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ODON

DE

PINS.

Les Chevaliers qui après avoir perdu tous les biens qu'ils poffedoient dans la Palestine, ne fubfiftoient prefque plus que des gains qu'ils faifoient par la courfe, murmurerent hautement de fon indifference pour les armemens: la plûpart en porterent leurs plaintes au Pape auquel ils demanderent la permiffion de le dépofer. Boniface le voulut entendre fur les griefs de fes Religieux, & le cita à Rome. Odon qui fçavoit mieux obéir que commander, se mit auffi-tôt en chemin; mais il mourut avant que d'avoir pû arriver dans cette Capitale du monde chrétien. Les Hofpitaliers en ayant reçu la nouvelle, lui donnerent pour fucceffeur Frere GUILLAUME DE VILLARET, de la Langue de Provence, Grand Prieur de faint Gilles, & qui étoit actuellement dans fon Prieuré. Ce GUILLAUME Seigneur avoit alors un frere auffi Chevalier, & VILLARET. des premiers de l'Ordre; & le Monaftere des Hofpitalieres de S.Jean de Fieux en Querci,étoit gouverné par Jourdaine de Villaret leur fœur.

Quoique le nouveau Grand Maître eût reçu les nouvelles de fon élection, il ne fe preffa point de partir pour l'Ile de Chypre, il voulut vifiter par luimême tous les Prieurez des Langues de Provence, d'Auvergne & de France; & par de fi dignes foins il rétablit la discipline reguliere qu'il affermit encore par un Chapitre qu'il convoqua dans la Commanderie de la Tronquiere, membre dépendant du Grand Prieuré de faint Gilles. Parmi plufieurs reglemens très utiles qu'il y fit, ce fut dans ce Chapitre qu'il foumit les Maifons Hofpitalieres de Beaulieu, de Martel & de Fieux, occupées par des

DE

1296.

Cofmog.de Belleforest. t. 2.p.6.

1298.

DE

GUILLAUME Dames Religieufes de l'Ordre,à la vifite du Grand VILLARET. Prieur de faint Gilles & de fes fucceffeurs. La Superieure de Beaulieu est élective & perpetuelle, prend le titre de grande Prieure, & porte la grande

Croix.

La Maison de Belver ou de Beaulieu dans fon

origine, n'étoit qu'un Hôpital fondé par 'les Sei-
dela Maifon de Themines vers l'an 1220,
gneurs
entre Figeac& Rocamadour, en faveur des pauvres
& des pelerins qui y paffoient pour aller à la Terre
Sainte. En 1259, un Seigneur de Themines appellé
Guibert & Aigline fa femme, donnerent à l'Ordre
de faint Jean de Jerufalem cette Maison avec tous
les biens qui y étoient attachez. * Cette donation
fut acceptée de la part de l'Ordre par Frere Pierre
Gerard, Commandeur des Maisons de Quercy,
& Frere Geraud de Baras, Grand Commandeur des
Maisons du côté de la mer, ainfi que porte le titre
de cette donation : ce qui fe doit entendre appa-
remment de la premiere dignité de l'Ordre après
la Grande Maîtrise, & attachée par préférence à
la Langue de Provence. Ce fut dans le Chapitre
de la Tronquiere que Guillaume de Villaret de-
venu Grand Maître, donna l'Habit & la Croix
de l'Ordre à plufieurs filles de qualité qui s'étoient
dévouées dans cet Hôpital au fervice des pau-
vres, & il y établit pour Prieure, Aigline de
Themines fille des Fondateurs. Ce Grand Maître
foumit cette Maifon à la vifite du Grand Prieur

*L'ancienne Maifon de Themines après être fondue fucceffivement dans celles de Cardaillac & de Penne, eft paffée dans celle de Laufiere, d'où eft forti à la fin du feizième ficcle Pons de Laufiere Themines, Chevalier des Ordres du Roi, Maréchal de France, Sénéchal & Gouverneur de la Province de Quercy,

DE

de faint Gilles, & fit plufieurs autres reglemens GUILLAUME aufquels Aigline & quatre autres Dames députées VILLARET. de la Communauté, & qui s'étoient rendues à la Tronquiere, fe foumirent: ce qui fut depuis ratifié dans une affemblée particuliere de leur Chapitre. On ignore le tems de la fondation de la Maison de Martel fituée dans la Ville de ce nom, & qui a porté long-tems celui d'Hôpital de la vraye Croix. A l'égard d'une autre Maifon de l'Ordre appellée Fieux,Jourdaine de Villaret fœur du Grand Maître, & de Foulques de Villaret Chevalier de l'Ordre, en étoit alors la premiere Prieure, comme on le peut voir dans le catalogue des Superieures de cette Maison. Mais comme elle a été depuis réunie à celle de Beaulieu, nous ne nous y arrêterons pas; il fuffit de remarquer que dans ces trois Maisons, auffi-bien que dans celle de Toulouse, qui eft d'une fondation moderne, & dans toutes celles de l'Ordre, en quelque contrée qu'elles fufsent situées, la naissance des dames Religieufes doit être trèsnoble, & qu'on éxigeoit à leur égard, les mêmes preuves que pour les Chevaliers.

