Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Northum

du roi

de Man

BYO'X.

337

medes qu'on lui fit prendre irriterent, au lieu de AN.1553 la diffiper: ce fut-là le fondement du bruit qu'on berland qui eut foin de répandre qu'il avoit été empoifonprofite de né, foupçon qui ne manqua pas de tomber fur la maladie le duc de Northumberland, qui à la verité proSander de fita de ces conjonctures pour arriver à fon but. fchifm. An- Henri de Gray marquis de Dorfet, qui par les g..2.p. foins du duc avoit été fait depuis peu duc de 297. de la Brad de M. Suffolk, avoit trois filles de Françoife Brandon, fille de Charles Brandon, & de Marie fœur de Henri VIII. qui avoit auparavant épousé Louis XII. Burnet, roi de France. Et comme Northumberland s'étoit hift.de la refor... imaginé que la fucceffion de l'Angleterre les retom. 2. p. gardoit, fi Henri fût mort fans enfans, & qu'il ne falloit point avoir égard à Marguerite foeur De Then, aînée du même Henri, qui avoit épousé Jachift. 1.13. inttio. ques IV. roi d'Ecoffe, & encore moins à fes Slaidan. 1. enfans, parce qu'ils étoient étrangers & nez hors 25.92 du roïaume, il refolut de marier les deux jeunes Pallavicin. hift. conc. filles du duc de Suffolk aux plus grands feigneurs Trid. 13. d'Angleterre; mais il retint pour fon fils l'aînée 6.6.2.4. qui s'appelloit Jeanne, & les nôces de ces trois furent faites à Londres dans le même jour. XXXVI. Ainfi Jeanne Gray fille aînée du duc de SufIl fait trois folk époufa lord Guilford Dudley quatriéme fils mariages à de Northumberland, le feul qui ne fût pas madans le mê-rié: & dans le même tems les deux fœeurs de me jour. Jeanne furent auffi mariées : Catherine qui étoit Sunder. ut la feconde époufa le lord Herbert fils aîné du fup. De Thom'> comte de Pembrok, & Marie la troifiéme fut b.o citato. donnée à un Gentilhomme nommé Keyt. Ces mariages fe firent vers la fin du mois de May, dans le tems qu'on ne pouvoit plus rien efperer de la maladie du roi. Un jour que ce jeune prince témoignoit du chagrin de ce qu'il prevoïoit que Marie fa foeur qui devoit lui fucceder emploïeroit tous fes foins pour ruiner la pretendue reforme, parce que cette princeffe étoit catho

Londres

lique, Northumberland fe fervit de cette occafion pour reprefenter au prince que le moïen d'empêcher ce qu'il craignoit, étoit d'exclure Marie de la fucceffion, & de tranfporter la couronne à Jeanne Gray fa bru.

AN.1553.

refufent de

ronne.

Edouard accoûtumé à fe laiffer conduire, man- XXXVII. da auffi-tôt Montaigu prefident du tribunal avec Les juges deux autres juges, l'avocat general & le procu- dreffer reur general pour dreffer l'acte du tranfport de l'acte du la couronne à Jeanne Gray. Mais dès qu'ils eu- tranfport rent entendu la propofition du roi, ils répondi- de la courent que l'ordonnance qui regloit la fucceffion,' étant une loi du parlement, on ne pouvoit l'éluder. Et comme le prince infifta qu'il demandoit feulement qu'ils en dreffaffent le memoire, ils demanderent du tems pour y penser; & aïant lû l'ordonnance faite la premiere année du regne d'Edouard, par laquelle le parlement declaroit coupables de haute trahison tous ceux qui confentiroient au tranfport de la couronne, ils vinrent declarer qu'ils ne pouvoient faire une action qui les rendroit criminels de leze-majesté: ce qui mit le duc de Northumberland fi fort en colere qu'il leur dit beaucoup d'injures & fut fur le point de les maltraiter. Ces juges furent enco- XXXVIII. re mandez le quinziéme de Juin; & comme ils Edouard reprefenterent que tout ce qu'ils feroient n'auroit V1. declare Jeanne de aucune force fans l'autorité du parlement; le roi Gray fun repliqua avec aigreur, qu'il fe preparoit à le heritiere à convoquer au plûtôt, & qu'en attendant il vouloit qu'ils fiffent l'acte, afin qu'il fut tout prêt Burnet, pour être ratifié. Ces ordres confternerent fort hifl. de la les juges; Montaigu fut le premier qui fe de- reform. 1.1. termina à contenter le roi, vû qu'on lui fit expe-" tom. 2. P. dier un ordre figné du prince pour travailler à ce Sander. de projet & tous les autres à la referve de deux schism. Anou trois, perfuadez que les lettres d'abolition les g. 2 tireroient d'embarras, drefferent l'acte de la tranf- 4. 13.6.6. lation de la couronne.

