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rêter le feu des François, en mettant le Brabant en fûreté. Charles V. fuivit ce confeil, & s'avan- AN.1554. ça jufques à Namur, afin de conferver cette ville, dont il craignoit le fiege.

LVI.

Dégats &

Hainaut.

Ant. de

Le roi étoit encore à Dinant, lorfque l'empereur arriva à Namur; & pour engager Charles à incendies une bataille, il fe rendit le dix-huitiéme d'Août que l'armée à Marimont, maison de plaifance de la reine de du roi faic Hongrie, où l'on mit le feu; on fit de même à dans le Binche, autre place où la même princeffe avoit Belcar. fait bâtir un fuperbe palais, orné d'anciennes fup. 1.26. ftatues & d'excellens tableaux. Cette ville eft fi-50. & tuée fur un bras de la riviere de Haine à trois leq lieues de Mons. Comme elle fe rendit à difcre- Vera, hift.de tion, elle fut abandonnée au pillage, & fon pa- Charles V. lais entierement brûlé. Les villes de Maubeuge P.282. Bavay, Tragny, le Roux, éprouverent le même fort, pour venger les dégâts, & l'incendie de Folembray, maifon roïale, où cette princeffe avoit fait mettre le feu par de Croy comte de Roux, dont on brûla le château. Malgré tous ces embrafemens, le roi ne pouvant attirer l'empereur à une bataille, conduifit fon armée entre le Quefnoy & Valenciennes, tant pour avoir des vivres plus commodement, qu'afin d'engager fa majefté imperiale à fortir de ces retranchemens, pour venir au fecours de ces deux villes, que le roi paroiffoit avoir envie d'affieger. Il réuffit dans fes deffeins; Charles V. fe mit en campagne, attaqua le maréchal de Saint-André qui conduifoit l'arriere-garde, & l'auroit entierement défait, fi ce marêchal avec fa cavalerie la mieux montée n'eût tenu ferme fur le penchant d'une colline, pour donner aux fiens le tems de fe retirer, & de paffer la riviere, fans que les ennemis s'en apperçuffent.

L'armée roïale après avoir ravagé le Cambre- LVII. fis, le Haynaut, le Brabant, & le territoire de

Namur

L'empereur tâche

Namur, entra dans l'Artois, où l'on fit un paAN.1554' reil degât. L'on envoïa fommer ceux de Renty de furpren de fe rendre: & fur leur refus, le roi prit la redre l'armé folution d'y mettre le fiege. C'étoit une petite çois. ville alors affez bien fortifiée dans l'Artois, fur Ant. de Ve- la riviere d'Aa, à cinq lieues de Boulogne, & Ta ibid. ut qui fut entierement ruinée en 1638. Auffi-tôt Sup.

des Fran

LVMI.

Belcar, in

qu'on eut dreffé les batteries pour attaquer la pla-
ce, l'empereur vint fe loger entre Marque & Fou-
quenberg, derriere le bois de Renty, dont il pen-
fa fe faifir. Le duc de Guise qui avoit fon quar-
tier de ce côté là, avoit mis dans ce bois trois
cens mousquetaires & quelques cuiraffiers, pour
empêcher les efforts de l'ennemi, qui se voïant
devancé, s'efforça deux fois d'en chaffer les Fran-
çois; mais ce fut fans fuccés, ce qui obligea l'em-
pereur de paffer outre, & de venir attaquer l'ar-
mée roïale, qu'il esperoit battre & mettre en de-
fordre en la furprenant. Pour cet effet il choifit
un tems fort fombre, à la faveur duquel il fit avan-
cer le long du bois fes regimens Espagnols, foute-
nus des Lanfquenets, & de quinze cens chevaux.
Le refte de l'armée fuivoit pour aller attaquer les
François le long du côteau au deffous du bois,
après que les Efpagnols auroient forcé le paffage;
& l'empereur y étoit en perfonne.

Les Espagnols donnerent d'abord fur les trois
Bataille
cens moufquetaires que le duc de Guise avoit mis
près de
dans le bois, & qui foutinrent vigoureufement
Renty à
l'avantage ce premier effort. Mais parce qu'ils étoient moin-
des Fran- dres en nombre, ils commencerent à fe battre
çois. en retraite & fans défordre, jufqu'à ce que le duc
comment. 1. de Guife leur eut amené fa compagnie de cent
26. n. 53. hommes d'armes, avec celle de Gafpar de Sault
&54.
seigneur de Tavannes, & le regiment des che-
vaux-legers du duc de Nemours, à l'arrivée def-
quels on recommença à fe battre plus vigoureu-
fement; jufqu'à ce que le brouillard étant diffipé,

De Thon, hift. 1.13.

toute

toute l'armée de l'empereur commença à paroître, AN.1554

& l'on en vint à une action generale, qui fe donna le treiziéme d'Août. L'empereur avoit fept groffes pieces de canon, qui au commencement incommoderent beaucoup l'armée Françoise : mais après que ce feu fut paffé, le duc de Gui. fe, accompagné d'Alfonse d'Est duc de Ferrare, du grand-prieur de France, & du feigneur de Tavannes, fit une fi rude décharge fur un corps de deux mille Reiftres, qui avoient promis à l'empereur de marcher fur le ventre à toute la cavalerie Françoife qu'il fut renverfé fur un bataillon. des ennemis, & celui-ci tombant fur un autre, s'enfuivit la deroute entiere de l'armée Imperiale, qui aïant perdu courage, ne penfa plus qu'à la retraite. L'empereur à caufe de ses infirmitez, fe retira des premiers, fes officiers le fuivirent, abandonnant la place & le canon. La nuit fit ceffer le combat; le champ de bataille demeura aux François, & le roi fit chevaliers de l'ordre Tavannes, & d'autres, pour recompenfer leur valeur. Les ennemis perdirent deux mille hommes, & du côté de l'armée Françoise, il n'y en eut pas plus de deux cens.

