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heur de fes fujets, eft quelquefois réduit à foupirer long-temps en vain pour leur foulagement. La puiffance fuprême, confidérée feulement comme force, n'eft jamais qu'une puiffance humaine fouvent entourée de réfiftances qui, par leur concours du moins, femblent devenir invincibles : mais la force de la volonté fera le fuccès de la puissance.

Une bonne mere, entourée des enfans de fon cœur, ne refpire que leur félicité : c'est-là toutes fes pensées, tous fes foins, toutes fes jouissances ; elle vit pour eux & en eux. Une mere tendre, éloignée de fon fils bien-aimé, ne foupire que pour fon retour: fa joie eft loin d'elle; elle n'a que des vœux pour le rappeller, & ils font étouffés fes foupirs.

par

Soupirer marque ainfi l'intérêt tendre & la fenfibilité touchante. Mais quelle énergie que celle de l'expreffion (une des plus belles de nos expreffions figurées), refpirer le carnage, refpirer la joie? Ce que nous refpirons, c'est ce qui nous anime, c'eft ce que nous attirons & répandons fans ceffe, c'eft ce qui meut toutes nos facultés, c'est notre vie.

Convenons que refpirer après une chose n'a pas la même force, & fe rapproche davantage de Joupirer après. Cependant, avec moins d'énergie, cette locution a le même caractere distinctif, Respirer après marque un defir plus vif, plus impatient, plus empreffé; & foupirer après, un defir ou un regret plus inquiet, plus trifte, plus affectueux.

Avec un caractere vif & un tempérament délicat, je ne refpire qu'après la belle faifon je hâte le temps, je rapproche de moi cette riante perfpec tive, je voudrois paffer par deffus tous les jours ri

goureux. Tourmenté par des fouffrances toujours renaiffantes & forcé de rappeller fans ceffe toute ma patience, je foupire après les beaux jours: je les vois fi éloignés! Le temps alongé par ma douleur coule fi lentement! Mes vœux font triftes comme ces jours douloureux.

Le malade, dont le courage renaît avec les forces, ne refpire qu'après la fanté : un malade, trop débile encore & abbatu, ne fait que foupirer après elle.

Il me refte à obferver que refpirer après n'exprime proprement que le defir d'un bien qu'on voudroit poffeder: tandis que foupirer après exprime fréquemment le regret d'un bien qu'on a eu le malheur de perdre.

Vous refpiriez après votre ami vivant : cet ami mort, vous soupirez en vain après lui.

L'ambitieux entreprenant ne refpire qu'après les honneurs qu'il pourfuit: l'ambitieux, déchu 'de ces honneurs, foupire après eux tout bas; tout haut, c'est un phénomene.

Reffemblant, Semblable.

L'ORIENTAL fem, en celte fen, fignifie figne: de là le latin fimilis, qui a les mêmes fignes, les mêmes traits, les mêmes apparences, femblable ou reffemblant. Reffemblant eft le participe préfent du verbe ressembler: il indique le fait, qu'un objet reffemble à un autre. Semblable indique la priété qu'a l'objet de pouvoir être comparé à un autre ; car la terminaifon ble, expliquée à l'article abominable,

pro

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abominable, marque la propriété, la faculté, la capacité de faire ou d'être fait. Ainfi deux objets reffemblans ont la même apparence, la même forme, la même figure, les mêmes rapports fenfibles deux objets femblables font feulement propres à être comparés, dignes d'être affimilés faits pour aller enfemble ou de pair, à caufe des rapports communs qu'ils ont également. Un portrait eft en lui-même resemblant ; & quand vous comparez deux chofes enfemble, vous les trouvez femblables.

