caché jufqu'alors dans la boutique d'un cordonnier, fe fit connoître après fa mort, & fut placé par les Grands du Après J. C. Royaume fur le thrône où il refta pendant quarantedeux ans, craint & refpecté des Seljoucides de Perfe, qui n'oferent l'attaquer pendant tout fon regne (2); la Couronne L'an 1141. paffa enfuite fur la tête de fon fils Mohammed, furnommé Moghiat-eddin (b). Ce Prince pour s'affurer davanta ge le Royaume de Kerman, fit mourir ou aveugler tous fes freres; il s'addonna beaucoup à l'aftrologie, & aima les L'an 1156. bâtimens. Son regne fut de quatorze ans (c).

L'an 1169.

Thogrul-fchah fils de Mohammed fuccéda à fon pere, Aboulfedh & mourut après un regne (d) de douze ans, laiffant fes D'Herbelos fils Bahram-fchah & Arflan-fchah, qui fe difputerent le Dherbelos. thrône pendant vingt ans. Ils intérefferent dans leur caufe les Princes voifins; mais la mort d'Arflan fchah rétablit la tranquillité, & Bahram-fchah refta paifible poffeffeur du Kerman. Il eut pour fucceffeur fon fils Mohammed-fchah. Un de fes parens nommé Seldgiouk-schah tenta de faire defcendre du thrône ce Sulthan, & l'obligea d'avoir recours L'an 1187% au Sulthan Arslan-schah qui regnoit dans la Perse. Avec les fecours qu'il en reçut il défit fon ennemi; mais Malekdinar de la race d'Aly, & qui par cette raifon avoit des prétentions fur le Khalifat, le dépouilla du Kerman (e) & s'en rendit le maître; ce qui mit fin à cette Dynastie.

Dans la fuite le Kerman paffa fous la domination des Sulthans de Kharifme, & il fut enlevé à ceux-ci par les Carakhataïens, qui avoient pour fondateur Barac-hadgeb (ƒ), à qui le Sulthan de Kharifme avoit donné le gouvernement de cette province.

Tel fut le fort de l'Empire des Seljoucides qui avoit fait trembler toute l'Afie. L'étendue des Etats que ces Princes poffédoient devint dans la fuite la caufe de leur perte. Enyvrés de leur puiffance, ils confierent le gouvernement des provinces à des Officiers ambitieux & s'a

(a) L'an 536 de l'Hegire.

(b) Quelques-uns l'appellent encore Touranfchah

(c) Il mourut l'an 1. de l'Hegire. (d) L'an 565 de l'Hegire.

(e) L'an 583 de l'Hegire.

(f) Voyez l'origine & la fuite de ces Princes dans les Tables Chronologi ques.

bandonnerent aux plaifirs dans leurs férails: ils n'en forApiès J. C. toient que pour appaifer des troubles qui naiffoient dans le fein de leur famille. Les Gouverneurs des provinces devenus trop puiffans prenoient parti dans ces guerres, & obtenoient toujours pour recompenfe de leurs fervices des Gouvernemens ou des augmentations de terres dars lefquelles ils fe rendirent abfolus; par-là ils fe virent maitres de l'Empire. Le titre de Sulthan ne fut plus qu'un vain titre auquel ils oferent afpirer. Les guerres qu'ils furent obligés de foutenir feuls contre les Princes voisins qui étoient ennemis des Seljoucides, les rendirent encore plus abfolus, tous devinrent autant de Souverains, & le véritable Monarque fe trouva dépouillé de l'Empire,

HISTOIRE

V.LS

HISTOIRE

GÉNÉRALE

DES HUNS.

LIVRE ONZIE ME.

LES SELJOUCIDES D'ICONIUM.

U

Soliman.

N des plus puiffans établissemens des Seljoucides, depuis leur arrivée dans les provinces Apr. J. C. Occidentales de l'Afie, eft l'Empire qu'ils ont fondé dans l'Afie mineure, qui étoit alors fous la domination des Grecs (a). Le Sulthan Malek schah, après avoir subjugué prefque toute la partie de l'Afie foumise aux Khalifs de Bag

(a) Les Arabes appellent les Grecs du bas Empire, Roum, c'est-à-dire, Romains, parce que l'Empire Grec étoit Tom. II. Part. II.

regardé comme la fuite de celui de Ro-
me,

A

Apr. J. C.
Soliman.

