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chef de toute la Nation; il foumit toute la Tartarie qui eft au nord de la Chine, & fuccéda à la puiffance des Après J. C. Hoei-ke. Ses fucceffeurs firent de grandes conquêtes dans la Chine, y prirent le titre d'Empereur, & donnerent alors à leur Dynaftie le nom de Leao. Ils obligerent infenfiblement les Hoei-ke à fe retirer davantage du côté. de l'occident, en leur enlevant les places qu'ils occupoient fur les frontiéres de la Chine.

Novairi.

Ces Hoei ke étoient gouvernés par différens Khans. L'an to Un d'eux nommé Ye-lou-ke demeuroit à Kan-tcheou, un autre appellé Gan-mi à Tfin - tcheou, & l'un & l'autre recherchoient la protection des Chinois contre les Leao. Il y en avoit un autre qui réfidoit à Akfou, fon Empire étoit très-confidérable & s'étendoit jufques aux pays des Mahometans. On lui donnoit le titre de Sse-tfe-vam. C'est apparemment Illik-il-khan qui laiffa en mourant fon Empire à fon frere Toghan-khan. Sous le regne de ce Prin- L'an 1012. ce les Khitans firent une grande grande irruption du côté de l'oc- Aboulfedah cident; leur armée montoit à plus de trois cens mille hom- Aboulfames, ils s'approcherent de Balafgoun où ils mirent tout radge au pillage. Toghan-khan rassembla auffi-tôt fes armées, L'an 1017. les obligea de retourner dans leur pays, les défit prefque tous, & leur enleva un butin immenfe, beaucoup de vafes & plufieurs autres raretés de la Chine. Ce Prince mourut quelque tems après, & Aboulmodhaffer Arflan - khan lui fuccéda. Les Khitans firent une nouvelle irruption vers L'an 1025. Kan-tcheou, & furent battus par les Hoei-ke. Mais dans la fuite les Princes de la Dynaftie de Hia qui s'étoient L'an 1036. établis fur les frontiéres occidentales de la Chine enleverent aux Hoei-ke-So-tcheou, Kua-tcheou & Cha-tcheou. Il est encore fait mention d'un Khan de ces Turcs nom- L'an 1043mé Scharf-ed-doulet qui partagea fes Etats entre fes parens Bogra-khan, Toghan-khan & Aly-teghin. C'eft fous le mier que les Turcs Seljoucides commencerent à paroître. Les Hoei-ke d'Orient envoyerent alors des tributs aux Tartares Khitans. L'hiftoire nous apprend que deux de leurs Khans, l'un nommé Ho-li-khan, l'autre Houo-la-fan qui regnoit à Cha-tcheou en envoyerent enfuite aux Tar

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Lie-tai-ki

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tares de Niu-tche qui fuccéderent aux Khitans ; ils continuerent à le faire pendant tout le regne de cette Dynaftie. Enfin ils en envoyerent aux Mogols fous le regne de Mangou-khan; depuis ce tems ils ont été confondus avec tous les autres Tartares. L'Empire de la Tartarie passa fucceffivement aux Tartares Khitans & aux Niu-tche qui le poffederent jufqu'au tems de Genghis-khan.

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Les Hoei-ke furent les premiers peuples de la Tartarie qui eurent des liaisons plus particuliéres avec les Mahometans; ils ont été confondus par les Hiftoriens Arabes & Perfans, avec les autres Turcs qui étoient venus établir leurs campemens dans le Maouarennahar. Tous ces Turcs ne cefferent plus de faire des courfes dans l'Empire des Khalifs. Dans la fuite ils pénétrerent d'avantage du côté de l'occident, & formerent un grand nombre de Dynafties qui enleverent aux Khalifs la plupart de leurs Provinces. De fimples efclaves Turcs s'emparerent de l'Egypte, où ils s'établirent fous le nom de Thoulounides & d'Ykhfchidites; d'autres appellés Ghaznevides fe rendirent maîtres du Khorafan & d'une partie des Indes. Après eux parurent les Seljoucides qui fe partagerent en plufieurs branches; l'une s'établit dans la Perfe & prit Bagdad, fa domination s'étendoit depuis Antioche jufqu'au Turkeftan. Une feconde branche regna dans le Kerman, & dans quelques autres Provinces de Perse voisines des Indes. Une troifiéme ne fut arrêtée que par le détroit de Conftantinople, & enleva aux Grecs toute l'Afie mineure. Enfin une quatriéme s'établit dans Alep & Damas. Une foule de Turkomans fe répandit en même-tems dans l'Armenie & dans toutes les Provinces voifines où ils fonderent plufieurs petites Principautés. Quelques Officiers des Seljoucides, connus fous le nom d'Atabeks, formerent de puiffans Empires dans la Syrie. L'invasion de tant de barbares défola toutes ces contrées orientales; la Terre-Sainte conquife & reduite dans une dure captivité par les Turcs anima les Chrétiens; prefque toute l'Europe mit fur pied des armées innombrables, qui fous le nom de Croifés pafferent en Afie & chafferent de Jérufalem les Turcs.

