Imágenes de páginas
PDF
EPUB

fes, témeraires, trompeufes, fcandaleuses, perAN.1554 nicieufes, contraires à la theologie fcholaftique éloignant les fidéles de la priere vocale, & de la prononciation de l'office felon la coûtume de l'églife, fchifmatique, &c.

[ocr errors]

2

D'ArgenLe même jour treiziéme de Janvier la faculté ré mi fap. s'affembla en Sorbonne, pour confirmer ces quato. 1. in aplifications: & le lendemain après avoir celebré la pendice p. meffe des morts chez les Mathurins, on delibera fur d'autres propofitions qui avoient été déja agitées dans une autre affemblée, du premier d'Août 1553. on ne s'attacha qu'à une feule conçue en ces termes.,, Le monde qui n'a jamais été fait, ,,a été fait de rien, en faveur des efprits. propofition eft declarée heretique, en ce qu'elle énonce que le monde a été fait de rien de toute éternité.

de la facul

[ocr errors]

La

Le dix-feptiéme d'Avril les deputez affemblez dans le même college de Sorbonne touchant quelques articles, d'un bachelier de licence, nommé Guillaume Chauffe, à l'occafion de quelques propofitions qu'il avoit avancées la veille dans fa mineure ordinaire, à laquelle prefidoit le docteur le Bel dans la falle de l'évêque de Paris. Ce bachelier interrogé fit quelques réponses qu'on jugea dignes de reprehenfion, comme contenant des erreurs, quoiqu'il eut été averti par fon prefident de corriger fa thefe, à quoi il n'avoit pas voulu obéir. On decida qu'on l'obligeroit à figner qu'il fe foumettroit au jugement de la faculté, & qu'enfuite on examineroit quelle correction on lui feroit. Le Bachelier se foumit & figna sa soumiffion.

LXXIII Le premier de Septembre on s'affembla pour Jugement deux autres affaires. La premiere concernoit l'exaté fur les men des privileges accordez par les papes Paul III. privileges & Jules III. fon fucceffeur, en faveur de queldes Jefui- ques perfonnes qui fouhaitoient, dit-on, de

[ocr errors]
[ocr errors]

AN.1554

D' Argen

le carme

prendre le nom & le titre de focieté de Jefus. On mit fur le bureau copie de ces privileges dont ces papes avoient favorifé les peres Jefuites; mais l'af- ré loco fup. faire aiant été regardée comme trop importan-0.2.p. 224, te pour être jugée precipitamment, on remit pour prononcer deffus à la prochaine affemblée; & cependant on exhorta les docteurs & les maîtres de la mediter ferieufement, & d'y apporter toute l'application neceffaire. La feconde chofe fur LXXIV. Elle pro.laquelle on delibera fut l'accommodement des dif-pofe un acferends avec Harnois dont on a parlé l'année pre-commodecedente. Et il fut conclu qu'il feroit reçû à fairement avec le ferment à la faculté, & qu'il jouiroit des droits Harnois. de docteur depuis qu'il avoit reçû le bonnet, à condition qu'il produiroit une atteftation fignée de fix religieux de fa maifon, qui témoigneroient qu'il avoit fait la predication telle qu'elle lui avoit été enjointe par la conclufion de ladite faculté du d'Octobre 1553. en vertu de laquelle conclufion il avoit été reçû docteur; finon & à faute d'en faire apparoir, icelui demandeur fera telle & femblable predication qu'il lui fera enjointe par ladite conclufion : ce font les termes du jugement de la faculté. On voulut encore exiger de lui qu'il fignât fa foumiffion à ladite faculté pour fa foi & fes mœurs; mais aïant refufé de le faire, il fut conclu qu'on ne le recevroit point.

12.

Le cinquiéme d'Octobre, le fieur Nicolas de Bris, aïant déferé à-la faculté certaines propofitions impies & blafphematoires touchant la fainte Euchariftie, & l'image du crucifix, reduites au nom bre de trois, dans la premiere defquelles on difoit que J. C. étoit au ciel, qu'il n'étoit point dans ce qu'on appelle hoftie, & qu'il ne fera point dans le monde, jufqu'à ce qu'il vienne juger les vivans & les morts. Dans la feconde, que fi ce que l'églife croit du facrement de l'autel eft vrai, faint Augustin eft un des plus grands heretiques.

Dans

Dans la troifiéme on blafphemoit contre le CruAN.1554 cifix. La faculté affemblée qualifiat la premiere propofition de facramentaire & d'heretique; la feconde de fauffe & d'injurieufe à faint Auguftin. La troifiéme d'execrable, & d'indigne d'être entendue. Elle avoit été prêchée à faint Severin en 1552.

LXXV.

ee travaille

Le vingt-feptiéme du même mois d'Octobre, on fit rapport à la faculté de certains livres de prieres ou d'heures françoifes imprimées chez Oudin Petit, libraire de la rue faint Jacques, à à l'enfeigne de la Fleur-de-Lys, felon l'ufage Romain. Elle cenfura ces heures, comme traduites de latin en françois avec peu d'exactitude & de fidelité, comme dérogeant aux titres honorables & à la dignité de la fainte Vierge, à fes merites & prerogatives, & au culte des Saints; enfin comme contraires à la puiffance qu'ont les Saints, d'aider les fidéles dans leurs adverfitez. L'on cenfura de même deux petits ouvrages dont l'un étoit intitulé, la doctrine des Chrétiens, & l'autre, Les Commandemens de Dieu, comme renfermant la doctrine de Luther, & on les condamna à être fupprimez auffi-bien que les heures, fuivant l'avis unanime de toute la faculté.

