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à Albert &

Sleidan, in

comment. L.

n.28.

le premier, & bien loin d'attendre Maurice, & de fe tenir fur la défenfive, il s'approcha de lui AN.1553. pour l'attaquer & le pourfuivre. Albert aïant tra- l'on en verfé la Saxe à grandes journées, avoit paffé le vient à une Wefer, & s'étoit campé dans le diocéfe de Hil- bataille. desheim, au territoire de Lunebourg, en un endroit enfoncé & environné de forêts de tous cô- 25.P. 922. tez, où l'on ne pouvoit arriver que par une val- Belcar, lelée remplie de pierres, dont le chemin étoit fort coup. 26. difficile. Maurice étoit campé dans un lieu éle- De Thom, vé & découvert : comme il étoit fage & prudent,, 12. 7. 2, il attendoit une occafion favorable pour livrer bataille, mais Albert animé de cette hardieffe qui lui faifoit tout rifquer fans beaucoup de reflexion, lui prefenta le combat. Comme il étoit poké d'une maniere défavantageuse, aïant vû fon armée en déroute, avec perte d'une bonne partie de fa cavalerie, il crût qu'il falloit fauver fa vie par la fuite, & laiffa fon ennemi maître du champ de bataille.

Maurice néanmoins fut bleffé au côté droit XXVIII

Maurice

fes bleffu

res.

d'un coup d'arquebufe, dont il eut les inteftins remporte percez, & dont il mourut trois jours après, forta victoire regretté de l'empereur & de l'empire, qui perdoit & meurt de en lui un grand prince, un grand capitaine, un modéle de valeur, & un grand heros. Il ne laiffa point d'heritier, & Augufte fön frere fut fon fucceffeur dans l'électorat de Saxe : l'on perdit de part & d'autre quatre mille hommes dans cette action, & Pon fit beaucoup de prifonniers. Henri de Brunfwick perdit fes deux fils, Charles & Philippe, outre Frederic de Lunebourg, le comte de Beschlingen, & beaucoup d'autres officiers de distinction. Le lendemain de la bataille on vit arriver au camp cinq cens cavaliers envoïez par le roi Ferdinand, & fept cens de la part du Landgrave de Heffe fon beau-pere; mais ces fecours vinrent trop tard. Maurice avant fa mort écrivit à l'évêque

AN.1553.

mas,

de Wirtzbourg le fuccés du combat; enfuite il fe confeffa à Jean Aubin, & communia en Lutherien. Il mourut dans fon camp l'onzième de Juillet à neuf heures du matin, âgé feulement de trente-deux ans. Ses entrailles furent enterrées à Seiffershaufen, & fon corps porté premierement à Leipfick, & déposé dans l'église de S. Thooù Joachim Camerarius fit fon oraifon funebre le dix-neuviéme d'Août, fut enfin transporté à Freibourg. Tout le confeil de la ville, & Agnès fa femme, accompagnée de plufieurs dames en deuil vinrent au-devant du corps. Il Ses obfe- fut inhumé dans l'églife de Nôtre-Dame le vingtques à Freibourg. troifiéme d'Août auprès de Henri fon pere, & d'Albert fon fils; & Daniel Dreffer curé de Drefde, fit auffi fon oraison funebre: on lui érigea un tombeau fuperbe.

XXIX.

Augufte fon frere étoit alors avec fa femme auprès du roi de Dannemarck fon beau-pere, & arriva en Saxe au commencement du mois d'Août. Il fit faire auffi-tôt le ferment à tout le ́ peuple, & particulierement à ceux de Wirtemberg, qu'ils obéiroient à l'avenir à lui & à fes enfans, & que s'il n'en avoit point, fa fucceffion retourneroit à Jean Frederic & à fes enfans, à condition qu'ils feroient foûmis à l'empereur; qu'autrement elle iroit au Lantgrave de Heffe, felon Xxx, le traité, par droit hereditaire. Il fut donc falué Augufte en qualité d'électeur, & il affembla les états le frere de vingtiéme d'Août, où l'on agita comment il fuccede. traiteroit avec Frederic, qui même avant la mort Belcar. de Maurice prenoit la qualité d'électeur. En effet it de ut fup. Jean Frederic auffi-tôt après la mort de fon competiteur avoit enyoïé des ambaffadeurs à tous les De Thou, grands, & d'abord à l'empereur dans les Païs-bas, afin qu'on lui rendit ce qui lui appartenoit. Il en fit de même à l'affemblée de Leipfik. Mais Augufte oppofoit le traité qui avoit été fait avec

Maurice lui

lib. 26.n.

29.

lib. 12.

Sleidan-l.

25.p. 924.

Char

1

Charles V. & que Jean Frederic étoit obligé d'ob-
ferver, néanmoins il ne refufoit

pas

de s'accom

moder. Enfin après une longue déliberation, l'af-
femblée répondit aux demandes d'Auguste, qu'il
devoit fe prêter pour entretenir la paix avec les
uns & les autres; & qu'il falloit remettre toute
l'affaire entre les mains de l'électeur de Brande-
bourg pour accommoder le differend, ce qui fut
executé; & par-là Augufte fe delivra d'une af-
faire qui paroiffoit affez épineuse, & trouva un
prétexte legitime pour ne point renouveller l'al-
liance à laquelle il étoit follicité par Ferdinand
.roi des Romains. Enfuite Augufte fe reconcilia
avec Albert par l'entremise des députez de l'éle-
&teur de Brandebourg & du roi de Dannemark
qui croïoit cet accord utile aux affaires de fon
gendre. Ce fut le onzième de Septembre.

