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Après J.C.

ils laiffoient les corps morts au milieu des montagnes fuf pendus à des arbres; en un mot, ces peuples étoient des barbares qui n'avoient aucune connoiffance des Loix, ni même des faifons.

La cinquiéme Horde étoit celle des Ko-li-han qui demeuroient aussi dans la Siberie fur le bord du lac Paikal. C'eft précisément dans le pays que nous appellons aujourd'hui le pays des Kergis, d'où font fortis les Circaffiens. Il eft encore renommé pour la bonté de ses chevaux, mais y fait très-froid.

il

La fixiéme Horde eft appellée To-lan-ko; ces peuples demeuroient à l'Orient des Sie-yen-to, au nord du défert fur le bord d'une riviere appellée Tum-lo.

La feptiéme portoit le nom de Pou-ko, cette Horde étoit fituée à l'Orient des To-lan-ko dans le nord; on la nomme encore Pou-fiu.

La huitiéme Pa-ye-kou eft placée à l'Orient des Pouko, & dans le voisinage des Mo-ko. Ces peuples font des chaffeurs. On rapporte qu'il y a dans leur pays une rivie re qui a la propriété de pétrifier le bois.

La neuvième eft appellée Tong-lo & placée à l'Orient des To-lan-ko & au nord des Sie yen-to, au fud du Kerlon', proche un grand lac qui fe trouve dans les environs. Ce pays eft éloigné de Si-gan-fou de dix-fept mille cinq cens li.

La dixiéme nommée Hoen, eft la plus méridionale de toutes ces Hordes.

La onzième Sse-kie étoit située dans le même pays que les Sie-yen-to au nord du défert.

La douziéme Kiai-fie étoit au nord eft des To-lan-ko & dans le voisinage des Pou-ko.

La treiziéme Hi-kie étoit fituée au nord des Tong-lo & à l'Orient des Pou-ko.

La quatorziéme O-tie ou A-ti étoit fituée au nord-oueft des To-lan-ko.

La quinziéme Pe-fieou demeuroit au nord du
Kitans dans l'ancien pays des Sien-pi.

pays

des

Il étoit néceffaire, pour faire connoître toute l'étendue

1

de cette Nation, d'indiquer le nombre de fes Hordes & les

que

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pays dans lefquels elles habitoient; elles étoient tou- Après J. C. tes foumises aux Turcs. Plufieurs d'entre elles firent quelques efforts pour fecouer le joug, & particuliérement la Horde des Sie-yen-to. Celle des Ou-hou ou Ou-ke, après Tchou-lo-khan eut fait périr fes chefs fe joignit aux Pou-ko, aux Tong-lo & aux Pa-ye-kou : toutes ensemble elles fe revolterent, & nommerent un chef qui portoit le titre de Se-kin (a). Cette Nation prit alors le nom de Hoei-ke, le nom de famille de fon premier chef, ou Ssekin étoit Yo-lo-ko, ou felon d'autres Yo-ko-lo; il étoit appellé Chi-kien, & il commandoit à cent mille hom- Chi-kien, mes, dont la moitié étoient foldats. Chi-kien avoit un fils nommé Pou-fa qui fe fit aimer des Hoei-ke à cause de fa bravoure & de fa prudence. Il marchoit à la tête des armées, & affuroit la victoire à fa Nation. Après la mort de Chi-kien, il fut fait chef des Hoei-ke; il gouverna fa- Pou-fa. gement ces Hordes avec fa mere Ou-lo-hoen; les Hoeike commencerent à fe faire craindre dans la Tartarie; ils vinrent avec les Sie-yen-to faire des courfes fur les frontiéres feptentrionales de l'Empire des Turcs. Pou-fa avec cinq mille cavaliers défit une armée de cent mille hommes que Kie-li-khan avoit envoyée contre lui, & la pourfuivit jufqu'aux monts Altai. Sa reputation fe repandit dans toute la Tartarie, il prit le titre de Houo-kie-lifa, & mit fa Cour au nord du fleuve Toula: il rechercha enfuite à faire alliance avec les Chinois; il envoya des ambaffadeurs chargés de préfens à l'Empereur Tairtcong de Lie-tai kila Dynaftie des Tam, plufieurs autres Hordes de la Nation Su. telles que celles des Pou-ko, des Pá-ye-ko, des Tong-lo, des Pe-fieou, & des Hoen imiterent fon exemple. L'arrivée de ces étrangers à la Chine fervit à faire connoître le nom Chinois dans toute la Siberie. On y vit en- L'an 631. core venir des peuples appellés Che-goei qui font pro prement les Tongoufes d'aujourd'hui; ils demeuroient pro che le fleuve Amour, & s'étendoient le long de la Lena

(a) On dit encore Ki-kin.

