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Montalcino, fe comporterent avec une témerité AN.1553. qui pouvoit paffer pour infolence. Ils demanderent avec hauteur Lucignano à Cosme, & ils l'obtinrent par l'entremise du pape. Les femmes animées d'un transport de joïe qui alloit à la folie, prirent les armes, vêtues en nymphes, portant des étendards, courant par toute la ville, criant, France, liberté, ce qui furprit même de Termes, qui commandoit dans tout ce païs-là. Deux jours après ces mêmes femmes conduites par Forteguerra, Picolominia & Livia Fausta, toutes trois de la premiere qualité, prirent des outils propres pour creufer & fouiller la terre, & fe rendirent devant la maison archiepifcopale où après avoir invoqué la fainte Vierge, fous la protection de laquelle eft la ville de Sienne, & reçû la benediction du cardinal de Ferrare, elles allerent toutes enfemble travailler aux fortifications de la ville avec une ardeur furprenante.

XX.

Elle aborde dans l'ifle de Corfe.

comment. l.

Ballo della

Cependant la flotte des Turcs paroiffoit fur les côtes, jointe à la flotte Françoife, fur laquelle étoit ce fameux Polin, dont on a parlé ailleurs, & qu'on nommoit le baron de Lagarde, acBelcar. in compagné du prince de Salerne. Dragut après 26.n. 37. quelques dégats dans la Calabre, fe retira dans la Michel Me- Sardaigne, & paffa dans l'ifle de Corfe, fur laquelle le roi de France prétendoit avoir le mêCorf. me droit que fur la republique de Genes qui étoit Philippini maîtreffe de cette ifle. Les deux flottes fe joighift. de Corf nirent au commencement du mois de Juin de Juftiniani cette année dans le golfe de Lépante. Elles firent le met. tour de l'ifle d'Elbe,qu'elles ruinerent entierement; Sleidan.lib. elles tenterent auffi la prise de Porto-Ferrato, la 25. P. 915. principale citadelle de l'état de Florence; mais ce

querra di

hift. de Ve

fut inutilement, parce que Cofme avoit pris foin de la bien fortifier comme une place qui lui étoit très-importante. De Termes aïant laiffé dans Sienne le cardinal de Ferrare, alla joindre

la

la flotte avec Jourdain Urfin, & les autres officiers de l'armée du roi, pour affifter à cette guerre de Corfe.

AN.1553.

des Fran

nent Baftia

Belcar.loco

Les François firent leur descente dans l'ifle le XXI. vingt-cinquiéme d'Août; San-Pietro d'Ornano Defcente étoit avec eux, & les autres Corfes contraires aux çois dans Genois. Le duc de Somma Jean Bernardin de San- cette inle Severino s'y trouvoit auffi avec onze enfeignes qui pren-. d'Italiens, & Valeroni commandoit fix enfeignes & d'autres. de François. Le duc de Somma fut commandé De Thou, pour aller attaquer Baftia, fituée fur le riva- lib. 1 2. n. 5. ge qui regarde la Tofcane: la plupart des habiSup. tans s'étoient retirez dans la citadelle; on les fom- "Sleidan, in ma de fe rendre au nom du roi, & fur leur re- comment. 1. fus on tira quelques coups de canon qui les obli- 25. p.938. & 932. gerent de capituler. Le refte de l'armée navale étant arrivé, de Termes alla à San-Fiorenzo, qui s'étoit rendue à Valeroni; il la fit fortifier, & envoïa San-Pietro d'Ornano à Adjazzo, ville riche, où il y avoit quantité de marchands Genois. Elle fut prife au premier effort, & abandonnée au pillage, auquel les Corfes ennemis des Genois fe livrerent avec fureur.

Les Turcs

De Thon

D'un autre côté Dragut affiegea avec les fiens XXII. Bonifacio, qu'on croit être la Palla de Ptolomée, & les Fran & qui eft au midi de l'ifle avec un port extrêçois affiemement commode, & une fortereffe bâtie par gent la vil les Genois. Les deux flottes Turques & Françoile de Bonifacio. fes après l'avoir affez long-tems battue avec peu Belcar, lib. de fuccés, & y avoir perdu sept à huit cens hom- 26. mes, un officier Provençal nommé Nas, que de Termes avoit joint à Dragut, fous pretexte de voir quelques-uns des affiegez qu'il connoiffoit, en fit affembler un certain nombre par un fignal qu'il leur donna, leur repréfenta fi efficacement le danger auquel ils s'expofoient par une résistance opiniâtre, qu'ils promirent de fe rendre au roi la vie fauve, & l'officier leur donna

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7.12.

parole qu'on ne leur feroit aucune violence. Ce AN.1553.qui fâcha beaucoup Dragut qui s'attendoit à faire un riche butin dans cette ville: mais peu s'en fallut que la ville ne fût livrée au pillage par un accident qui furvint. Pendant que la garnifon fortoit, un Janiffaire aïant vû un des foldats armé d'un moufquet qui paroiffoit auffi bon qu'il étoit bien travaillé, voulut s'en faifir & le lui arracher des mains. Le foldat ne voulant pas fouffrir cette injure, tua le Janiffaire d'un coup de ce même moufquet, & d'autres Turcs accourus pour défendre l'autre furent auffi tuez au même endroit. Leurs compagnons comme des furieux fe jetterent en même tems fur les foldats de la garnifon, & en tuerent quelques-uns. De Nas qui avoit engagé fa parole, eut beaucoup de peine à appaifer le defordre, & peut-être n'en feroitpas venu à bout fans le fecours de Dragut. Dès Les habi- le tumulte fut appaifé, celui-ci demanda 'a pofent & fomme qu'on lui avoit promife pour exempter fe rendent la ville du pillage. Il s'agiffoit de vingt-mille ducats: cette fomme étoit bien forte pour un peuple qui n'étoit pas fort riche, &, que la guerre avoit beaucoup incommodé. Auffi ne fut-on pas en état de la païer, ce qui irrita fi fort Dragut que pour fe dédommager il enleva plufieurs canons, fit un grand nombre d'efclaves, emporta un riche butin, & emmena encore douze officiers François dans le deffein de les retenir jufqu'à ce qu'on l'eut fatisfait.