Enfin le premier de Decembre la faculté s'afSaint Igna fembla & prononça fur les privileges des Jefuià établir fa tes d'une maniere qui ne leur fut pas favorable. focieté en Ils étoient déja à Paris, logez, comme on l'a France dit plus haut, dans l'hôtel de Clermont, où l'évie de faint Vêque du Prat les avoit reçûs; mais ils avoient nae 1.4. befoin de lettres patentes pour être admis dans

[ocr errors]
[ocr errors]

le roïaume comme religieux, & ils trouverent de gran is obftacles. Saint Ignace pour les lever écrivit d'abord à Jean-Baptifte Viole, de faire les vœux de profez avec fes compagnons, fuivant la formule qu'il lui envoïa de Rome; &

pour

pour obtenir des lettres patentes il ménagea la faveur du cardinal de Lorraine qui étoit à Rome. Le cardinal lui promit de fervir fa compagnie auprès du roi Henri II. & dès qu'il fut de retour en France; il s'emploïa fortement pour les Jefuites, & obtint du roi des lettres de reception qu'on leur refufoit depuis long-tems. Ces lettres étoient du vingtiéme Janvier 1550. mais il y avoit cette condition, que des biens qui leur feroient donnez en aumône, ils auroient une maison ou college dans la ville de Paris feulement, & non dans les autres villes.

AN. 1554

Le parle

ment de

ment.

vis erroribus

> tom. 2. p.

Les gens du roi aïant vû ces lettres patentes, LXXVI, donnerent leurs conclufions écrit par pour en empêcher l'enterinement & la verification; ou du Paris s'op moins fupplier la cour de faire des remontran- pofe à leur ces au Roi, afin que fa majefté trouvât bon établiffequ'elles ne fuffent point verifiées. La cour ne D'Argenprononça rien fur ces conclufions, & ne paffa tré collect. pas outre à la verification des lettres. Mais quoi-jadi, de no que l'affaire de l'enregistrement parût échouée, le pere Ignace ne douta pas qu'un jour elle ne 191. réüfsît, & fe contenta d'ufer alors de patience, par la raifon que les entreprifes qui regardent le falut des ames, font toûjours traversées au commencement, & qu'en matiere d'affaires, quand les premieres difficultez font applanies, le tems amene le refte. Les Jefuites laifferent donc diffiper cet orage; mais dans la fuite aïant eu copie des conclufions du procureur general, & fçachant combien Henri II. infpiré par le cardi nal de Lorraine, étoit prévenu en faveur de leur inftitut, eurent recours à fa majefté qui étoit avertie que le parlement refufoit toûjours d'enteriner les premieres lettres, & en obtinrent de fecondes en forme d'iterato, par lefquelles, fans s'arrêter aux conclufions des gens du roi, ni aux remontrances qu'on lui vouloit faire, le roi dé

claroit

AN.1554

tes obtien

tes.

[ocr errors]

4120

claroit qu'il vouloit & entendoit que
les premie
res lettres patentes fuffent enterinées, nonobftant
toutes oppofitions; mais ces ordres ne fervirent
qu'à aigrir le parlement & les gens du roi, qui
fe plaignant qu'on eût communiqué leurs con-
clufions, declarerent qu'ils y perfiftoient,
traînerent la chofe en longueur autant qu'ils
purent.

LXXVII. Mais comme le roi preffoit l'affaire, le parle-
Lesjefui-ment rendit un arrêt le troifiéme d'Août 1554.
ment de fe- par lequel la cour, avant que de paffer outre,
condes let-ordonna que comme l'affaire des Jefuites regar-
tres paten- doit principalement la religion; les bulles de l'in-
ftitution & approbation de la focieté des Jefui-
ibid. 1.5.p.tes, enfemble les lettres patentes du roi, feroient
communiquées à Euftache du Bellay évêque de
Paris, & au doïen de la faculté de theologie,
& que l'un & l'autre en rendroient compte à la
cour pour
fur icelui être oilis & dire ce qu'il ap-
partiendroit. En confequence de cet arrêt, l'évê-
que donna fon avis contraire à la reception de
ces peres, & fit entendre par fon rapport que
leur inftitut bleffoit les droits des évêques, &
les concordats faits entre les papes & les rois de
France. Mais le doïen de la faculté pouffa plus
loin l'affaire, & non content d'avoir dit fon avis
en pleine audience, il affembla les docteurs, &
LXXVIII fit rendre le premier Decembre un decret qui
Decret de portoit, » que cette nouvelle focieté qui s'attri-
de theolo- bue particulierement le titre inventé du nom
gie de Paris,, de Jefus, qui reçoit fans choix toutes fortes
contre les de
» gens, quelques crimes qu'ils aïent commis,
Bouhours, " & quelques infames qu'ils foient; qui ne diffe
vie de jane re en aucune façon des prêtres feculiers, n'aiant
Ignace 1.5, ni l'habit, ni le choeur, ni le filence, ni les
2.413.
Orlandin." jeûnes, ni toutes les autres obfervances qui
in mif.fuciet, diftinguent & qui maintiennent l'état reli-
Jen / 14. »gicux, à laquelle ont été donnez tant de pri-
P.SL. &

la fanité

Jefuires.

vileges

« AnteriorContinuar »