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littérature ont dit (a) que je fais mention de gens obfcurs. Qu'il me feroit glorieux de les tirer de leur obfcurité! Les Apôtres étoient d'un état obfcur. Jefus Chrift même en étoit. Il a promis le ciel, non aux Philofophes & aux Savans, mais aux fimples & aux ignorans; & il a dit que ceux qui rougiroient de lui devant les hommes, il rongiroit d'eux devant fon Pere. Un Charles de la Croix, un Jean Laîné, plufieurs autres qui, quoique dé grande naiffance, ont par choix embraffé des états vils avec la pénitence, étoient obfcurs fur la terre. Mais que font-ils dans le ciel? Des aftres tout brillans de gloire, ou l'Evan

(a) M. d'Alembert auroit voulu que je n'eulle parlé que de gens de diftinction. Le voilà dans l'autre monde, où, fans doute, il voit qu'on ne diftingue que la vertu. Si dans l'Hiftoire on ne vouloit parler que des grands felon le monde, il faudroit ôter bien des Saints du Calendrier.

gile eft faux. La gloire de ce monde paffe comme un éclair. Que ceux qui la recherchent font à plaindre! La vertu feule eft digne d'hommages. On les lui refufe ici-bas. Son triomphe fera dans le ciel & pour l'éternité.

NOUVELLE

NOUVELLE

HISTOIRE

ABRÉGÉE

DE

PORT-ROYAL.

'ABBAYE de Port-Royal. Ordre de Cîteaux, fut fondée en l'année 1204. Matthieu I de Marly, cader de la maifon de Montmorenci, partant pour la Terre-Sainte, laiffa à Mathilde de Garlande fa femme, une fomme pour l'employer en œuvres de piété, afin d'obtenir la protection de Dieu fur fa perfonne, & un bon fuccès de fon Tome I.

A

voyage. Pour fuivre l'intention de fon mari Mathilde confulta Eudes de Sully Evêque de Paris, qui la porta à fonder un monaftere. Elle fuivit fon confeil, & fonda celui-ci pour douze Religieufes, dans un fief qu'elle acheta, nommé Port-Royal, fitué dans une vallée près de Chevreufe, à fix lieues de Paris vers l'occident. En 1214, Pierre de Nemours, alors Evêque de Paris, donna à ce monaftere droit de paroiffe; & il permit en 1216 qu'on y élût une Abbeffe. La conduite de ce monaftere fut donnée à des Religieux de l'Ordre de Citeaux, de l'Abbaye des Vaux-de-Cernay.

Ses principaux bienfaiteurs furent les Seigneurs de Montmorenci, & les Comtes de Montfort. Plufieurs Seigneurs & Dames, des Rois de France même leur firent auffi du bien; & S... Louis donna aux Religieufes fur fon domaine une rente en forme d'aumône, dont elles ont toujours joui: ce qui faifoit qu'elles reconnoiffoient ce faint Roi pour un de leurs fondateurs. Le Pape Honoré III accorda à cette Abbaye plufieurs privileges, entr'autres celui d'y célébrer l'office divin, quand même tout le pays feroit en interdit.

Il permettoit auffi aux Religieufes de donner retraite à des Séculieres, qui pouvant difpofer de leurs perfonnes, voudroient le retirer du monde pour vivre dans la pénitence, fans néanmoins fe lier par des vœux; & il excommunie ceux qui troubleront ce monaftere.

Les donations qui fe firent à cette nouvelle Abbaye furent fi confidérables, qu'en 1233 les revenus furent trouvés fuffifans pour nourrir foixante Religieufes. Depuis ces premiers temps l'hiftoire ne nous apprend aucune particularité de cette Abbaye, jufqu'à la promotion de la Mere Marie-Angélique Arnauld.

Sur la fin du feizieme fiecle ce monaftere, comme beaucoup d'autres étoit tombé dans un grand relâchement. La Regle de S. Benoît n'y étoit prefque plus connue : la clôture même n'y étoit plus cbfervée, & l'efprit du fiecle en avoit entiérement banni la régularité. L'ignorance de la Religion y étoit déplorable: on n'y prêchoit prefque jamais, & les Confeffeurs même n'étoient pas mieux inftruits que les Religieufes. On communioit de mois en mois & aux grandes Fêtes. Celle

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