Après cette victoire, le roi qui n'avoit affiegé Renty, qu'afin d'engager l'ennemi à une action, prit la refolution de lever le fiege, vû que fon armée manquoit de vivres, & étoit beaucoup incommodée par l'infection de l'air. Il ne voulut point cependant fe retirer fans en avertir l'empereur, à qui il offrit une feconde bataille, étant demeuré dans le camp plus de quatre heures, fans que les Imperiaux paruffent. Ce prince reprit donc le chemin de France, licentia fon armée, & renvoïa chez eux les Suiffes, très-fatisfaits de fa majesté. On garnit les places frontieres de bonnes garnifons, exceptez quelques regimens d'infanterie & de cavalerie qu'on laiffa au duc de

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Vendôme, pour s'oppofer à l'ennemi, s'il paAN.1554 roiffoit vouloir faire quelque entreprife; comme

il arriva en effet, aïant fait femblant de vouloir affieger Ardres ou Montreuil. Mais ce ne fut qu'une feinte, & les Imperiaux après avoir couru le plat païs, & brûlé quelques bourgs & châteaux, fe retirerent, fentant approcher le duc de Vendôme. L'empereur après avoir emploïé quelques reur arrive jours à reparer les ruines de la citadelle de Renty, Bruxel- s'en alla à faint-Omer, enfuite à Arras, d'où il les. partit pour Bruxelles.

LIX.

L'empe

De Thon,

bift. 1.13.

LX. Nouveaux

Le roi de France de fon côté se rendit à Compiegne avec le duc de Guife, & les principaux feigneurs de fa cour. A peine fut-il arrivé dans fon roïaume au mois de Septembre, qu'il fit de grands changemens dans les offices de judicature & de finances, & qu'il créa beaucoup de charges. pour avoir de l'argent. Comme le parlement de édits du roi Paris s'oppofa fort à toutes ces nouvelles creade France. tions, le cardinal de Lorraine qui aimoit les nouDe Thom, veautez, engagea le roi à rendre ce parlement hift. lb. 13. femeftre, & à doubler le nombre des officiers à versas fu qui l'on vendroit ces nouvelles charges, dont on tireroit beaucoup d'argent. Le parlement s'y oppofa, & fit prefenter au roi fes humbles remontrances par Gilles le Maître premier prefident. Michel de l'Hôpital répondit à chaque article de ces remontrances, mais l'édit n'en fut jamais verifié, quoiqu'il fut en vigueur près de quatre ans, après lefquels on rétablit les chofes dans leur premier état. Par un autre édit l'on augmenta le nombre des fecretaires du roi, qu'on mit à deux cens, y en aïant ajoûté quatre-vingt. Ce qui fut verifié en parlement le dixiéme de Decembre, après beaucoup de conteftations. L'on établit auffi un parlement en Bretagne, compofé de quatre prefidens, trente-deux confeillers, deux avocats geun procureur general, & deux greffiers.

neraux,

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que

Il fut divifé en deux femeftres, dans l'un defquels il falloit neceffairement les officiers fuffent nez dans la province. Enfin, l'on publia un autre édit très-rigoureux, par lequel ceux de Poitou, de la Rochelle, des ifles voisines, d'Angoulême, du Limofin, du Perigord, de la Saintonge & de la Guïenne, étoient obligez de racheter onze cens quatre-vingt mille écus la gabelle du fel établie dans ces provinces.

An.1554!

Etorat de

n. 9. ad

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En Allemagne toute cette année fut emploïée LXI. à accommoder les affaires de Saxe, & à decider Accord de Jean la caufe d'Albert de Brandebourg, tantôt par les Frederic & armes, tantôt par des affemblées qu'on convo-d'Augufte quoit. Après fix mois de conteftations au fujet pour l'élede l'électorat de Saxe, que Jean Frederic n'avoit Saxe. ceffé de demander depuis la mort de l'électeur De Thom Maurice, on convint enfin par la mediation du ift.1. 13. roi de Dannemark, beaupere d'Augufte, que me an. Jean-Frederic cederoit l'électorat, la Mifnie, Sledan, in & les mines d'argent à Augufte, à condition comment. I que tout cela lui retourneroit, fi Augufte mour-25. p. 949. roit fans enfans; que néanmoins il feroit permis à Frederic pendant fa vie de prendre le nom & les marques d'électeur, foit dans fes lettres, foit dans la monnoïe qu'il feroit frapper. Qu'Augufte donneroit à lui & à fes enfans quelques places & quelques feigneuries, avec cent mille écus pour acquitter les dettes de Frederic, que Maurice avoit promis de païer. Qu'il dégageroit la ville & citadelle de Konisberg dans la Franconie, engagées à l'évêque de Wirtzbourg pour quarante mille écus, & qu'il les rendroit aux enfans de Jean-Frederic. Ce traité fut ratifié dans le mois de Février; ce prince le figna étant fi malade, qu'il mourut quelque tems après le troifiéme de Mars fur les dix heures du matin. C'étoit un prince ferme, courageux & trèsliberal. Il laiffa un fils qui fut nommé Alexandre: Sleidan.

Tome XXX.

B b

ce

LXII.

Mort de Jean Fre. deric duc

de Saxe.

ibid, ut fuva

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