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Après J. C.

Li-ke-yong

L'an 897.

L'an 898,]

voit avoir dans Li-ke-yong, & que celui-ci méritoit, fe détermina à aller à Hoa - tcheou, pendant que Li-meoutchin mit partout le feu dans Si-gan-fou où il étoit entré. Li-ke-yong, en apprenant cette nouvelle, fut au désespoir de ce qu'on n'avoit pas fuivi fes confeils, il leva des troupes de tous côtés, & fit offrir fes fervices à l'Empereur. Mais ce Prince qui fe laiffoit conduire par le traitre Hankien les refufa encore.

Li-ke-yong ne laiffa pas de se préparer à marcher contre les rebelles. Il manda les troupes de Pe-king, place dont il avoit fait la conquête quelque tems auparavant; mais le Gouverneur qu'il y avoit laiffé refusa de marcher, & vint faire avec les Tartares Khitans, auxquels il s'étoit réuni, quelques courfes dans les pays occupés par Li-ke - yong. Će Général des Turcs forcé d'aller attaquer le rebelle fe laiffa battre, pour ne s'être pas affez tenu fur fes gardes & s'être enyvré dans un feftin, dans le tems qu'il alloit livrer le combat. Il reconnut fa faute après l'action, il l'avoua publiquement, mais il reprocha en même-tems à fes Généraux d'avoir manqué de courage. Ce revers donna le tems aux Généraux rebelles de fe préparer à se défendre, ils voulurent exiger de l'Empereur, dont ils étoient en quelque façon maîtres, la permiffion d'aller attaquer Li-ke-yong, mais ce Prince eut affez de fermeté pour ne la leur point accorder.

Li-meou-tchin fut informé dans ce tems-là que Tciuentchong, qui s'étoit emparé d'une partie du Ho-nan, faifoit fortifier Lo-yam; dans la crainte que l'Empereur ne voulut fe rendre dans cette Place, il parut se repentir de tout ce qu'il avoit fait auparavant, & fupplia ce Prince de permettre qu'on reparât Si gan-fou. Han-kien fut chargé de veiller aux ouvrages, & ces deux Officiers propoferent en mêmetems la paix à Li-ke-yong, celui-ci l'accepta, & marcha en conféquence contre Tçiuen-tchong. L'Empereur, victime des divifions qui regnoient parmi tous ces grands vasfaux, fit fon poffible pour rétablir la paix. Li-ke-yong y étoit naturellement porté, mais Tçiuen - tchong rejetta toutes les propofitions qu'on lui fit, & continua la guerre

dans le Petcheli. Li-ke-yong fut contraint d'envoyer plu- Après J. C. fieurs corps de troupes pour arrêter les progrès que ce re- Li-ke-yong belle faifoit. Tçiuen - tchong s'emparoit toujours de nouvelles Places.

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Telle étoit la fituation de cet Empire, lorfque les Eunuques formerent le projet hardi d'arrêter l'Empereur, & fe réunirent à plufieurs autres Officiers pour le dépofer. Ce Prince, que les troubles de l'Empire ne rendoient pas plus attentif au Gouvernement, donnoit lui-même à ses ennemis les occafions d'en fufciter de nouveaux. Il étoit allé à la chaffe où il s'étoit enyvré ; le vin lui fit commettre quelques violences qui exciterent une émeute confidérable dans fon palais. Lorfqu'il rentra, il fit mourir quelques filles, les cris qu'elles jetterent obligerent de fermer les portes. Le lendemain Lieou-ki-chou un des premiers Enuques raffembla mille hommes & s'étant informé du du fujet du tumulte, il réfolut avec Tfoui-in de dépofer ce Prince, ou au moins de donner le Gouvernement de l'Empire au Prince héritier. Tous ces Officiers forcerent le palais & y entrerent les armes à la main: ils fe faifirent de l'Empereur que le grand bruit avoit effrayé & le firent enfermer avec l'Impératrice & plufieurs autres femmes, dans un lieu féparé dont toutes les portes étoient bien gardées. Ils avoient fait écrire fur le fable, que ce Prince ne fe trouvoit dans ce malheur que pour n'avoir pas fuivi les confeils qu'on lui avoit donnés. On conferva feulement une ouverture par laquelle on donnoit à boire & à manger à ces prifonniers. L'Empereur demanda plufieurs fois du papier & des pinceaux pour écrire, mais on les lui refufa; les Princeffes dont les habits étoient déchirées, jettoient inutilement des cris qu'on entendoit au-dehors du palais. Lieou-ki-chou alla trouver le Prince héritier, lui préfenta un faux ordre de l'Empereur, par lequel ce Prince lui abandonnoit le thrône, & fit mourir enfuite tous les Officiers qui étoient attachés à l'ancien Empereur.