Leur habillement confiftoit dans une robe de drap rouge avec un manteau de drap noir, & fur lequel on attachoit une Croix de toile blanche à huit pointes, usage qui a varié en differentes Provinces & en differens fiecles, & dont nous rapporterons les motifs dans la fuite de cette Hiftoire.

In Arch.

Vatic, ex re

Ce fut à la fin de ce même fiecle, & pendant le Magiftere de Guillaume de Villaret, que le Pape Boniface VIII. confiderant la perte que cet gift. Bon. 8.. Ordre militaire avoit faite de tous fes biens dans la t.2. fol. 308. Palestine, pour le mettre en état de continuer fes

GUILLAUME armemens, unit à la manse magistrale la celebre VILLARET. Abbaye de la fainte Trinité de Venouse dans le

DE:

Royaume de Naples. Ce Pape par fa Bulle de l'an 3. de fon Pontificat, declare qu'il a été porté à fupprimer les moines qui occupoient cette Maison à cause du déreglement de leurs mœurs, & que par une raifon contraire, il a jugé à propos d'en gratifier les Hofpitaliers qui expofoient tous les jours leurs vies pour conferver celles des pelerins, & leur affurer le chemin de la Terre Sainte. Ce fut presque en même tems, & par un pareil motif, que Henry Marquis de Hochberg, de la Maifon de Bade,avant que d'entrer dans l'Ordre des Templiers, donna aux Hofpitaliers fa Seigneurie de Heïterfeïm fituée proche Fribourg, réfidence des PREUVE Grands Prieurs d'Allemagne. Cette donation fut confirmée vingt ans après par Henry & Rodolphe Marquis de Hochberg, comme on le peut voir dans les Preuves.

1300.

Le Grand Maître fe rendit à Rome pour remercier le Pape de fes bien-faits; & après avoir reçû fa benediction, il en partit pour l'Ifle de Chypre, & arriva heureusement à Limiffo, & dans la Maison Chef-d'Ordre, réfidence du Couvent. Il y étoit attendu avec impatience, non feulement par la prévention où l'on étoit de fa fageffe & de fa capacité dans le gouvernement; mais encore dans l'efperance que par fa prefence & par fes foins, il donneroit un nouveau degré de chaleur au projet d'une ligue qu'on proposoit pour chaffer les Sarrafins de la Terre Sainte.

Gazan, fils d'Argun, dont nous avons parlé, Khan des Tartares-Mogols, Roi de Perfe, & un

رو

"

GUILLAUME

DE

des defcendans ou des fucceffeurs de Genchizcan, étoit à la tête de cette ligue. Pachimere Hiftorien VILLARET grec & contemporain, nous fait un portrait de ce Tartare qui eft trop beau, s'il eft fidele, pour ne pas trouver ici fa place:» Quand ce Prince, dit Pachim.l 2. » cet Historien, monta fur le Thrône, il jetta les » yeux fur l'histoire de Cyrus & d'Alexandre le Grand, pour en tirer le modele de fa conduite. Il » admiroit fur-tout les grandes qualitez du vainqueur de Darius. Dans les expeditions militaires, » il fe fervoit volontiers des Yberiens, & c'étoit, » dit cet Historien, autant pour la pieté fincere de » cette Nation, & pour fon attachement fidele à la » Religion Chrétienne, que pour le courage intré pide qu'ils faifoient paroître dans les combats. Comme il fçavoit que la Croix eft le trophée des »Chrétiens, il la mit au haut de fes enfeignes, » & ce fut fous la protection de ce figne de notre falut, qu'il emporta de celebres victoires fur le » Sultan d'Egypte. Il entra dans la Palestine; & pour gratifier les Yberiens qui étoient dans fon armée, il attaqua même la ville de Jerufalem, » & peu s'en fallut qu'il ne délivrât le tombeau du » Sauveur de la tyrannie des Infideles.

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Voyez la Bi

Il n'y a perfonne qui en lifant ce trait de l'hif toire de Pachimere, ne fe perfuade que Gazan étoir chrétien. Mais tous les autres Ecrivains de fa Na-blotheque tion, Arabes, Perfans, Poëtes & Hiftoriens fou- Orientale tiennent que ce Prince étoit né Payen & Idolâtre, Gazan. comme la plupart des Tartares de ce tems-là; qu'il fe fit depuis Mahometan pour s'accommo der à la religion du plus grand nombre de fes fu

fur le mot

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