.

Α

AN.1552.

AN.1553.

I.

-d'un pa

Ciason.

3. p.

U commencement de cette année 1553. Arrivée Simon Sulaka ou Sultakam, religieux de l'ordre de S. Bafile, & patriarche de tous les peu-triarche ples d'Orient qui font entre l'Euphrate & l'Inde, d'Orient à vint à Rome pour être confirmé dans fon éle- Rome. Єtion par le pape Jules III. c'étoit fon clergé mê-tom. me qui l'y avoit envoïé, & ce patriarche eut fon 744. audience le quinziéme de Février. Il y prefenta 752. fes lettres de créance données au nom au pape Spond, ad de fon clergé & des principaux d'entre le peuple, 1553.n.16. & datées de l'année précedente 1552. Elles com- Raynald. mençoient par cet éloge du pape, qui tient fort du ftyle ampoullé des Orientaux.

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hunc an.

eodem an. n.

44.& feq.

Duchefne

P.409.

Au pere des peres, le fouverain des pafteurs, hist. des Pa, lequel orne les mitres, facre les prêtres & leurpes Files III. ,, donne des ceintures : le pere du peuple chrétien, Pallavicin. ,, le Pierre de nôtre tems, le Paul de nos jours, in hist. conc. ,, la ceinture qui comprend l'affemblée univerfel-Trid. 1. 13. „le des chrétiens; le lieutenant de J. C. nôtre cap. 4. 4. ,, Seigneur, qui eft affis dans les hauts fieges, & Infcripéleve du prince des apôtres qui tient les clefs du tion de la , ciel, & à qui nôtre Seigneur a dit de fa bou-lettre des », che falutaire, tout ce que vous lierez fur la ter-au pape

"

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Orientaux

Julio III.

vt fup.

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,, re fera lié dans le ciel, & tout ce que vous AN.1553. délierez fur la terre fera delié au ciel; qui Stond. ibi- " dom ut fup.,, a fondé fur lui fon églife contre laquelle les Extat apud,, portes de l'enfer de generation en generation Maffon in n'auront aucun pouvoir: c'est vous que nôCracon.ibid., tre Seigneur & Sauveur a fait affeoir fur ce fiege. Vous êtes auffi la fontaine vive dont , les eaux ne tariront jamais; & quiconque au,,ra foif, il est jufte que pour l'appaifer il reçoive de vous les eaux de vie. Vous êtes le ,, flambeau qui ne s'éteint point, qui éclaire tou,, tes les créatures, comme la lumiere qui eft ,, fur le chandelier, & qui comme Jean-Baptifte met fa main droite fur la tête de J. C. nôtre ,, Dieu. Toute la chrétienté voit la lumiere en ,, vous. Vous êtes le mur de la forte cité & de ,, la grande Rome la mere des villes, que Pier"} re prince des difciples & Paul prudent archite,, &te ont fondée pour éclairer tous les hommes ,, enfevelis dans les erreurs de fatan. Vous êtes ,, le chef de tous les peres, comme Pierre étoit ,, le chef de tous les difciples, & comme il a eu ,, un fiege élevé au-deffus des autres, de même ,, la grande & fameuse Rome eft le vôtre haut ,, & élevé en ces derniers tems.,, Dans le corps de la lettre ils s'appelloient pupilles fans pere, ils prioient le pape de confirmer & facrer le pasteur qu'ils avoient élû, parce que leur facerdoce, difoient-ils, vient de Rome qui eft le fiege de Pierre, & en eft toûjours venu. Il y avoit une autre lettre des Neftoriens qui avoient accompagné ce patriarche jufqu'en Jerufalem.

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l'élection

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ne

Ces Neftoriens pour être ainfi nommez Hiftoire de fuivoient pas les erreurs de Neftorius. Ils y avoient & du voia- renoncé plus de trois cens ans auparavant. Leur ge de ce pa- premier ufage étoit d'élire leur patriarche, & ils sriarche. s'y étoient confervez pendant plufieurs fiecles: mais depuis environ cent ans, cette place étoit

vide Bzo

an.

devenue hereditaire dans une même famille, par AN.1553. l'entreprise d'un patriarche qui avoit commencé Onuphr. de déroger au premier ufage, & par la négligen-in Jul. III. ce ou la foibleffe de ceux qui ne s'étoient pas op-vi pofez à ce violement dans fa naiffance. Mais après Simon Mama, on rentra dans l'ancien droit. Ce patriarche étant mort fans avoir eu le tems d'établir fon fils qu'il avoit destiné pour lui fucceder, tous les ecclefiaftiques & les laïcs même faifirent cette occafion pour faire revivre l'ancien droit qui declaroit le patriarche électif. Quelques évêques reftez feuls, avec les deputez des villes de Babylone, de Tauris, d'Ecbatane, de Nifibe & de plufieurs autres s'étant donc affemblez à Muzal, élurent ce Sulaka fils de Daniel de la famille de Balla. C'étoit un homme de grande vertu, fçavant & bon catholique. On eut beaucoup de peines à le tirer du monaftere d'Hormifde où il vivoit avec une grande édification. Tel étoit ce Sulaka que fon propre clergé avoit envoïé à Rome pour être confirmé dans fon élection, comme nous l'avons dit.

IV.

