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ou du moins à les mettre hors d'état de nuire aux Chrétiens.

Tel a été l'âge d'or de l'Ordre de S. Jean de Jerufalem. Je ne prétens pas que dans la suite des tems fes Chevaliers ne fe foient point relâchez quelquefois de la pratique auftere de tant de vertus fi differentes: on ne fçait que trop que l'homme de guerre a fouvent fait difparoître le Religieux. Ce changement dans les mœurs forme de tems en tems dans ma narration des nuances qui n'échaperont pas à la pénétration du Lecteur. Mais malgré cet effet de la foibleffe humaine, fi l'amour de mon Ouvrage ne me séduit point, je ne crois pas que de tous les Ordres militaires, répandus en differentes contrées de la Chrétienté, il s'en trouve aucun où le défintereffement, la pureté des mœurs, & l'intrépidité dans les plus grands périls, où, dis-je, ces vertus ayent été fi long-tems en honneur; & où le luxe & l'amour des richeffes & des plaisirs, se soient introduits plus tard.

Je ne rapporte point dans cette Histoire certains faits merveilleux qu'on trouve dans les Annales de l'Ordre, tel que la converfion d'une Princesse Sarrafine appellée Ifmenie,d'une rare beauté, comme toutes les Heroïnes des anciennes Chroniques, & que l'Auteur tranfporte en une nuit de l'Egypte en Picardie,

avec trois Chevaliers tous trois freres, qui avoient eu beaucoup de part à fa conversion: pieufe fe fable qu'il faut renvoyer avec tant d'autres qu'on trouve dans les anciens Legendaires, mais dont les circonstances font plus propres à réjouir des libertins, qu'à édifier les gens de bien.

Cette Hiftoire contient treize Livres de narration, dont le dernier finit à la mort du Grand Maître Jean de la Vallette, arrivée en 1568. Le quatorziéme eft par forme d'Annales, & renferme fommairement ce qui s'est paffé de plus confiderable depuis 1568 jufqu'aujourd'hui. Le quinziéme Livre eft un Traité du Gouvernement de l'Ordre : & cet Ouvrage finit par un Catalogue des Chevaliers des trois Langues de France.

L'on avoit eu deffein de donner une lifte générale de tous les Chevaliers, dont les noms fe trouvent dans les Regiftres de Malte : mais les difficultez qui fe font rencontrées dans l'exécution de ce Projet, ont engagé les Libraires à fe borner aux François, & à quel'ques Etrangers, qui leur ont envoyé des mé

moires.

Les Liftes inferées dans cette Hiftoire ont couté beaucoup de peines & de recherches ; & on doit cette juftice à quelques Commandeurs zelés pour la gloire de leur Ordre, &

à plufieurs habiles Généalogiftes, qu'ils n'ont refufé ni leurs foins, ni leurs mémoires pour la perfection de cette partie de l'Histoire de Malte.

C'est à M. le Marquis d'Aubaye, que lc Public eft redevable de la Langue de Proven ce prefque entiere. Celles d'Auvergne & de France ont été prifes fur les Registres de Malte, mais avec differens vuides que M. le Bailli de Mefines a fait remplir fur les Archives des Grands-Prieurez. Dans ces Archives on ne trouve point les Armes des Chevaliers; elles manquent même dans les premieres années des Regiftres de Malte, auffi bien que la datte des receptions. Les noms propres, & fur-tout les noms de Terre ont été très - souvent, défigurés par les Copiftes. Toutes confiderations, qui ont obligé à differens examens, néceffaires pour l'exactitude de l'Ouvrage; mais qui ont empêché les Libraires de fatisfaire à l'engagement pris avec le Public pour le tems de fa publication.

Malgré tous ces foins, on n'ose se flatter d'une entiere réuffite: on ne doute pas même qu'il n'y ait des omiffions, & des erreurs confiderables qui pourront intéreffer plufieurs Familles. On les prie d'en faire une exacte perquifition, & de tenir leurs mémoires tout prêts: on pourra dans la fuite donner un fup

plément compofé fur ces mémoires, en prenant néanmoins toutes les mesures qui feront jugées néceffaires pour n'en point admettre. de faux.