L'an 619.

Après J. C. Tou-mitou.

Su.
Tam-chou.
Ven-hin-
tum-kao.

L'an 647.

Après la mort de Pou-fa, Tou-mi-tou lui fucceda, il raffembla les troupes de toutes les Hordes & marcha contre les Sie-yen-to qu'il détruifit. Après s'être emparé de leur des ambaffadeurs à Tai - tçong pays, il envoya L'an 646. Empereur des Tam qui étoit alors à Lim-tcheou dans le Lie-tai-ki- Chenfi. Ce Prince leur donna audience à Kim-yam : les Hoei-ke lui dirent qu'ils venoient fe foumettre à lui & le supplier d'établir parmi eux des Officiers Chinois pour les gouverner, parce qu'ils ne vouloient pas imiter les Sie-yento qui étoient actuellement détruits & difperfés, pour n'avoir pas voulu rendre hommage à un auffi grand Prince que lui. Tai-tçong donna un grand festin à ces ambaffadeurs, & envoya dans leur pays environ mille Officiers Chinois, qui partagerent ces vaftes Contrées en différents Gouvernements, & les diftribuerent aux principaux Chefs de Hordes. Chacun de ces Chefs étoit foumis à un officier Chinois & portoit à fa ceinture un poiffon incruftré d'or. Pour les engager d'avantage à refter fous l'obéiffance des Chinois l'Empereur leur fit préfent d'un grand nombre d'habits de foye & de fabres richement ornés. Ils fupplierent l'Empereur de faire des grands chemins pour aller plus facilement de la Chine en Tartarie. Tai-tçong fit établir dans le défert foixante-huit campemens ou poftes, dans lefquels on trouvoit des chevaux, du lait caillé & des viandes pour les voyageurs. Ces endroits fervoient en même-tems à recevoir les peaux de martes Zibelines que ces peuples envoyoient en tribut aux Chinois. Tou-mitou obtint le titre de Général des armées Chinoises; mais il prit lui-même celui de Khan & établit différens OffiL'an 648. ciers pour l'adminiftration des affaires & le commandement des armées; il avoit à peine achevé d'établir une forme de gouvernement parmi ces peuples, qu'un de fes neveux appellé Ou-ke, qui avoit débauché fa femme, refolut de fe défaire de lui. Tou-mi-tou fut tué & le coupable après cette action fe fauva avec fes complices au près de Tche-pi-khan; mais il fe laiffa tromper enfuite les promeffes des Chinois qui paroiffoient oublier fon crime & lui offrirent des Charges considérables, Il vint

par

fe

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Après J. C.

fe rendre entre leurs mains & on lui fit auffi-tôt couper la tête. L'Empereur de la Chine, dans la crainte que les Po-jun. Hoei-ke ne fe revoltaffent entiérement contre lui, leur

envoya le Président du tribunal de la guerre pour les pacifier, donner des titres fuivant leur coutume à Tou-mitou, fournir aux frais de fes funerailles & inftaller fon fils Po-jun à fa place. Kiu-lo-po qui avoit eu part à l'affaffinat de Tou-mi-tou fut en même-tems arrêté à la Chine. A la faveur de ces troubles, le Turc Ofuna-ho-lou s'empara du campement du nord fitué entre les fources de l'Orgon & du Selinga, où demeuroit le chefdes Hoei-ke; mais Po-jun ayant raffemblé cinquante mille hommes, battit Ho-lou, reprit fa Cour du nord; enfuite avec le Général des armées de la riviere d'Ili il remporta une seconde victoire fur Ho-lou à la montagne Kin-ya-chan, & obtint de l'Empereur le titre de Capitaine des gardes impériales. Il fuivit l'Empereur dans l'expédition de la Co

rée.

