Imágenes de páginas
PDF
EPUB
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

"

Et certainement on peut dire qu'elles en furent AN.1553.,, chaffées avec l'obéïffance dûe au faint fiege, ,, & qu'elles n'y rentreront jamais que cette obeïffance ne foit rétablie dans le cœur des rois d'Angleterre. Vôtre majesté m'en peut croire, moi ,, qui pour fon fervice, & pour celui de l'église ai paffé d'affez rudes par épreuves; car jaitou ,,jours recherché avec foin les occafions de fou,, lager vos difgraces. Mais en verité j'ai plus de ,, joie que mes fervices aïent été inutiles, que s'ils avoient eu des fuccés plus favorables; j'en ai reconnu plus clairement l'amour que Dieu porte à vôtre majesté. Il n'a pas voulu que vous ,, cuffiez obligation de vôtre falut ni au pape, ni ‚ à l'empereur, ni à aucun autre prince. Ce n'eft ,, pas que le pape n'ait fait de continuelles inftances auprès de l'empereur pour vous fecourir; à ,, quoi j'ai contribué auffi de tout mon pouvoir; mais Dieu a permis que les chofes aïent tiré ,, en longueur, jufqu'à ce qu'enfin il vous ait luimême fauvée du naufrage. Il en a ufé pour ,, vous, comme il en ufe envers fes ennemis; il les abbreuve d'amertumes, afin que fa grace , jette de plus profondes racines dans leurs coeurs, ,,& qu'elle porte des fruits plus agréables, lorf,, que la faifon des larmes fera paffée. C'est auffi l'efperance que tous les gens de bien ont de votre majefté; moi principalement qui dès l'enfance ai connu les excellentes qualitez dont il a plû à Dieu d'enrichir vôtre ame. C'est ce qui m'oblige à vous parler de l'obéiffance de l'égli,, fe, & à m'informer avec plus d'inquietude que ,, jamais des fentimens de vôtre majesté pour la religion catholique; car j'ai appris en ce lieu qui ,, eft éloigné à cent lieues de Rome, & les lettres de fa fainteté me l'ont confirmé, que vous étiez ,,en poffeffion du roïaume, & qu'elle m'avoit ,, choisi pour fon legat auprès de vôtre majesté,

[ocr errors]
[ocr errors]

"

"

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

,,de

"

رو

[ocr errors]

وو

de l'empereur & du roi de France, pour vous ,, feliciter de la victoire qu'il a plû à Dieu de ,, vous accorder, en une caufe dans laquelle il avoit tant d'interêt. Mais pour m'acquitter mieux de cet important emploi, j'ai crû qu'il étoit à propos de m'informer des fentimens que Dieu vous infpire. Ce n'eft pas que je doute de vôtre vertu; je fçai que jamais vôtre majesté n'a manqué de reconnoiffance envers le créateur, ,,& qu'elle a eu toûjours un très-grand respect » pour fes faints commandemens, au nombre ,, defquels il faut mettre l'obéiffance dûë au faint ,, fiege, dont vous devez principalement appuïer l'autorité: car le roi vôtre pere ne s'en eft fouftrait que parce que fa fainteté ne voulut pas confentir à fes injuftes & honteux defirs. Mais par ce que depuis plufieurs années, il eft arrivé de ,, grands changemens en Angleterre, & que la malice du demon s'eft efforcée de porter les Anglois à fe revolter contre le faint fiege apoftolique; j'ai crû que je devois confulter vôtre ,, majefté, pour apprendre d'elle de quelle maniere je devois me conduire pour rendre ma ,,legation utile & profitable au roïaume. J'ai donc refolu d'attendre votre réponse. Que fi vous me faites la grace de m'écouter, j'efpere de vous ,, faire connoître que la foumiffion à l'église est le fondement de la felicité publique. Du monaftere de Megazeno, le treiziéme d'Août.

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

"

[ocr errors]
[ocr errors]

AN.1553.

au cardinal

On ne fçait pas fi la reine reçut cette lettre LXXIV. avant le depart de Commendon, & fi celle dont Réponse elle le chargea pour Polus en étoit la réponse. Ce de la reine qu'il y a de vrai, eft qu'elle entra fort dans les Polus. vûës du cardinal, lui témoignant Pimpatience Ciacon. in qu'elle avoit de fon arrivée, & la ferme refolu- vit. Pontific. tion où elle étoit de remettre fes fujets fous l'o-0.3.p.630 béïffance de l'églife & du faint fiege; elle le pria. part. 2. d'affurer le pape de fes refpects, de lui deman

dcr

Sander. 1.

AN 1553.

LXXV.

der pardon pour elle, & fa benediction apostoll. que; elle le conjuroit de se mettre au plûtôt en chemin, ne pouvant avoir auprès de fa perfonne un miniftre plus digne, plus capable & plus zelé, qui étoit d'ailleurs fon parent; & que Dieu l'avoit garanti de la fureur du roi fon pere, pour fervir, comme elle l'efperoit, d'instrument à cet ouvrage.

