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ques dix compagnons avec une lettre pour le roi des Abyffins, datée du vingt-huitiéme Février AN.1554. 1555. parce que leur voïage fut rétardé jufqu'alors.

Florence

mariage.

Daniel,

Ces heureux fuccés que le pape éprouvoit du XLIV. côté de la religion, ne le tiroient pas d'embarras Le duc de au fujet la guerre allumée dans la Tofcane entre tâche d'enl'empereur & le roi Henri II. Cofme duc de gager le paFlorence & les François. Ceux-ci affiegeoient de- pe dans fon puis long-tems Cherafco & Foffano; & quoi qu'ils parti par un ne preffaffent pas beaucoup ces fiéges, il étoit à De Thom, craindre que les habitans ne fuffent obligez de fe hift. 1.14. rendre, parce que Gonzague manquoit d'argent, n. I. init. & s'étoit rendu fort odieux aux gens de guerre, hift. de qu'il ne païoit point depuis long-tems; outre fa France tom. domination rigoureufe qui le faifoit hair des Ef- 6. édit. pagnols. Ainfi ce general qui fe voïoit l'objet de 1722.p.74. 675. la haine publique, n'étoit pas fort en état de fecourir Cofme, qui ne pouvant tirer aucunes troupes, ni d'Espagne, ni de Naples, crut devoir attirer le pape dans fon parti, en mariant une de fes filles à Fabiano neveu de Jules, fils de Baudouin, en qui le pape avoit mis toutes les efperances de fa maifon depuis la mort de JeanBaptifte. Ce mariage fut conclu par Fernando Giufti fecretaire de Cofme, qu'il avoit envoïé à Rome à ce fujet, & dans le même tems il fiança Ifabelle fon autre fille à Paul Jourdain chef de la maifon des Urfins qui avoit toûjours été attaché à la France à caufe des anciennes factions. Le duc de Florence fe voïant ainsi affermi par XLV. l'alliance de deux puiffans princes de faction l tâche contraire, manda le marquis de Marignan lieu-de reduire tenant general de l'armée de l'empereur. C'é- fa domina toit un grand capitaine, quoique né d'une fa- tion. mille très-médiocre, qui fe nommoit Maldechi- De Tho ibid. ut fap. no, & qui avoit changé fon nom en celui de Sleidan in Medicis, dont il avoit la hardieffe de fe dire def- comment. ̧ la A a 6

Sienne fous

cendu. 26.

AH.1554.

de Pierre

cendu. La gloire qu'il s'étoit acquife par les armes & par fon merite perfonnel, firent que le duc de Florence tolera cette ufurpation, & ne fut pas fâché que ce grand capitaine fe fit lui-même un engagement d'être attaché aux interêts de la maifon de Medicis. Le deffein du duc, l'homme le plus habile en politique qui ait jamais commandé dans un état, tendoit à réduire l'état de Sienne fous fa domination. Il falloit pour celale retirer de la puiffance du roi de France qui en étoit maître; & pour ce fujet il envoïa fon fecretaire Barthelemy Cancini à l'empereur pour traiter avec lui, & chaffer conjointement les François de la Toscane. Il fe fit un traité entre eux, par lequel on convint que Charles V. & Cofme entreprendroient ensemble & à frais communs de réduire Sienne fous l'obéïffance de l'empereur: Que Cofme fourniroit l'argent, les troupes, & les chofes neceffaires pour cette expedition; & qu'après le fuccés de l'entreprise, fempereur le rembourferoit, en argent comptant, ou lui donneroit des terres dans le roiaume de Naples, ou dans l'état de Milan; & que jufqu'à ce qu'il eut été entierement fatisfait, l'état de Sienne demeureroit entre fes mains. L'empereur accepta ces conditions; & Cofme auffi-tôt commença fecretement fon entreprise; & le marquis de Marignan inveftit Sienne par la prise de plufieurs places qui étoient aux environs de cette ville.

que

XLVI. Mais l'intrigue de Cofme ne fut pas fi fecretL'arrivée te le roi de France n'en fut averti par le carStrozzi gâ- dinal de Ferrare. Ce prince crût donc qu'il ne te les affai-devoit pas differer davantage de l'attaquer ouverres des tement. Il oppofa au marquis de Marignan François Pierre Strozzi l'un des plus grands capitaines de fon tems, qui avoit été fait depuis peu maréchal de France par la mort d'Annebaut, afin de commander

à Sienne.

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mander fes troupes en la place de Paul de Termes. Comme Strozzi étoit ennemi capital de la mai- AN.1554 fon des Medicis, Cofme s'imaginant qu'on l'avoit choifi exprès pour renouveller les intrigues que l'on avoit déja formées, fous prétexte de faire rendre la liberté aux Florentins, & les engager à fecouer le joug, en fut fi outré, qu'il ne garda plus aucune mefure, & qu'il fe déclara ouvertement & contre les François & contre les Siennois.

