Après J. C. veau Roi, il fut obligé de fuir avec environ fept cens cheAlp teghin vaux. Manfour le traita en rebelle & envoya quinze mille hommes contre lui. Alp-teghin qui avoit acquis une gran de expérience dans l'art militaire, & qui connoiffoit le pays, fe pofta dans le fond d'un vallon, dont tous les iffus n'étoient que de longs défilés très-dangereux. Il mit deux cens hommes en ambufcade, & à la tête des cinq cens autres il fe plaça fur une colline, les rangeant tous fur une ligne afin que fes ennemis cruffent que fon armée étoit plus nombreuse. On n'eut pas plutôt commencé le combat qu' Alp-teghin fe battant en retraite, dans le deffein d'engager les troupes de Manfour dans les défilés & de les faire tomber dans l'ambufcade, les inveftit de tous côtés, en tua un très-grand-nombre & fit prifonniers tous ceux qui refterent. Avant que d'en venir aux mains, Alp-teghin qui connoif foit la fupériorité que fes ennemis avoient fur lui, fonda fes troupes ; il leur fit entendre qu'avec un fi petit nombre de foldats ne pouvant efperer de remporter la victoire, il leur confeilloit de fonger à eux & de quitter fon parti où il n'y avoit que la mort à attendre, & de traiter avec le Général de Manfour. Tous lui répondirent qu'ayant eu part à fa bonne fortune, ils avoient refolu de le fuivre dans fon malheur & de courir les mêmes dangers que lui. Alp-teghin après cette victoire fut le maître de la campagne & marcha droit à Ghazna dont il fe faifit. Il y fut regardé comme un Souverain & retira de cette ville des. forces qui le mirent en état de battre en plufieurs renAboulfedha contres les troupes de Manfour. Il mourut à Ghazna (a) Dherbelot. qui devint la capitale de fon Empire, après avoir regné 16 laiffant fa couronne à Sebek-teghin fon gendre. L'an 975. Sebek-teg hin. ans, Ce nouveau Roi étoit auffi un efclave Turc attaché au fervice d'Alp-teghin. Son nom Mahometan étoit Nafireddin. Son mérite perfonnel, fes talens & fes grandes qualités le firent fortir de l'efclavage. Alp-teghin lui donná les premieres charges dans la Milice, enfuite fa fille en ma (a) L'an 365 de l'Hegire. T Après J. C. riage & enfin le laissa l'héritier de fes grands biens, de fes charges & même de fes projets. Alp-teghin n'avoit pas en- Sebek-tegcore ofé prendre le titre de Roi. Quoique maître dans hin Ghaznal, il n'y étoit regardé que comme un Gouverneur pour les Samanides. Sebk- teghin fut confirmé dans ce gouvernement par Nouh, Nouh, Prince des Samanides, qui ne pouvoit le lui enlever. La difcipline exacte qu'il fit observer aux troupes, fa libéralité envers les Officiers, lui gagnerent les cœurs de tous les Peuples & de la Milice ; & par-là il devint maître abfolu dans fon gouvernement. Il contraignit plufieurs places de le reconnoître & après avoir rétabli par tout la paix & le bon ordre, il porta la guerre dans l'Inde (a), battit plufieurs Rayas, qu'il força d'embraffer le Mufulmanifme & détruifit les temples des Pagodes. Il prit la ville de Boft L'an 977. & celle de Kozdar affez voifine de l'Indus, après quoi il Aboulfedha revint à Ghazna couvert de lauriers. Dherbelot Cependant il n'étoit encore regardé que comme un gouverneur établi dans ces Provinces par les Samanides; Mais Nouh qui regnoit alors, n'étoit pas en état de le dépofer; il fut même obligé d'avoir recours à lui & le traita plûtôt comme un allié que comme un fujet. Les Turcs Hoei-ke étoient puiffans dans les Provinces qui confinoient aux états des Samanides (b) : ils faifoient fouvent des cour- Aboulfedh fes jufques dans