En fecond lieu, re marque la réduplication : reffemblant annonce donc une conformité redoublée, c'est-à-dire, une conformité plus grande & plus parfaite que ne le promet le mot femblable (a). Si nous n'avions pas oublié le mot femblance, nous fentirions que la reffemblance eft, pour ainfi dire, une double femblance, une femblance trèsexacte. Si nous difions encore, comme dans plufieurs Provinces, qu'une chofe femble à une autre, nous trouverions bientôt que la chofe qui ressemble à une autre, lui femble plus & mieux que ce qui ne fait que lui fembler. Les mots fimples

(a) Il ne faut pas croire que la réduplicative re marque toujours deux actions fucceffives dans le verbe compofé. Quelquefois, elle défigne une action continuée, comme dans retenir; quelquefois l'oppofition à une action contraire, comme dans repouffer; quelquefois une duplicité ou une multiplicité d'actions, comme dans rejaillir; quelquefois un haut degré d'intenfité, comme dans reffentir, lorfqu'il fignifie fentir vivement, profondément, &c. Dans tous ces cas & autres femblables, la particule re convient bien, pour exprimer un concours d'actions ou une action, telle que, par fon énergie doublée, pour ainfi dire, elle produit un effet femblable ou égal à celui de la répétition des actes. Voyez jaillir & rejaillir.

Tome IV.

.F

abandonnés, il a fallu que les compofés, pour prendre leur place & en tenir lieu, perdiffent leur force réduplicative: mais femblable nous eft refté, & reffemblant a confervé une partie de son énergie propre.

Auffi appliquons-nous le mot resemblant à des objets qui femblent faits fur le même modele, jettés dans le même moule, formés fur le même deffin, copiés l'un fur l'autre ; tandis qu'il fuffie de certaines apparences, de quelques traits marqués, de divers rapports fenfibles, pour que cette forte de conformité imparfaite rende des objets femblables ou comparables. Ainfi un portrait eft reffemblant, qui rend bien la figure: deux jumeaux font reffemblans, dont on reconnoît l'un quand on connoît l'autre deux étoffes font resemblantes, que l'on prendroit l'une pour l'autre. Mais un homme quoique femblable à un autre, ne lui eft pas toujours reffemblant: Achille n'eft pas ressemblant à un lion, quoiqu'on dife qu'il lui eft femblable: nos femblables, non feulement ne nous font pas toujours reflemblans, mais il y a de très grandes diffé

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rences entre eux & nous.

Et cette application nous conduit à une troisieme remarque; c'eft que le mot reemblant défigne plutôt une reffemblance phyfique de figure, de forme, d'ordonnance, d'ensemble qui frappe les yeux de la même maniere: au lieu que femblable fert également à défigner des rapports métaphyfiques, moraux, géométriques, l'efpece, le nombre, la qualité, la valeur, la propriété uniforme ou commune de tout genre. Les malheureux ont des femblables & non des gens reffemblans: une fomme n'est pas reffemblante à une autre, elle lui est sem

blable: deux raifonnemens font femblables fans qu'on puiffe les appeller reffemblans: des figures géométriquesont des propriétés, non reffemblantes, mais femblables, &c. Il faut pourtant dire que ces chofes fe reffemblent, ou qu'elles ont plus ou moins de resemblance; ce qui induit naturellement à de faufles applications de l'adjectif reffemblant.

Rétablir, Reftaurer, Réparer.

CES verbes expriment l'idée commune de refaire, renouveller, mettre de nouveau en état.

Rétablir, établir de nouveau, latin ftabilire, a pour racine fto, être debout, fur pied, ferme : d'où ftatuo, dreffer, ériger, ftatuer, pofer d'une maniere fixe; & ftabilio, établir, faire une chofe ftable, la rendre ferme & folide.

Reftaurer, latin reftaurare, fort de la même racine, mais, fi je ne me trompe; par le verbe ftruo, conftruire, mettre en ordre: car reftauro femble tenir lieu aux Latins de reftruo qu'ils n'ont pas; & ils n'ont pas le fimple ftauro dont ftruo femble tenir la place. Tacite dit également extruere & inftaurare, lorfqu'il s'agit du Théatre de Pompée. Stor, fter, en grec, exprime l'idée d'affermir, de confolider, de fortifier. Enfin Donat, fur Té

dit: Inftauratio, hoc eft, integratio: ref taurer, c'eft remettre dans fon entier un ouvrage, une construction, ou lui redonner la folidité, la force.

Réparer, latin reparare, compofé de parare, a pour racine le mot par, produire, former, donner un appareil, une maniere d'être.

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