:

Ainfi

la couron

ne.

341.

Pallavic.

Ainfi le teftament du roi par lequel ce prince AN.1553' inftituoit Jeanae, fille aînée de Henri duc de Suf

XXXIX.

de Nor

Sander.

lib. 2. P.

folk, & en cas qu'elle mourut fans enfans, lui fubftituoit la feconde, fut porté au chancelier pour le fceller, après que tous les juges au nombre de vingt-quatre l'eurent figné; mais on cacha ce teftament au peuple, de peur d'exciter quelques troubles. Thomas Cranmer archevêque de Cantorbery étoit alors abfent; & parce qu'il avoit beaucoup de crédit, on le manda à la cour afin de foufcrire à cet acte, ce qu'il refufa d'abord, ne croïant pas qu'on pût ainfi violer le droit d'une fucceffion legitime fi bien autorifé. Mais aïant été introduit auprès du roi, qui entre plufieurs confiderations importantes qu'il lui fit faire, lui allegua fur tout le danger de la religion; Cranmer fe rendit. Enfin tous les membres du confeil fignerent cet acte le vingt-uniéme de Juin.

Comme la maladie du roi alloit toûjours en Le comte augmentant, le duc de Northumberland, pour thumber- réüffir plus fûrement dans fes deffeins, follicita le land veut confeil de prier la princeffe Marie de venir tenir s'affurer de compagnie au roi, & prendre foin de lui. Le defla princeffe Marie. fein du duc étoit, dit-on, de s'affurer de cette Burnet, princeffe; mais la mort précipitée d'Edouard rombid p. 342. pit fes mefures. Comme Marie étoit en chemin pour fe rendre à Londres, elle fut avertie par 299. un de fes officiers du danger où étoit fon frere, & qu'il n'y avoit point de fûreté pour elle à Londres. Ces nouvelles l'empêcherent d'avancer plus loin; elle fe retira promptement dans fon Château de Kennings-Hall, qui n'étoit pourtant pas fortifiée; elle y refta enfermée jufqu'au moment qu'elle fut informée de la mort du roi, qui arXL. riva le fixiéme de Juillet, âgé feulement de feidouard VI. ze ans, après en avoir furvêcu fept à fon pere. On roi d'An- obferva qu'il mourut le même jour du mois que gleterre. Henri fon pere fit couper la tête à Thomas Mo

Mort d'E

rus

De Thon,

rus, comme fi la mort d'un fi grand homme AN.1553. eût dû être vengée par celle d'un fils de roi. Les Sleidan, in funerailles de ce prince furent differées jufqu'au comment. I. huitiéme du mois d'Août : fon corps, dont on 25. p. 922. avoit ôté les entrailles, fut depofé à Westmin- ibid. ut fup. fter dans l'église de faint Pierre, & mis dans un Sander. l. cercueil fait exprés. Enfuite on le fit garder par 2. pag. 299. douze gentilshommes, qui le veillerent nuit & Belcar. in jour fans cierges & fans torches, jufqu'à ce qu'on 6.3 fit fes obfeques. Et pendant cet intervalle, le duc Pallavicin. de Northumberland, qui s'étoit rendu fort odieux bit. conc. aux Anglois, parce qu'il étoit foupçonné d'avoir avancé la mort de leur roi, travailloit à réüffir dans fon entreprise, pour faire declarer reine Jeanne de Gray fa belle-fille, conformément au testament qu'il avoit fait faire au feu roi.

comment. 1.

