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AUGER DEBALBEN.

1163.

DE COMPS.

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mépris des Chrétiens; on vous regardera comme des perfides & d'autres Judas qui aurez livré une feconde fois le Sauveur du monde entre les » mains de fes ennemis. Le Grand Maître par de femblables difcours calma cet orage, & ramena infenfiblement ces Seigneurs dans le parti du Prince & après quelques négociations où chaque mécontent eût foin de fes interêts particuliers, ils furent tous en corps affurer Amaury de leur foumiffion. Ce Prince fut enfuite couronné dans l'Eglise du S. Sépulchre le dix-huit de Fevrier de l'année 1163, & tous les Etats du Royaume lui prêterent folemnellement ferment de fidelité.

Le Grand Maître accablé d'années, furvécut peu à cette auguste cérémonie, qu'on pouvoit regarder comme fon ouvrage. A peine avoit-il gouverné deux ans fon Ordre, qu'il fut furpris par la mort: mais après avoir contribué fi heureusement à la paix de l'Eglife & de l'Etat, il avoit assez vécu pour fa gloire.

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Les Hofpitaliers firent occuper fa place par ARNAUD Frere ARNAUD DE COMPS, Chevalier d'une Maison illuftre dans la province de Daufiné, & qui n'étoit pas moins âgé que fon prédécesseur. A peine ce nouveau Grand Maître eut-il pris poffeffion de fa dignité, qu'il fe vit obligé de s'avancer vers la frontiere à la tête des Hofpitaliers. Il étoit queftion de s'opposer à de nouvelles incurfions des Sarrafins. Nous avons dit que depuis que le Roi Baudouin III. fe fut rendu maître d'Afcalon, le Calife appellé Elfeis, pour se délivrer des courfes continuelles que la garnifon de cette Place

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DE COMPS.

& celle de Gaza faifoient fur les frontieres, s'étoit ARNAUD foumis de payer aux Rois de Jerufalem certaines fommes par forme de contribution. Mais le Calife Adhed fucceffeur d'Elfeis, ou pour mieux dire, Schaours ou Sannar, qui fous le titre de Soudan, gouvernoit l'Etat avec une autorité abfolue, refusa hautement de continuer à payer cette espece de tribut: & pour rompre avec éclat un traité honteux à fa nation, il fe mit à la tête d'un grand corps de troupes, & ravagea à fon tour les frontieres de la Judée.

Amauri brûlant d'impatience de fe venger de Will. de Tyr. l'infraction d'un traité fait avec cette nation, raf- Liv.19.ch.s semble ses forces, convoque la Noblesse & les deux Ordres militaires, & s'avance à grandes journées pour repouffer l'ennemi. Tout se préparoit de part & d'autre à une guerre fanglante, lorsqu'il s'éleva dans l'Egypte des troubles & des guerres civiles qui obligerent le Soudan à abandonner la frontiere, & à ramener fes troupes dans le Royaume. Mais le Roi de Jerufalem ne fçut pas profiter d'une retraite si précipitée.

Pour l'intelligence de ce point d'hiftoire, il faut fe fouvenir de ce que nous avons dit dans le Livre premier de cet ouvrage; que depuis la mort de Mahomet, il s'étoit élevé dans cette fecte, & dans la famille même du faux Prophete plufieurs Princes, Chefs de differentes Dynafties, qui fous le nom de Califes, fe prétendoient heritiers des Etats de Mahomet, & les véritables Interprêtes de fa Loi : & fous ce prétexte, & pour retenir leurs fujets fous leur obéiffance, ils avoient publié diffe

ARNAUD rens commentaires, & des explications de l'AlcoDE COMPS. ran fouvent contraires & oppofées. Abulabbas furnommé Saffah, un des petits-fils de Mahomet, ou du moins iffu de la même famille, ayant été proclamé Calife, donna le commencement à la Dynastie des Abbaffides, qui s'établirent à Bagdat. Il y eut 37 Califes de cette famille, qui fuccederent les uns aux autres fans interruption; & ils étoient reconnus par tous les Mahometans de l'Afie, & fur-tout par les Turcomans Selgeucides pour les fucceffeurs légitimes de Mahomet.

19. ch.20.

Hegire 296. Vers l'an de Jefus - Chrift 908, la Dynastie des Will Tyr. L. Fathimites, c'est-à-dire, des Princes qui prétendoient defcendre en ligne directe d'Ali & de Fatima, fille de Mahomet, commença en Afrique; & foixante-quatre ans après, le Calife Moëz le Dinillah entra en Egypte, s'en rendit le maître, fit reconnoître la doctrine d'Ali pour la feule ortodoxe, & défendit qu'on cût à fuivre celle d'Omar & des Califes Abbaffides, qui réfidoient à Bagdat, contre lefquels ce Prince & fes fucceffeurs jufqu'au tems d'Adhed dont nous venons de parler, entretinrent un fchifme continuel.

Cette varieté de fentimens dans l'explication de l'Alcoran, ces disputes, ces fchifmes, & furtout ces généalogies la plûpart fabuleuses, n'étoient inventées par ces Princes que pour impofer au peuple, & pour autorifer leurs ufurpations: mais ceux de ces Princes dont l'Empire étoit bien affermi, s'en moquoient. C'est ainsi qu'un certain Thabetheba ayant demandé au Calife Moëz de quelle branche de la Maifon d'Ali il

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