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AN.1554. De Toon, loco fup. cit.

reur.

947.

ce qui privoit les enfans de Frederic du privilege de rentrer dans l'électorat.

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Cependant les confederez fur la fin du mois LXIII. retournerent à Schwinfurt qu'Albert occupoit Albert & dans le même tems ils s'emparerent de Hoprofcrit une fecon- henlandtsberg. L'empereur le profcrivit une fede fois par conde fois par fes patentes datées de Bruxelles, l'empecomme il avoit fait l'hyver précedent à Spire, & Sleidan, ut manda aux princes & états de mettre sa sentenSup!.25. ce à execution. Albert de fon côté attaqua ceux P.942 de Nuremberg par des écrits, les traitant de traî • tres & de déferteurs de la patrie, & les accufant d'avoir aidé fecretement le roi de France & fes alliez dans la derniere guerre. Ils répondirent à ces écrits le dix-huitiéme de Mai, & après avoir expofé la caufe de la guerre, ils en rejetterent la faute fur Albert, & fur Guillaume Grumbach fon émiffaire, digne miniftre d'un tel maître. Mais tandis qu'on agiffoit ainfi par des paroles, Albert ne demeuroit pas oifif. Aïant reçû pour la rançon du duc d'Aumale foixante & dix mille écus, il leva des troupes en Saxe, & vint à Schwinfurt le deuxième de Juin, & entra avec

fes

gens dans la ville du côté qui n'étoit pas affiegé. L'aïant trouvé reduite à l'extrêmité, il la pilla, en fit fortir la garnifon, qui étoit de dixhuit cens hommes, avec le canon, & se retira pendant la nuit pour aller vers Kitzingen fur le Mein. Les confederez s'étant apperçûs de fa retraite, entrerent dans la ville, & y mirent le feu : enfuite ils poursuivirent Albert, qui ne refusa pas la bataille. Mais ce prince voïant que toute l'armée étoit arrivée, & qu'il ne pouvoit refifter, il avertit les fiens de fe fauver, il passa la riviere, fe retira à Kitzingen, & perdit tout fon bagage. Albert ainfi chaffé de tous fes états, s'en alla fe reti-fur les frontieres de Lorraine, enfuite en France auprès du roi Henry II. Et parce qu'on craignoit

LXIV.

#e en Fran

AN 1554

De Thon

qu'il ne fit quelque entreprise en Alface, & dans les autres lieux voifins, foutenu des forces du roi, les états de la province du Rhin envoïerent hift. 1. 13. fur les frontieres de Lorraine quelques compagnies, qui y firent beaucoup de mal; ce qui obligea le roi d'écrire le premier d'Octobre aux états qui étoient à Francfort pour fe plaindre de leur conduite, & leur reprefenter qu'il avoit crû pouvoir fe laiffer toucher à la trifte fituation où étoit Albert, fans prétendre lui donner du fecours contre les états de l'Empire, ni rien faire contre les loix de l'amitié qu'il obfervoit très-religieusement. Le roi leur demandoit encore que les am baffadeurs qu'il devoit envoïer à la prochaine affemblée de l'Empire pour la paix, euffent toutes leurs fûretez. On lui répondit, qu'on avoit envoïé de la cavalerie en Lorraine, non pour caufer du défordre, mais pour s'opposer aux efforts & aux entreprises d'Albert, qui avoit été declaré ennemi par les états de l'Empire. Que pour ce qui concernoit les ambaffadeurs & la paix, puifqu'ils n'avoient point d'ordre pour cela, ils en vouloient conferer avec leurs gens, qui feroient tout ce qui feroit jufte & raisonnable. Dans le même tems l'on reçût des lettres d'Albert, dans lefquelles fe plaignant fort de Granvelle évêque d'Arras, il traitoit très-mal l'électeur de Treves, l'évêque de Strasbourg, & même le Landgrave de Heffe, qu'il appelloit Cavaliers fanguinaires, pour avoir attenté à sa vie.

LXV.

Il y cut auffi dans la Boheme quelques bruits Troubles caufez pour la religion. Ferdinand avoit ordonné dans la Boà fes fujets par un édit, de ne rien changer dans hême caufez pour la le facrement de l'Euchariftie, & de ne commureligion. nier que fous une feule efpece, fuivant l'ufage Sleidan, in reçû dans l'église depuis plufieurs fiecles. Mais comment. l. comme les grands feigneurs, la nobleffe, & la 25.p. 948. plupart des villes ne vouloient pas fe foumettre, in hift. lib. Bb 2 & 13.8.

De Thou

AN.1554.

& qu'ils avoient fouvent prié le roi de ne rien décider là-deffus; ils lui écrivirent encore, & le prierent de fouffrir que fuivant le précepte de J. C, & la coûtume de l'ancienne église, on leur laifsât l'ufage de la communion entiere. Ferdinand leur répondit de Vienne le vingt-troifiéme de Juin, que puifqu'il étoit le fouverain magiftrat, à qui, après Dieu, ils devoient obéïssance, il étoit furpris qu'ils ne vouluffent pas lui obéïr; que favorifant les opinions nouvelles de quelques fectaires, & fe laiffant emporter par l'orgueil, & par je ne fçai quel efprit de curiofité, ils fe detournaffent de la voie de leurs ancêtres; que l'affaire meritoit d'être ferieufement examinée; qu'il y penferoit, & qu'il feroit enforte que chacun fût convaincu, qu'il avoit un foin particulier du repos & du falut de fes peuples; que cependant il vouloit qu'on lui obéit, & qu'on ne fît rien contre fon édit. Les états lui répliquerent que ce qu'ils demandoient n'étoit pas nouveau, mais tout-àfait conforme à l'institution de J. C, & à la pratique de l'ancienne églife; que ce n'étoit ni orgueil ni amour de la nouveauté qui les portoient à fouhaiter qu'on pourvût par cette grace au repos de leurs confciences; que veritablement ils le reconnoiffent pour le fouverain magiftrat qui pouvoit attendre d'eux toute forte d'obéiffance; mais que puifque cette affaire concernoit la gloire de Dieu, ils le prioient de ne pas fouffrir qu'on forçât leurs confciences, & qu'on les privât plus long-tems d'un fi grand bien.