L'on a tout lieu de croire que les Curieux feront contens des Portraits inferez dans les quatre Volumes de cette Hiftoire. Ils ont été faits par d'habiles Graveurs, & dont le travail a été foumis à la révision de M. de Boullongne premier Peintre du Roy, & Directeur de fon Academie de Peinture. Les Tableaux fur lesquels on a travaillé ont été fournis par M. l'Ambaffadeur de Malte, & par quelques particuliers, chez qui il s'est trouvé des originaux. On fera fans doute furpris que l'on ait pu avoir les Portraits des premiers Grands - Maîtres: mais on verra en lifant Tome 3. L. X. cette Histoire, comment par les foins & la liberalité du bâtard de Bourbon Grand Prieur de France, ils ont paffé jufqu'à nous.

P. 165.

Les Cartes Geographiques dreffées pour l'intelligence de cette Hiftoire, font l'ouvrage de feu M. Delifle, dont le nom feul fait l'éloge.

Les Plans de l'Ifle, & des Fortifications de. Malte font de M. le Chevalier Tigné, Ingenieur du Roi, qui les leva lui-même à Malte, où il fut appellé dans un `tems où elle étoit menacée de fiege.

JAY

'Ay lû par ordre de M. le Garde des Sceaux, l'Hiftoire des Chevaliers de l'Ordre de S. Jean de Jerufalem : & j'ay crû que cet Ouvrage étoit digne du fujet & de l'Auteur. Fait à Paris ce 21 Septembre 1723.

FONTENELLE.

PRIVILEGE GENERAL.

OUIS PAR LA GRACE DE DIEU ROI DE FRANCE ET

LOU

DE NAVARRE; A nos amez & féaux Confeillers les Gens tenans nos Cours de Parlemens, Maîtres des Requêtes ordinaires de notre Hôtel, Grand Confeil, Prevôt de Paris, Baillifs, Sénéchaux, leurs Lieutenans Civils, & autres nos Jufticiers qu'il appartiendra SALUT. Notre bien amó JACQUES QUILLAU, Imprimeur & Libraire Juré de l'Univerfité de Paris, Nous ayant fait remontrer qu'il lui auroit été mis entre les mains un Manufcrit qui a pour titre, l'Hiftoire de l'Ordre Hofpitalier & Militaire des Chevaliers de S. Jean de Jerufalem, connus depuis fous le nom des Chevaliers de Rhodes, & à préfent appellex Chevaliers de Malte, par Mr l'Abbé DE VERTOT; Mais craignant que quelques Imprimeurs ou Libraires ne s'avifaffent de contrefaire ledit Ouvrage, ce qui lui feroit un tort confidérable, attendu qu'il ne le peut faire fans s'engager à de très-grands frais; il nous auroit en conféquence très-humblement fait fupplier de vouloir bien, pour l'en dédommager, lui accorder nos Lettres de Privilege fur ce néceffaires : A CES CAUSES, voulant traiter favorablement ledit Quillau, reconnoître fon zele, & en même tems exciter par fon exemple les autres Imprimeurs & Libraires à entreprendre des Editions de Livres auffi utiles au Public; Nous lui avons permis & permettons par ces Prefentes d'imprimer ou faire imprimer ledit Ouvrage ci-deffus expliqué en tels volumes, forme, marge, caractere, conjointement ou féparement, & autant de fois que bon lui femblera, & de le vendre, faire vendre & débiter par tout notre Royaume pendant le tems de quinze années confécutives, à compter du jour de la date defdites Prefentes: Faifons défenses à toutes fortes de perfonnes de quelque qualité & condition qu'elles foient d'en introduire d'impreffion étrangere dans aucun lieu de notre obéiffance, comme auffi à tous Imprimeurs, Libraires, & autres, d'imprimer, faire imprimer, vendre, faire vendre, débiter, ni contrefaire ledit Ouvrage ci-deffus fpecifié, en tout ni en partie, ni d'en faire aucuns extraits fous quelque prétexte que ce foit d'augmentation, correction, changement de titre, ou autrement, fans la permiffion expreffe & par écrit dudit Expofant, ou de ceux qui auront droit de lui, à peine de confifcation des exemplaires contrefaits, de trois mille livres d'amende contre chacun des contrevenans, dont un tiers à Nous, un tiers à l'Hôtel-Dieu de Paris, l'autre tiers audit Expofant, & de tous dépens, dommages & interêts; à la charge que ces Prefentes feront enregiltrées tout au long fur le Regiftre de la Communauté des Imprimeurs & Libraires de Paris, & ce dans trois mois de la date d'icelles ; que l'impreffion de cet Ouvrage fera faite dans notre Royaume, & non ailleurs, en bon papier & en beaux caracteres, conformément aux Reglemens de la Librairie; & qu'avant que de l'expofer en vente,

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