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prétendoient que non-feulement ces bonnes œu-
vres étoient inutiles, mais même pernicieuses au AN.1550.
falut. Dans la fuite quelques-uns de fa fecte im-
prouverent cette doctrine fi contraire à l'écriture
Tainte.

Un certain François Stancarus répandit d'au- LXVII.
tres erreurs en Pologne. Il étoit de Mantouë, & Les opi-
aïant été chassé d'Italie comme heretique, fans François
nions de
pouvoir s'établir en Allemagne, il fe retira en Po-Stancarus.
logne, où il enfeigna la langue hebraïque dans le Florim, de
college de Cracovie : mais quand on eût remar- Raymond de
qué qu'en expliquant le texte de l'écriture, il Y42 14
orig. hares.
gliffoit les dogmes des Proteftans, il fut déferén. 6.
à l'évêque de Cracovie & mis en prison. Il en fut Spond, ed
tiré par le crédit de quelques feigneurs, & trouva 1551.
Stanislaus,
un afyle dans la maison d'Oleniski, où il établit Orihovius
le culte de la religion Proteftante, & abolit celui in chimera,
de l'églife Romaine. Oleniski fonda enfuite uneful. 4.0 33.
églife prétendue réformée à Pinczovie l'an 1550.
& Stancarus ouvrit une école, à laquelle il don-
na pour regles les maximes des Lutheriens. Quel-
que tems après il fut envoïé en Pruffe, & il exer-
ça dans Konisberg pendant une année la charge
de Profeffeur en langue hebraïque. Il eut alors de
grands differends avec Ofiander, touchant la
qualité fous laquelle J. C. eft nôtre mediateur.
Ofiander foutenoit que c'étoit en qualité de Dieu;
& Stancarus vouloit que ce fût felon la nature
humaine, à l'exclufion de la divine, faisant ainfi
revivre les herefies d'Arius, de Macedonius, de
Neftorius, & d'Aerius, prenant auffi quelque
chofe des nouveaux heretiques, laiffant en J. C.
l'humanité feule, parce que Calvin avoit dit que
le mediateur est moindre que fon pere, laiffant
encore le pain dans la cene avec Luther, rejet-
tant le corps, & ne reconnoiffant que les fignes
avec Zuingle. Les prétendus réformez de Polo-
furent partagez fur la qualité de mediateur

gne

en J. C. Les fynodes fe déclarerent contre l'opîAN.1550.nion de Stancarus; mais il eût plufieurs partifans pendant qu'il vêcut; lefquels après fa mort, fe déclarerent pour l'Arianifme. Il publia divers écrits, tant de critique que de controverfe, dans lefquels il fe répandoit fort en injures contre les Lutheriens, & les Calviniftes, qui n'étoient pas

LXVIII.

Pruffe.

Adam, in

vi. theol.

de fon avis. Staniflas Orichovius écrivit contre lui un livre intitulé, la Chimere.

l'an

1522.

Le fameux André Ofiander, miniftre ProteOfiander ftant d'Allemagne, commença auffi à répandre répand fes dans cette année fes erreurs en Pruffe. Il étoit né erreurs en dans la Baviere le dix-neuf Decembre 1498.. Barnet,in d'une famille dont le nom étoit Hofen; mais comment. I. comme ce nom, qui fignifie en Allemand, haut22.p.807. de-chausses, ne lui plaifoit pas, il le changea Spand. ad an. 1549. pour celui d'Ofiander. Il apprit les langues, & la 4.10. theologie à Wirtemberg, puis à Nuremberg, & Melchior fut des premiers à prêcher la doctrine de Luther c'étoit un homme naturellement in, German. quiet, chagrin, qui parloit avec tant de vehemence & de chaleur, que Luther même ne pouvoit fouffrir fes emportemens, qui lui firent fouvent des affaires. Il fut donc obligé de førtir de Nuremberg, à caufe de l'Interim de l'empereur Charles V. & paffa dans la Pruffe, où il s'acquit l'eftime du duc Albert, qui le fit profeffeur dans l'academie de Konisberg, & miniftre. Ce fut dans ces emplois qu'il publia fes erreurs fur la juftification, & qu'il inventa une nouvelle doctrine, qui lui fufcita beaucoup d'adverfaires, & qui fit naître des difputes, lefquelles durerent affez long-tems: car il enfeigna dans cette année 1550. que l'homme n'étoit point juftifié par la foi, mais par la juftice de J.C, par laquelle Dieu eft jufte, & qui eft Dieu même, en forte que l'hom, me la reçoit tellement, qu'il eft Chrétien par nature & non par grace; & prétendoit s'autori

for

fer du fentiment de Luther qui n'avoit pas pen- AN.1550. fé autrement que lui. Il s'attachoit principale-" ment à piquer les theologiens de Wirtemberg, les défiant de réfuter fes propofitions, s'il étoit en leur pouvoir, & difant qu'il les maintiendroit contre tous ceux qui oferoient les contredire; sur tout il n'épargnoit pas Melanchton, l'homme du monde le plus pacifique.

