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II. p. 99.

dres avoit entrée dans le Parlement en qualité de FoULQUES premier Baron d'Angleterre. Edouard ayant appris VILlaret. que le Pape & le Concile avoient fubftitué les Chevaliers de Rhodes aux Templiers, ordonna à fes Walfing. in Officiers par fes Lettres, dont l'original fe confer- in Edouard ve encore aujourd'hui à la Tour de Londres, de mettre en poffeffion de tous ces biens Frere Albert de Château-noir, ou l'Allemand, grand Commandeur, & chef de la Commiffion que le Grand Maître & le Confeil avoient établie pour les recevoir, conjointement avec Frere Leonard de Tibertis, Prieur de Venise, & Procureur général de l'Ordre en Cour de Rome. Ce Prince par d'autres Lettres qui fe confervent au même endroit, & & dont on trouvera la copie à la fin de ce Livre, ordonne à tous les Vicomtes de preffer l'execution de fes ordres, d'employer toute l'autorité de leur ministere pour proteger les Procureurs de faint Jean, & pour leur faire remettre non-feulement les fonds de terre, mais encore les fruits & le bled qui en feroient provenus: ce qui fait voir que ce Prince n'y voulut prendre aucune part au préjudice des Chevaliers de Rhodes.

A l'égard de l'Allemagne, les Hiftoriens de cette Nation rapportent que le Pape Clement V. ayant envoyé à l'Archevêque de Mayence', la Bulle qui profcrivoit l'Ordre des Templiers, pour la publier, ce Prélat convoqua tout fon Clergé pour faire cette publication plus folennellement, & qu'on fut bien furpris de voir paroître dans cette affemblée, le Waltgraff, ou Comte Sauvage, un des premiers de cet Ordre, accompagné de vingt autres

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FOULQUES Templiers armez fous leurs habits réguliers, & que VILLARET. l'Archevêque, foit par efprit de charité, ou par un fentiment naturel.de crainte, les reçut avec des manieres honnêtes. Ils ajoutent que le Prélat invita même le Comte à prendre féance dans l'assemblée; que le Comte de fon côté lui déclara qu'il n'étoit point venu pour faire violence à qui que ce fût; mais qu'ayant appris qu'il étoit chargé de publier une Bulle du Pape contre leur Ordre, il requeroit qu'on eût à recevoir, lire & publier l'appel qu'ils faifoient de cette Ordonnance au futur Concile, & au fucceffeur de Clement. L'Archevêque, pour éluder sa demande, répondit qu'il y aviseroit; mais les Templiers le prefferent fi vivement, que ce Prélat ne jugeant pas à propos de refuser des gens qu'il voyoit armez & en colere, fit lire publiquement leur appel. Il l'envoya enfuite au Pape, qui lui manda de le faire examiner dans un Concile de fa Métropole. Ce Synode fut affemblé, & après differentes formalitez qui s'y obferverent, les Temchron. l. 22. pliers de cette Province furent déclarez innocens des crimes qu'on leur imputoit.

Mutius in

P. 211.

Serrarius in

gunt.

850.

13. F•

Cependant, comme tout ce grand Ordre fut chron. Mo- éteint dans la fuite, on n'eft point inftruit de ce que devinrent fes biens en Allemagne. Il paroît feulement par des Hiftoriens de cette Nation, que les Chevaliers de Rhodes & les Chevaliers Teutoniques les partagerent. Il est assez vraisemblable que ces deux Ordres militaires firent depuis entr'eux des échanges de quelques-unes de leurs anciennes Commanderies, apparemment à titre de compenfation; car les Teutoniques sont ac

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tuellement en poffeffion de la Commanderie de FOULQUES Marga, que les Allemands appellent Mergen- VILLARET theim, & les François, Mariendal, quoiqu'il foit conftant par l'Hiftoire que les Hofpitaliers en étoient les fondateurs; qu'après la perte de l'ancienne Margat fituée dans la Palestine, des Hospitaliers Allemands l'avoient fait conftruire fur le même modele, & qu'ils lui donnerent ce nom de Margat ou de Mergentheim, qui veut dire, hift. Joan. Maifon de Marie, pour conferver la memoire d'une Place qui depuis la perte de Jerusalem étoit devenue le Chef-lieu de-tout l'Ordre.

Fin du quatriéme Livre.

Pantaleon

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DISCOURS

SUR L'ALCORA N,

Prononcé dans l'Academie des belles Lettres le Mardi 14 Novembre 1724, à l'ouverture de l'Academie, par Monfieur l'Abbé DE VERTOT.

D

mes,

E toutes les sciences qui occupent le loifir des homil n'y en a point de plus agréable, ni de plus utile que la connoiffance de l'hiftoire. Quelle fatisfaction pour un lecteur de voir paffer fous fes yeux, & comme fur un grand théâtre, la fuite de tous les fiecles, les re. volutions des plus grands Empires, des Legiflateurs, des Conquerans, les auteurs mêmes de differentes Religions, autre espece de Conquerans; enfin tous ces hommes fameux, qui par leur valeur, ou par leur fcience & leurs talens, fembloient avoir entrepris de changer la face entiere de l'Univers !

Malgré tous leurs manifeftes, & de quelques couleurs. dont ces hommes vains & ambitieux, ou leurs partifans. ayent mafqué leurs projets, le temps en a fait tomber le fard, la verité enfin fe decouvre, l'hiftoire degagée des préjugez de parti penetre dans les motifs les plus cachez. On y voit que le defir d'une injufte domination dans les uns, l'amour dereglé des richeffes ou des plaisirs dans les autres, quelquefois dans les Sçavans un fentiment de vanité & l'efperance de fe faire un grand nom, ont pref que toujours été les refforts fecrets qui les ont remuez : & c'eft de la plupart de ces grands exemples, & qui tiennent lieu d'une experience anticipée, qu'on peut appren dre que les entreprises injuftes, même les plus heureuses, & que les opinions nouvelles & erronées attirent à la fin le mépris des fiecles fuivans, & que la verité feule merite

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