Cette

Cette puiffance formidable commençoit à s'ébranler de tous côtés, Saladin la détruisoit dans la Syrie; les Kalifs avoient recouvré quelques-unes de leurs Provinces ; la divifion achevoit de détruire cette Nation barbare; les Sulthans de Kharizme, quoique de race Turque renverfoient l'Empire des Seljoucides; mais ils paroiffoient à leur tour ménacer toute la partie occidentale de l'Afie; ils avoient pénétré jufques dans la Syrie, & St. Louis fe hâtoit d'aller fecourir la Terre - Sainte, quand Genghizkhan fortit du fond du Turkeftan, traverfa d'immenfes pays, détruifit l'Empire des Kharizmiens, & inonda tout le refte de l'Afie. Ses enfants qui continuerent fes grands projets foumirent tout le vafte Empire de la Chine; la Perfe fut conquife, l'Afie mineure défolée, la Ruffie réduite en Province, & la Hongrie ravagée. Pendant ce tems-là,quelques reftes des Seljoucides qui s'étoient sauvés dans les montagnes de l'Afie mineure, fortirent de leur retraite & jetterent les fondemens de l'Empire des Turcs Ottomans qui enleverent dans la fuite Conftantinople aux Chrétiens.

Le Turkestan voyoit s'élever alors un chef de Horde qui renversa le vafte Empire de Genghiz-khan; le fameux Tamerlan parcourut prefque toute l'Afie, & vint pour ainsi dire jufqu'aux portes de Conftantinople. L'Egypte étoit fous la domination d'une milice formée d'efclaves. qui tiroient leur origine du Turkeftan. Tamerlan établit un puiffant Empire, dont les débris ont donné naissance à l'Empire des Indes. Les autres Princes de fa poftérité regnent encore dans la Tartarie qu'ils partagent avec des defcendans de Genghiz-khan; tel est le tableau des grandes revolutions qui vont former la fuite de cet ouvrage ; mais avant que d'entrer dans ce détail, nous allons rapporter l'hiftoire d'une branche de Turcs qui a poffedé l'Empire de la Chine.

Après J. C.

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HISTOIRE

GÉNÉRALE

DES HUN S

LIVRE HUITIEM E.

LES TURCS CHA-T O.

I.

Dynaftie des Tein.

USQU'ICIles Nations defcendues des Huns, ou n'avoient fait que des courfes dans l'Empire de la Chine, où lorfqu'elles avoient poffedé quelques-unes de fes Provinces, leurs Princes n'avoient été regardés que comme des petits Rois. Les Turcs Cha- to furent les premiers d'entre les Huns qui ont été mis au rang des Empereurs, & leur Dy

Je n'ai point cité dans ce Livre mes authorités, parce que tout ce que je rapporte eft uniquement tiré du Kam-mo & de Lic-tai-ki-fu.

naftie placée à la fuite des Dynafties impériales. Cet Empire a toujours éprouvé un grand nombre de révolutions qui avoient été occafionnées ou par les Chinois eux-mêmes ou par les différentes Nations Tartares qui étoient venues s'y établir. Dans les premiers tems de fon origine, il avoit été électif; mais il devint bientôt héréditaire, & la famille de Hia fut la premiére dont les princes le poffederent à titre d'héritage. Celle de Cham lui fuccéda; mais les mémoires historiques qui nous reftent de ces anciens tems, ne font pas fuffifans, ni capables de nous donner une jufte idée de la véritable fituation de la Chine. Ces mémoires commencent à être plus étendus fous la Dynastie des Tcheou qui regna après celle de Cham; nous voyons alors la Chine démembrée par une foule de Princes qui régnoient fur autant de petits Royaumes, & qui ne laiffoient aucune autorité à l'Empereur. Ces fiécles malheureux font appellés par les Hiftoriens Chinois, les tems des guerres civiles.

Tel fut l'état de la Chine jufqu'à l'an 240 avant J. C. Tant de fiècles d'une guerre continuelle ont été terminés par le regne d'un Empereur qui peut paffer pour un des grands Conquerans de la Chine. Chi-hoam-ti fondateur d'une nouvelle famille appellée Tfin, après avoir foumis & détruit toutes les familles de ces petits fouverains acheva cette fameufe muraille pour fervir de bariére aux Tartares, dont les courses avoient encore augmenté les troubles que les guerres civiles entretenoient depuis long-tems. L'ouvrage immenfe de Chi - hoam-ti n'arrêta point les Tartares, & la mort de cet Empereur replongea la Chine dans des malheurs auffi grands que ceux qu'elle avoit effuyés avant fon regne. Un Prince de fa famille lui fuccéda, mais il ne poffeda pas toute la Chine. Plufieurs Capitaines fe revolterent dans les Provinces, & y formerent de petites principautés qui ne furent éteintes que par l'établissement de la célébre Dynastie des Han. Elle commença à regner vers l'an 206 avant J. C. mais le voifinage des Tartares & principalement des Huns, dans le tems que les Chinois avoient lieu

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