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D: Thon

fant le dogme de la prefence réelle & de la tran- AN.1554 fubftantiation; qu'il prouva par les paroles de l'in- Burnet, ftitution même de l'Euchariftic. D'autres oppo- hift. de la ferent à Cranmer la tradition, & la créance dereform. 1.2. jufe l'églife des premiers fiecles, à quoi il répondit?. 42. par des paffages des faints peres, que les Prote- 9 426. ftans expliquerent à leur ordinaire dans un fensibid, as fup. forcé, & fort contraire au fentiment de l'églife. Ridley parut le lendemain, & commença à par ler des motifs qui l'avoient engagé à embraffer la reforme; enfuite il vint à la prefence réelle, pour la combattre felon fes principes; mais il fut interrompu par Smith. Ridley repliqua, & la difpute dura affez long-tems, jufqu'à ce que Wefton ennuié de les entendre, leur ordonna de fe taire, parce que le Proteftant témoigna trop de: chaleur fans venir au fait. Enfin Latimer commença le troifiéme jour par avouer, qu'aïant perdu depuis vingt ans l'habitude de parler latin, il ne vouloit point difputer, & qu'il fe contenteroit d'expofer fes fentimens; ce qu'il fit en peu de mots. L'après-midi on les amena tous trois dans une églife, pour leur declarer qu'aïant été vaincus, ils devoient figner les dogmes que tout le clergé avoit fignez; & fur leur refus, ils furent non-feulement condamnez comme heretiques & fauteurs d'heretiques, mais on les declara excommuniez, & retranchez de la focieté des fidéles; les actes de cette conference furent recueillis par des notaires.

du pape à

Pendant que toutes ces chofes fe paffoient en xvII. Angleterre, par rapport à la religion, Philippe Nonce faifoit fes préparatifs pour fe rendre à Londres. Charles V. Le pape avoit envoïé à l'empereur le nonce Moz- fur le ma zarel Dominicain, pour le feliciter fur ce maria-riage de Philippe. ge de fon fils, l'affurer de la droiture & de l'in- Pallavicin tegrité de Polus, & l'exhorter à la paix. Le pa- hift. encil. pe avoit déja envoïé Zacharie Delfino vers Fer Trid.b. 13. dinand. 8.*. 8.

AN.1554

XIX.

dinand, pour l'engager à travailler à cette paix, & remontrer à ce prince le préjudice que fouf. froit la religion de l'édit de Paffaw; car le but que fe propofoit le pape, étoit de conferver cette partie de l'Allemagne qui demeuroit encore attachée à la religion catholique, & de tâcher de ramener l'autre où dominoit la religion Proteftante. C'étoit dans le même deffein qu'il avoit établi le college Romain pour y élever de jeunes ecclefiaftiques Allemands, qui retournez dans leur patrie, s'appliqueroient à combattre l'herefie. Cependant le prince Philippe impatient d'acPhilippe complir fon mariage, aïant appris que tout étoit part del pagne & tranquille en Angleterre, & que les vingt vaifarrive en feaux Anglois qui le devoient escorter, avec vingt Angleter- autres vaiffeaux Espagnols étoient prêts, s'embarqua le dix-feptiéme de Juillet en Galice, avec un vent de midi, & trois jours après, c'est-àdire le vingtiéme du même mois, il arriva au port de Southampton. Dès qu'il fut à terre, il tira fon épée hors du fourreau, & la porta nue pendant quelque tems, foit que ce fut une des Sleidan. in coûtumes de fon païs, foit qu'il eût deffein de comment témoigner qu'il étoit prêt de défendre la nation 25.p.937. Angloife. Cependant quelques-uns mal intention

re.

De Thots, bift.l. 13. Barnet,

hift. de la reform.

tom. 2. 1.2.

P. 429.

l.

nez, donnerent un mauvais tour à cette action, & publierent que le prince avoit voulu faire entendre aux Anglois, qu'il prétendoit les gouverner par l'épée. Le maire de Southampton lui prefenta les clefs de la ville, qu'il reçût, & les rendit enfuite fans dire un feul mot, & fans donner la moindre marque de fatisfaction : cette gravité Efpagnole déplût aux Anglois, qui ont accoûtumé de voir leurs fouverains agir avec des manieres plus affables.

XX. Reception La reine avoit envoïé au-devant de lui Paget, qu'on lui les comtes de Rotland & d'Arondel avec le fais dans garde des fceaux fecrets, le grand tréforier du

AN.1554.

се голац

roïaume, & tous les chevaliers de l'ordre de la Jarretiere. Le marquis de las Navas, qui étoit depuis quelque tems ambaffadeur auprès de la me. reine s'y trouva auffi. Ils prefenterent au prince De Thom, un collier de l'ordre de la valeur de quarante mil-bd. le livres fterling; & le lendemain il fut reçû dans, 8. un vaiffeau magnifiquement équippé, que la reine avoit envoié pour prendre Philippe. Ce prince étoit accompagné du duc d'Albe, de fon grand chambellan Ruis Gomez de Sylva, d'Antoine de Tolede, & de Pierre de Lopez. Lorsqu'il fut à terre, il monta fur un cheval superbement paré, qu'on tenoit prêt pour cela, & alla droit à la cathedrale, où il fit chanter le Te Deum. Le lende main matin Philippe envoïa à la reine qui l'attendoit à Winchester, fon grand chambellan, accompagné de deux grands d'Efpagne pour la complimenter, & lui porter un prefent de pierreries eftimé foixante & dix mille piftoles. Le prince vint enfuite trouver la reine à Winchester, accompagné de ceux de fa fuite, des grands feigneurs d'Angleterre, & d'un grand nombre de gentilshommes de la nation.