Le Miniftre Tfoui-in n'avoit acquiefcé aux volontés de Lieou-ki-chou que parce qu'il ne pouvoit s'y oppofer, mais auffi-tôt qu'il s'apperçut que quelques Généraux fongeoient

L'an 899.
L'an 900.

L'an çor.

Après J. C.

Li-ke-yong

à délivrer l'Empereur, il fe joignit fecretement à eux, & leur en facilita les moyens. Sun-te-tchao, qui étoit à la tête de ce parti, entra avec des troupes dans le palais, fe faifit des Eunuques & furtout de Lieou-ki-chou, leur fit couper la tête, & l'Empereur fut rétabli. Lorfque les Généraux rebelles,qui étoient dans les provinces éloignées, eurent appris tous les défordres qui venoient de fe paffer à Si-ganfou, ils n'en devinrent que plus entreprenans. Tçiuentchong fe fit déclarer roi de Tong-pim, & Li-meou-tchin Roi de Ki. Li-ke-yong fut contraint de demander la paix au L'an 902. premier qui déchira fes lettres, & ne répondit qu'en envoyant contre lui des troupes qui s'emparerent de plufieurs Places. Tçiuen-tchong marcha enfuite vers la province de L'an 903. Chenfi où l'Empereur demeuroit, & quoique Li-ke-yong continua de lui faire la guerre, il s'approcha de Fongfiang-fou, & livra plufieurs batailles aux Généraux de l'Empereur. Ce Prince renfermé dans cette ville, qui étoit réduite aux plus grandes extrémités, fut obligé d'en sortir & d'aller fe rendre entre les mains du rebelle ; il retourna enfuite à Si-gan-fou où d'autres rebelles le vinrent affiéger, & le forcerent d'abandonner de nouveau cette capitale pour L'an 904. fe retirer à Lo-yam dans le Honan. Tçiuen-tchong qui s'étoit emparé de toute l'autorité le tua dans la fuite, & fit donner le titre d'Empereur à Tchao-fiuen-ti, fils de TchaoL'an 905. tong. Tçiuen-tchong fut fait premier Miniftre, & obtint

le titre de Roi de Leang. Il étoit entré avec une armée dans L'an 906. le Petcheli, & menaçoit d'envahir toute cette province. Li

ke-yong, qui commençoit à craindre pour fes Etats, joignit L'an 907. fes troupes à celles du Gouverneur de Pe-king, & obligea Tçiuen-tchong à retourner dans le Honan où l'Empereur lui envoya les fceaux de l'Empire & fe démit en fa faveur de l'autorité Impériale. Ce Miniftre prit alors le titre d'Empereur des Leam.

Li-tfunhiu.

L'an 908.

La mort de Li-ke-yong fuivit de près la ruine de la Dynaftie des Tam. Ce Général Turc, fe fentant dangeLi-tai-ki- reufement malade, fit affembler toute fa famille & fes fu. officiers, & défigna en leur préfence fon fils Li-tfun-hiu Кат-то. pour fon fucceffeur ; il avoit remarqué dans ce jeune Prin

ce

Après J. C.

ce un grand courage & beaucoup de prudence, il le croioit feul capable de foutenir fon petit état contre les efforts Li-funde l'ufurpateur de l'Empire. Il mourut enfuite à Tai-yuen- hiu. fou dans le Chanfi fa Capitale.

