Imágenes de páginas
PDF
EPUB

biens ecclefiaftiques ôtez aux monafteres durant AN1554 le fchifme. Mais il avertit en même tems les injuftes poffeffeurs de ces biens facrez, de craindre les jugemens de Dieu fur ceux qui dans l'écriture font accufez d'un fi énorme facrilege, & de ne fe pas trop fier fur la facilité de l'église que l'iniquité des tems obligeoit à fe relâcher de fes droits. Par le même acte il difpenfa tous ceux qui s'étoient mariez dans les degrez prohibez par l'églife. Il confirma les évêques de creance catholique qui avoient été créez durant le schifme, & approuva les fix nouveaux évêchez qu'Henri VIII. avoit érigez durant fon apoftafie. Tout cela fut confirmé par l'autorité du parlement.

XXXVIII.

contre d. s.

veur de

Burnet,

L'affaire de la réunion étant terminée, & le A&tes du roïaume fe trouvant entierement foumis au faint parlement fiege, à l'exception de quelques mécontens qui heretiques accoutûmez à une doctrine contraire, étoient ef& en fa- fraiez du nom & de l'autorité du pape ; le parlement fit un acte pour renouveller les loix qui Thilippe. avoient été faites fous Richard II. Henri IV. & hift. de la Henri V. contre les heretiques; la chambre basse reform. to 2. en dreffa le projet, & il parut fur le bureau un 1.2 p.443. autre projet d'arrêt pour caffer generalement tous &fniv. les baux, faits au nom des prêtres mariez. Ce projet ne plaifant pas, de peur de trop effaroucher les heretiques, on en dreffa un nouveau qui fut envoïé à la chambre haute le dix-neuviéme de Decembre: mais les feigneurs le rejetterent encore, parce qu'un pareil arrêt auroit porté contre un grand nombre d'alienations de biens ecclefiaftiques faites par des prêtres mariez ou par des évêques. On regla enfuite le nombre & la qualité des crimes d'état ; & il fut ordonné que fi quelqu'un foutenoit que Philippe ne fût pas en droit de prendre le titre de roi d'Angleterre, comme Marie avoit celui de reine, ou fi quelqu'un entreprenoit de le lui ôter, il feroit condamné à

une

une prifon perpetuelle, & tous les biens feroient confifquez. De plus ce prince aïant confenti de AN1554. prendre la tutelle des enfans qu'il pourroit avoir de la reine, & d'adminiftrer le roïaume jufqu'à ce que l'heritier de la couronne eut dix-huit ans, ou l'heritiere quinze; il fut ordonné que quiconque attenteroit à fa vie pendant ce tems-là, feroit coupable de haute trahison. La peine de mort fut auffi ordonnée contre ceux qui uferoient d'une certaine priere par laquelle les heretiques demandoient à Dieu, qu'il lui plût de toucher le cœur de la reine, & de lui faire abandonner l'idolatrie pour embraffer la foi orthodoxe, ou qu'il abregeât fes jours, & la retirât promptement du monde..

diner con

l'autorité

du pape.

Après quelques autres reglemens, le parlement xxxix. finit fes féances le feiziéme de Janvier 1555. Le chanPour confoler ceux qui craignoient l'autorité du celier Gar pape; le chancelier leur dit, que comme les rois fole ceux 'Angleterre avoient toûjours contenu le faint qui crai fiege dans des bornes raisonnables, on devoit l'ap-gnoient prehender moins que jamais, dans un tems où tous les princes travailloient de concert à fe foûtenir, malgré les prétentions des papes : Qu'auffi les anciennes ordonnances contre ceux qui fe pourvoiroient en cour de Rome, demeureroient dans toute leur force : Qu'on voïoit même que le cardinal Polus exerçoit fa legation uniquement fous le bon plaifir de la reine qui lui en avoit fait expedier la permiffion fous le grand fceau : & qu'à l'avenir les legats ne pourroient ufer de leurs facultez en Angleterre, qu'elles n'euffent été vûes & approuvées. Par toutes ces raifons, on en ga gna un grand nombre, qui fe foumirent volontairement aux loix qu'on venoit d'établir. Et comme il y en avoit encore qui refufoient l'obéïffance qu'on leur demandoit, dès qu'on eut renouvellé les loix faites autrefois contre de telles perfonnes,

A 2 4

fonnes, la cour mit en deliberation quels moïens

AN.1554 il falloit prendre pour les mettre à execution, & faire rentrer les rebelles dans le fein de l'église.

XL.

porté à la

Dans le confeil qui fut tenu fur ce fujet, le Polus eft cardinal Polus fut d'avis qu'on emploïât les voies douceur de la douceur, plûtôt que celles de la violence, pour rame-dans la penfée que celles-ci ne feroient qu'aigrir ner les he-le-mal au lieu de le guerir, & que tout au plus, retiques. on ne feroit qu'augmenter le nombre des hypo