Jules III. le reçut avec beaucoup de bonté, confirma le choix qu'on avoit fait de lui, le con- Reception que le pape facra lui-même; enfuite lui aïant donné le Pallium fait à ce paen plein confiftoire, il le renvoïa * dans fon pais triarche. avec de riches préfens, & le fit accompagner de * Ce fut le quelques religieux qui entendoient la langue Sy-mois dix-feptiéme riaque, & les ceremonies de l'églife Romaine, d'Avril. afin d'étendre la religion dans ce païs-là.

V.

de foi de ce patriarche. Onpr. in

La confeffion de foi que le patriarche Sulaka prefenta au pape comprenoit treize articles, dans Confeffion le premier defquels étoit l'unité d'un Dieu, la Trinité des perfonnes, & la proceffion du faintEfprit, du Pere & du Fils comme d'un principe. Jul. Le II. que le Fils unique de Dieu confubftantiel ad hunc an. au Pere, existant toûjours avec le Pere & le Saint». 44. Efprit, s'eft incarné dans la plenitude des tems,

&

Raynald.

& s'eft fait homme dans le fein immaculé de la

AN.1553 bien-heureuse vierge. Le III. que ce même Fils eft né de Marie, vierge & vraie mere de Dieu, qu'il a fouffert, qu'il eft mort, qu'il a été enfeveli, que fon ame eft defcendue aux enfers pour en délivrer les-peres, qu'il eft reffuscité, & que quarante jours après fa refurrection il est monté aux cieux, où il est affis à la droite de fon Pere. Le IV. qu'aucun n'eft fauvé que par la foi du médiateur J. C. dans fon fang & dans fa mort. Le V. que la loi ancienne a fini à la venue de J.C., & qu'on ne doit plus l'obferver après la publication de l'évangile, fans s'expofer à une perte éternelle. L'on y reconnoît auffi les fept facremens, leur matiere, leur forme, & le miniftre qui a intention de faire ce que fait l'églife. Le VI. qu'il y a un purgatoire, où l'on eft purifié après la mort; qu'ainfi les fuffrages, le facrifice de la meffe, les prieres & les aumônes font utiles aux défunts; que les amès de ceux qui après leur baptême ne font tachez d'aucun peché, vont d'abord au ciel, où ils joüiffent de la vision beatifique; mais que ceux qui meurent avec un peché mortel actuel, ou feulement le peché originel vont aux enfers, où la punition n'eft pas égale. Le VII. reconnoît le fymbole du concile de Nicée. Le VIII. admet le canon des livres de l'écriture fainte, comme nous l'avons aujourd'hui, excepté qu'il n'y eft pas fait mention du livre d'Efther. Le IX. reconnoît pour orthodoxe tout ce qui a été defini dans le premier concile de Nicée. Le X. adopte de même le quatriéme concile general tenu à Chalcedoine, condamne l'herefie d'Eutyche & de Diofcore, & reprouve le fecond concile d'Ephese. Le XI. approuve le premier concile d'Ephese, & condamne l'herefie de Nestorius & fon auteur. Le XII. embraffe tous les autres conciles qui font reconnus par l'église Ro

maine, condamne toutes les herefies qu'elle condamne, & reçoit avec refpect tout ce qu'elle reçoit. AN.1553. Enfin le XIII. confeffe le faint fiege apoftolique, la primauté du pape, comme fucceffeur de S. Pierre & vrai vicaire de J. C., à qui l'on promet obéïssance, de même qu'à fes fucceffeurs. Cette confeffion fut prefentée le quinziéme de Février.

&

che.

VI.

an.n. 18.

Le pape reçut encore environ dans le même tems, un Jacobite Affyrien appellé Moïfe Mar- Autre reden, envoïé par le patriarche d'Antioche, pour un enception rendre obéiffance au faint fiege apoftolique, & voié du pafaire une profeffion publique de la foi de l'églife triarche Romaine. Ce fut à la priere de ce Marden, d'Antio par les liberalitez de Ferdinand roi des Romains, phr. in qu'on imprima premierement à Vienne en Aû- vit. Jul. III. triche en 1555. le nouveau Testament, en lan- Spond. hoe gue & en caracteres fyriaques, auquel ouvrage s'emploïerent beaucoup Marden lui-même, & Jean Albert chancelier d'Aûtriche. Emmanuel Tremel corrompit beaucoup cette traduction, qu'il fit imprimer à Geneve en caracteres hebraïques. Ce Tremel ou Tremellius, qui étoit né à Ferrare d'un pere Juif, étoit repaffé après la mort d'Edouard VI. d'Angleterre en Allemagne où il enfeigna dans le college d'Hombach: & comme il étoit très-fçavant dans la connoiffance des langues, il vint enfeigner l'hebreu à Heidelberg, où il mit en latin l'interpretation fyriaque du nouveau Teftament, & où il entreprit de faire une nouvelle traduction de l'ancien für l'hebreu, aïant associé à ce travail François Junius. La verfion latine du nouveau Teftament fyriafut examinée par les docteurs de Louvain & de Douay, qui jugerent qu'elle meritoit d'être corrigée en beaucoup d'endroits.

que

VII.

Le pape Jules toûjours occupé du deffein de faire faire de bons reglemens de reformation, Congrega malgré la diffolution du concile, en parla dans par le pape

un

tion établie

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