Le nouvel Empereur de la Chine, à qui l'on donna dans la fuite le titre de Tai-tçou, ne poffeda pas tout ce vaste Empire. Le Honan & le Chantong formoient tous fes Etats, le reste étoit poffedé par la plupart de ces grands Généraux, qui fur la fin de la Dynaftie précédente étoient parvenus à un fi haut degré de puiffance qu'ils s'étoient rendus les maîtres dans leurs gouvernemens. Li-meoutchin fous le titre de Roi de Ki regnoit à Fong - fiangfou dans le Chenfi., Yang-ou regnoit dans le Kiangnan, pays qu'on appelloit alors Hoai-nan. Vang-kien étoit établi dans le Royaume de Cho où la Province de Sfe-tchuen: fa domination s'étendoit jusques dans une partie du Chenfi & du Hou-kouang.

le

Le Tche-kiang qui formoit alors le Royaume de Ouyoue appartenoit à Tfien-lieou. Ma-yn & Kao-ki-tchang étoient maîtres du refte de la Province de Houkouang & des environs, le premier fous le titre de Roi de Tçou; fecond fous celui de Kim - nan. Lieou - in regnoit dans la Province de Canton. Enfin les Tartares Hoei-ke étoient maîtres de la partie la plus occidentale du Chenfi, les Kitans ménaçoient d'entrer dans le nord, & le fucceffeur de Li-ke-yong regnoit dans le Chanfi.

Kam-mo

Li-ke-yong, pendant fa vie, avoit adopté un grand nom- Lie-tai-kibre de braves Officiers de fon armée qu'il regardoit com- (u. me fes propres enfans, & leur avoit laiffe jouir d'une grande autorité auprès de lui. Ils en abuferent bientôt pour s'opposer à fes dernieres volontés. La plupart, après la mort,fe raffemblerent dans le deffein de déthrôner Litsun-hiu ; ils vinrent trouver fecretement Ke-ning, & s'efforcerent de l'engager à prendre les armes contre le nouveau Roi, fous prétexte qu'il avoit toujours été d'ufage chez les Tartares que les freres parvinffent à l'Empire, préférablement au fils du Prince qui venoit de mourir. Ke-ning refifta d'abord; mais s'étant enfin laissé ébranTome II.

G

Après J. C.
Li-tfun-

hiu.

ler par les follicitations réiterées qu'on lui fit, ils refolurent enfemble d'arrêter le Roi de Tcin, c'étoit le nom de la Dynaftie que Li-ke-yong venoit de fonder & de l'envoyer à l'Empereur:mais la confpiration ayant été découverte, fans que les Conjurés en fuffent inftruits, Li-tfun-hiu fit faire un grand festin, au milieu duquel Ke-ning & fes complices furent arrêtés par des gens qui avoient caché leurs armes, & on les condamna tous à perdre la tête.

Pendant ce tems-là Li-fu-gan, Général de l'Empereur, étoit occupé à faire le fiége de Lou-tcheou dans le Chanfi qui appartenoit aux Tcin. Il ne pouvoit fe rendre maître de cette place, & l'Empereur, qui craignoit que la nouvelle de la mort de Li-ke-yong ne fût fauffe, youloit faire revenir fes troupes ; mais il appréhendoit que les Tein ne les inquietaffent dans leur retraite. Cette incertitude le détermina à venir en perfonne à Tce-tcheou, d'où il fit fommer plufieurs fois de fe rendre, Li-ffu-tchao qui fe deffendoit depuis longtems avec beaucoup de courage dans Lou-tcheou, mais celui-ci, quoique la ville manquât de tout, ne laiffa pas de brûler la lettre de l'Empereur & de faire couper la tête à Penvoyé. Tai-tfou, voyant qu'il ne pouvoit ébranler la fermeté de cet Officier, refolut de lever le fiége; fes Généraux qui efperoient que la mort de Li-ke-yong apporteroit du changement dans ce petit Royaume, & que les troupes du Roi des Tcin feroient obligées de s'en retourner, l'engagerent à refter encore pendant quelque tems. Il y avoit en effet quelque apparence de troubles dans le Royaume des Tçin. Le Général Tcheou-te-goei étoit à la tête d'un corps d'armée, & les peuples appréhendoient qu'il ne fe déclarât contre Li-tfun - hiu. Mais ce Prince ayant mandé Tcheou-te-goei, ce Général obéit auffi-tôt à fes ordres & fe rendit à Tcin-yam où il entra fans foldats & vint fe jetter aux pieds du nouveau Roi. Cette démarche produifit un double avantage, elle fervit à tranquilifer le peuple & en même-tems à faire croire aux ennemis les Tein retiroient leurs troupes.

que

L'Empereur des Leam fe perfuada, en apprenant que Tcheou-te-goci s'étoit approché de Tcin - yam, que les

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