ces vanitez augmenteroit la puiffance, la réputation & les finances qui font les nerfs du gouvernement, & ce qui eft plus que tout cela, leur attireroit le fecours divin que fe doivent promettre tous ceux qui font leur devoir.

AN.1555

Voicx Fra

Quelques auteurs rapportent que parmi di- XCVII. Deffein vers projets, il méditoit d'inftituer un ordre militaire de cent chevaliers, tirez de toutes for- d'inftituer qu'il avoit tes de conditions & d'états, dont il vouloit être un ordre le chef, & le grand maître, en fe les atta- militaire. chant par un ferment inviolable de fidelité, & Paolo hift. par une penfion annuelle de cinq cens écus cha- du concile de cun, aflignée fur la chambre apoftolique, fans Trente, l. Se qu'ils puffent poffeder un plus grand revenu, P. 373 ni aucune autre dignité, à l'exception du cardinalat auquel ils auroient pû parvenir par leurs fervices, fans fortir pour cela de cet ordre. Il prétendoit fe fervir de ces chevaliers pour les nonciatures, les legations, les gouvernemens, les négociations, & toutes les autres affaires du fiége apoftolique. Il avoit déja nommé plufieurs fçavans qui demeuroient à Rome, & il s'en préfentoit d'autres de jour en jour pour recevoir cet honneur. Il avoit fi bien renoncé à ce qu'on appelle Népotifme, qu'il ne voulut jamais permettre qu'aucun de fes parens vînt à Rome, non pas même fon frere, ni fes deux neveux qu'il ne vit point depuis qu'il fut pape. Quelqu'un lui aïant demandé fi on leur donneroit un appartement au palais. Qu'y ont-ils à faire, dit-il, eftce leur maison? S'entretenant avec le cardinal de Mantoue fur les difficultez du gouvernement, il Ciacon. lui dit qu'il n'ignoroit pas que le meilleur étoit de dire peu & de faire beaucoup; qu'il promettoit néanmoins beaucoup de chofes, afin que fi quelquefois il s'écartoit du droit chemin, il en cut honte, fe reffouvenant de fes promeffes.

Il avoit une fi forte envie de voir les princes chré

p. 801

XCVIII.

chrétiens réunis & vivre en paix, que quelques AN-1555 jours après qu'on l'eut élu, il l'appella les amSes grands baffadeurs de Charles V. & du Roi de France, deffeins & les avertit fericufement d'affurer leurs maîtres, pour le que s'ils ne faifoient la paix entr'eux, comme gouverneille leur avoit déja mandé, il ne fe contenteroit l'églife. pas de leur envoier fes nonces, mais qu'il iroit Cia on. loce les trouver lui-même: & lambaffadeur d'Espagne fup. p. 802. lui aïant demandé la grace d'un gentilhomme 3.rin Romain, il lui répondit qu'il ne vouloit pas comp.p. 161. mencer par là fon pontificat. Il étoit fi éloigné

ment de

In volum.

du luxe, & de ce fafte qui accompagne ordinairement la thiarre & la pourpre Romaine, qu'il voulut retrancher la compagnie de fes gardes prétendant que le vicaire de J. C. n'avoit pas befoin de gens armez pour fa confervation; que fes armes étoient le figne de la croix contre les efforts de fes ennemis, & qu'il valloit mieux qu'un fouverain Pontife fut tué par des fcelerats & des impies, fi le cas arrivoit, que de donner l'exemple d'une crainte honteufe, & d'une grandeur peu neceffaire. Il éloigna de fon palais tous les courtisans, il retrancha toutes ces grandes liberalitez de fes prédeceffeurs, & reduifit les penfions, à une fomme fort modique, qu'il ne donnoit qu'à des perfonnes d'une vertu & d'une probité connue. Il ne voulut être fervi qu'avec beaucoup de fimplicité, ne voulant pas qu'on emploïât vaiffelle d'or ou d'argent, qui devoit plûtôt fervir à acquitter les dettes du faint fiége. Il fignifia aux auditeurs de Rote qui venoient le faluer à l'ordinaire, qu'il ne permettroit jamais que ceux qui étoient chargez du foin des ames, s'ab fentaffent de leurs églifes, & s'appliquaffent à des affaires politiques; ce qui eft, dit-il, indigne de la fainteté de leur état. L'église auroit été heureufe, fi elle eût pû conferver long-tems un Pontife fi bien intentionné.

Cracon. ib.

hoc an. n.

11.n.7.

Duchefne

hift, des pa

pes p. 43

Mais pendant qu'il ne s'occupoit que des me- AN.1555. fures qu'il pourroit prendre pour extirper les vi- XCIX. ces & les herefies de l'églife, pour appaifer les Mort du guerres & les divifions des princes, pour retran- pape Marcher les pompes & les dépenfes inutiles de la cei 11. cour Romaine, il fut attaqué d'une fiévre le dou- ut fup. ziéme jour de fon pontificat, c'eft-à-dire, le dix- Raynald. neuviéme d'Avril, dans le tems qu'il étoit avec 20. les cardinaux Farnefe, de Guise & de Ferrare. On Pantin, in crut que fa maladie venoit des fatigues qu'il avoit Mart. II. effuïées dans la celebration de l'office de la fe- Pallavic. maine fainte, & des nombreuses vifites qu'ilib. 13. . avoit reçûes de ceux qui étoient venus pour le fa- Sleidan. I. luer. Une faignée qu'on lui fit le foulagea tel- 26. lement, qu'il recommença fes occupations ordinaires mais le trentiéme du même mois qui étoit le vingt-uniéme de fon pontificat, il fut faifi d'une apoplexie qui l'emporta la nuit fuivan-an. *. 7. te. Il étoit âgé de cinquante-quatre ans moins fix jours. Quelques-uns ne manquerent pas de foup-27. x 2. çonner que fon chirurgien corrompu par ceux qui craignoient la réformation, l'avoit empoisonné, en traitant un ulcere caché qu'il avoit depuis longItems la jambe. Son corps fut enterré fans beaucoup de pompe fous un tombeau de marbre dans l'églife du Vatican, auprès de celui de Nicolas V. Parmi fes domestiques il avoit un certain Pierre Ethiopien, duquel Marianus Victor apprit la langue, ce qui lui donna lieu de compofer une grammaire qui eft la premiere que les Latins aient vûë pour la langue Ethiopienne. Le faint fiége vâqua vingt deux jours.

Fin du Tome Trentième.

Spond. hes

Belcar. in

comments L

TABLE

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DES MATIERES

Contenues dans le trentiéme Volume.

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