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écus d'or : autrement il n'aura que la dixiéme partie de tout ce qui excedera cette fomme. Celui qui revelera à l'inquifiteur quelques affemblées fecrettes, quoiqu'il ait communiqué avec eux, ne fera pas puni, pourvû qu'il foit orthodoxe, & qu'à lavenir il ne fe trouve jamais dans de pareilles affemblées. Les libraires n'imprimeront & ne vendront aucun ouvrage touchant l'écriture fainte, qu'avec l'approbation de ceux qui en font chargez; & ils expoferont dans leur boutique le catalogue des livres cenfurez par l'univerfité de Louvain, afin que ni eux ni ceux qui achetent ne puiffent l'ignorer: & celui qui y manquera, païera cent écus d'amende. Enfin perfonne ne s'ingerera d'enfeigner les enfans qu'avec la permiflion du magiftrat ou de l'évêque, & ne propofera aux jeunes gens qu'une doctrine pure & faine, conformément à la regle donnée par les theologiens de Louvain.

AN.1550.

IV.

eft mal re

cians d'An

vers.

Cet édit fit beaucoup de plaifir à la cour de Rome, qui ne manquà pas de louer le zéle de Ce: édit l'empereur, mais il fut fort mal reçû des Luthe-çû des Luriens, qui en firent beaucoup de bruit; mais la theriens & revolte fut beaucoup plus grande dans les Païs-des negobas, parce que cet édit étoit particulierement' pour ces provinces. Il fema dans tout le pais l'é- Sledan in pouvante & le désespoir, fur tout parmi les né- comment. 1. gocians d'Allemagne & les Anglois qui y étoient 22. p. 784. établis, principalement à Anvers. Ils cefferent tous leur commerce, ce qui fit un très-grand tort à cette ville. La plûpart fe retirerent avec indignation: ceux qui demeurerent, ou vivoient fans continuer leurs premieres occupations, ou ne confultoient plus que leurs interêts particuliers, fans fe mêler de rendre aucun fervice au public. Le défordre fut tel, que la reine de Hongrie gouvernante des Païs-bas, fut contrainte d'aller trouver l'empereur fon frere, pour le prier d'adou

A 3

AN.1550.

reur 'refor

ment.

Sleidan

ubi fura pag. 784.

& 785. De Thon

hift. lib. 6.

n. 8.

d'adoucir la féverité de fon édit, & d'en ôter furtout le terme d'inquifition qui faifoit foulever tous les peuples.

y

V. Charles V. écouta d'abord avec beaucoup de L'empe peine les propofitions de la princeffe, il défendit me fon édit enfuite fon propre ouvrage avec chaleur, & déen faveur clara qu'il ne vouloit point y toucher: mais endes étran- fin preffé par fes vives follicitations, il confentit gers feule à fupprimer le nom d'inquifition, & à révoquer tout ce qui concernoit les étrangers dans cette ordonnance: à l'égard des naturels du païs, il perfifta toûjours dans la résolution de les foumettre & de les forcer à y obéir, en cas de réfiftance. Cette fermeté de l'empereur caufa de nouveaux troubles. Illyricus fit imprimer cet édit traduit en Allemand, & s'éleva vivement contre Iflebe, & les Adiaphoriftes, qui vouloient perfuader au peuple qu'on n'en vouloit point à la religion. Les princes & les états Lutheriens fe trouverent fort offenfez; & comme ils avoient repris courage après que l'empereur cût licentié une partie de fes troupes, ils protefterent hautement contre fon Interim, ceux même qui l'avoient reçû auparavant. Cependant l'empereur étoit parti de Flandres pour fe rendre à Ausbourg, où il arriva le vingt-fixiéme de Juillet; il vint avec le duc de Saxe fon prifonnier, qu'il menoit toûjours avec lui. Pour le Lantgrave, il Pavoit laiffé à Malines fous bonne garde; jufqueslà il n'avoit pas encore voulu rendre la liberté à ces deux princes, quoi qu'il en fût vivement follicité, & ce refus fut caufe que l'électeur de Brandebourg, beau-pere du Lantgrave, & Maurice de Saxe fon gendre, ne fe trouverent point à la diéte d'Ausbourg, quoiqu'ils y euffent été fort follicitez par des lettres particulieres de l'empereur; ils fe contenterent seulement d'y envoïer feurs députez.

La

VI.

diete à Auf

bourg.

La raison pour laquelle Charles V. avoit convoqué cette diéte à Ausbourg, étoit pour faire AN-1550. fçavoir aux états les intentions du pape Jules III. 11 convo pour le bien du Chriftianisme. En confequence que une il avoit écrit aux états de l'empire le treiziéme nouvelle de Mars, & leur avoit mandé que fon deffein' avoit été de retourner en Allemagne dès la fin de De Thom, l'année précedente, mais qu'il en avoit été dé-in hift. 1.6. tourné par les affaires des Païs-bas, & par les ". 8. foins qu'il s'étoit donnez à y faire recevoir fon fils & à le conduire par les villes. Que comme il étoit prêt de partir, il avoit appris la mort de Paul III. ce qui lui avoit fait differer fon voïage jufqu'à ce que le fiege vacant fût rempli. Qu'enfin Jules III. avoit été élû, & que fur les lettres qu'il avoit reçûës de ce nouveau pape, il avoit lieu de beaucoup efperer de fon zéle & de fa pieté. Qu'il les prioit donc, & leur ordonnoit même de s'y trouver tous dans le mois de Juillet, fans pouvoir alleguer aucune excufe que celle de la maladie, dont il falloit qu'ils donnassent des affurances par leur ferment, & que fi une veritable indifpofition ne leur permettoit pas d'y affifter en perfonne, ils y envoïaffent leurs députez avec plein-pouvoir de traiter de leur part, afin les réfolutions qui fe devoient prendre fur les affaires, ne fuffent point differées.