L'exemple des Hoei-ke avoit engagé plufieurs autres peuples de la Siberie à fe foumettre à la Chine. Les Kiekou autrement Kien-kuen furent des premiers à reconnoître la domination Chinoife. Ces peuples demeuroient au nord-oueft des Hoei-ke vers l'endroit où eft apréfent Yrkutskoi: c'étoit de grands hommes qui avoient les cheveux roux & les yeux bleus. Ils pouvoient mettre environ quatre-vingt mille hommes fur pied, ils étoient voifins des Turcs & ils avoient été foumis autrefois aux Sieyen-to. L'Empereur Tai-tçong reduifit leur pays en Province Chinoife.

Kam-mo.

tum-kao.

Après la mort de Po-jun chef des Hoei-ke, fon fils Pe- Pe-li li lui fucceda, mais il ne fuivit pas les traces de fon L'an 661. pere & négligea l'alliance des Chinois. Avec les Tum-lo & Lie-tai-kiles Pou-ko, il vint ravager les frontiéres de la Chine. f. L'Empereur envoya contre ces rebelles plufieurs Géné- Ven hienraux à la tête de cent mille hommes. Les Hoei-ke au- Tam chou. roient été entiérement vaincus fi les Chinois ne s'étoient pas engagés trop avant vers le Selinga (a) & les monts (a) Je préfume que c'est cette riviere. Les Chinois appellent celle dont ils parLent ici Sien-go. B

Tome II.

L'an 662.

L'an 663.

Après J. C.
Pe-li.

To-hiai

tchi.

Altai, où les neiges, le froid & la difette des vivres firent périr la plus grande partie de leur armée. Alors Ho-li de la Horde des Ki-pi fe rendit par ordre de l'Empereur chez les Hoei-ke dans le deffein de rétablir la tranquilité parmi eux; en même-tems les Généraux Chinois marcherent contre le refte des rebelles & acheverent de les foumettre. On fit alors quelques changemens au fujet des lieux dont ces pays feptentrionaux relevoient. Enfuite Pe-li étant venu à mourir, fon fils To-hiai-tchi fut chef de la nation. Sous fon regne les Tong-lo, les Pou-ko & autres L'an 685. Hoei-ke fe révolterent contre l'Empereur de la Chine; mais les troupes Chinoifes qui vinrent par le lac Sopou-nor les difperferent entierement. D'un autre côté, Me-tchou Empereur des Turcs s'étoit emparé de tous les pays de Hoeike; la Horde particuliere de ce nom fe joignit à celles des Ki-pi, des Sie-kie & des Hoen paffa au midi du défert & vint s'établir entre les villes de Kan - tcheou & de Leam - tcheou, à l'extrémité du Chenfi vers l'occident. Toutes ces Hordes fervoient dans les armées Chinoifes, & formoient une excellente cavalerie.

Kam-mo.

Tam chou.
Su.

Lie-tai-ki

Fou-ti-fou.
L'an 716

Tchingtcong.

To-hiai -tchi eut pour fucceffeur fon fils Fou-ti - fou. L'année d'après qu'il eut été proclamé chef de de la nation, le Khan des Turcs appellé Me-tchou battit dans le nord les Pa-ye-ko, mais enfuite il fe laiffa furprendre par ces peuples qui lui couperent la tête & l'envoyerent aux Chinois alors cinq Hordes des Hoei-ke fe foumirent à l'Empereur de la Chine, & on les fit camper au nord d'un endroit appellé Ta-vou-kiun.

Après Fou-ti-fou fon fils Tching-tçong fut déclaré chef de là nation; il eut quelques démêlés avec le Gouverneur de Leam-tcheou, on l'accufa de plufieurs fautes, & il fut envoyé en exil où il mourut. Les Hoei-ke commencerent alors à fe dégouter du gouvernement Chinois, Hou-chou. Hou-chu parent de Tching-tçong profita du mécontentement où il voyoit fa nation pour venir attaquer le Gouverneur de Leam-tcheou. Il tua cet officier, fit fermer les chemins qui pouvoient conduire dans la Tartarie, & se fauva dans la fuite chez les Turcs où il mourut. Il eut pour fucceffeur fon fils Ko-li-fi-lo.

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