Trid. l. 13.

c.6.n.4.

XLI.

La princeffe Marie

& fe plaint.

Dès que la princeffe Marie eut appris la mort de ce prince, elle écrivit du lieu de fa retraite au confeil une lettre, dans laquelle elle marquoit fa écrit de furprife, de ce qu'on ne l'avoit pas informée, fe- fa retraite lon l'ufage, de la mort de fon frere, puifqu'elle au confeil, fçavoit d'ailleurs, qu'elle étoit arrivée depuis trois Burnet, ut jours; que l'on n'ignoroit pas le droit legitime fp. lib. 2. qu'elle avoit à la couronne; que leur negligence tom. 2. . à cet égard lui faifoit comprendre qu'ils avoient De Thou, formé quelque mauvais deffein contre elle; qu'elle. 13. m. 1. penetroit leurs engagemens & leurs deliberations, Belcar.b. qu'elle étoit pourtant difpofée à prendre tout en 26.n. 38. bonne part, & à pardonner à ceux qui auroient recours à fa bonté; que cependant elle les chargeoit de la faire proclamer reine dans Londres. Après avoir écrit cette lettre, elle partit de Kennings-Hall, , pour se rendre au château de Flamlingham en Suffolk, & paffa par la province de Norfolk. Deux raifons importantes la determi nerent à choisir cette retraite ; l'une, que le duc de Northumberland s'étoit rendu très-odieux aux habitans de ce païs, depuis les executions qu'il y

AN.1553. avoit fait faire dans les dernieres revoltes; l'autre, que ce château étant proche de la mer, elle pourroit aifément fe fauver en Flandres auprès de Charles V. fi elle y étoit contrainte par le mauvais fuccés de fes affaires. Dès qu'elle y fut arrivée, elle prit le titre de reine, & après s'être fait proclamer à Norwick, elle écrivit une lettre circulaire à toute la nobleffe du roïaume, pour Pengager à foûtenir les droits de la couronne, qui lui étoit legitimement dûe.

XLII. Jeanne Gray accepte la

Couronne avec beauCoup de peine.

Le duc de Northumberland qui vouloit tenir la mort du roi cachée, voïant fon fecret éventé, la publia le huitiéme du même mois de Juillet, & alla, accompagné du duc de Suffolk, declarer à Jeanne Gray, que c'étoit elle qui devoit monter fur le trône, en vertu de l'acte qu'Edouard avoit fait avant fa mort, & par lequel elle étoit declarée reine. Elle n'étoit alors que dans fa feiziéme année; mais dans cet âge où le jugement commence à peine à fe former, le fien avoit acquis un degré de perfection qui ne fe trouve que très-rarement dans une fi grande jeuneffe. Tous les hiftoriens conviennent que la folidité de fon efprit, à quoi elle joignit une étude continuelle, la rendoit une des merveilles de fon fiécle. Elle entendoit le François, le Latin & le Grec; elle faifoit fes lectures les plus agréables de Platon en Grec; elle eût été digne du trône, fi le droit ou la naiffance euffent pû l'y faire monter; mais la voie par laquelle on vouloit l'y conduire lui parut indigne d'elle, & loin d'en remercier ceux qui lui en porterent la nouvelle, elle répondit à fes parens, qu'elle ne prétendoit pas s'élever aux dépens d'autrui; que la couronne appartenoit à la princeffe Marie, & après elle à la princeffe Elifabeth, & qu'étant inftruite, comme elle l'étoit, du teftament du roi Henri, elle n'avoit garde d'af pirer au trône avant fon rang. Elle representa

tout

« AnteriorContinuar »