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Ils s'affem

pour re

te d'Arondelqui en entama la propofition, il leur Ax.1553 dit entr'autres qu'il étoit tems ou jamais de fe XLIX. délivrer de la tyrannie du duc de Northumberblent chez land; qu'ils avoient affez éprouvé combien il le comte de étoit arrogant, injufte, cruel, infidéle à fes amis, Pembrock & que s'ils étoient affez imprudens pour maintenir Jeanne fur le trône, ils ne feroient par-là qu'appefantir le joug que ce duc avoit déja mis De Thom, fur leurs têtes; qu'il n'y avoit point d'autre bift. 1.13. moïen que de fe declarer pour Marie, & que quand le peuple verroit le confeil prendre ce parti, il ne fe trouveroit plus perfonne qui voulût fuivre la fortune du duc de Northumberland. Ce difcours les perfuada fans beaucoup de peine.

connoître

Marie.

ad hunc an. #.2.

L.

Marie

Auffi-tôt après la refolution prife de faire publiquement proclamer Marie reine, on ne pensa plus qu'aux moïens de l'executer. Quelques-uns furent d'avis de differer cette proclamation, jufqu'à ce qu'on eut écrit à la princeffe pour obtenir d'elle une amniftie de tout ce qui s'étoit paffé. Mais l'opinion des autres qui vouloient qu'on fit la proclamation dans le moment même, l'emporta. On manda auffi-tôt le Maire & les Echevins; on leur communiqua la refolution proclamée reine qu'on avoit prife, & on alla de compagnie avec d'Angle eux proclamer la reine Marie dans la principale ruë de Londres proche l'hôtel de ville. De-là ils Burnet, marcherent vers l'église de S. Paul, pour y chankift. de la ter le Te Deum. Et dès qu'on en fut forti, ils reform. to.2. envoïerent fommer le duc de Suffolk de lui re1.2. p. 358. mettre la tour, & firent dire à Jeanne qu'elle ibid. us fup. cût à quitter le titre de reine, & à fe defifter de Sleidan, 1. Les prétentions. Tout plia fous le nom de Ma5. P. 927 ric dont tout Londres retentiffoit : les peuples 3. p. 304. à cette proclamation, jetta de fi grands cris de Belar.. joie, & fit tant d'applaudiffemens, que le com. 6. 38. te de Pembrock ne pût prefque achever fa commiffion. En même tems l'on fonna les cloches

terre à

Londres.

De Tren,

Sander. 1.

de

de tous côtez, & l'on fit des feux de joïc par toute la ville. Ainfi Jeanne fe vit dépouillée de fa dignité avec beaucoup plus de joie qu'elle ne l'avoit acceptée.

AN. 1553

Northum

Le lendemain le comte d'Arondel & milord Paget allerent trouver la reine Marie qui étoit encore à Flamlingham pour lui faire part de ces nouvelles. Et dans le même tems les confeillers écrivirent au duc de Northumberland, & lui manderent de foufcrire à la refolution, & de congedier fon armée. Comme il avoit prévenu ces ordres, & qu'avant que de recevoir la lettre du confeil, il avoit licentié fon armée, il courut luimême à la grande place de la ville de Cambridge pour y proclamer la reine, & cria comme les autres, vive la reine Marie. Il ne laiffa pas de pa- L.I. roître un peu déconcerté, fe voïant abandonné Le due de de tout le monde; & comme il meditoit de fe berland eft fauver hors du roïaume, les foldats des gardes arrêté avec qui avoient fuivi fon parti fous la conduite de fes enfans Jean Gattes l'allerent trouver, le prirent comme Barnet, il fe bottoit, en lui difant qu'ils vouloient qu'il ibid. p. 359. les juftifiât du crime de leze-majefté par fon pro- Sleidan, p pre témoignage. Le duc voulut faire refiftance, 927. & dit que fa dignité ne leur permettoit pas de biff. concil. mettre la main fur lui, étant general de la cava- Ind. l. 13. lerie, mais ils le contraignirent de venir. Le comte (p.6.n.5. d'Arondel l'arrêta alors au nom de Marie, Belcar. & ́ibid. ut fug. avec lui fon fils le comte de Huntington, Jean' Gattes, Henri Gattes fon frere, Thomas Palmer, & les deux autres fils du duc.

& d'autres.

Northumberland fe voïant entre les mains du comte d'Arondel, fe jetta à fes pieds pour le prier de lui être favorable, mais il fut conduit à la tour avec fes trois fils. Le peuple qui le vit paffer l'accabla d'injures & de reproches, & crioit qu'il étoit le parricide & le bourreau d'un bon prince. On rapporte qu'une femme le voïant paffer

V 2

Pallavicin

paffer lorfqu'on le menoit en prifon, lui alla pre AN.1553 fenter un mouchoir teint du fang du duc de Sommerfet, en lui reprochant que c'étoit lui qui l'avoit injustement fait répandre. Le lende main on arrêta le duc de Suffolck, Jeanne Gray fa fille, Ridley évêque de Londres, Jean Cheeck qui avoit été precepteur du feu roi; enfin on s'affura des perfonnes qui étoient le plus dans les interêts du duc de Northumberland. Ce fut le vingt-feptiéme & le vingt-huitiéme de Juillet qu'on les enferma: mais trois jours après le duc de Suffolck fut remis en liberté, fous promeffe de retourner en prison au premier commande. ment de la reine.

LIL.