XXIII. il

tans com

aux Fran

çois.

XXIV.

que

Le baron de la Garde après le départ de DraAprès la retraite de gut, fit embarquer fes gens, pour aller faire le Dragut les fiege de Calvi; mais l'arrivée d'Auguftin SpinoImperiaux la avec vingt-fix galeres, fit lever ce fiege: & de Termes qui y commandoit fe retira dans les monDe Thou, tagnes voifines avec fes troupes. Peu de tems hift.1. 12. après André Doria qui avoit alors près de quatrevingt-fept ans, & que les Genois avoient fait

reprennent

tout.

chef

ANJ5538

chef fouverain, fit voile vers l'ifle de Corfe avec toute fon armée : mais comme on étoit déja au mois de Novembre, après avoir doublé le cap de Corfe, il fit paffer fa flotte dans le Golfe de Sante-Fiorence occupé par les François qui le faifoient fortifier. Doria refolut de l'affieger, & il fut encore plus excité à le faire par l'arrivée de quelques vaiffeaux fur lefquels étoient embarquez quatre mille Efpagnols que Philippe fils de Charles V. avoit envoïez. Avec ces fecours & ceux que le duc de Florence fournit, on résolut d'aller à Baftia auparavant; on fe rendit maître aifément de cette place, qui n'avoit qu'une garnifon de cinquante François qui ne laifferent pas de fe défendre courageufement. De-là l'on tourna toutes les forces contre Sante-Fiorence, que les François rendirent dans l'année fuivante après un fiege de trois mois, Doria continuant ce fiege au milieu de l'hyver, fans fe laiffer abbatre ni par fon grand âge ni par l'affiduité du travail.

Brande

26. n. 27.

Dès le commencement de cette année Robert XXV. Difcuffion cardinal de Lenoncourt évêque de Metz retour-de l'affai na dans fon diocefe, où il s'attribua toute l'au-re entre torité par l'établissement d'un nouveau confeil, Albert de compofé de gens attachez au parti de la Frances bourg & les & le dernier Fevrier le roi fit publier une lettre évêques. aux princes & états de l'empire pour les détacher Belcar, in de l'empereur. Il reftoit l'affaire d'Albert, qui comment. L après avoir paffé une partie de l'hyver dans le De Thou, territoire de Tréves, retourna en Allemagne pour ibid.nt fup. perfecuter de nouveau les évêques, & les villes, Steidan in aïant écrit à l'empereur qu'il eût à maintenir le comment. I. traité fait avec les évêques. Charles. V. lui ré- 24. P. 912, pondit le treiziéme de Mars: qu'il ne nioit pas d'avoir confirmé ce traité : mais qu'il n'avoit pû refufer aux évêques la liberté de fe pourvoir; qu'ainfi il lui confeilloit de terminer cette affaire à l'amiable, & que pour y réuffie plus facilement,

XXVI. Il refufe de s'ac

il chargeroit les ducs de Baviere & de WirtemAN.1553 berg d'en être les mediateurs; que quelques plaintes que lui euffent faites les évêques, il efperoit néanmoins qu'ils ne refuferoient pas un accord, & qu'il ne fe propofoit que la tranquillité de P'Allemagne. En effet ces deux ducs fe rendirent à Heidelberg par les ordres de l'empereur; & l'affaire y aïant été long-tems agitée, les évêques, celui de Wirtzbourg portant la parole, demanderent qu'on leur laifsât leurs villes paifibles moïennant une fomme d'argent qu'ils offrirent, & que les arbitres reçuffent ces conditions. Maurice qui fe trouva auffi à Heidelberg, connoiffant l'efprit inquiet & remuant d'Albert, confeilla aux princes de finir cette affaire. Mais Albert lui-même fe retira fans rien accorder, & commoder quelque tems après il reprit les armes, & publia avec les un écrit pour refuter les raifons que les évêques apportoient, pour faire rompre ce traité. Après ce refus les évêques de Bamberg & de Wirtzbourg obtinrent encore des lettres du confeil de Spire, par lesquelles on mandoit à l'électeur de Mayence, au Palatin & à Maurice, au grand maître de l'ordre des chevaliers Teutoniques, à Jean Frederic, au duc de Wirtemberg, au Landgrave de Heffe, à ceux de Nuremberg, & à tous leurs voifins de donner du fecours aux évêques. Maurice fe ligua avec le duc de Brunswick, & promit aux évêques de les fecourir ; mais il fe détermina trop tard; Albert avoit déja mis tout a feu & à fang dans les terres des évêques, il avoit pris la ville de Bamberg, & declaré la guerre à la nobleffe, il s'étoit faifi de Schwinfurt & y avoit mis garnifon, ce qui obligea Maurice & le duc de Brunswick de fe liguer avec l'empereur contre Albert, & de lui declarer la guerre.

évêques. Sleidan,

ibid. p. 913.

i..

XXVII.

Celui-ci, quoique fes forces fuffent inferieu On decla- res à celles de fes ennemis, fe mit en campagne

rela guerre

le

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