AN.1553.

Albert ne demeura pas pour cela en repos. Il fut en guerre avec Henri de Brunfwick, qui le battit. Après fa défaite, il retourna dans la ville de Brunswick; mais aïant appris qu'Henri s'avançoit pour l'attaquer, ou l'affieger dans cette place; il en partit & affembla autant qu'il pût de cavalerie, à qui il ordonna d'aller l'attendre dans la Thuringe. Il y alla en effet, il prit enfuite le chemin de la Franconie; il rentra dans Hoff dont on l'avoit auparavant chaffé. Brunswick dans ce tems-là fit fa paix avec Jean Frederic de Saxe, & fortifié des troupes qu'il avoit reçûes de Nuremberg, vint affieger Schweinfurt qu'Albert tenoit fur le Mein avec une forte garnison. Il fallut en venir à une feconde action; mais Henri n'y eut pas l'avantage, & fe retira fans avoir rien fait, pour se rendre en fan païs; ce qui finit pour lui la campagne, parce qu'on étoit dans le mois de Novembre. Quant à Albert, il fut profcrit le premier de Decembre avec les ceremonies ordinaires, par la chambre imperiale de Spire,

com

XXXL Albert eft la chambre prefcrit par

comme ennemi du repos public & de l'empire, AN.1553.& fa vie & tous fes biens furent expofez en imperiale de Spire. profe. Quand il eut appris le jugement qu'on Sleidan. 1. avoit rendu contre lui, il fit fes proteftations, 25. accufant les évêques d'avoir corrompu les juges par argent; mais cela n'empêcha pas que la chambre n'envoïât la commiffion de l'executer dans les provinces.

De Thou,

1.b. 12.

13.

XXXII.

Charles III.

26.45.

Paul Jove

1.35

De Than

1. 12. n. 8.

Dans le mois qui fuivit la mort de l'électeur Mort de Maurice, arriva celle de Charles III. dit le Bon, duc de Sa duc de Savoie, fils de Philippe & de fa feconde voie. femme Claudine de Broffe. Son regne fut long Be'car. in & penible, mais malheureux, car voulant pacomment 1. cifier les differends de François I. fon neveu, & de Charles V. fon beau-pere, fans pouvoir demeurer neutre, il fe vit accablé de tous côtez. Les François en 1536. pillerent Turin, & en 1543. Nice fentit la violence des armes de Barberouffe; l'épouvante se répandit dans le Piemont après la bataille de Cerifoles en 1544. Le duc voïant que fon païs étoit devenu le theatre de la guerre, fut tellement accablé de trifteffe qu'elle lui caufa une fievre lente qui l'emporta le feiziéme du mois d'Août à Verceil, âgé de foixante & fix ans après en avoir regné quarante-neuf. Il étoit pieux & fage, aimoit la juftice, les belles lettres & les fçavans; mais il étoit peu guerrier, & plus propre pour le cabinet que pour les armes. Il laiffa de fa femme Beatrix de Portugal un fils nommé Philibert Emmanuel, né le huitiéme de Juillet 1528.

XXXIII.

d'Angle

La mort du roi d'Angleterre qui arriva un mois Parlement avant celle de ce duc caufa de grandes revoluterre & af- tions dans ce roïaume, mais très-favorables à la faire qu'on religion catholique. Le nouveau parlement qu'Edouard VI. avoit convoqué s'étant affemblé le Burnet, premier de Mars de cette année 1553. accorda bift. de a à fon fouverain un fecours d'argent très-confi

y traite.

refor, tom.2.

in 4. l. 1. p. 327.

derable

derable fondé fur la grande diffipation des finances qui s'étoit faite pendant l'administration du duc de Sommerfet. Le clergé marchant fur les traces du parlement, accorda au roi un don gratuit de fix fols par livre à prendre fur tous les biens ecclefiaftiques; & ces chofes étant faites, la cour n'aïant plus befoin de parlement, il fut caffé le trente & uniéme de Decembre.

AN. 1553.

XXXIV.
Vifite des

rie & les

Après la diffolution, le roi nomma des com miffaires pour la vifite des églifes de fon roïauéglifes me. Ils étoient chargez de faire la recherche de Angiel'argenterie, des ornemens, & autres meubles, terre pour de les comparer avec les inventaires qui en avoient l'argenteété dreffez dans les vifites precedentes, & à exa- ornemens. miner ce qui en auroit été detourné. Et afin que, conformément à la volonté du roi, les églifes fuffent honnêtement pourvûes des chofes neceffaires pour l'adminiftration des facremens, ordonna à ces commiffaires de donner à chaque paroiffe ou autre églife, un ou deux, ou plufieurs calices d'argent, felon qu'ils le jugeroient

à

:

on

propos, comme auffi des nappes d'autel, des linges pour la communion & de la toile pour des furplis le refte devoit être vendu comme les anciens ornemens de l'autel, les chafubles, l'excedant de l'argenterie, des joïaux, & la fomme qu'on en tireroit remise entre les mains du treforier de l'hôtel. Cette action fut blâmée par beaucoup de perfonnes qui jugeoient par-là que le roi qui n'étoit encore que dans la feiziéme année de fon âge, avoit de mauvais sentimens touchant les droits des églifes: & ceux qui vouloient épargner ce prince, difoient pour l'excu fer, qu'il avoit figné cet ordre depuis qu'il étoit malade, ce qui l'empêchoit d'examiner les affaires par lui-même.

XXXV.

En effet il étoit attaqué depuis le mois de Jan- Deffein yier d'une fluxion de poitrine, que tous les re- du duc de

medes

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