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exercices

pofitions que l'on difoit être tirées de ce livre, & qui étoient denoncées comme témeraires, offen- AN.1553. fantes les oreilles pieuses, contenant évidemment (irituels des herefies, & meritant d'être cenfurées. Surd'Ignace. cette dénonciation, on confulta l'univerfité de Orlandin. bift, fociet Salamanque, & trois docteurs furent nommez Fel. 13• pour examiner le livre & en porter leur juge- n. 33. ment. Ces trois étoient un Chanoine de Cuença Bouhours, vis de fains nommez Alphonfe Vergara, le docteur Jean Ignacel. 5. Cofta & Barthelemy Torrés: ces deux derniers. 394. furent dans la fuite évêques, l'un de Leon, & l'autre des Canaries. Torrés aïant rendu un témoignage favorable au livre des exercices, on ceffa les procedures, & les Inquifiteurs devinrent euxmêmes les apologiftes du livre.

Le pape

Oriandin.

Mais dans le même tems Ignace & fa com- CXVIII. pagnie eurent à effuier une autre tempête qu'ils eft fort irregarderent comme plus terrible que celle quirité contre venoit de s'exciter en Espagne contre le livre des la compa exercices. Charles V. fuivant un decret du con-gnie. çile de Trente avoit ordonné la refidence à tous at fup.l.14. les beneficiers de fes états d'Espagne. Ceux quis.io. étoient à Rome, & que ces ordres regardoient Baillet, directement, allerent fe plaindre au pape que cet- vie de faire Ignace tom, te entreprise de l'empereur attaquoit les droits du 2. in fol. p. faint fiége, & au lieu de fe foumettre fans mur-451. murer à une loi qu'ils auroient dû prévenir en faifant leur devoir, ils firent tant de bruit que le pape eut la foibleffe de s'en plaindre avec eux. L'empereur dans fa réponse foûtint les ordres qu'il avoit donnez, & qui étoient conformes aux faints canons, & fa fermeté ne fit qu'irriter le pape qui ne trouva pas bon qu'un prince laïque le rappellât ainfi lui-même aux décifions d'un concile auquel il avoit affifté en qualité de legat, & dont il devoit par confequent connoître les définitions. Et comme on difoit que les auteurs de l'édit imperial étoient les Jefuites qui commen

çoient

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çoient à tout gouverner dans cette cour, Jules AM.1553 s'emporta contre eux; & les éloigna de fon palais avec des marques d'indignation. Ignace qui auroit pû fuppléer à ce qu'on avoit lieu d'atten dre du cardinal, étoit alors dangereufement malade, & hors d'état de pouvoir parler au pape; il fallut donc que la focieté fouffrit cette humiliation, jufqu'à ce que Ferdinand roi des Romains aiant écrit à Jules III. lui eût mandé qu'il le prioit de voir le General de la focieté des Jefuites à qui il avoit communiqué un fecret important, ce qui donna lieu au pape de faire appeller faint Ignace qui fe rendit à fes ordres dès qu'il fut convalescent. CXIX. Jules le reçut fort bien, & aiant égard à l'état Ignace va de foibleffe où fa maladie l'avoit laiffé, il ne voulut pas permettre qu'il lui parlât à genoux ni pape & Pappaife decouvert; ils s'entretinrent debout, & la conen faveur verfation aïant roulé d'abord fur les ordres du de fa com-roi des Romains, fur lefquels Ignace fatisfit pleiOrlandin. nement le pape, il tomba enfuite fur fa focieté, bid. l. 14. & la justifia fi bien fur tous les mauvais bruits 3.11. qui avoient couru, que Jules III. reprenant fes 1.5.7.402. Premiers fentimens favorables à la compagnie, juiv. affura le general qu'il lui rendoit fon amitié, & que pour donner au college Romain des témoignages de fa bienveillance, il lui promettoit deux mille écus d'or tous les ans ou la premiere abbaïe vacante. Enfuite lui aïant demandé fi la maison profeffe avoit de quoi vivre, Ignace répondit qu'ils ne manquoient de rien, quoiqu'ils vêcuffent d'aumônes, & qu'ils feroient toûjours affez riches s'ils avoient fes bonnes graces; Jules flatté par cette réponse fit appeller fon camerier, lui ordonna de faire entrer le pere toutes les fois qu'il fe prefenteroit fans le faire attendre, quand même il feroit avec des cardinaux; & le lendemain il envoïa cinq cens écus d'or par aumône à la maifon profeffe.

pagnie.

Boubours,

AN.1553.

CXX.

Ignace aïant remarqué que plufieurs des fiens fe livroient à des aufteritez exceffives, & que d'autres charmez des douceurs de la vie contem- Ecrits de plative negligeoient tout-à-fait l'étude, voulut re- S. Ignace medier à ces abus, & compofa pour ce fujet un furl'obeïflong difcours en forme d'épître, fous le titre de la la modevertu d'obéissance, adreffée principalement aux ftie.