de Wirtz

LXVI. Quelque tems auparavant, un certain Jean FriAbbé d'un fius, abbé du monaftere de Newftad, danslévêmontere ché de Wirtzbourg, étant foupçonné de Luthebourg ac ranifme, fut cité le cinquiéme de Mai, pour se café de Lu-rendre fix jours après à Wirtzbourg, afin d'y rétheranif- pondre aux demandes qu'on devoit lui faire. Ces demandes étoient : s'il étoit permis de jurer, si

me,

De Thou

hift.l. 130

en jurant on eft obligé à fon ferment; s'il eft libre de faire les vœux de chafteté, de pauvreté & Seidan. AN.1554 d'obéïffance, & fi ces voeux obligent; fi le ma-fp.1.25. riage convient mieux aux miniftres de l'églife quep. 949. le celibat; s'il y a une feule église vraie & apoftolique, fi elle eft toûjours gouvernée par le faint Elprit, comme l'époufe de J.C; fi fes decrets font toûjours veritables, fi pour les erreurs & les abus qui y paroiffent, on doit l'abandonner; fi elle eft juftement appellée Romaine à caufe de fon chef qui eft vicaire de J.C; fi tous les livres de l'ancien & du nouveau Teftament qui fe trouvent

dans le canon, font legitimes; fi l'Ecriture-fainte se doit interpreter felon le fentiment des faints peres, des conciles & des docteurs de l'églife, plûtôt que fuivant Luther & fes difciples; fi outre l'Ecriture-fainte on doit admettre les traditions des apôtres & d'autres, & s'il faut y ajoûter foi, autorité & obéiffance comme à la fainte Ecriture; fi dans les chofes politiques on doit obéir au magiftrat civil, & dans les chofes fpirituelles au magiftrat ecclefiaftique; s'il y a fept facremens; fi on doit baptifer les enfans, fi dans l'administra tion du baptême on doit emploïer la langue latine, & ufer de fel, d'huile, d'exorcifmes & au tres ceremonies; fi par le baptême le peché originel n'eft pas entierement effacé, deforte que la concupifcence qui demeure n'eft pas appellée peché; fi le pain eft changé au corps de J.C, & le vin dans fon fang, par la vertu des paroles que le prêtre prononce; s'il demeure comme il étoit, quoiqu'il ne foit pas actuellement reçû; fi l'on doit adorer l'Euchariftie, la porter en pro ceffion, aux malades, & la garder; fi l'on doit adorer J. C. fous les efpeces du pain & du vin; s'il est tout entier fous l'une ou l'autre espece; fi la confeffion des pechez eft une digne preparation pour recevoir l'Euchariftie; fi la meffe eft Bb3

W

un vrai & perpetuel facrifice; fi l'on doit admetAN.1554 tre le canon de la messe; fi l'on doit reconnoître le facrement de confirmation & les trois parties de la penitence, contrition, confeffion & fatisfaction; fi les prêtres feuls ont la puiffance des clefs, & peuvent remettre les pechez à ceux qui ne font pas encore confeffez; s'il faut prier les Saints, obferver leurs fêtes & honorer leurs reliques; s'il y a un purgatoire, & fi l'on doit prier, jeûner, & celebrer la meffe pour les morts; s'il faut obferver le carême & les autres jeûnes éta-` blis par l'églife; s'il faut garder l'abftinence des viandes, & fi les ceremonies font faintes. Cet abbé répondit fort au long à toutes ces questions le vingt-feptiéme de Mai, mais d'une maniere conforme à ses mauvais fentimens, qu'il s'efforça d'autorifer par les témoignages de l'Ecriture, qu'il emploïa dans des fens détournez. Voïant donc qu'il perfiftoit dans fes erreurs, il fut condamné le vingt-cinquième de Juin, déposé, & entierement privé de toutes ses fonctions.

LXVII.

Campegge.

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Ughel in

Le facré college ne perdit dans cette année Mort du que le cardinal Alexandre Campegge, d'une nocardinal ble famille de Boulogne, né le deuxième d'Avril Ciacon, in 1504. de Laurens Campegge, qui après la mort vit. Pontific. de sa femme prit l'état ecclefiaftique & devint te.3.p.774: cardinal. Alexandre étoit frere de Rodolphe qui Sigenius de epifcop. B.- aïant pris le parti de la guerre mourut affez jeune, & Jean-Baptiste qui fut évêque de Majorque, & qui se rendit fçavant orateur, habile théoItal, facra. logien, & bien inftruit dans les langues grecque Aubery, vies des car- & latine. Alexandre acquit beaucoup de réputation par la douceur de fon efprit & de ses mœurs, par son habileté dans la connoiffance des langues, & par fes liberalitez. De clerc de la chambre apoftolique il fut élevé à la dignité d'évêque de Boulogne le dernier du mois de Juillet 1541. Enfuite le pape le nomma vice legat d'Avignon, où il fit

dinaux.

échouer

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