Marie fait

De Thom,

Elifabeth qui demeuroit hors la ville, aïant La reine fcû que Marie fa foeur avoit été proclamée rei fon entrée ne, & voïant qu'il s'agiffoit de fon interêt, l'alla Londres. trouver le vingt-neuviéme de Juillet accompa gnée de plufieurs dames avec une escorte de près de mille cavaliers qui s'étoient rangez vers elle ibid. p. 360. pour foutenir l'intérêt des deux fœurs. La reine S'eidan. 1. la reçût avec beaucoup de bonté, & s'étant ar 25. pag. rêtée le premier d'Août à deux lieues de Lon 928.

lib. 13.

Burnet,

dres, elle congedia la plus grande partie de fon armée, & entra dans la ville le troifiéme du mê. me mois avec une grande fuite. Comme elle alla droit à la tour, à peine y fut-elle entrée que Thomas Howard, lord Courtney, Norfolk, la veuve du duc de Sommerfet qui avoit eu depuis peu la tête tranchée, Cudbert Tunftall évêque de Durham, & Etienne Gardiner, évêque de Winchefter, vinrent fe prefenter à genoux devant elle pour implorer fa mifericorde. L'évêque de Winchefter parla pour tous les autres, & après lui avoir demandé pardon, & l'avoir obtenu, ils furent tous mis en liberté, Courtney fut fait comte de Devonshire, & eut beaucoup de part à la confiance de la reine. L'évêque de Winche

fter

4

fter cut la charge de chancelier, quoiqu'il eut foufcrit à l'arrêt rendu contre le divorce de Catherine mere de Marie, & qu'il eut fait imprimer des ouvrages dans lefquels il défendoit la cau. se d'Henri VIII. La reine demeura dans la tour jufqu'au feptiéme d'Août, qu'elle en fortit pour fe rendre par eau au palais de Richemont qui eft à deux lieues de la ville.

AN.1553

Defilein

lique.

Dans le deffein qu'elle avoit de rétablir la vraie LIIL religion dans fes états, elle refolut de faire venir de la reine le cardinal Polus en qualité de legat, afin de re- fur le réta concilier l'Angleterre avec le pape. Mais Gardi-bliffement ner évêque de Winchester, qui étoit regardé de la reli comme un homme d'une grande experience fut in catho d'un autre avis. Il croïoit qu'il falloit détruire la reformation de la même maniere qu'elle s'étoit établie, c'eft-à-dire par degrez; & que pour cet effet il fuffifoit de remettre d'abord la religion fur le pied qu'elle étoit à la mort de Henri VIII. Ce confeil étoit convenable à fes interêts, car il craignoit que fi Polus venoit en Angleterre, il ne lui enlevât la confiance de la reine. Ce fut pour l'en éloigner qu'il écrivit à l'empereur d'exhorter la reine à ne pas aller fi vîte; que le car dinal Polus pouvoit être un obftacle au bien qu'elle prétendoit faire par fon moïen que fon zele exceffif pour le fiege de Rome, étoit capable de tout gâter, que d'ailleurs étant profcrit, tout le roïaume prendroit l'allarme, dès qu'on le verroit paroître fi fubitement. Ce pendant Gardiner ne réüffit pas, & Polus vint en Angleterre en qualité de legat.

> parce

vaille au

Un des premiers foins de Marie fut de faire LIV. faire le procés au duc de Northumberland, avant on tramême que d'avoir fait fon entrée dans Londres, procés de On commença les procedures le dix-huitiéme du duc de mois d'Août, & l'on joignit à ce duc le marquis Northum de Northampton & le comte de Warvik. La reine d'autres.

V 3

avoit

berland &

AN.1553.

De Thou,

hift. 1. 13.

1.2.

avoit nommé le duc de Norfolk pour préfider au jugement de ces trois feigneurs, fous le titre de grand fenechal, quoique l'acte du parlement contre lui, n'eut pas été revoqué; mais la reine Burnet lui avoit accordé un pardon qui fut expedié onze hift. de la form. 1.1. jours après. Les trois criminels aïant été conduits tom. 2. devant les pairs, le duc de Northumberland demanda d'abord fi un homme qui avoit agi fous Sleidan in l'autorité du grand fceau, & par le commandecomment. I. ment du confeil, pouvoit être pourfuivi com25. p. 918. me coupable; de plus fi des perfonnes qui avoient

364. 365.

agi avec lui dans la même affaire, & qui avoient donné les ordres pour l'executer, pouvoient être fes juges. Après une courte confultation, on lui répondit que le grand fceau d'un ufurpateur n'avoit aucune force; que ceux qui y mettent leur confiance, ne font point à couvert des pourfuites de la juftice; qu'aucun des pairs qui affiftoient au jugement n'aïant été ni condamné ni même accufé du même crime, un fimple bruit publié, ou une fimple accufation n'avoit pas affez de force pour les empêcher d'être juges.

Le duc volant les deux fondemens de fa juftification renverfez, abandonna ses défenfes, confeffa fon crime, & implora la clemence de la reine. Le marquis de Northampton, & le comte de Warvick fils aîné de Northumberland prirent le même parti. Les juges les declarerent tous trois coupables: le jour fuivant quatre chevaliers, les deux freres Gattes, André Dudley & Thomas Palmer entendirent prononcer leur fentence fur leur propre confeffion. Mais de ces fept perfonnes condamnées, la cour refolut de n'en faire executer que trois qui furent le duc, Jean Gattes Nicolas & Thomas Palmer. * L'évêque de Worchester Heath qui fut chargé d'aller trouver le duc & de le difpofer archevêque à la mort. Il fe confeffa à ce prélat, & déclara d'Tor.k. qu'il avoit toûjours confervé la créance de l'égli

fut depois

fc

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