Son ma

fter.

Ce fut-là que le mariage de Philippe & de Ma- XXI. rie fut celebré, le jour de faint Jacques vingt-riage avec cinquiéme Juillet. La reine attendoit le prince la reine fur un grand amphitheatre qu'on avoit dreffé, Marie à Philippe l'aborda, & après l'avoir faluée & cm- Winchebraffée, il la conduifit par la main environ qua- Sander. tre pas, jufqu'au trône où elle s'affit, & fon fu- hift. de tur époux à côté d'elle fur un autre trône. Jean Shifm.lib.2. Figueroa fit enfuite au nom de l'empereur la cef-7 fion du roïaume de Naples, par laquelle Charles V. di Phillip. II. tranfportoit à fon fils tous les droits qu'il y avoit., D. Ant. de Après cela on lût les articles dont les ambaffa- Vera, bift. deurs étoient convenus, & le prince les confir- p. 280. ma de vive voix. Ces ceremonies étant finies, Burnet, l'évêque de Winchester, grand chancelier du roïau- loco fup.

me,

Leti, vit.

Carel. V.

4

me, accompagné de plufieurs autres évêques, fe AN.1554 prefenta devant leurs majeftez; & après avoir deᎠᎴ T ou s ibid. at fap, mandé aux affiftans, s'il y en avoit quelqu'un parRaynald. mi eux qui voulut mettre empêchement au mabat an. n. I.riage que les parties alloient contracter, fur un

bruit confus de voix qui marquoit un parfait confentement, Philippe & Marie furent mariez par le prelat qui celebra la meffe, où leurs majeftez communierent avec beaucoup de dévotion. Après la meffe les deux époux furent proclamez roi & reine d'Angleterre, de France, Naples, de Jerufalem & d'Irlande, prince & princeffe d'Espagne, & de Sicile; défenfeurs de la foi Archiduc & Archiducheffe d'Aûtriche, duc & ducheffe de Milan, de Bourgogne & de Brabant, comte & comteffe de Habfpourg, de Flandre & de Tyrol. Cette longue enumeration de titres & de qualitez fut toûjours du goût Efpagnol. Monfieur Burnet place cette proclamation le vingt-septiéme de Juillet. Toutes ces ceremonies étant achevées, le roi & la reine s'en allerent à Londres, où on leur fit une magnifique entrée.

Philippe avoit eu foin d'apporter en Angleterre de grandes fommes d'argent. Vingt-fept coffres pleins d'argent en barre, furent portez a la tour dans vingt charettes. On vit enfuite arriver deux autres charettes, & près de cent chevaux qui portoient l'or & l'argent monnoié, qui faifoient fans doute la plus grande partie des douze cens mille écus que l'empereur s'étoit engagé d'envoïer, & dont il n'avoit pas voulu fe défaifir avant XXII. que le mariage fut confommé. Cet argent fagePhilippe ment diftribué, ne fervit pas peu à Philippe pour affecte fe concilier l'affection des Anglois, & réuffir dans de clemen-l'execution du deffein qu'on avoit de rétablir ence au com- tierement la religion catholique en Angleterre. Ce prince qui naturellement étoit très-fevere, voulut toutefois faire paroître beaucoup de clemence au

beaucoup

mence

ment de

fon regne.

com

commencement de fon regne. Il perfuada à la AN1554 reine de rendre la liberté à un grand nombre de Barnet, prifonniers, entr'autres à l'archevêque d'Yorck, hift. de a à quelques chevaliers, & à d'autres perfonnes dereform.co.z. distinction. Mais les deux pour lefquels il s'inter-2. P. 43@ reffa le plus, furent la princeffe Elifabeth, & le comte de Devonshire, que Gardiner fembloit vouloir perdre, quoique Wyat les eût juftifiez en mourant. Il comprenoit que fi Marie mouroit fans enfans, Elifabeth lui fuccederoit, & rétabliroit auffi-tôt la religion Proteftante.

fait exhor

tant.

c. 9.n. 1.

Avant la confommation de ce mariage, le car- XXIII. dinal Polus aïant eu foupçon que l'emperur le Le pape voïoit impatiemment à fa cour & qu'il avoit ter Polus à écrit à Rome pour demander fa revocation, il être ferme la follicita lui-même auprès du pape, qui bien & conloin de l'écouter, le fit exhorter par François Stel- Pallavis.in la à foûtenir dans une occafion fi avantageufe à bift. conc. l'églife, cette reputation de conftance & de fer-Trid. 1. 13. meté qu'il s'étoit acquife depuis fi long-tems, lit. aïant facrifié fa patrie, fes biens & fes parens se an pour les interêts de la religion. Il lui fit repre- Palm 28. fenter qu'il ne devoit pas s'étonner des fraideurs Maii 1.554 & des rebuts d'un prince à demi mort (il vou-vità Pali. loit parler de Charles V. accablé d'infirmitez; ) qu'il devoit au contraire pourfuivre courageufement fon deffein, pour reftituer fa patrie & un roiaume entier à l'églife.

Ex

Be.atel in

Mais toutes ces remontrances du pape ne cal- XXIV. merent point l'efprit du cardinal, qui apprenoit L'empepar beaucoup d'endroits, que l'empereur vouloit reur fore prévenu l'éloigner de la conduite de cette grande affaire; contre ce & qui croioit qu'il feroit moins honteux au fié-cardinal. ge apoftolique d'être rappellé par le pape même, Paavic. ibid. ut fupe de s'expofer au mépris des autres, & de conn. 2.630 fier la commiffion à quelqu'un qui s'en acquitteroit utilement, plûtôt qu'à lui, qui n'auroit que le vain titre de legat fans aucune realité. On di

que

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