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AN.1553.

XCII.

crit pour

Servet.

en trouve deux à Paris, un imparfait dans la bibliotheque du roi, & l'autre entier étoit dans la bibliotheque de M. Colbert.

Calvin qui fentoit bien que la conduite qu'il Calvin é venoit de tenir à l'égard de Servet, mettroit les juftifier fa Catholiques à couvert du reproche que les Proconduite à teftans leur faifoient frequemment, d'allumer l'égard de par tout des feux pour brûler les heretiques, & Apud Cal- Volant même que beaucoup de fes confreres en vin. epift. murmuroient, fit un livre dans lequel il entreprit 173. 187. de juftifier fon procedé, & le fit approuver par Melanchton & par Bullinger, qui étoient alors Throd Be- les deux principaux chefs des Lutheriens en Alx de hare- lemagne & des Zuingliens en Suiffe. Mais quoisicis à civili qu'il ait pû alleguer dans cet écrit fa juftipour fication, Grotius n'a pû s'empêcher de remarquer que cette condamnation de Servet par les magi

214.

Libellus

magiftratu

puniendis adverfus

Martin Arats de Geneve étoit d'une confequence trèsraginem & fâcheuse pour les Calviniftes de France

Billii Far

BOVOTAM

Grotins

, qu'on

pouvoit traiter fur le même pied, fans qu'ils academico- ofaffent fe plaindre. Theodore de Beze qui a vourum fectam. lu auffi juftifier Calvin dans la vie de cet herefiar wotum pro que, dit que Servet ne fut condamné que compace eccle- me un monftre d'impieté, & non pas comme fiaftica. un heretique ou un fectaire; comme fi le preBeza in mier chef de l'herefie ne confistoit dans l'imad bun an. pieté contre Dieu en lui-même, & dans fes divines perfonnes : & comme fi Calvin n'eut pas erré fur la divinité en bien des manieres, en même tems que fur une infinité de points de difcipline qu'il traitoit d'institution humaine contre toute la tradition.

vit. Calvini

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pas

XCIII. Il y eut beaucoup de troubles en Orient dans Meurtre cette année par la mort des deux fils de Soliman, des fils de & de la difgrace du grand Vizir. Mustapha étoit l'empereur l'aîné des enfans du grand Seigneur, prince le De Thou, mieux fait, le plus adroit & le plus vaillant qui bift. 1. 12, eut paru depuis long-tems dans la famille Otto

des Turcs.

mane

mane. Son pere qui l'avoit eu d'une Georgienne ou Circaffienne lui avoit donné les gouvernemens Sleidan. 1. AN.1553. de la Magnesie, de la province d'Amafée, & de 25. p. 936. la Carahemide de Mefopotamie, fur les confins Belcar. in de la Perfe. Il avoit plufieurs freres qui étoient comment. L fes cadets, Selim, Bajazet & Ziangir qu'on fur- 26. .40. nommoit le Boffu, parce qu'il l'étoit en effet, tous trois enfans de Roxelane que Soliman avoit époufée; & qui voulant voir l'aîné de fes fils fur le trône, fit tant par fes careffes & par les follicitations du Mufti qu'elle avoit gagné, auprès du Sultan, qu'il confentit à fe défaire de Muftapha, qui étant fort aimé des Janiffaires, étoit deja regardé comme le fucceffeur à l'empire. Ce prince étoit à Carahemide fur les confins de la Mefopotamie avec fa mere: & fur les ordres de Soliman il partit auffi-tôt pour le venir trouver. Mais à peine fut-il entré dans fa tente, que les muets l'arrêterent & l'étranglerent fur la fauffe accufation qu'il avoit fait alliance avec le roi de Perfe pour détrôner fon pere. On fe faifit auffi de fon gouverneur qui eut la tête tranchée. La mort de Mustapha caufa une fi grande confternation parmi les gens de guerre, que comme des furieux ils fe tuoient les uns les autres, & que plus de deux mille demeurerent fur la place. Soliman pour les appaifer dépofa le grand Visir Rustan qu'on croïoit être la caufe de ce meurtre, & mit le Bacha Achmet en fa place; mais ce ne fut pas pour long-tems.

plem. annal.

Cette mort fut fuivie d'une autre. Soliman aïant Leuncla appellé dans fa tente Ziangir le troifiéme des fils vius in sapde Roxelane, & fort uni avec Muftapha, il y ac- Ture, Natacourut, dans l'efperance d'embraffer fon frere lis 1.7. dont il avoit appris l'arrivée. Mais l'aïant trouvé Belcar. mort & étendu par terre, il fut fi touché de ce 26. n. 41. fpectacle, qu'après avoir vivement reproché à fon perc fa cruauté & fa barbarie, il prit fon

poignard, fe l'enfonça dans le fein, & expira fur AN.1553. le corps de fon frere. Soliman fut fi fenfible à ces malheurs, qu'il voulut les cacher & faire accroire que Ziangir étoit mort fubitement. Dans la crainte que les Janiffaires ne se revoltassent contre lui, il alla fe renfermer dans Alep, & après y avoir paffé quelques jours, il defcendit avec fon armée dans la Palestine, & quand il fut à quatre journées de Jerufalem, il retourna à Alep, fur la nouvelle que les Perfes aïant appris la mort de fes enfans, s'étoient jettez dans la province d'Amafée, & mettoient tout à feu & à fang. Sur ces entrefaites un des valets de chambre de Soliman croïant apprendre une nouvelle agréable à Selim qui étoit en Caramanie, & que la fucceffion regardoit après la mort de fon frere, l'alla trouver en diligence: mais Selim loin de lui faire un bon accueil, le fit auffi-tôt mourir, comme porteur d'une funefte nouvelle, parce qu'il aimoit beaucoup fon frere. Soliman quelque tems après fit encore étrangler Mahomet fils de Muftapha âgé d'environ quatorze ans, afin que Roxelane ne douta plus que fes enfans ne dûffent être fes fucceffeurs.