crites. Il voulut que les pafteurs euffent des en-
trailles de compaffion pour leurs brebis égarées,
& que comme des peres fpirituels, ils regardaf-
fent ceux qui étoient dans l'erreur comme des en-
fans malades qu'il faut guerir & non pas tuer. II
ajoûta qu'on devoit mettre de la difference entre
un état encore pur, où un petit nombre de faux
docteurs fe vient fourrer, & un roïaume dont le
clergé & les feculiers s'étoient vûs plongez dans
un abîme d'erreurs. Qu'au lieu d'emploïer la for-
ce pour les deraciner, il falloit donner aux peu-
ples le tems de s'en defaire par degrez. A fon
avis le meilleur moïen pour convertir les Prote-
ftans, étoit de reformer le clergé, dont les mœurs
déreglées avoient donné lieu à la naiffance de l'he-
refie. Dans cette pensée, il fouhaitoit qu'on re-
mit en vigueur les anciens canons, & qu'on re-
tablît les regles de la difcipline des premiers fie-
cles. Ce qui étoit un des plus sûrs moïens, di-
foit-il, pour faire rentrer dans l'obéiffance. Gar-
diner chancelier du roïaume ne fut
pas tout-à-fait
de ce fentiment. Il dit que le fupplice des plus
obstinez produiroit un tel effet, que tous les au-
tres Proteftans fe foumettroient par ces châti-
mens à tout ce qu'on exigeroit d'eux, & la rei-
ne naturellement violente entra aifément dans ces
vûes, mais pour faire voir qu'elle ne negligeoit
pas les confeils de Polus, elle le chargea du foin
de reformer le clergé, & commit à Gardiner ce-
lui de reduire les heretiques.

Le

XLL

n. 134. Po

ad hunc ane

Le 23. d'Octobre qui préceda la reconciliation de l'Angleterre, le pape tint un confiftoire dans AN.1554. lequel il admit la tranflation, la renonciation, Le pape l & la demiffion du roïaumé de Sicile, faite par approuve l'empereur Charles V. en faveur de Philippe fon la ceffion fils roi d'Angleterre. Il reçut auffi l'obéiffance de du roiaume de Naples Ferdinand Avalos d'Aquin marquis de Pescaire, au roi Phique le même roi avoit envoïé à Rome pour té-lippe. moigner en fon nom fes foumiffions au faint fie- Acta con ge & à l'églife Romaine, & prêter ferment de fi- fiftorial. fig. delité tant pour lui que pour fes fucceffeurs, à 145. la charge de paier tous les ans à la chambre apo- Raynald: ftolique 7000. ducats d'or, & de prefenter une n..10. haquenée blanche en reconnoiffance du domai-" ne veritable & directe du roïaume de Naples, le: jour de la fête de faint Pierre fous les conditions,, & dans les formes, claufes & promeffes exprimées dans la bulle de Jules II. & par la conceffioa de Leon X. Et le pape en accorda au. marquis l'inveftiture, voulant & prétendant que dans l'année à compter depuis ladite conceffion,, le roi Philippe produisit fon privilege, fit ferment & reconnût en termes exprès que ce roïaume: & tout le païs qui eft en deça du Phare, jusqu'aux frontieres de l'état ecclefiaftique, à l'exception de la ville de Benevent avec fon territoire, étoient accordez au roi Philippe, à fes heritiers & à fes fucceffeurs par la feule faveur & pure liberalité du fiege apoftolique & du pape, fans porter au cun préjudice aux droits de la princeffe Jeannereine d'Espagne & des deux Siciles, comme il eft plus amplement contenu dans la bulle..

Le lendemain le pape: écrivit à Philippe pour L'informer de ce qu'il venoit de faire en fa faveur;; ily joignit un bref adreffé a la reine Marie pour lui fouhaiter toutes fortes de profperitez, & un? heureux fuccés dans fes entreprises, & un autre: à l'empereur. Charles V. pour lui marquer qu'il A25 avoi

ramener

avoit fatisfait fes demandes en accordant l'investiAN.1554 ture du roïaume de Naples à son fils Philippe. XLII. Le pape tenta dans cette même année de rameLe pape ner à l'unité catholique, les Abyffins qui étoient intravaille à fectez des erreurs de Diofcore & d'Eutychès, & qui les Ethio- obéiffoient à Marc leur patriarche qui étoit dans les piens à la mêmes fentimens. Leur empereur alors étoit Claufoi catholi- de, affez bien intentionné pour la religion chrétienque. ne. Il avoit même écrit à jean III. roi de Portugal hift. faciet. pour le prier d'engager le pape à lui envoïer un lib. 14. évêque qui mît fes fujets dans les voies du falut, 122. & feq. & qui les reconciliât à l'église Romaine. Ce prinMaffei 1.2. Oforinst. 5. ce entreprit l'affaire avec beaucoup de chaleur; mais les troubles de l'églife en retarderent toûjours l'execution, & ce ne fut que fous le pontificat de Jules III. que la chofe s'executa ainfi.

Orlandin.

XLIII.

à Ignace

Orland.

Le roi de Portugal s'adreffa au general de la foLe roi de cieté, & lui demanda des fujets qu'il pût propoPortugal fer au pape pour être patriarche & évêque en demande Ethiopic. Ignace n'y confentit qu'avec peine, des mif- craignant que ces dignitez ne fuffent incompafionnaises tibles avec l'humilité qu'il recommandoit à fes Pour l'E- difciples. Il choifit donc trois de fes peres, Jean thiopie. Raynald. Mugnez Portugais qui avoit déja donné des ad hunc ann. preuves de fon zele dans le rachat des chrétiens .24.& captifs en afrique, André Oviedo Caftillan, reSeq. &teur du college de Naples, & Melchior Carnero bift. focet, auffi Portugais, qui étoit alors à Rome. Le paJefu lib. 14. pe nomma Mugnez patriarche d'Ethiopie, & lui envoia peu de tems après le Pallium, avec des droits & des pouvoirs abfolus non-feulement dans l'Ethiopie, mais encore dans toutes les provinces circonvoifines. Oviedo fut fait évêque de Nicée, & Carnero évêque d'Hierapolis; & l'un & l'autre furent declarez fucceffeurs du patriarche. Gafpar Barzaée fut nommé commiffaire apoftolique pour refider à Goa où il étoit déja recteur; & Ignace donna au patriarche & aux deux évê

M.3.

ques

« AnteriorContinuar »