avec les

De Thon,

Ces theologiens ne manquerent pas de répli- LXIX. quer. Ils foutinrent à Ofiander, que ce qu'il avan- Ses difpu çoit touchant Luther étoit faux, puifque ce chefte theologiens de parti, quelque tems avant fa mort, avoit ren-Lutheriens. du un témoignage avantageux au livre des lieux Sleidan communs de Melanchton, dont il approuvoit la ibid. ut fup. doctrine; & que par confequent, il penfoit au-.,11, trement que Luther, puifqu'il étoit fi opposé à ce même Melanchton. Enfuite ils demontroient que Luther avoit enseigné tout le contraire de ce qu'il lui imputoit, & qu'ainfi fa doctrine étoit pernicieuse, lorfqu'il enfeignoit, que la justice de la foi ne confifte pas dans le fang & la mort de J. C, par laquelle nous fommes rachetez & justifiez. Et c'est ce qu'il reconnoiffoit lui-même fans y penfer, puisque dans fes entretiens familiers avec fes amis, il s'élevoit contre la theologie de Luther & de Melanchton, qu'il traitoit d'Ariftotelicienne, plûtôt charnelle que fpirituelle. Mais dans les difputes il ne voulut jamais ceders il écrivoit avec aigreur, & se répandoit en beaucoup d'injures. Ce qu'on peut voir dans fes lettres à Joachim Merlin & à Melanchton, qui parloient de lui, non-feulement avec honnêteté, mais même avec éloge.

ad Melanch

Le prince Albert au commencement fouhai- Calvin. ip. toit fort qu'on appaifât tous ces differends, & epift. 146. que de part & d'autre on gardât le filence. Mais gagné par Ofiander, il prit fon parti, & ordonna à ceux qui lui étoient contraires de fortir de

D 3

Les

AN.1550.

LXX.

fes états. Ainfi Merlin fut obligé de se retirer, quelques prieres que les habitans fiffent au duc, pour l'engager à ne les en pas priver. Ofiander fut accufé avec juftice de n'avoir aucune religion, tournant en raillerie les paffages les plus faints de l'écriture à la maniere des impies & des athées, comme le lui a reproché Calvin, dans une lettre qu'il écrivoit à Melanchton. Et ce dernier a publié qu'il aimoit le vin, & qu'étant en Pruffe, il vouloit gager avec les courtifans à qui boiroit le mieux. C'étoit pourtant un des heros de la réforme.,, Toutes les fois, dit Calvin, qu'il ,, trouvoit le vin bon dans un feftin, il le loüoit, en lui appliquant cette parole que Dieu difoit ,, de lui-même., je fuis celui qui fuis; Et encore: Voici le fils du Dieu vivant. Calvin s'étoit trouvé aux banquets, où il proferoit ces blafphêmes.

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Les Lutheriens n'en avoient pas meilleure opi Ce qu'ont nion; & Melanchton, qui trouvoit fouvent à penfé Calvin, Me- propos, comme Calvin le lui reproche, de lui lanchton, donner des louanges exceffives, ne laiffe pas en & les au- écrivant à fes amis de blâmer fon extrême arro

tres Pro

teftans fur gance, fes rêveries, fes autres excés, & les proOfiander. diges de fes opinions. Ce fanatique afant voulu Boffet, paffer en Angleterre, pour y débiter fes erreurs hf. des Va- & fes vifions, & fe flattant de trouver de l'appui viat. 1.8.7. dans ce roïaume, parce que Cranmer archevêque 13. de Cantorbery, avoit époufé fa foeur, on fit enMelancht. tendre aux Anglois & à Cranmer lui-même 1.2. p. 240 combien il feroit dangereux d'attirer chez eux, 59.447. ou d'y fouffrir feulement un homme qui avoit

répandu dans l'église un fi grand cahos de nouvelles opinions. Ofiander rebuté de ce côté-là, alla porter ailleurs fes extravagances & fes herefies. Il ne fut pas plûtôt en Pruffe, qu'il mit en feu l'univerfité de Konisberg par fa nouvelle doAtrine de la juftification; & quand il se vit appuïé de la faveur du prince Albert de Brande

bourg,

bourg, qui étoit grand-maître de Pruffe, & qui s'étoit marié après avoir embraffé la réforme, il éclata de toute fa force, & partagea bien-tôt toute la province : mais Dieu arrêta fes funeftes emportemens. Etant tombé le deuxième jour d'O&tobre 1552, dans une espece d'épilepfie, il mourut le dix-feptiéme du même mois, âgé de cinquante-quatre ans. Il a laiffé grand nombre d'ouvrages de theologie.

AN.1550.

de la diette

concile.

n. 1. p. 235.

D'autres difputes s'allumoient en Allemagne, LXXI. fans que Charles V. y pût remedier. Le but de Decret ce prince étoit d'engager les Proteftans à fe ren- d'Aufdre au concile. Ce fut dans cette vûë qu'avant bourg touque de finir la diette, il publia un édit par lequel chant le il difoit que n'aïant point trouvé de remede plus Sleidan in propre pour accommoder les differends de la reli- comment. 1. gion, que d'affembler un concile oecumenique, 22.p.807. il emploïeroit tous fes foins pour faire en forte De Thom in hift. lib.. qu'il fût au plûtôt affemblé, & que toutes les queftions s'y décidaffent avec ordre & fans paffion, conformément à la doctrine de l'écriture fainte, & des anciens peres, que ce foin le regardoit particulierement en qualité de protecteur de l'église, & de défenfeur des conciles, titres qu'il fe donnoit dans cet écrit: qu'en cette qualité il promettoit une fûreté entiere à tous ceux qui voudroient venir à ce concile, foit qu'ils embraffaffent la vraie religion, foit qu'ils vouluffent perfifter dans la confeffion d'Ausbourg; qu'il leur feroit libre de demeurer à Trente autant de tems qu'ils voudroient, & y propofer avec une entiere fûreté tout ce qu'ils jugeroient à propos pour la tranquillité de leur confcience, & pour leur inftru&tion, qu'il les prioit donc tous, tant ecclefiaftiques que proteftans, de ne point méprifer la bulle du pape, & d'y venir bien inftruits de ce qu'elle contient, afin qu'enfuite ils n'euffent aucun fujet de fe plaindre, ou d'en avoir été exclus par D 4 trop

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