fance & fur

Boubeurs,

Portugais, pour remettre dans les voies ceux vie de faint qu'une devotion mal reglée avoit égarez. Com-Inace 1.5 me il fongeoit à tout, & qu'il étoit perfuadé quep. 397. la modestie des religieux ne fert pas feulement à édifier & à gagner les feculiers mais à contenir auffi les religieux mêmes dans leur devoir, il compofa des regles particulieres touchant la bienfeance exterieure. Ces regles qui ont pour titre, de la modeftie, font renfermées en treize articles, & defcendent dans le détail des moindres choses. Mais le foin qu'il avoit de conferver la vertu & la reputation de fes difciples parmi les emplois differens où les engageoit le falut des ames, lui fit faire un reglement beaucoup plus important qui fut publié dans tout l'ordre. Ce fut qu'aucun de fa compagnie n'allât jamais voir les femmes tout feul, même celles qui feroient de la premiere qualité, ou qui feroient fort malades; que s'entretenant avec elles, ou les confeffant, menageât fi bien les chofes, que le compagnon vit tout, fans rien entendre néanmoins de ce qui devoit être fecret. Et afin qu'on fçût combien il avoit ce reglement à cœur, aïant appris qu'un pere de la compagnie avancé en âge, ne l'avoit pas obfervé dans une rencontre, il fit affembler huit prêtres dans une fale, & voulut que pable se donnât la difcipline en leur prefence, jufqu'à ce que chacun de ces prêtres eut recité un des fept pfeaumes de la penitence.

on

le cou

Cette nouvelle focieté continuant toûjours à CXXI. s'étendre & à faire quantité d'établiffemens, le

pape

Divers établiffe

1

AN.1553. Pape réfolut de l'établir à Jerufalem, à ConstanAtinople & dans l'ifle de Chypre. On commença focieté. d'enfeigner la philofophie & la theologie dans le Orlandin college Romain; celui de Florence fut fixé, aufsiin hift. feciet bien qu'un autre à Perugia. Laînez en commença ▲ 3.& 14' un autre à Genes; il y eut un établissement dans

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l'ifle de Corfe, à Mont-real; Canifius inftitua une academie à Vienne en Aûtriche, Antoine Corduba en fit une autre à Cordoue, Herman Alvarez à Avila; on bâtit à la focieté une église à Barcelone, une maison profeffe à Lisbonne en Portugal, où l'on commença à enfeigner dans le college de faint Antoine, auffi-bien qu'à Ebora dans le même roïaume. Ignace envoïa auffi des ouvriers dans le roïaume de Congo, & dans le Brefil, où ils firent de grands progrés; enforte que Nobrega fut declare provincial du Brefil. Le roi de Portugal preffa le pape de choisir pour l'Ethiopie un patriarche & des évêques dans la compagnie de Jefus; & l'affaire fut conclue fous Jules III. qui nomma Jean Mugnez André Oviedo, & Melchior Carnero; le premier fut patriarche, le fecond évêque de Nicée, & le troifiéme évêque d'Hierapolis. Ils partirent tous avec dix compagnons que leur donna Ignace, & un commiffaire apoftolique nommé Gafpar Barzée, & furent chargez d'une lettre qu'Ignace écrivit au roi des Abyffins. La lettre eft datée de Rome le vingt-huitième de Fevrier de l'année 1554. il y eut dans la même année un college à Tivoli, un autre à Lorette, & à Syracufe, & l'on établit trois provinces en Espagne, celles de Caftille, d'Arragon, & de la Boetique, dans chacune on mit des provinciaux. Enfin il y eut un college à Valence en Espagne, & un autre à Placentia en Espagne, fans parler des commencemens qu'on fit d'un autre à Seville, de même qu'à Grenade.

LIVRE CENT CINQUANTIEME.

AN.1554

tion du car

Ciacon. in

Pallavic.

hift. conc.

Uelque zele qu'eût le pape pour établir la 1. religion chrétienne en Ethiopie par l'envoi Occupa des miffionnaires dont on vient de parler, il ne dinal Polus negligeoit pas les affaires d'Angleterre qui prirent à Bruxelune meilleure forme dans cette année 1554. Leles. cardinal Polus étant arrêté à Bruxelles, jufqu'à vit. Poli. l'accompliffement du mariage de la reine Marie tom. 3. p. avec Philippe d'Espagne, n'y demeura pas oifif; 631. comme il n'étoit point porté à ce mariage, il reprefenta à Charles V. avec toute fon éloquence, Trid. 1.1 3. combien il lui feroit utile de n'y point penfer,.8. n. 7 & à quels perils le roïaume d'Angleterre alloit être exposé par un tel mariage, qui ne pouvoit être agréable, ni aux Catholiques, ni aux Proteftans. Mais l'empereur qui avoit cette affaire extrémement à cœur ne l'écouta pas, & lui permit feulement de faire un voïage en France pour travailler à la paix, entre lui empereur & le roi de France. Charles V. auroit volontiers accepté une tréve, & elle lui eût été fort avantageuse, pour rétablir fes affaires dans les Païs-bas: mais par la même raison, cette tréve n'étoit pas avantageufe au roi Henri II. il fçavoit que l'empereur ne se portoit pas trop bien, ni de corps ni d'efprit, que fes goûtes lui avoient ôté l'ufage d'un bras, & retreci les nerfs d'une jambe, que la même cause qui lui ôtoit l'ufage de fes membres, jointe au chagrin du mauvais fuccés de fes affaires, & peut-être heritier des accés de Jeanne sa mere, lui avoit tellement alteré le cerveau, qu'il ne dormoit prefque plus, & ne faifoit autre chose nuit & jour, que de monter & démonter des horloges dont la chambre étoit toute pleine. Ce qui faifoit douter du fuccés de la négociation de Polus.

Cc

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