Les peuples qui avoient aimé Mustapha, prirent refolution de venger fa mort fur Roxelane, en le faifant revivre dans une perfonne qui le reprefentât. Ils communiquerent leur deffein à Bajazet, l'un des fils de Roxelane qui pretendoit à la couronne à l'exclufion de Selim. Bajazet y confentit, & choisit un de ses esclaves, dont les traits du vifage, & la taille favorifoient cette entreprife, & le rendoient fort femblable à Muftapha. Ce prince fuppofé partit avec peu de gens, dans cette année 1553. feignant de s'éloigner pour éviter la colere de fon pere, qui ne manqueroit pas de faire fur fa perfonne, ce qu'il avoit, difoit-il, executé fur un efclave qu'il avoit envoïé

à fa place, & que Soliman avoit pris pour fon fils. Ses officiers declaroient comme un fecret, que ce Seigneur qu'ils accompagnoient étoit le fils du grand Seigneur; & ce fecret devint bientôt une chofe publique. Les gens de guerre qui reveroient le nom de Mustapha, l'allerent trouver, & fe laifferent ébloüir par la magnificence de ce pretendu prince. Soliman donna ordre auffitôt à tous les Gouverneurs d'arrêter ces factieux, & envoïa un de fes Bachas nommé Pertau avec

l'élite de fes troupes, pour fe faifir de ce faux prince. Pertau affifté de toutes les milices, n'eût pas de peine à le prendre & l'amener à Conftantinople, où par la force des tourmens, il avoüa toute la verité du fait. Roxelane obtint le pardon pour fon fils Bajazet, à qui Soliman se contenta de faire une fevere reprimande.

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AN1553.

Promo

Jules 111.

Ciacon. in

1. 47. 0

Le pape Jules III. fur la fin de l'année le vingt- XCIV. deuxieme Decembre fit une promotion de quation de qua tre cardinaux le premier fut Pierre de Talavia tre cardid'Arragon Sicilien, d'une des plus diftinguées naux par familles de Palerme, qui étoit déja archevêquel de cette ville, après avoir gouverné l'églife de, vit. Pant. Gergenti pendant plus de douze ans. Il fut car- tom. 3. p. dinal prêtre, avec le titre de faint Callixte. Le783. & feq. fecond fut Robert de Nobili, petit neveu du Raynald. pa- ad bunc an. pe, & autant illuftre par fa vertu que par fa naiffance. Il n'avoit qu'un peu plus de douze ans.48. étant né le cinquiéme de Septembre 1541. dans la ville de Montepulciano, & fut cardinal diacre avec le titre de fainte Marie in Cofmedin. Le troifiéme, Louis de Guife fils de Claude premier duc de Guife & comte d'Aumale, & d'Antoinette de Bourbon, frere cadet du cardinal de Lorraine archevêque de Rheims : Loüis étoit archevêque d'Albi quand il fut nommé cardinal diacre du titre de faint Thomas, & fut ensuite archevêque de Sens, & évêque de Metz. Enfin le

qua

quatriéme fut Jerôme Simoncelli, d'Orviette en AN.1553 Italie, petit neveu du pape, fa mere étant fille de Baudouin de Monté. Il fut cardinal diacre d'abord du titre de faint Cofme & faint Damien, puis de faint Prifque; quelque tems après le pape le fit cardinal prêtre du titre de fainte Marie au-delà du Tybre. Il fut évêque d'Orviette sa patrie & de Porto.

XCV.

cardinal

Maffei.

dit. ad Cia

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dinaux.

6.16. n.3.

.

Il y eut auffi quatre cardinaux qui moururent Mort du dans le cours de cette année, fçavoir; I. Bernardin Maffei né à Rome l'an 1514. de Jerôme Cracon ibid. Maffei, & d'Antoinette Mattheïa; il fit de grands 30.3. p. 737. progrés dans les lettres, & devint poëte, oraAndr. Viteur, hiftorien, & habile dans la connoiffance dorel in ad- de l'antiquité. Avec ces grands talens, il frequen ta les plus celebres univerfitez, & s'attira l'eftiAubery me des fçavans. Paul III. charmé de fon élovis des car- quence, le mit d'abord auprès du cardinal AlePallavicin. xandre Farnese fon neveu, enfuite le fit fon fewift, concil. cretaire, peu de tems après chanoine de l'église Trid... du Vatican, puis évêque de Maffa, de Forimpopolo & de Caferte. Enfin il le créa cardinal le huitiéme d'Avril 1549. Maffei qui n'avoit pas encore trente-cinq ans, répondit à l'attente qu'on avoit conçue de fa vertu, & de fa prudence, & il eut toûjours beaucoup de pieté, de modestie, de temperance & de douceur jufqu'à la fin de fa vie. Il fut étroitement uni avec faint Ignace le fondateur de la compagnie de Jefus, & l'aida à obtenir du pape l'exclufion des dignitez ecclefiaftiques pour les disciples de ce Saint. Maffei a laiffé plufieurs ouvrages qui font des preuves de fon érudition; des commentaires fur les épîtres de Ciceron, l'hiftoire des infcriptions & des anciennes medailles, quelques oraifons & un grand nombre d'épîtres. Il mourut le feiziéme de Juillet 1553. âgé feulement de quarante ans il fut enterré à fainte Marie fur la Minerve dans la chapelle des Maffées. II. Jean

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