dad, ordonna à Soliman, fils de Coutoulmifch (a) fon parent, de fe rendre à la tête d'une armée dans les pays qui s'étendent depuis la Syrie jufqu'au Bofphore. Toutes ces Provinces dont il alloit faire la conquête devoient appartenir à Soliman, & former un nouvel Empire des Seljoucides, relevant de celui des Sulthans de Perfe. Cette partie de l'Empire Grec déja ruinée par les fréquentes incurfions des troupes des Khalifs, & enfuite par celles que plusieurs bandes de Turcs venoient d'y faire, ne résista pas long-tems aux efforts de cette nouvelle armée. Soliman parvint fans beaucoup de peine jufqu'à Nicée dont il s'empara. Cette ville autrefois fi célèbre par les Conciles que les Chrétiens y ont tenus, & qui étoit la capitale de la Bithynie, devint la capitale de l'EmAnne Com pire Turc (6), & vit fes Eglifes changées en Mofquées. Elle fervit alors de retraite aux partis Turcs, qui fe répandirent delà dans toutes les provinces voifines, & qui oferent s'avancer jufques fur le bord de la mer, vis-à-vis de Conftantinople. Alexis Comnène qui y régnoit, allarmé de l'approche de ces L'an 1081. Etrangers, envoya contre eux une armée ; les Grecs victorieux obligèrent les Turcs de quitter la Bithynie, & Soliman fut contraint de demander la paix, que l'Empereur Grec, qui étoit menacé d'une nouvelle guerre du côté de l'Occident, défiroit également. Elle fut fignée fans aucun délai de part & d'autre ; mais les Turcs qui ne cherchoient qu'à faire de nouveaux éta⇒ bliffemens, & à qui par conféquent la paix n'étoit point avantageufe, ne garderent les Traités qu'autant qu'il leur falloit de tems pour réparer leurs forces, & recommencerent auffi-tôt la guerre (). C'eft depuis ce tems-là que tous les pays dont ces peuples ont fait la conquête ont porté le nom de Turquie chez les Hiftoriens..

nene.

Haiton.

AI. Paulo.

conium, parce que cette ville devint leur capitale. Joinville les nomme Sulthans de Comue, pour Conie ou Iconium.

(a) C'eft lui que nos Hiftoriens nom-les a appellés dans la fuite Sulthans d'I→ ment Cotloumofes, Coutloumous, & Coutloumé. Il étoit fils d'Ifrail, qu'Aboulfedha nomme Arflan, fils de Seldgiouk. Voyez fa mort dans l'Hiftoire des Seljoucides de Perfe, à l'an 455 de l'Hegire.

(b) Les Hiftoriens Grecs & ceux des Croisades, donnent le nom de Perfans à tous ces Turcs, parce que ces peuples étoient venus du côté de la Perfe. On

(c) Tangri-bardi, Hiftorien Arabe, dit que l'an 475 de l'Hegire, de J. C. 1082, Soliman enleva aux Grecs le château d'Antharfous, & qu'il y établit un Cadhy. Cet Auteur oublie qu'il avoit attribué cetté conquête à Toutoufch, Roi de Damas, à l'année antérieure.

1081.

Un Auteur contemporain qui en fait la defcription, nous apprend que ce Royaume étoit fort grand; qu'il abondoit en Apr. J. C. mines d'argent, de fer, de cuivre & d'alun; en fruits, en vin, Soliman. en toute forte d'animaux, & particulierement en bons che- Haiton vaux. Du côté de l'Orient il étoit alors borné par la grande Arménie & par une partie du Royaume de Georgie. Il s'étendoit du côté de l'Occident jufqu'à la ville d'Attalie qui eft fituée fur le bord de la mer. Il n'avoit d'autres limites du coté du Septentrion que la mer noire, & au Midi il étoit borné par la petite Arménie par une partie de la Cilicie, jusqu'à la mer de Grèce, vis-à-vis l'Ifle de Chypre. Tout ce pays foumis auparavant aux Grecs, & depuis aux Turcs, étoit divifé en plufieurs provinces, dans lefquelles on trouvoit de très-grandes villes. La premiere province étoit celle de Lycaonie (a), où étoit la ville de Coni capitale du Royaume. La feconde étoit la Cappadoce où étoit Céfarée de Grèce. La troifiéme, étoit l'Ifaurie (b), où l'on trouvoit la ville de Séleucie. La quatrième étoit la Phrygie (c), dans laquelle étoit Zichia de Grèce. La cinquiémé portoit le nom de Quifitan (d), & avoit Ephèse pour capitale. La fixiéme étoit la Bithynie, où étoit Nicée. La feptiéme étoit la Paphlagonie, qui avoit pour capitale la ville de Gynapolis; enfin la huitiéme étoit appellée Genech; c'eft-là qu'étoit Trébizonde, ville que les Turcs ne purent foumettre à caufe des places fortes qui étoient dans fes en

virons.

nène.

Depuis la défaite de l'Empereur Romain Diogène par le L'an ro84 Sulthan Alp-Arflan, Philarete (e) Gouverneur d'Antioche (ƒ), Anne Comque les conquêtes de Soliman dans l'Afie mineure séparoient Aboulfedha du reste de l'Empire, avoit eu affez de confiance dans fes for- Benfchouces pour le révolter contre l'Empereur, efpérant pouvoir fe nah. maintenir dans l'indépendance au milieu des Infidéles. Son Soyouthi. ambition le porta plus loin, il fit un nouveau crime pour conferver fon petit Etat, mais il le perdit avec la vie. Les Turcs ne ceffoient de ravager fon territoire, il crut qu'en em

(e) Benelathir le nomme Phardrcus, & Aboulfedha lui donne le titre de Hakem.

(f) Appellée Antakią par les Arabes.

Benelathir.