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NOUVELLE HISTOIRE

DU BERRY.

LIVRE TROISIEME.

CHAPITRE

PREMIER.

LA

Des Armes de la Ville de Bourges.

A variété qu'il y a eu dans les armes de la ville de Bourges, témoigne fon ancienneté, sa célébrité, fa force, la bravoure des anciens Berruyers, & que fa principale richesse consiste

dans le trafic des bêtes à laine.

On trouve qu'anciennement cette Ville portoit, dans un champ d'azur, le plan d'une tour/de gueules & d'azur, & deux moutons d'argent clarinés d'or fous un croiffant croife par-deffus d'argent avec la devise, Geftabant Cataphracti Biturigences. Tome IV.

A

On trouve encore qu'elle s'armoit d'un agneau pafcal avec une croix d'argent, en champ d'azur.

Elle porte actuellement d'azur à trois moutons paffans d'argent, accornés de fable, accolés de gueules, clarinés d'or; deux un au chef coufu de France; pour fupports, un berger & une bergere

tenant leur houlette.

On a pensé que cette Ville devoit porter non pas trois moutons, mais trois lions, comme Capitale des trois Aquitaines.

Cette opinion prouve que le choix des armes eft un effet de la vanité & de l'amour-propre. On voudroit, par une multitude de marques fymboliques, annoncer à la postérité ce que l'on a fait, & ce que l'on eft.

Nous penfons que c'eft à l'embarras du choix de ces marques qu'on doit attribuer la confufion qui fe trouve dans la plus grande partie des armoiries.

CHAPITRE II.

De la Ville de Bourges, & fa Defcription.

LA
La ville de Bourges eft une des plus nobles &

A

des plus anciennes villes de la France. Son ancienneté eft de 3956 ans (1). Elle eft patriarchale, primatiale, métropolitaine & archiepifcopale.

Nous ne ferons aucune differtation fur la queftion de fçavoir fi Bourges eft l'Avaricum dont Céfar décrit le fiége & la prise au livre feptieme de fes Commentaires, plutôt que Vierzon. L'examen de cette question qui a échauffé l'imagination de nos prédéceffeurs, & a donné lieu à tant de raisonnemens fuperflus, ne méritoit point la plus légere attention. Il est indubitable que c'est de Bourges & non de Vierzon dont Céfar a donné la description. La connoiffance du local de ces deux Villes fuffit pour s'en convaincre.

Bourges eft la Capitale du pays & Duché de Berry; l'air en eft pur & fain, le fol fertile en grains de toute efpece. Elle eft environnée d'excellens marais, de prairies & de vignobles confidérables, dont la plupart produifent de bons vins,

(1) Voyez la Note du Tome I de cette Histoire, page 5.

de chenevieres, &c. &c. Elle eft fituée fur les rivieres d'Yevre & Auron (2), au 20. degré 3 min., 26 fec. de longitude, & 47 deg. 4 min. 58 fec. de latitude (3). Elle peut fe diviser en ancienne & nouvelle. L'ancienne, qui eft l'Avaricum dont parle Céfar, est plus élevée que la nouvelle Ville. Les murs de l'ancienne Ville com

(2) Voyez la Description hydraugraphique, Tome I, page 51.

(3) En 1739, M. Caffigny de Thury ayant communiqué à l'Académie fon projet de vérifier la méridienne de Paris, fe rendit dans le Berry, au mois de Mai, avec M. l'Abbé de la Caille, MM. Saunac, Le Gros, & Le Monnier. Ils fuivirent les premiers triangles de la méridienne jusqu'à Orléans; de-là en formerent une fuite dans la direction de la méridienne jufqu'à Bourges. Toutes les obfervations, tant des étoiles, faites à Paris & à Bourges, que de celles du foleil, faites avec le fecteur & à la méridienne, étant comparées enfemble, on a trouvé que la différence de latitude entre ces deux Villes étoit d'un degré quarante-cinq minutes douze fecondes.

La distance de Bourges à la méridienne de Paris, eft de 2425 toises un tiers, & la distance à la perpendiculaire, eft de 100067 toifes.

On a obfervé que le plus grand jour à Bourges, eft lorfque le foleil fe leve à quatre heures fix minutes, & qu'il se couche à sept heures cinquante-quatre minutes, & le plus petit, quand il fe leve à sept heures quarante-fix minutes, & fe couche à quatre heures quatorze minutes.

mençoient près la groffe tour, & paffoient à travers l'emplacement fur lequel eft l'Eglife de St. Etienne, & fuivoient le long des Ecoles de Droit, & en defcendant fur la gauche, la grande rue de Bourbonnoux & porte Gordaine; de-là, au bas de la porte neuve qui s'appelloit autrefois de St. Andrieu, & de la porte neuve, fuivant la rue des Arênes jusqu'à la porte Auronoise, retournant la rue des Sucs jufqu'à la porte St. Paul, & retournant vers ladite groffe tour, on voit encore des anciens murs, & même des tours entieres fur lefquels font bâties les maisons de plufieurs particuliers, qui font beaucoup plus élevées que celles de la nouvelle Ville (4).

La Ville a été augmentée de plus de moitié, & ce qui compofe la nouvelle Ville font les bourgs & paroiffes de St. Urfin, les paroiffes de St. Jean-des-Champs, de St. Bonnet, de Saint Ambroife, de St. Médard, de Ste. Croix, de Saint

(4) Catherinot, en parlant des maifons de la rue de Paradis, ancienne Ville, & de celles de la rue des Augustins, dite autrefois rue d'Enfer, nouvelle Ville, obferve que les caves des maifons de la rue de Paradis pourroient fervir de greniers aux maifons de la rue des Auguftins, & que leurs greniers ferviroient de caves aux maifons de la rus de Paradis

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