que

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VII.

tient une

aux de

En effet le pape Jules III. auffi-tôt après fon élection, avoit affemblé le facré college dans une Le pape congregation de cardinaux & d'évêques, les mê- congregames qui avoient été choifis par Paul fon préde- tion pour ceffeur, à l'exception du cardinal Cervin, qui répondre étoit alors dangereufement malade: dans cette mandes de affemblée il fut réfolu que le pape envoïeroit j'empePierre de Tolede à l'empereur, & l'abbé Roffette eur. au roi de France, pour le remercier de la part qu'ils avoient prife à fon élection, leur témoigner 11. c. 8. fa bien-veillance paternelle, & les exhorter à la n. 2. c.7. paix, n. 1.2.

A 4

Pallavicin.

hift. concil.

AN.1550. Paix, l'unique remede pour foulager l'églife affliAN.1550.gée. Celui qui fut envoié au roi de France fut chargé en particulier de lui parler de Parme. Le pape avoit rendu cette ville à Octave Farnefe, felon qu'il l'avoit juré dans le conclave avant fon élection, & lui avoit affigné deux mille écus par mois pour la défendre. Il avoit eu foin auffi de dédommager Camille Urfin des dépenfes qu'il avoit faites en gardant cette ville, & lui avoit fait compter vingt mille écus. Cette conduite, dont le roi de France étoit déja informé, n'avoit pas plû à ce prince. Le pape avoit tout lieu d'en être perfuadé; & c'étoit pour l'appaifer qu'il chargea l'abbé Roffette de témoigner au roi, qu'il n'avoit pû fe difpenfer de faire cette reftitution, s'y étant engagé par ferment dans le conclave, & qu'il ne l'avoit faite que pour établir la paix & la concorde entre des freres, ôter tout prétexte de guerre, & empêcher l'empereur de fe rendre maître de cette ville. Les ordres de Tolede pour l'empereur étoient de témoigner à ce prince, que le pape étoit tout-à-fait difpofé à affembler le concile pour rétablir la religion & la paix, fi de fon côté il vouloit éloigner tous les obftacles qui pouvoient arrêter une fi fainte œu

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pe pour

vre.

Ces députez étant partis,, Mendoza ambaffaRefolu- deur de Charles V. à Rome, reçut vers le milieu sion du pa- du mois d'avril des ordres de fon maître, pour raffembler preffer le pape de rétablir le concile dans la ville concile le de Trente, & recevoir de lui une réponse Pallavicin, précife, par laquelle il s'expliquât nettement id, ut fup, fur les conditions qu'il vouloit exiger afin de les faire agréer aux Proteftans d'Allemagne, & de ne pas demeurer davantage dans l'incertitude & dans le doute. Jules informé des demandes de l'empereur par Mendoza, affembla tous les cardinaux, & en attendant qu'on eût pris

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là-deffus fon parti, il rappella d'Allemagne Sebastien Pighin, archevêque de Siponte, pour être mieux inftruit de l'état prefent des affaires de l'empire par rapport à la religion, dans l'efperance d'y renvoïer dans peu le même prelat rejoindre Lippoman & Bertanus, qui reftoient auprès de l'empereur. Quoique les fentimens fuffent affez partagez dans ce confiftoire, on convint cependant après plufieurs confultations, que la demande de l'empereur étant couverte du fpecieux prétexte de reduire l'Allemagne fous l'obéiffance du faint fiége, & de la ramener à la religion Catholique ce feroit fcandalifer le public que de ne la pas écouter ; & que de refuser de rétablir le concile à Trente, ce feroit dire tacitement qu'on ne le vouloit pas continuer. On conclut donc qu'il falloit écouter favorablement les demandes de Charles. Ce parti parut le meilleur au pape, pour éviter toutes les mortifications que l'empereur auroit pû lui caufer; outre que s'il eût voulu affembler le concile à Boulogne, il eût fallu décider auparavant la caufe de la tranflation que Paul III. avoit évoquée à fon tribunal. Et c'eft ce qu'on vouloit éviter.

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AN.1550.

IX.

Cette re

au fenti

ment des

Cependant avant que de publier fa résolution, il affembla les cardinaux avec quelques évêques, folution eft la plupart Imperiaux, & d'autres de fes confidens, conforme pour leur propofer les demandes de l'empereur, leur ordonnant à tous de dire librement tout ce cardinaux qu'ils croiroient felon leur confcience être du fer- & évêques, vice de Dieu, à l'avantage de la religion, & du Pallavic. faint fiege; & qu'en cas qu'on jugeât convenable d'accorder à l'empereur ce qu'il fouhaitoit, on trouvât les moïens de le faire avec honneur & fureté. Tous opinerent de même que dans la premiere affemblée, que le pape devoit continuer le concile, ainfi qu'il l'avoit promis dans le conclave & depuis fon exaltation, & qu'il fal

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loit

lib, 11. c.8.

n.5.& 6.

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