Commendon étant arrivé à Rome, affura le L'arrivée pape des bonnes difpofitions de Marie, dont les de Com-lettres en étoient d'ailleurs un témoignage auten

Rome y

coup de

Pallavic.

mendon à tique. Le confiftoire en témoigna beaucoup de aufe beau-joie, dès qu'il apprit que le roïaume d'Angleterre alloit fe reünir au faint fiege. Les rejouiffances joie. publiques qu'on en fit dans Rome, durerent trois 1.13.6.7. jours. Le pape lui-même celebra la meffe, & dif 1.5. ftribua beaucoup d'indulgences. Cependant fur Ciacon.tom.les inftances de la reine, le confiftoire approuva 3.7.630. que Polus fût nommé legat; mais avant qu'il partit d'Italie, il envoïa à l'empereur un de fes fecretaires nommé Antoine Florebello, pour faire compliment à ce prince fur la promotion de fa coufine au roïaume d'Angleterre, & pour le feliciter fur l'occafion favorable qui fe prefentoit d'exercer fon zele pour le foûtien de la religion catholique dans ce roïaume, & lui apprendre en même-tems le l'avoit nommé pour y être fon legat; & comme il prévoïoit bien que ce prince pouvoit faire des difficultez fur ce dernier parti, il inftruifit fon fecretaire de ce qu'il devoit répondre, & lui dit de reprefenter fortement à Charles que les demarches des Anglois, & leurs empreffemens pour deferer la roïauté à Marie, étoient un préjugé favorable, combien il étoit facile de leur faire embraffer la religion catholique, dont ils fçavoient que leur reine faifoit déja profeffion. Qu'il étoit à propos qu'il y eut quelqu'un dans ce païs pour foutenir les interêts

que pape

du

du faint fiege dans le parlement qui devoit s'affembler au premier jour, & qu'en tout cas, il convenoit que Polus fe mit en chemin, & s'arrêtât fur la frontiere, s'il ne convenoit pas qu'il parût fi-tôt dans le roïaume. Il envoïa auffi Michel Trochmorton pour lui faire part de ce qu'il mandoit à l'empereur, & prendre là-deffus ses mefures.

AN.1553

Sept jours après Commendon fut renvoïé à Polus, pour l'inftruire de tout ce qu'on avoit fait à Rome. Le cardinal le renvoïa chargé d'une de fes lettres au pape, pour lui marquer qu'il ne falloit point ufer de delai dans cette occafion. Ce fut le feptiéme de Septembre; & le quatorziéme du même mois Vincent Parpaille, qui avoit été envoïé à Rome, retourna auprès de Polus, & lui rapporta que le pape remettoit le tout à fa prudence, ou pour partir, ou pour s'arrêter, & lui remit trois brefs, l'un à l'empereur, l'autre à Henri II. & le dernier à Marie; & en même LXXVI. tems lui accordoit la faculté d'ufer de fon pou- L'empereur paroît voir de légat autant que l'exigeroit le falut des s'oppofer peuples, vers lefquels il étoit envoïé. Commen- au départ don avoit fait connoître à Polus de la part du le- de Polus gat Dandini, que l'empereur fouhaitoit que fa le- Four l'Angation fut differée, foit par rapport à la fituation erre des affaires d'Angleterre, où la prefence d'un legat ibid. 1.13. du pape ne ferviroit qu'à mettre le trouble, foit 7. n. 6. parce que le cardinal pourroit être un obstacle au mariage que Charles V. avoit envie de conclure LXXVII. entre fon fils Philippe & la reine, quoique cette Raifons de princeffe eut près de trente-huit ans & que Philippe n'en cut que vingt-fix; mais il ne fut pas Philippe difficile de penetrer les raifons de ce prince. Il fon fis avoit une forte envie de faire ce mariage, afin avec la reid'unir l'empire, l'Espagne & l'Angleterre contre gleterre. la France, dont il étoit jaloux, à caufe des profperitez de Henri II. & il fçavoit que le cardinal

Tome XXX.

X

Polus

Pallaric

Charles V.

pour marier

ne d'An

Polus n'étoit point pour ce mariage, qui lui paAN.1553. roiffoit auffi onereux à l'empereur même, qui alloit par-là s'engager dans de nouveaux embarras, qu'il paroiffoit peu convenable à la reine Marie, qui s'expofoit, felon lui, par cette union à aliener l'efprit de fes fujets, qui pour la plûpart la condamnoient. D'ailleurs Charles V. foupçonnoit Polus d'afpirer lui-même à cette alliance, quoique ce foupçon parût mal fondé, Polus étant diacre. Par ces motifs, il crut qu'il étoit de fon interêt de traverser la légation du cardinal.

LXXVIII.

ce cardinal

13.4.8.

ما .

Cependant Polus partit d'Italie, muni d'une Départ de feconde commiffion du pape, qui étoit de mepour fa le-nager un accommodement entre la France & gation en l'Espagne; & avant fon départ il écrivit à l'emAngleterre pereur pour lui en donner avis. Etant arrivé à "Trente, il reçut des lettres de Penning, qui lui mandoit de Londres qu'il s'étoit entretenu avec la reine en fecret, & qu'elle paroiffoit fi fort empreffée de le voir, qu'elle facrifieroit volontiers la moitié de fon roïaume pour jouir de fa prefence: il falloit fans doute que Polus eût envoïé Penning en Angleterre de fa part, quoique le legat Dandini n'eut pas été de cet avis, & qu'il lui eût fubftitué Commendon. Le même ajoûtoit, qu'il étoit à craindre que les heretiques ne fe foulevaffent, & qu'ils s'étoient rendus formidables par leur fureur & leur orgueil, que la princeffe les apprehendoit fort, & qu'elle ne pouvoit faire une profeffion ouverte de foumiffion à l'églife avant la tenue du parlement; qu'elle le prioit d'attendre qu'elle fût couronnée & facrée, pour qu'el le pût promettre obéiffance au pape; qu'elle obferveroit fur tout dans fon ferment de ne rien dire qui fût contraire à l'autorité du fouverain pontife, & qu'elle ne fouffriroit pas qu'on lui donnåt à elle-même le titre de chef de l'églife Anglicane. Polus répondit à la reine le deuxième

[ocr errors]
« AnteriorContinuar »