le Khorafan, & paroiffoient avoir deffein L'an 993de s'en emparer. Bograkhan qui poffedoit tout le pays depuis Kafchgar jufqu'à la Chine entra dans le Maouarennahar, battit le Roi des Samanides, le chaffa de Bokhara, fa capitale & le contraignit de fe retirer vers Amoul. Nouh implora le fecours d'Abou- aly fils de Semdgiour; celui-ci quoique fujet & gouverneur du Khorafan pour les Samanides, ne voulut point marcher contre les Turcs; mais heureufement le Khan étant tombé malade, il reprit le chemin de fes étas, mourut en route & Nouh rentra dans Bokhara. Le refus de fecours de la part d'Abou-aly oc (a) L'an 37 de l'Hegire (6) L'an 383 de l'Hegire, Sebek-teg hin. cafionna la guerre entre ce Prince & fon Gouverneur qui Après J. C. prit auffi-tôt les armes avec un autre Officier appellé Phaiq. Ils marcherent tous les deux contre le Roi des Samanides, & le battirent. Nouh s'adreffa à Sebek-teghin, Aboulfedha le follicita vivement de venir à fon fecours & lui donna Nevairi le gouvernement du Khorafan. Sebek - teghin avec peu de monde fe rendit auprès de Nouh, confera avec lui fur toutes les opérations de la guerre, & revint à Ghazna pour y lever une armée. Lorfque tout fut en état il partit de cette ville, accompagné de fon fils Mahmoud & prit fa route vers le Khorafan. Nouh de fon côté fortit de Bokhara ; Abouali & Phaiq fecourus d'un Prince des Bevides nommé Phakhr-eddoulet fe mirent également en campagne. Les deux armées fe trouverent en préfence dans les environs d'Herat capitale du Khorafan. Dans le tems qu'elles en étoient aux prifes, Dara Prince du Dilêm avec fes foldats, abandonna le parti d'Abouali & fe tourna du côté des Samanides, qui par - là devinrent affez puiffans pour remporter la victoire. Sebek - teghin poursuivit les rebelles qui fe disperserent en plufieurs endroits du Khorafan. Enfuite accompagné de Nouh il alla prendre Nifabour. Abouali & Phaiq s'étoient retirés vers le Dgiordgian à l'ouest du Khorafan, proche la mer Cafpienne. Pour les fervices que Sebek-teghin venoit de rendre, Nouh donna à son fils Mahmoud le gouvernement de Nifabour & le commandement des troupes du Khorafan, avec le titre de Seifeddoulet, c'est-à-dire l'épée de l'état, & Sebekteghin fon pere eut celui de Nafir-eddoulet, c'est-à-dire le défenfeur de l'état. L'an 995. Noveiri. L'année fuivante (a) Abou- aly & Phaïq quitterent le Aboulfedha Dgiordgian & prirent la route de Nifabour. Mahmoud en donna avis à fon pere, & fans attendre le secours qui ne pouvoit arriver assez à tems, il marcha avec le petit nombre de troupes qu'il avoit. Il livra battaille aux ennemis ; mais il fut vaincu, & les rebelles rentrerent dans Nifabour. Sebekteghin pendant ce tems-là avoit raffemblé fes armées, (4) L'an 385 de l'Hegire, Sebek-teg & venoit au fecours de fon fils. Il rencontra les ennemis à Thous, les défit, & les obligea de fe fauver jufqu'à A- Après 5 C. mouïah fur le bord du Gihon. De là ils envoyerent fup- hin. plier Nouh de leur accorder fes bonnes graces, & de leur pardonner; mais le Roi des Samanides ne le voulut faire qu'en faveur d'Abou-aly, & à condition qu'il abandonneroit Phaïq, & qu'il fe retireroit à Korkandge la même que Dgiordgiania dans le Kharifme. Abou - aly y confentit, & alla camper à Hafarafp, près de cette ville, où peu de temps après il fut arrêté par Abou-abd- allah, Prince du Kharizme. Dherbelot. Benfchon A l'égard de Phaïq, il paffa chez les Turcs Hoei-ke auprès d'Illik-il-khan, qui lui promit de le rétablir dans fes dignités, & qui lui tint parole en lui