On ajoûte que Strozzi étant venu avec d'amples pouvoirs à Sienne, & aïant fait voir fes ordres au cardinal de Ferrare; celui-ci fut fâché non feulement qu'on lui eût envoïé un chef pour l'armée, mais encore un fucceffeur dans l'adminiftration de la republique, & dès lors ne fervit plus Henri II. qu'avec une extrême nonchalance, négligeant d'entretenir toutes les pratiques & négociations que la France avoit avec le pape & les autres princes d'Italie, & laiffant déperir tous les moïens avec lefquels on eût pû maintenir les affaires en bon état. Strozzi vint d'abord débarquer à Civita-Vecchia, d'où il fe rendit à Rome, où il vit le pape & l'informa des motifs de fon voïage. Il lui dit qu'il étoit venu, non pour quelque entreprise nouvelle, mais pour conferver la liberté des Siennois, qui s'étoient mis fous la protection de la France, & pour défendre en Italie l'autorité du roi, de l'amitié duquel il af fura le pape, dont il obtint une continuation de la treve pour deux autres années, la premiere étant prête d'expirer.

portez par

Pierre Strozzi arriva à Sienne où il fut magni- XLVIL fiquement reçû par les citoïens; & bien-tôt après Avanta il en fortit pour vifiter les fortifications voifines.ges remLe marquis de Marignan aïant pris de nuit fonies Fran chemin avec fes troupes par Staggia, s'arrêta àços fur le deux licues de Sienne, & envoïa feulement trois Tence.

cens

uc de Flo

où les Fran

cens hommes qu'il accompagna, ne pouvant faiAN.1554. re avancer toute fon armée, parce que les pluïes avoient rompu les chemins. Il s'empara d'un fort auprès de la porte de Cammolia. Cofme écrivit à ceux de Sienne pour les engager à fe foumettre, mais n'en aïant pas reçû une réponse favorable, la guerre fut declarée entre eux & le duc de Florence, quoique les Allemands & les Efpagnols que l'empereur avoir promis ne fuffent pas encore arrivez les trois premiers mois de cette année 1554. Les François eurent presque toûjours l'avantage, mais le depart du cardinal de Ferrare, qui ne pouvoit fouffrir Strozzi, ni partager avec lui l'autorité dérangea leurs affaires. Strozzi se vit poursuivi très-vivement par le marquis XLVIII. de Marignan dont l'armée étoit de douze mille Batailles hommes d'infanterie, de douze cens hommes de cavalerie legere, & de trois cens hommes d'arçois ont du defavanta mes. Strozzi au contraire n'avoit que fix mille ge. fantaffins Italiens, dix enfeignes d'Allemands, De Thon, autant de Grifons, quatorze de François avec Sup. deux mille chevaux que commandoit le comte Comment. de la Mirandole. Après plufieurs rencontres dans de Montlus. lefquelles ce dernier remporta qnelques avantages, il fe donna enfin une bataille le deuxième du mois Belleforest. 1.6. d'Août, dans laquelle Strozzi fut défait & blesPallavicin. fé, malgré tous les efforts qu'il fit pour arrêter fes gens & les rallier; il eut deux chevaux tuez Trid. lib.13. fous lui, & reçut un coup d'arquebufe dans le corps. Malgré fa bleffure il retourna à son infanterie dans laquelle il mettoit le refte de ses esperances. Il la trouva à la verité ébranlée par la fuite de la cavalerie qui venoit de l'abandonner; mais fa prefence fit tant d'impreffion fur elle, qu'elle garda fes rangs, & fe prefenta de front à l'ennemi, comme pour en venir aux mains. Mais Marignan refufa de la faire attaquer, il fe contenta de faire avancer contre elle quatre pieces d'artil

lib. 14. ut

แซบ 3.

hift, conc.

4.10.1.2.

lerie, qui l'incommoderent de telle forte qu'elle fut entierement rompue & mise en deroute après une resistance de deux heures. Il mourut du côté des François environ quatre mille hommes, fi l'on en croit les Imperiaux, quoique les autres hiftoriens ne faffent monter le nombre qu'à deux mille.

AN.1554

moire de

cette vi

des ordres

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Le duc de Florence pour celebrer cette victoi- XLIX. re inftitua dans cette année l'ordre militaire de Cofme éS. Etienne, fous la regle de S. Benoît, parce dre mlitablit l'orque la bataille s'étoit donnée le jour de l'invention taire de du corps du faint Martyr. Cet ordre joüit des faint Etienmêmes privileges que celui de Malthe, & doit e en mecomme lui défendre la foi catholique & faire la guerre aux corfaires. Les principales maifons de toire. Fordre font à Pife; dans l'une demeure le grand Helyot, hift. Prieur avec les chevaliers, dans l'autre le prieur monalques qui eft grand croix, & qui fe fert d'ornemens tom. 6.. pontificaux dans les fonctions ecclefiaftiques, avec De Thon, les chapelains qui deffervent l'églife, & qui fontif.1.24 les trois vœux de pauvreté, chafteté & obéïffance. Mais les chevaliers ne font que les vœux de pauvreté, charité & obéiffance, ils peuvent fe marier & jouir, outre les commanderies de quatre cens écus d'or, des penfions fur des benefices. Les chevaliers de juftice font obligez de faire preuve de nobleffe de quatre races; il ya parmi eux des ecclefiaftiques; & les uns & les autres portent la croix rouge à huit angles orlée d'or; les chapelains & les frères fervans la portent feulement orlée de foïe cramoifie. Quoique cet ordre ait été établi dans cette année, il ne fut pourtant approuvé qu'en 1562. par le pape Pie IV.

L.

Mort de

Ce qui augmenta le chagrin de Pierre Strozzi, fut la nouvelle qu'il apprit de la mort de Leon Leon Strozzi fon frere, chevalier de Malthe & prieur strozzi de Capoiie, renommé pour fes exploits de mer. chevalier Le roi de France lui aiant offert le generalat de

de Malthe. De Thom

fes ibid. l. 14.

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