faifant donner par Nouh le gouvernement de Samarcande. C'eft après de fi grands fervices rendus aux Samanides, que Sebekteghin (a) mou- L'an 997. rut dans le chemin de Balkh à Ghazna. Il s'étoit retiré dans Aboulfedha cette premiere ville pour fe délaffer des fatigues de la Aboulfarad guerre. Mais y ayant été atteint d'une longue maladie, il g voulut se faire transporter à Ghazna, & mourut en chemin nahi. après un regne de 20 ans & avec la réputation d'un Prince bon & jufte. Il fut enterré dans cette derniere ville. Il dé-figna pour lui fuccéder fon fils Ifmail. Mahmoud qui étoit l'aîné étoit alors à Nifabour. Il prétendit que le thrône lui appartenoit de droit. Ifmail qui en étoit pourvû, n'écouta aucune de fes raifons, & il fallut en venir aux mains. Après fept mois de divifions entre les deux freres, Ifmail fut pris dans le château de Ghazna, & Mahmoud fe contenta de le dépofer, lui donna la liberté, & le traita d'abord avec bonté. Mais dans la fuite, Mahmoud lui ayant demandé comment il fe feroit conduit à fon égard, fi la victoire eut tourné de fon côté, Ifmail lui répondit qu'il l'auroit tenu enfermé dans une prifon, où il ne lui auroit manqué que la liberté ; Mahmoud lui fit aussi - tôt fubir ce traitement, & l'envoya dans un château du Dgiordgian, où il lui fit donner jufqu'à fa mort tout ce qu'il avoit befoin. (4) L'an 387 de l'Hegires Après J. C. Dherbelot. Mahmoud furnommé Yemin-eddoulet doit être regardé Mahmoud. Comme le premier Prince des Ghaznevides. Il ne perdoit point de vue les Samanides. Devenu plus puiffant qu'eux, il prévoyoit qu'un jour leurs Etats tomberoient fous fa domination & il avoit intérêt d'empêcher que quelques Emirs ne devinffent trop puiffans dans cette Cour, & ne s'établissent dans le nord, comme avoient fait Alp-teghin & Sebekteghin dans le midi du côté de l'Inde. En conféquence il crut devoir prendre part aux troubles que Phaiq L'an 998. & un autre Emir appellé Bactouroun (a) venoient d'exciAboulfedha ter à la Cour des Samanides. Nouh leur Roi, dont on a déja Novairi. parlé, étoit mort l'an 997, & avoit laiffé le thrône à fon fils Manfour. Bactouroun, Phaïq & d'autres Emirs dépoferent ce Prince, lui firent crêver les yeux, & mirent la Couronne fur la tête d'Abdolmelek qui étoit en bas âge, & pendant l'enfance du quel ils efpéroient être les maîtres abfolus de l'Empire. Mahmoud bien inftruit de tout ce qui s'étoit paffé, blâma la conduite des deux Emirs, & comme apparemment il ne fut pas écouté, il fe mit à la tête de fes troupes, & marcha vers le Khorafan. Phaïq & Bactouroun ayant avec eux le nouveau Prince des Samanides dont ils tenoient les étriers pendant qu'il étoit à cheval, fe présenterent en cet état à Mahmoud, qui leur accorda la paix qu'ils venoient lui demander. Mais de nouvelles divifions firent bien-tôt renaître la guerre ; Mahmoud en vint aux mains avec eux, & les pourfuivit fi vivement qu'il les obligea de fe fauver; Phaïq & Abdolmelek à Bokhara, Bactouroun à Nifabour & de- là à Dgiordgian. Il entra dans Herat, s'empara de Khorafan, & fit ceffer la priere publique qui s'y faifoit au nom des Samanides. Aboulfedha nah. Cependant Bactouroun & Phaïq s'étoient réunis à BoBenfchou- khara, où ils raffembloient toutes leurs forces pour venir Elmacin. attaquer de nouveau Mahmoud ; mais la mort de Phaïq qui furvint dans le même-tems, affoiblit tellement le parti des Samanides, qu'ils n'oferent plus rien entreprendre. D'un autre côté le Khan des Turcs nommé Illik-il-khan, fous prétexte (2) L'an 389. de l'Hegire. |